Contenu du sommaire : Aux origines de la psychologie européenne (16e-19e siècles)
Revue | Revue d'histoire des sciences humaines |
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Numéro | no 2, 2000 |
Titre du numéro | Aux origines de la psychologie européenne (16e-19e siècles) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Les origines de la psychologie européenne : XVIème-XIXème siècles
- Aux origines de la psychologie européenne : XVIème-XIXème siècles - p. 3
- La constitution de la psychologie comme domaine du savoir aux XVIème et XVIIème siècles - Paul Mengal p. 5-27 Cet article décrit la constitution de la psychologie comme domaine du savoir à la fin du XVIème siècle dans les pays réformés. À partir d'une enquête sur l'origine du terme et sa diffusion, nous montrons comment la psychologie s'inspire de l'anatomie : il faut décrire les facultés de l'âme comme les parties du corps. Mais pour décrire un objet immatériel, force est de recourir à des métaphores. La psychologie s'inspire alors de la figure théologique de l'homme extérieur et de l'homme intérieur, construite en parallèle avec les rapports entre l'État et l'Église. Se construisent alors en Allemagne une psychologie des facultés, pendant qu'en Angleterre, Hobbes propose une psychologie de l'association des idées inspirée de l'association politique entre les citoyens.This paper attempts to explain how psychology became a constituted knowledge at the end of 16th reformation century. From a study on the origin and on the spreading of the word « psychology », we try to demonstrate what psychology owes to the method of anatomy : the powers of the soul should be described as the body parts are. However in order to describe an immaterial object one has no choice but to use metaphors. Psychology uses the theological figure of inner and outer man, built by analogy with State and Church. Then appears in Germany a psychology of faculties, whereas in England, Thomas Hobbes works in favour of an associationist psychology by reference to the political association among citizens.
- La psychologie empirique et son historicisation pendant l'Aufklärung - Fernando Vidal p. 29-55 Pendant le XVIIIème siècle en Allemagne, la psychologie empirique atteint un degré d'autonomie considérable. Dans le système des connaissances, la science naturelle de l'âme unie au corps se détache de la pneumatologie pour devenir une discipline de base de l'anthropologie, ou « science de l'homme ». Quant à sa présence dans la culture bourgeoise et dans les institutions académiques, la psychologie empirique s'élabore dans des genres « populaires » (essais, romans, revues) et en même temps s'intègre à l'université, sous la forme d'enseignements, de traités et de manuels. C'est d'une façon tout à fait originale et inconnue dans les autres disciplines scientifiques qui prennent corps à l'époque, que l'histoire de la psychologie, comme espèce historiographique, contribue à délimiter la nouvelle discipline et à renforcer son autonomie naissante. C'est ce que nous étudierons ici en suivant le chemin qui relie les fragments épars d'histoire de la psychologie que l'on trouve dans l'Histoire critique de la philosophie de Johann Jacob Brucker (1742-1747) et l'Histoire de la psychologie de Friedrich August Carus. Parue en 1808 à titre posthume, celle-ci constitue la première publication en son genre.Empirical psychology attained a considerable degree of autonomy during the XVIIIth century in Germany. Within the system of knowledge, psychology, as natural science of the soul joined with the body, detached itself from pneumatology, and became a basic discipline of anthropology, or general « science of man ». It also entered bourgeois culture and learned institutions. On the one hand, it adopted « popular » forms (essays, novels, magazines). On the other hand, it became the subject of academic teaching, textbooks, and treatises. The development of the history of psychology as a historiographical genre helped define the new discipline, and reinforced its nascent autonomy. This article will study such development as it took place between the scattered fragments of a history of psychology included in Johann Jacob Brucker's Critical history of philosophy (1742-1747) and the posthumous publication in 1808 of Friedrich August Carus's History of psychology, the first of its kind.
- La psychologie au XIXème siècle - Serge Nicolas, Anne Marchal, Frédéric Isel p. 57-103 Cet article présente une histoire abrégée de la psychologie au XIXème siècle à partir de l'utilisation du terme « psychologie » dans les ouvrages et les textes. Trois pays ont contribué, largement indépendamment, au développement de la psychologie en tant que discipline autonome : l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. L'importance de la tradition empirique allemande pour l'établissement de la psychologie universitaire a été soulignée. Dans son approche de la psychologie, Wolff avait consacré deux ouvrages distincts à la psychologie empirique (1732) et à la psychologie rationnelle (1734). Il fut à l'origine de l'éveil de intérêt en Allemagne pour les travaux en psychologie empirique. La tradition wolffienne a influencé Kant et un de ses successeurs, Herbart, ne fut pas sans influence sur la génération de Wundt. La psychologie empirique est à la base de la constitution de la nouvelle psychologie qui s'est développée en Allemagne au cours du XIXème siècle en liaison avec les avancées scientifiques. Bien que l'Angleterre fut le premier pays dont la psychologie ait acquis un caractère empirique, elle manquait d'une méthode scientifique. La France fut dominée par les psychologues rationalistes (Cousin, Jouffroy) et la nouvelle psychologie émergea dans le contexte d'une protestation contre les tendances métaphysiques. Ribot fut un des premiers à introduire la psychologie anglaise (1870) et la psychologie allemande (1879).This article presents a short history of psychology during nineteenth century through the utilization of the term « psychology » in books and texts. Three countries contributed, largely independently, to the development of psychology as an autonomous discipline : Germany, Great Britain and France. We outlined the importance of the german empirical tradition for the establishment of an academic psychology. In his approach to psychology, Wolff devoted separate volumes to empirical (1732) and rational (1734) psychology. He was the cause of awakening in Germany a decided interest in empirical psychological studies. The Wolffian tradition influenced Kant and one of his followers, Herbart, was not without its influence on Wundt's generation. Empirical psychology constitutes the foundation of the new psychology developped during XIXth in Germany. England was the first country in which psychology acquired an empirical character but it lacked a scientific method. France was dominated by rational psychologists (Cousin, Jouffroy) and the new psychology emerged in a context of protestation against metaphysic tendencies. Ribot was one of the first to introduce english psychology (1870) and german psychology (1879) in France.
Document
- L'état de la philosophie et de la psychologie en France dans les années 1870 selon Théodule Ribot - Serge Nicolas, Ludovic Ferrand p. 105-106
- Philosophie et psychologie en France (1877) - Théodule Ribot p. 107-123
Varia
- Les caractéristiques dominantes de la production du Centre d'Études Sociologiques (1946-1968) : entre perpétuation durkheimienne et affiliation marxiste - Patricia Vannier p. 125-145 Le Centre d'Études Sociologiques (CES) est le premier laboratoire de sociologie, créé par le CNRS en 1946. Cet article propose de dégager les caractéristiques dominantes de sa production depuis sa création jusqu'en 1968. Il met en évidence, dans un lieu destiné avant tout à la recherche, la coexistence d'une sociologie de terrain et d'une sociologie de tradition universitaire relançant le débat entre sociologie spéculative et sociographie. La production des chercheurs témoigne également d'un travail de perpétuation durkheimienne et d'affiliation marxiste. Elle est enfin dominée par l'étude de la classe ouvrière, mais trois réseaux et structures de sociabilité, propres aux chercheurs du CES, nuancent son traitement selon trois mystiques – chrétienne, révolutionnaire et sociale – qui renvoient à trois approches : compassionnelle, prédictive et initiatique.The Centre d'Études Sociologiques (CES) is the first laboratory of Sociology, created by the CNRS in 1946. This paper proposes to give the main characteristics of its production since its creation to 1968. It reveals the coexistence of empirical sociology and sociology of academic tradition whose casts again the debate between speculative sociology and sociography. The production shows also a work of durkheimien perpetuation and marxist affiliation. It is dominate by the study of the labour class, but three networks and sociability structures of the searchers differ its treatment according to three mystics – christian, revolutionary and social – which refer to three approaches : compassional, predictive and initiatic.
- Les caractéristiques dominantes de la production du Centre d'Études Sociologiques (1946-1968) : entre perpétuation durkheimienne et affiliation marxiste - Patricia Vannier p. 125-145
Notes critiques
- La géographie de Kant - Isabelle Laboulais-Lesage p. 147-153
- Nationalisme et archéologie : quelle histoire ? - Marc-Antoine Kaeser p. 155-163
- La correspondance de Lucien Febvre à Henri Berr - Robert Leroux p. 163-168
Livres
- Livres - p. 169-194