Contenu du sommaire : Gabriel Tarde et la criminologie

Revue Revue d'histoire des sciences humaines Mir@bel
Numéro no 3, 2000
Titre du numéro Gabriel Tarde et la criminologie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier  : Gabriel Tarde et la criminologie au tournant du siècle

    • Introduction - Laurent Mucchielli p. 3-5 accès libre
    • Tarde et les criminologues italiens de son temps : (à partir de sa correspondance inédite ou retrouvée) - Massimo Borlandi p. 7-56 accès libre
    • Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914) : débats médicaux sur l'élimination des criminels réputés « incorrigibles » - Laurent Mucchielli p. 57-88 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nous nous intéressons ici autant aux théories du comportement criminel qu'aux pratiques préconisées par les médecins-criminologues afin d'« éradiquer » ce « fléau social », selon les termes de l'époque. Nous tentons de montrer comment, à travers ces théories et ces pratiques, se dévoilent l'ensemble de la « vision du monde » de ces médecins, en particulier leur prétention à éclairer de leur savoir le traitement des problèmes sociaux et à relayer un pouvoir judiciaire accusé plus ou moins explicitement de laxisme et d'irréalisme. Au nom de l'assainissement et de la moralisation de la société, les partisans d'un programme fort d'hygiène publique réclameront que la « prophylaxie sociale » s'élargisse à la lutte contre la criminalité (comme par ailleurs au vagabondage et à la prostitution). La plupart d'entre eux n'hésiteront pas à réclamer la mise en œuvre de moyens radicaux d'élimination des criminels réputés incorrigibles : déportation à vie dans les colonies, application plus systématique de la peine de mort, puis, sous l'influence du mouvement eugéniste, stérilisation massive. Toutefois, ces programmes médicaux de lutte contre la criminalité n'auront pas en France le succès qu'ils ont connu dans d'autres pays occidentaux.
      We are interested here as much in the theories of criminal behaviour as in the practices recommended by criminologist-doctors, in order to « eradicate » this « social scourge », according to the terms used at the time. We attempt to show how, through these theories and practices, the complete « vision of the world » of these doctors reveals itself, in particular, their claim to be able to use their knowledge to shed light on the treatment of social problems and to take over from a judicial power more or less explicitly accused of being lax and unrealistic. In the name of the purification and of the moralisation of society, the supporters of a strong public hygiene programme demanded that the « social prophylaxis » should be extended to the struggle against criminality (as also against vagrancy and prostitution). The majority of them did not hesitate to demand the implementation of radical means of eliminating the reputedly incorrigible criminals: deportation for life to colonies, a more systematic application of capital punishment, then, influenced by the eugenic movement, mass sterilisation. However, in France, these medical programmes did not have the success in the fight against criminality which they enjoyed in other western countries.
    • Le type criminel - Gabriel Tarde p. 89-116 accès libre
  • Varia

    • 1800 – Le moment « naturaliste » des sciences de l'homme - Claude Blanckaert p. 117-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Renonçant à la philosophie religieuse de l'histoire comme au dualisme de l'âme et du corps, l'anthropologie européenne des secondes Lumières consacre l'alliance des sciences physiques et des arts du gouvernement. Le diagnostic social sacrifie à la légalité formelle de la nature. L'homme est redéfini comme un « produit naturel », au « physique » comme au « moral ». L'urgence de son étude est incessamment rappelée. On espère en fait hâter l'émancipation de l'humanité en approfondissant l'analyse de son rapport au monde et la marche nécessaire de sa Civilisation. Le paradigme « naturaliste », fondé sur la comparaison, le classement et l'approche nomothétique des faits sociaux, acquiert vers 1800 une autorité sans précédent. Les anthropologues deviennent experts pour tout ce qui regarde l'investigation « statistique » de la condition humaine sous les différents climats. Il s'agit alors de comprendre les déterminismes généraux de l'évolution du genre humain, de mettre à jour les ressorts cachés de sa félicité. La vérité, la moralité des actes et la conduite des affaires publiques s'y trouvent, dit-on, pareillement intéressées. La redistribution des recherches dans la décennie 1795-1805 donne ainsi un nouvel élan à la réflexion classique sur la nature humaine, sous sa triple détermination temporelle, spatiale et sociale : l'origine, la race, le progrès. Cet article propose une synthèse des traits dominants de la pensée naturaliste, de ses ambitions réformatrices comme de ses contradictions foncières.
      Renouncing the religious philosophy of history and the dualism of the mind and the body, European anthropology in the age of the second enlightenment heralded the coming together of the physical sciences and the science of government. The social diagnostic sacrificed to the formal legality of nature. Man is redefined as a “natural product” from both “physical” and “moral” points of view. The urgency to study man is incessantly repeated. In fact one hopes to hasten the emancipation of mankind by analysing in greater depth its relation to the world and the necessary advance of Human Civilisation. The “naturalist” paradigm, founded on the comparison, the classification and the nomothetic approach of social facts, acquires an authority without precedent around 1800. Anthropologists become expert on everything to do with the “statistical” investigation of the human condition under different conditions. Their endeavour is about understanding the general determinism of the evolution of Mankind, to expose the hidden roots of its bliss. The truth, the morality of actions and the conduct of public affairs all stand to benefit from such an approach, we are told. The redistribution of research in the decade from 1795 to 1805 provides a new momentum towards classical reflection on human nature, from its triple temporal, spatial and social perspectives: origin, race, progress. This article proposes a synthesis of the dominant traits of the naturalist school of thought, its reforming ambitions as well as its inherent contradictions.
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