Contenu du sommaire : Socialisation (et) politique
Revue | Sociétés contemporaines |
---|---|
Numéro | no 112, 2018/4 |
Titre du numéro | Socialisation (et) politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Socialisation (et) politique
- Introduction. Socialisation (et) politique : Intériorisation de l'ordre social et rapport politique au monde - Yassin Boughaba, Alexandre Dafflon, Camille Masclet p. 5-21
- « Les plus hauts ils aiment bien que le peuple... reste aveugle » : Groupes de femmes de quartiers populaires et socialisation politique - Daniel Thin p. 23-44 L'article traite de la socialisation dans des groupes de femmes de quartiers populaires qui revendiquent une « parole » propre aux quartiers populaires et visent à interpeller les institutions concernant la vie dans les quartiers populaires. S'appuyant sur une longue recherche ethnographique, il rend compte des processus de socialisation et de politisation par l'action collective dans des univers sociaux faiblement dotés en capitaux et réputés pour leur faible politisation ; des processus qui se situent aux frontières de la politique informelle et de la politique institutionnelle à travers une désingularisation des problèmes rencontrés, un apprentissage de la parole publique et des institutions, et la production de dispositions à agir.“The Highest Like that the People... Stay Blind”. Women's Groups in Working Class Neighbourhoods and Political SocializationThe article deals with socialization in women's groups of working class neighbourhoods who claim a specific voice from these neighbourhoods. These groups aim at questioning institutions about life conditions in their neighbourhoods. Based on an ethnographical research with long immersion, it reports processes of socialization and politicization in social universes endowed with weak capitals and known for their low politicization. It identifies processes at the margins of informal and institutional politics, which rely on a generalization of their problems, a learning process of speaking in public and dealing with institutions, and generating empowerment.
- Femmes dans l'armée Suisse : Une socialisation à la domination masculine - Stéphanie Monay p. 45-71 Cet article s'intéresse à la socialisation politique des femmes engagées volontairement au sein de l'armée suisse, contexte où un service obligatoire masculin a cours. L'armée comme régime de genre instaure une structure spécifique de rapports de pouvoir et notamment de rapports sociaux de sexe. Nous verrons ici comment se caractérisent ce régime et ses normes de genre spécifiques et comment les femmes expérimentent une socialisation à la domination masculine en tant que « dominées ». En effet, insérées dans cet univers monosexué et hétéronormé, elles doivent faire face à un dispositif qui les dépeint comme des « inadaptées » voire même des « intruses ». À l'aide d'observations et d'entretiens, nous analyserons comment elles légitiment leur place dans les rangs militaires tout en intériorisant la domination globale des hommes sur les femmes.Women in the Swiss Army: A Socialization to Male Dominance
This paper addresses the political socialization of women voluntary enrolled in the Swiss Army, a militia system with a compulsory military service for every Swiss male citizen. The army as a gender regime establishes a specific structure of power relations and specifically of gender relations. We will describe the characteristics of this gender regime and its specific gendered norms, and how women experiment a socialization of male domination as dominated subject. Indeed, confronted to this monosexual and heteronormative universe, they have to deal with a frame that portrays military women as m´ isfits' or even “intruders”. Through ethnographic observations and interviews, we aim to analyze how they legitimize their place in the ranks of the military while incorporating the global domination of men over women. - « On n'est pas là pour faire des théories » : La socialisation politique des jeunes en milieu rural en Suisse - Alexandre Dafflon p. 73-96 À partir d'une enquête ethnographique menée auprès de membres de sociétés de jeunesse campagnarde (SJC), cet article s'attache à saisir les processus de socialisation politique à l'oeuvre au sein d'organisations qui ne revendiquent aucun but politique et dont les activités sont avant tout envisagées à partir de leur caractère amical et festif. L'article montre que face au mépris social dont les SJC font l'objet, les jeunes apprennent à valoriser une culture propre qui subordonne systématiquement la « théorie » à la « pratique ». Cette conception pratique du monde les pousse alors à mettre à distance la politique pour ne pas que s'impose, dans leur quotidien associatif, la domination culturelle, celle qui réaffirme l'ordre des choses.“We are not here to make theories.” The Political Socialization of Rural Youth in Switzerland
Based on an ethnographic survey with members of rural youth groups, this article aims to address processes of political socialization in organizations that do not describe their goals or their activities as political. Instead, most of their activities have a friendship network building and leisure perspective. The article shows that, in reaction to the social contempt they face, young members learn to valorize their own cultural references by systematically subordinating “theory” to “practice”. This practical conception of the world encourages them to take sides with politics in order to avoid the imposition of cultural domination in their social world. - « Origine de classe » et socialisation politique à l'événement : Les jeunes instruits dans la Révolution culturelle chinoise - Olivier Marichalar p. 97-118 Une fraction importante de « jeunes instruits » – des élèves massivement envoyés à la campagne lors de la Révolution culturelle en Chine –, a grandi dans des foyers labellisés de « mauvaise origine de classe », cible des discours et mouvements de lutte. L'article s'intéresse aux effets de cette institution clivante qu'est l'origine de classe sur le processus de socialisation politique des jeunes de cette génération, revenant de manière séquentielle sur quelques phases de la Révolution culturelle, à la croisée pour eux de deux âges de la vie. Il s'intéresse à révéler la part de cette socialisation politique qui concerne la compréhension de sa place, les stratégies de présentation de soi et aux processus d'affirmation ou de conversion des dispositions politiques.“Class Origin” and Political Socialization to Events: Educated Youth in the Cultural Revolution
An important fraction of “educated youth”—students massively sent to the countryside during the Chinese Cultural Revolution—grew up in households labeled as being of “bad origins”, who were targets of discourses and struggle movements. This article addresses the consequences of the divisive institution of “class origin” on the political socialization of youth of this generation. Reviewing sequentially phases of the Cultural Revolution, in what was for them a transitional period between two ages of life, it reveals the part of this political socialization which concerns the comprehension of one's place, the strategies of presentation of the self, as well as the process of affirmation or conversion of political dispositions.
Varia
- « Mis à la retraite à 42 ans ! » : Gestion du vieillissement des danseuses et danseurs dans les maisons d'opéra en France - Samuel Julhe, Florence Bourneton-Soulé p. 119-142 À partir du cas des danseuses et des danseurs classiques travaillant dans les maisons d'opéra en France, cet article analyse le « référentiel sectoriel » qui préside à la prise en compte de « spécificités artistiques » en matière de gestion des carrières par des établissements sous tutelle publique. Quitter la scène et son métier lorsqu'il reste encore 20 à 30 ans de vie professionnelle avant de pouvoir prétendre à la retraite ne va pas de soi, ni pour les artistes, ni pour les institutions chargées d'accompagner les parcours professionnels. L'analyse proposée ici mobilise principalement les données issues de 40 entretiens biographiques réalisés auprès de danseurs ainsi que 18 entretiens effectués auprès de directrices et de directeurs ou de responsables des ressources humaines de maisons d'opéra. Nous montrons que ce « référentiel » repose d'une part, sur l'inculcation et la perpétuation d'un « régime temporel » spécifique, d'autre part, sur la structuration des « possibles professionnels » des artistes par une série de « dispositifs d'accompagnement ». La façon dont les processus décrits se différencient selon le « crédit réputationnel » accordé aux danseuses et aux danseurs au sein du Ballet est également explicitée.“Retired at 42!” Management of the ageing of dancers in French opera houses
This article aims to analyse the sectorial reference of artistic occupations that governs the career management in public institutions. To this end, it relies on the case of classical dancers working in French opera houses. Exiting the scene when there are still 20 to 30 years of professional life before retirement is not easy, neither for the artists nor for the institutions whom support their professional career. The analysis build mainly on 40 biographical interviews with dancers and 18 interviews with directors or human resources managers of opera houses. We show first that this sectorial reference encompasses an inculcation and a perpetuation of a specific temporal regime. Secondly, this regime shapes artists' professional opportunities through a series of training programs. Moreover, these processes are differentiated according to the ‟reputational credit” of reputation granted to the dancers within the Ballet.
- « Mis à la retraite à 42 ans ! » : Gestion du vieillissement des danseuses et danseurs dans les maisons d'opéra en France - Samuel Julhe, Florence Bourneton-Soulé p. 119-142