Contenu du sommaire
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. XXXIII, avril 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Veganomics : vers une approche économique du véganisme ? - Nicolas Treich p. 3-48 L'économie ne s'intéresse pas aux animaux. L'ambition de cet article est de stimuler des recherches en économie sur les animaux et le véganisme. Par véganisme, nous considérons tous les comportements visant à modifier (et pas seulement éliminer) l'utilisation ou la consommation d'animaux pour des raisons morales. Nous proposons une introduction sélective au sujet, centrée sur la consommation de viande et les conditions d'élevage des animaux. La viande se situe aujourd'hui à la croisée des chemins à cause de ses externalités sanitaires et environnementales et de la montée du végétarisme dans les pays développés. L'économie du véganisme -ou veganomics - peut aider à mieux comprendre le comportement des consommateurs (omnivores, flexitariens, végétariens) et ses implications sur les stratégies des producteurs, des activistes et des décideurs publics, et ainsi mieux cerner un monde où la relation à l'animal peut profondément évoluer.Economics is not interested in animals. The object of this paper is to stimulate research in economics about animals and about veganism. By veganism, we mean all types of behaviors which consist in modifying (and not only eliminating) the use and the consumption of animals for moral reasons. We propose a selective introduction to the topic, focused on meat consumption and on the treatment of farm animals. Meat is at the crossroads nowadays because of its health and environmental externalities, and because of the rise of vegetarianism in developed countries. The economics of veganism - or veganomics - can help better understand the behavior of consumers (omnivores, flexitarians, vegetarians) as well as its implications for the strategies of producers, animal activists and policy makers, and in turn better understand a world in which the relation between humans and animals can profoundly evolve.
- Erreurs méthodologiques dans l'évaluation des projets d'investissement - Marcel Boyer p. 49-80 Malgré les développements et enseignements récents en évaluation de projets d'investissement, des erreurs analytiques perdurent, représentant autant d'approches non conformes aux meilleures pratiques. Dans cet article, nous présentons cinq de ces méprises, toutes sources de biais dans l'évaluation des investissements : utiliser le coût de financement du gouvernement comme coût du capital (taux d'actualisation) dans l'évaluation des investissements publics plutôt qu'une approche intégrant le coût du risque transféré et supporté par les contribuables ; utiliser le coût moyen pondéré du capital (CMPC) de l'entreprise pour évaluer l'ensemble de ses investissements plutôt que des taux différenciés en fonction des niveaux et profils de risque des projets ; utiliser la value actualisée nette (VAN) avec un seul taux d'actualisation des flux financiers nets d'un projet lorsque ce projet est tributaire de multiples sources de risque systématique plutôt qu'une approche VAN optimisée (VANO) ; utiliser la VAN lorsque le gestionnaire du projet peut modifier, accélérer, ralentir, voire reporter ou abandonner le projet en cours de réalisation plutôt qu'une approche valorisation options réelles (VOR) ; utiliser la personnalité juridique des partenaires dans les projets de partenariat public/privé plutôt que la nature des risques effectivement partagés et supportés par chacun. Bien que ces erreurs soient davantage présentes pour certaines dans le public, pour d'autres dans le privé, on les retrouve dans plusieurs décisions des opérateurs, gestionnaires et managers des deux secteurs. Elles peuvent engendrer d'importantes pertes de valeur pour les entreprises et organisations privées et publiques.Despite recent developments and lessons in investment project evaluation, analytical errors persist, representing as many approaches that do not conform to best practice. In this article, we present five of these errors, all sources of bias in the valuation of investments : Using the government's cost of financing as the cost of capital (discount rate) in the valuation of public investments rather than an approach incorporating the cost of risk transferred and borne by taxpayers ; Using the company's weighted average cost of capital (WACC) to evaluate all investments rather than differentiated rates based on project risk levels and profiles ; Using Net Present Value (NPV), with a single discount rate, of a project's cash flows when the project depends on multiple sources of systematic risk rather than an optimized NPV approach (NPV-O) ; Using the NPV when the project manager can modify, accelerate, slow down, or even postpone or abandon the project in progress rather than a Real Options Valuation (ROV) approach ; Using the legal identity of partners in public-private partnership projects rather than the nature of the risks actually shared and supported by each. Although these errors are more relevant in some cases in the public sector and in other cases in the private sector, they are found in numerous investment decisions in both sectors. They can cause significant losses of value for private and public firms and organizations.
- Discrimination statistique à l'embauche des femmes et apprentissage des employeurs - Arnaud Dupray, Stéphanie Moullet p. 81-116 Avec un écart salarial de 9 % en début de vie active entre les hommes et les femmes, on peut supposer que ces dernières sont exposées à une discrimination de nature statistique. Tester son existence est rendu possible par l'exploitation d'une enquête sur les débuts de carrières (Génération 98) qui permet de reconstituer les parcours professionnels sur dix ans. S'appuyant sur le modèle développé par Altonji et Pierret, qui rend compte de la détermination des salaires en présence d'incertitude à l'embauche et d'un apprentissage progressif des entreprises avec l'expérience, des régressions de gains sur données empilées sont conduites en adoptant plusieurs spécifications de l'expérience et en traitant son endogénéité. Il en ressort que l'apprentissage informationnel sur la productivité avec les années passées dans l'emploi aurait davantage de portée pour les femmes et interviendrait essentiellement via l'ancienneté pour elles alors qu'il opèrerait tout autant par le biais des expériences d'emploi antérieures pour les hommes. Ainsi, à l'embauche, l'éducation joue davantage pour les femmes et avec l'avancement dans l'emploi, les informations productives supposées difficilement observables initialement ont un plus fort impact salarial que pour les hommes soutenant l'hypothèse de discrimination initiale de nature statistique à l'encontre des premières.Given a gender wage gap of 9 % at the beginning of working life, one may assume screening discrimination against women. To test its existence, we use a French survey on the beginnings of careers (Generation 98) which makes it possible to detail career paths over ten years. Based on the model developed by Altonji and Pierret, which reports on wage determination in the face of uncertainty of hiring and considers progressive learning of firms with time, wage equations on pooled data are implemented testing several specifications of the experience, taking also into account its endogeneity. We find that learning about productivity with experience would be more noticeable for women and would mainly occur through seniority while it would equally operate through previous employment experiences for men. Indeed, at the time of hiring, returns to education are higher for women and with career advancement, hard-to-observe correlates of productivity obtain a greater wage impact for women than for men, supporting the hypothesis of initial screening discrimination.
- Les politiques monétaires après la crise (suite et fin) - Pierre Jaillet, Jean-Paul Pollin p. 117-125
- Les politiques macroprudentielles : enjeux et défis - José David Garcia Revelo, Aurélien Leroy, Yannick Lucotte p. 127-174 Depuis la crise financière mondiale, les économies avancées comme les économies émergentes ont progressé dans la mise en place d'un nouveau cadre de politique macroprudentielle et la mise en œuvre de mesures macroprudentielles. Cet article présente un aperçu de ces mesures et de leur efficacité, et s'attache à fournir un éclaircissement aux débats récents entourant la politique macroprudentielle. En particulier, il se focalise sur deux défis majeurs qui restent à relever dans la mise en œuvre de la politique macroprudentielle, à savoir la coordination avec la politique monétaire et l'architecture institutionnelle qui en découle, et la coordination internationale des politiques macroprudentielles. Ces deux questions font aujourd'hui l'objet des plus vifs débats et des plus nombreuses contributions académiques, et le but de cet article est alors de réaliser un point d'étape sur l'avancée des connaissances et ce qui reste d'ignorance à leur sujet, une décennie après le déclenchement de la crise.Since the global financial crisis, both advanced and emerging market economies have made progress in setting up macroprudential policy frameworks and implementing macroprudential measures. This article provides a summary of these measures and their effectiveness, and discusses a number of challenges ahead. In particular, this article focuses on two important challenges ahead for the effective implementation of macroprudential policies : (1) the interaction of monetary and macroprudential policies, and the resulting institutional and governance framework for macroprudential policy ; and (2) the importance of international coordination of macroprudential policies. Both these issues are at the heart of the current academic and policy debate, and the main objective of this article is therefore to give an overview of the existing literature on these issues.
- Politique monétaire et globalisation financière - André Cartapanis p. 175-216 L'objet de cet article est de faire le point sur les rapports entre la politique monétaire et la globalisation financière. La première section revient sur les controverses adossées au trilemme de Mundell depuis sa mise en cause initiée par Rey. La deuxième section réexamine la notion d'autonomie de la politique monétaire et les effets de la globalisation financière sur les canaux traditionnels de transmission des chocs monétaires domestiques. La troisième section porte sur les interdépendances monétaires et financières spécifiquement adossées à la globalisation en abordant l'hypothèse du cycle financier global, les contours du canal financier du taux de change et le circuit international de la liquidité bancaire que véhiculent les banques globales.The purpose of this paper is to evaluate the relationship between monetary policy and financial globalization. Section 1 reviews the controversies about Mundell's tri-lemma since it was challenged by Rey. Section 2 deepens the notion of monetary policy autonomy and the effects of financial globalization on the traditional channels of domestic monetary shocks. Section 3 focuses on monetary and financial spillovers related to globalization by addressing the global financial cycle's assumption, the outlines of the financial exchange rate's channel and the international liquidity flows of global banks.
- Monetary Policy Frame works after the Global Financial Crisis: is there a Convergence Towards an Integrated Inflation Targeting (IIT)? - Luiz A. Pereira da Silva p. 217-259 Cet article revient sur l'évolution des cadres de politique monétaire après la crise financière mondiale, en se concentrant sur les pays à revenu intermédiaire qui ont adopté un régime de ciblage de l'inflation. Ces pays sont confrontés à des difficultés découlant des flux de capitaux importants, de la volatilité des taux de change et des booms du crédit qui menacent leur stabilité financière. Pour y remédier, ils ont combiné les interventions sur les marchés des changes, les outils macroprudentiels et la politique monétaire dans un « régime intégré de ciblage de l'inflation » visant à atteindre les objectifs de stabilité macroéconomique et financière. L'approche est intégrée car les politiques monétaires et macroprudentielles opèrent principalement par les mêmes canaux de transmission. Elles ont toutes deux une incidence sur le coût des emprunts publics et, par conséquent, sur la croissance du crédit, qui a toujours été liée à l'instabilité macro économique et financière. En ce sens, cette expérience pourrait tirer des enseignements utiles pour certains pays à revenu plus élevé qui sont aussi des économies ouvertes soumises à des défis similaires.This paper revisits the evolution of monetary policy frameworks after the Global Financial Crisis focussing on Middle-Income Countries that have adopted Inflation Targeting. These countries face challenges arising from spillovers of large capital flows, exchange rate volatility and credit booms that threaten their financial stability. To address these, they have been combining interventions in foreign exchange markets, macroprudential tools and monetary policy in an “integrated monetary policy framework” (IIT) aiming to attain both macroeconomic and financial stability objectives. The approach is integrated because monetary and macroprudential policies operate largely through the same channels. They affect the cost at which the public borrows, and as a result, they both affect credit growth, which has been linked consistently with macroeconomic and financial instability. In that sense, there could be useful lessons from this experience for some inflation targeting High-Income countries that are small open economies subject to similar challenges.