Contenu du sommaire : L'avenir des relations UE-Afrique
Revue | L'Europe en formation |
---|---|
Numéro | no 388, printemps-été 2019 |
Titre du numéro | L'avenir des relations UE-Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier - L'avenir des relations UE-Afrique
- Introduction - Jean-Claude Vérez p. 3-8
- Les enjeux Union européenne-Afrique sur les plans économique, démographique et migratoire - Jean-Claude Vérez p. 9-25 Si l'UE et l'Afrique divergent sur de nombreux points, elles ont des défis communs à relever. Tourner le dos à un passé pour le moins complexe est une nécessité : construire ensemble un projet prospère, pacifique et durable est une exigence. Le nouveau partenariat UE-Afrique peut-il y parvenir ? Nous privilégions les perspectives économiques, démographiques et migratoires.While the EU and Africa differ on many points, they share common challenges. Turning our backs on a complex past is a necessity : building a prosperous, peaceful and sustainable project together is a requirement. Can the new Africa-EU partnership achieve this ? We focus on economic, demographic and migration prospects.
- The Africa-EU Relations and Regional Integration in Africa: Reassessing EU's Influence on Africas's Integration Project(s) - Christopher Otieno Omolo p. 27-50 L'UE considère la promotion de l'intégration régionale comme un pilier central de ses relations avec le reste du monde et comme un élément important de son identité en tant que nouvel acteur mondial. Son objectif est de faire du système international une « communauté» fondée sur la réussite de son propre modèle. C'est dans cette optique qu'elle a fortement contribué au développement de l'intégration régionale dans plusieurs régions du monde. L'investissement de l'UE en faveur des initiatives d'intégration africaine a été particulièrement important. Elle a appuyé le « projet » d'intégration régionale de l'Afrique en dégageant des ressources financières et techniques importantes, en particulier pour les capacités administratives et de sécurité de l'Union africaine (UA) et de ses Communautés économiques régionales (CER). Toutefois, les analystes ont constaté que les rapports Afrique-UE ont souvent été caractérisés par une asymétrie de pouvoir et de ressources. Cela a favorisé et renforcé les liens déjà existants entre les anciens colonisateurs (Belgique, France, Pays-Bas et Royaume-Uni) et leurs anciennes colonies en Afrique, de sorte que les relations ne sont devenues que « un instrument hégémonique et ont renforcé le poids du vieux continent » dans le paysage africain. Par conséquent, ces relations entre l'UE et l'Afrique auraient des effets désintégrateurs sur l'Afrique, sapant les initiatives d'intégration en cours sur ce continent.Cet article montre l'héritage du colonialisme et le corollaire des forts clivages qui en résultent entre les anciennes puissances coloniales, en particulier la France, et leurs anciennes colonies ; l'incongruité des intérêts européens avec l'objectif de promouvoir l'intégration régionale et les objectifs des acteurs locaux ; la poursuite rigide d'un modèle formaliste et fonctionnel d'intégration incompatible avec l'économie politique africaine et son manque de cohérence dans la mise en œuvre des moyens politiques qu'elle a définis, tout cela s'étant traduit par des tentatives visant à compromettre les efforts de construction régionale en Afrique. Le présent document observe ainsi que si l'intégration régionale est une « condition sine qua non» du développement socio-économique de l'Afrique, sa place dans le cadre des relations UE-Afrique doit être réévaluée, d'autant que l'UE négocie un nouvel accord de partenariat avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en prévision de l'expiration de l'accord de Cotonou en 2020.The EU considers the promotion of regional integration a central pillar of its relations with the rest of the world, and as constituting an important element in its identity as a new global actor. It aims to mold the international system into a “community” based on the success of its own model, and for that reason has strongly contributed to the development of regional integration in several regions across the globe. The EU investment in the African integration initiatives has been particularly immense. It has supported Africa's regional integration “project” with significant financial and technical resources particularly for the administrative and security capacities of the African Union (AU) and its Regional Economic Communities (RECs). But analysts have noted how the Africa-EU relations have often been characterized by asymmetry of power and resources which has served to reproduce and reinforce pre-existing colonial linkages between former colonizers (e.g. Belgium, France, the Netherlands and the UK) and their former colonies in Africa, so that the relations have constituted little other than “a tool of hegemony, strengthening the influence of the old continent”1 on Africa. Thus, the EU-Africa relations are said to have disintegrative effects on the Africa, undermining integration initiatives underway in the continent. This paper shows how the legacy of colonialism and its corollary of strong cleavages of former colonial powers, especially France, on their former colonies; the incongruence of EU interests with its stated objective of promoting regional integration and the objectives of local actors; the rigid pursuit of a formal, functional model of integration incompatible with the African political economy; and the EU's inconsistency in the application of its stated policy instruments have conspired to undermine efforts at region-building in Africa. Thus, the paper observes that while regional integration is a ‘sine qua non' for Africa's socio-economic development, its place within the framework of EU-African relations must be reassessed, especially as the EU negotiates a new partnership agreement with the Africa, Caribbean and Pacific (ACP) countries in anticipation of the expiry of the Cotonou agreement in 2020.
- EU-Africa and Economic Partnership Agreements (EPAs) – Revisited - Donald Peter Chimanikire p. 51-67 Il est largement admis que le commerce favorise la croissance économique et réduit la pauvreté dans les régions développées et en voie de développement du monde, y compris en Afrique. Le commerce est censé servir de relais par lequel les pays participants utilisent les avantages comparatifs de leurs ressources et capacités de production pour tirer parti de leurs atouts. Bien que le commerce entre pays puisse générer de la croissance à l'échelle mondiale, il arrive souvent que les avantages globaux ne soient pas répartis équitablement entre les partenaires commerciaux. Cela est évident dans le cas du continent africain, qui dépend entièrement de l'exportation de matières premières non transformées et de ressources minérales vers les pays développés et émergents d'Asie qui alimentent leur croissance économique.Cet article examinera, en termes généraux, les relations économiques et commerciales qui existent actuellement entre l'UE et l'Afrique. La position commerciale de l'Afrique est foncièrement fragile, caractérisée par une dépendance à l'égard des matières premières pour les exportations (avec une chute des prix sur les marchés internationaux) et un effondrement du secteur manufacturier qui nécessite l'importation de biens de consommation essentiels. L'Afrique a signé l'Accord de partenariat économique (APE) intérimaire sur les biens matériels avec l'Union européenne (UE) négociés dans le cadre de diverses RECs : par exemple, les blocs Afrique orientale et australe (ESA), CEDEAO, et CDAA. Les APE sont censés faciliter la mise en œuvre du libre-échange dans la mesure où l'UE offrira à l'Afrique un accès non assujetti aux droits de douane et aux quotas aux marchés de l'UE et lui concédera également son marché aux exportations européennes (réciprocité). Ainsi, les accords de partenariat économique constituent une menace pour la stratégie d'industrialisation des pays africains. La sortie britannique (BREXIT) de l'Union européenne a surpris les partisans de l'intégration régionale et du libre-échange. Les pays africains restent incertains quant aux impacts probables du BREXIT tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du contexte des APE de l'UE. Le Brexit va sans aucun doute réduire l'accès au marché et l'aide au développement des pays en développement signataire de l'APE.It is widely accepted that trade promotes economic growth and reduces poverty in both developed and developing regions of the world, including Africa. Trade is supposed to serve as a channel through which the participating countries utilize comparative advantages in their natural resource endowments and productive capacities. While trade among countries may generate growth globally, it is often the case that the aggregate benefits are not equitably distributed among the trading partners. This is evident in the case of the African continent, which is entirely dependent on the export of unprocessed raw materials and mineral resources to the developed and emerging Asian countries to power their economic growth. The paper will analyse the current economic and trade relations between the EU and Africa in broad terms. Africa's trade position is inherently weak as characterized by dependence on raw commodities for exports (with falling prices on the international markets) and a collapsing manufacturing sector necessitating the importation of basic consumer goods. Africa signed the interim Economic Partnership Agreement (EPA) on tangible goods with the European Union (EU) negotiated under various RECs: e.g. the Eastern and Southern Africa (ESA) ECOWAS, SADC blocs. EPAs are supposed to facilitate the free trade agenda as the EU will offer Africa duty and quota-free access to EU markets and will similarly concede its market to EU exports (reciprocity). Thus, the economic partnership agreements are a threat to the industrialization strategy in African countries. British exit (BREXIT) from the European Union astonished the proponents of regional integration and free trade. African countries remain uncertain on the likely impacts of the BREXIT both within and outside the EU-EPAs context. Brexit will certainly reduce market access and development assistance to developing countries that signed EPA.
- Brexit Linkage in Trade Negotiation: A Strategy for Rejecting the European Union – East African Community Economic Partnership Agreement? - Harrison Kalunga Mwilima p. 69-80 Le vote du Brexit signifiait que le Royaume-Uni pourrait sortir du marché unique européen et mener sa propre politique commerciale. La question est devenue très préoccupante pour certains pays africains qui étaient en train de négocier un accord commercial réciproque avec l'UE. Dans le cas de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE), certains États partenaires ont refusé de signer un accord de partenariat économique (APE) régional UE-CAE en invoquant le problème de l'incertitude due au Brexit. Afin d'aborder la situation, la question posée ici est la suivante : en quoi le lien entre Brexit et les négociations commerciales accroit-il la possibilité de ne pas conclure un accord APE régional avec la CAE? L'article utilise la stratégie de négociation par liens thématiques pour montrer comment le Brexit a fourni à certains pays une nouvelle occasion d'inclure des clauses de négociation supplémentaires, aboutissant ainsi aux refus de signer l'accord commercial de l'UE.The Brexit vote meant that the United Kingdom could exit the European single market and create its own trade policy. This has become a strong concern for some African countries who were negotiating to sign a reciprocal trade deal with the EU. In the case of the East African Community (EAC), some partner states refused to sign the regional EU-EAC EPA citing the problem of uncertainty due to Brexit. To address this issue, the question raised here is: how did Brexit linkage in trade negotiation increase the possibility of not achieving an EAC regional EPA deal? The article uses issue linkage bargaining strategy to show how Brexit provided a new opportunity for some countries to include additional negotiation demands, thus leading to refusals to sign the EU's trade deal.
- Quelques réflexions prospectives sur la Zone franc - Désiré Avom p. 81-102 Le débat, très controversé, que suscite depuis ses origines, la Zone franc, et qui s'amplifie de plus en plus, rend incertain son avenir. Ainsi, sans présager de son issue, l'objectif de ce papier est de rappeler quatre conditions non exhaustives, mais indispensables à remplir pour la soutenabilité d'une union monétaire, soit dans le cadre du projet initié par l'Union africaine, soit dans la continuité d'une coopération élargie à l'Union européenne aux conditions mutuellement bénéfiques qu'il conviendrait préalablement de définir. Il s'agit : (I) d'améliorer la qualité de la gouvernance ; (II) de convertir progressivement le capital naturel généralement épuisable en d'autres formes de capitaux plus productifs ; (III) de promouvoir une meilleure coordination des politiques économiques ; (IV) et enfin de faciliter la mobilité des facteurs de production.The highly controversial debate that has taken place since the inception of the Franc Zone has continued to intensify and thus renders its future uncertain. Without predicting its outcome, the purpose of this paper is to reiterate four non-exhaustive– but essential conditions – that must be met for the sustainability of a monetary union, either as part of the project initiated by the African Union, or as a continuation of an extended cooperation with the European Union under mutually beneficial conditions to be defined beforehand. This is about : (i) improving the quality of governance ; (ii) gradually converting generally depletable natural capital into alternative and more productive forms of capital ; (iii) promoting better coordination of economic policies ; (iv) and, finally, facilitating the mobility of factors of production.
- Dérèglements géopolitiques et dérive des continents : Quand la plaque tectonique Chine s'encastre entre Afrique et péninsule européenne - Jean-Marie Rousseau p. 103-119 Entre « divagations » wegenériennes1 et tribulations d'un Chinois hors de Chine2, ce tour d'horizon met en évidence une configuration géopolitique nouvelle, où la Chine interfère au centre d'une coopération Europe-Afrique traditionnelle.L'initiative de la Ceinture et la Route (BRI) participe d'un subtil programme d'intelligence stratégique qui repose sur un maillage de routes, infrastructures et voies énergétiques, capable d'innerver un empire commercial s'étendant sur tous les continents, dont l'Afrique et l'Europe doivent s'apprêter à faire les frais.Between Wegenerian “divagations” and the tribulations of a Chinaman outside China, this overview highlights a new geopolitical configuration, where China interferes at the centre of a traditional Europe-Africa cooperation. The Belt and Road Initiative (BRI) is part of a subtle strategic intelligence programme based on a network of roads, infrastructure and energy routes, capable of boosting a business empire that extends across all continents, of which Africa and Europe must be prepared to bear the brunt.
- La gouvernance des flux migratoires de l'Afrique vers l'Union européenne - Moussa Khoré Traoré p. 121-134 Cet article a pour principal objectif d'apporter une contribution à la problématique de la gouvernance des flux migratoires de l'Afrique vers l'Europe. En se basant sur des aspects à la fois historiques, socio-économique, démographique et politique, il analyse les multiples causes de la migration africaine en Europe. Il présente la politique d'immigration européenne et d'émigration africaine. Par la suite, il propose des politiques de gouvernance des flux migratoires axées sur les causes de l'immigration africaine, tout en faisant ressortir les liens avec le développement socio-économique du berceau de l'humanité.The main objective of this article is to contribute to the issue of the governance of migration flows from Africa to Europe. Based on historical, socio-economic, demographic and political aspects, it analyses the multiple causes of African migration in Europe. It presents the European immigration and African emigration policy. Subsequently, it proposes migration flow governance policies that focus on the causes of African immigration, while highlighting the links with the socio-economic development of Africa.
- L'Union européenne et les transitions démocratiques en Afrique : réflexions sur le cas tunisien - Riadh Jaidane p. 135-147 La Tunisie, associée dès le départ en 1995 au processus méditerranéen de Barcelone, s'est trouvé quelques années plus tard initiatrice d'un processus démocratique et présentée en tant que modèle dans la région et d'ailleurs le seul pays où la transition démocratique s'est révélée solide. L'étude des relations de la Tunisie avec l'Europe dans le cadre du soutien de cette dernière à sa transition démocratique est révélatrice des efforts fournis par l'UE. Ce soutien s'est traduit par plusieurs mesures et accords de partenariats, et notamment la conclusion d'un partenariat privilégié avec la Tunisie, en novembre 2012, qui a concrètement matérialisé le projet de l'accompagnement de l'UE aux réformes impliquées par la transition démocratique afin d'aboutir à un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Les négociations de l'ALECA ont débuté en octobre 2015 pour privilégier une intégration économique plus étroite entre l'UE et la Tunisie et permettre d'ancrer davantage la Tunisie à l'Union et d'asseoir les institutions étatiques dans le cadre de l'État de droit en soutenant la démocratisation. Mais malgré les efforts et les actions menées dans ce sens, l'approche européenne de partenariat n'a pas été une réussite totale et s'est avérée non seulement inégalitaire, mais en plus, elle ne répond pas totalement aux défis réels que rencontre la Tunisie qui dénote la persistance de tensions entre valeurs et intérêts. Ce qui a poussé les différentes instances de l'UE, et notamment le Parlement européen, à se prononcer en faveur de mesures plus souples et mieux adaptées afin d'accompagner la jeune démocratie tunisienne.La période difficile que traverse la Tunisie, avec des tensions internes qui se sont traduites par des blocages au niveau politique, la persistance de revendications sociales, des menaces terroristes et des conflits régionaux, et sur le plan économique aurait pu pousser le partenaire européen à proposer un traitement spécifique et à s'adapter à la réalité économique et politique de la Tunisie. La transition démocratique historique de la Tunisie appelle un partenariat UE-Tunisie beaucoup plus ambitieux, qui aille au-delà des mesures usuelles et passe au moins par un assouplissement des réformes imposées qui procèdent d'une conception purement européenne et qui requièrent des efforts importants pour le rapprochement à l'acquis communautaire, la modernisation des institutions et la mise à niveau des infrastructures.La transition démocratique exceptionnelle en Tunisie nécessite un traitement exceptionnel de la part de l'Union européenne afin de favoriser de tels processus dans la région au profit de la paix et au service de la sécurité dans cet espace euro-méditerranéen.Tunisia, which was associated from the outset in 1995 with the Mediterranean Barcelona Process, found itself a few years later at the initiative of a democratic process and presented itself as a model in the region and the only country where the democratic transition has proved solid. The study of Tunisia's relations with Europe, as part of the latter's support for its democratic transition, reveals the efforts made by the EU. This support has taken the form of several measures and partnership agreements, including the conclusion of a privileged partnership with Tunisia in November 2012. This partnership gave concrete form to the EU's project to accompany the reforms involved in the democratic transition in order to achieve a comprehensive and deep free-trade agreement (ALECA). Those negotiations began in October 2015 to focus on closer economic integration between the EU and Tunisia and to further anchor Tunisia to the Union and establish state institutions within the framework of the rule of law and support democratisation. Despite the efforts and actions undertaken in this direction, the European Partnership approach has not been a total success and has not only proved to be uneven, but it does not fully address the real challenges facing Tunisia, indicating the persistence of tensions between values and interests, which has led the various EU bodies (including the European Parliament) to come out in favour of more flexible and appropriate measures to accompany the young Tunisian democracy. The difficult period that Tunisia is going through, with internal tensions that have resulted in political blockages (the persistence of social demands, terrorist threats and pending regional conflicts, particularly in Libya on the socio-economic level) could have pushed the European partner to propose specific treatment and to adapt to Tunisia's economic and political reality, because Tunisia's historic democratic transition calls for a much more ambitious EU-Tunisia partnership, which goes beyond the usual measures and at least a relaxation of the reforms imposed. Reforms are purely based on a European approach and require major efforts to bring Tunisia closer to the acquis communautaire, modernise its institutions and upgrade its infrastructure. The exceptional democratic transition in Tunisia requires exceptional treatment by the European Union in order to promote such processes in the region for the benefit of peace and security in this Euro-Mediterranean area.
- Negotiating the Rules of the Game in Euro-Mediterranean Relations - Federica Zardo p. 149-164 Ce document contribue à la réflexion sur les perspectives des relations entre les deux continents en examinant la transformation des négociations euro-méditerranéennes de 1995 à 2017. En particulier, il conceptualise l'espace euro-méditerranéen comme un système de négociation dans lequel les acteurs européens et les acteurs dits du voisinage sud ont négocié non seulement le contenu de leurs relations, mais aussi les « règles du jeu ». La mesure dans laquelle l'UE et les pays tiers du sud de la Méditerranée se sont engagés, et se consacrent actuellement, à construire, déconstruire et reconstruire l'architecture des négociations témoigne de leurs relations de pouvoir ainsi comme de leurs attentes et perceptions.Le document montre que les négociations sur le cadre des relations euro-méditerranéennes se sont déroulées en trois phases, sans pour autant correspondre aux principales politiques euro-méditerranéennes (le partenariat euro-méditerranéen, la politique européenne de voisinage et la politique révisée de voisinage après 2011). Une phase a été marquée par le transfert de l'architecture de négociation interne de l'UE vers l'arène extérieure et la faible résistance à cette institutionnalisation de la part des pays non membres. Une deuxième phase de contestation de ces règles du jeu et de leur utilisation stratégique par les partenaires sud-méditerranéens, suivie d'une troisième phase visant à déconstruire et transformer le cadre institutionnel des négociations.This paper contributes to the reflection on the perspectives of the relations between the two continents by looking at the transformation of Euro-Mediterranean negotiations from 1995 to 2017. In particular, it conceptualizes the Euro-Mediterranean space as a negotiation system wherein European and the so-called Southern Neighbourhood actors have negotiated not only the contents of their relations, but also the ‘rules of the game'. The extent to which the EU and third countries from the Southern Mediterranean region have engaged, and are currently engaging, in constructing, deconstructing and re-constructing the negotiation architecture testifies about their power relations, expectations and perceptions. The paper shows that negotiations on the rules of the game in Euro-Mediterranean relations took place in three phases which do not necessarily correspond to the main Euro-Mediterranean policies (the Euro-Mediterranean Partnership, the European Neighbourhood Policy and the revised Neighbourhood Policy after 2011). One phase was characterised by the EU's transfer of its internal negotiation architecture to the external arena and the limited resistance to this institutionalization by non-EU countries. A second phase of contestation of the rules of game and strategic use of those rules by Southern Mediterranean partners and a third phase aimed at deconstructing and transforming the institutional framework of the negotiations.
Tribunes
- The Idealistic Spirit of European Integration: Education as an Example - Thomas Hoerber p. 165-185 Au lendemain de la guerre, l'intégration européenne a captivé l'imagination des hommes politiques et des citoyens ordinaires. Cette nouvelle Europe était une perspective de futur, en particulier pour les jeunes de la prochaine génération de citoyens européens. Les initiatives en matière d'éducation sont donc devenues une préoccupation majeure. Il semblait que la compréhension entre les jeunes était le moyen de surmonter la dévastation de la dernière guerre. Une analyse des initiatives nationales en matière d'éducation qui encouragent les idées d'intégration européenne illustrera une part de l'esprit de l'idéalisme européen de ces débuts et peut également donner quelques indications supplémentaires sur un soutien élargi à l'intégration européenne. La volonté politique de lui donner une suite populaire constituait pour les dirigeants démocratiques de l'époque la seule base légitime pour une Europe prospère et pacifique.Cet article montrera quelques-unes des idées éducatives les plus intéressantes du processus initial d'intégration en montrant son caractère idéaliste. En élargissant l'analyse politique au-delà des politiques gouvernementales, elle prendra en compte les contributions des députés des parlements nationaux de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne. Cette preuve écartera complètement l'argument d'un « consensus permissif » introduit par Inglehart et discréditera l'argument économique de Milward comme la principale explication de l'intégration européenne.In the immediate post-war years, European integration captured the imagination of politicians and ordinary citizens alike. This new Europe was a prospect for the future, in particular, for younger people of the next generation of European citizens. Education initiatives thus became a primary concern. Understanding between the youths seemed the way to overcome the devastation of the last war. An analysis of national education initiatives fostering European integration ideas will show some of the spirit of early European idealism and can also give some further indication on a broader support for European integration. The political intention to give it a grass-roots following was for the democratic leaders of the time the only legitimate basis for a prosperous and peaceful Europe. This paper will show some of the most interesting educational ideas of the early integration process showing it idealistic character. By adding additional breadth to the political analysis beyond government policies, it will consider contributions of MPs from the national parliaments of France, Germany and Britain. This evidence will comprehensively discount the argument of a ‘permissive consensus' introduced by Inglehart and it will discount Milward's economic argument as the main explanation of European integration.
- Nouvelles routes de la soie et endiguement économique et financier de la Chine par les États-Unis - Laurent Estachy p. 187-215 L'initiative chinoise des nouvelles routes de la soie ne constitue pas une réminiscence sentimentale des voyages de Marco Polo, comme le soulignait en 2018 le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel. Selon lui, cette initiative « se positionne comme une tentative pour établir un système cohérent, destiné in fine à façonner le monde dans le sens des intérêts chinois ». De façon plus générale, la réflexion doit être resituée dans le cadre d'une « Grande Stratégie » chinoise, de nature « mercantiliste », visant à remplacer les États-Unis comme puissance hégémonique mondiale. Telle est en tout cas la vision de la nouvelle administration américaine depuis novembre 2016 et l'élection du Président Donald Trump. Ainsi, à une « Grande » Stratégie chinoise répondrait désormais une « contre » stratégie américaine. Au-delà des routes de la soie, il s'agit en effet pour les États-Unis de contenir la montée en puissance de la Chine sous toutes ses formes ; industrielles, technologiques, commerciales, financières, diplomatiques et militaires.The Chinese initiative on the new silk roads is not a sentimental reminiscence of the journeys of Marco Polo, as pointed by German Foreign Minister Sigmar Gabriel in 2018. According to him, this initiative “is positioned as an attempt to establish a coherent system, ultimately intended to shape the world in the direction of Chinese interests”. More generally, the reflection must be placed within the framework of the Chinese'Great Strategy', which is mercantile in nature, aimed at replacing the United States as a global hegemonic power. In any case, this has been the vision of the new American administration since November 2016 after President Donald Trump was elected. Thus, a'Great' Chinese strategy would now respond to a'counter' American strategy. Beyond the Silk Roads, the United States must contain all aspects of China's rising power : industrial, technological, commercial, commercial, financial, diplomatic and military.
- The Idealistic Spirit of European Integration: Education as an Example - Thomas Hoerber p. 165-185