Contenu du sommaire : Le monde des objets

Les objets sont partout et tendent à se substituer à l'homme à tel point que la société des hommes est remplacée par celle des objets. La sociologie devrait alors s'intéresser à redéfinir une partie de son champ de recherche et intégrer la question de la société des objets comme objet d'étude. Cet article a pour vocation à poser les bases d'une recherche épistémologique et méthodologique à destination d'une recherche conjointe entre la sociologie et le design.

Quelle est la valeur des objets de mémoire ? Comment structurent-ils l'imaginaire d'une ville ? À travers une proposition d'une phénoménologie sociale, nous montrerons de quelle manière l'enracinement de la mémoire incarné dans l'objet, amène à une réflexion sur les formes d'habiter l'espace quotidien et les pratiques culturelles fondant aussi une analyse historiographique.

Comment un smartphone peut interagir dans les dynamiques de notre vie sociale ? Et comment, conserve-t-il l'image de notre monde contemporain ? L'article analyse cet objet dans une perspective phénoménologique en utilisant les catégories simmeliennes afin de retracer les sentiers invisibles de la matière et de clarifier le rôle et la position de l'objet dans la socialité contemporaine.

Ce texte présente une réflexion autour de la question des changements vécus par l'objet, l'usage et les usagers dans le contexte des technologies numériques. Les nouveaux entrelacements entre design et numérique se présentent comme principales facteurs qui bouleversent les usages et génèrent des expériences sociales inédites. Le rôle du design dans ce contexte est de reconsidérer son processus en impliquant davantage l'usager, en tant qu'acteur social, dans sa conception de l'objet numérique. Cet article est une réflexion sur l'objet numérique, l'expérience d'usage et comment l'usager est devenu un acteur social.

Au-delà de l'opposition entre les objets d'art et ceux d'usage, l'objet de design a cette particularité de cultiver un statut ambivalent. Pour tenter de mieux le cerner, nous nous intéressons au vécu avec lui, et ce dans différents contextes. À travers une observation de l'objet de design mis en scène dans un cadre d'exposition évènementielle, nous tenterons de mettre en lumière le processus de construction de dimensions symbolique supplémentaires. Plus précisément, nous avons pour objectif d'explorer la tension résultante de l'opposition de sa contextualisation spatiale entre l'évènementiel et le quotidien. Comment cela reconfigure-t-il l'imaginaire et quel impact pourrait-il avoir sur l'expérience du quotidien ? La transposition du trope visuel au trope expérientiel constituera notre outil méthodologique principal pour expliquer ce mécanisme.

L'objet est partout là où on est. Il nous côtoie et nous accompagne depuis la nuit des temps. Désormais, sa présence permanente et protéiforme incite à questionner son degré d'importance dans notre vie quotidienne et révèle en nous l'urgence de l'appréhender différemment. Le design, comme activité qui s'intéresse davantage à la production du sens, tente de faire du monde des objets, particulièrement ceux qui sont tombés dans l'oubli, un champ d'exploration et de découverte. Ces objets sont considérés comme « une matière de l'imagination » qui dégage de l'information. L'objet détourné, tel que perçu et conçu par le designer, se dote d'une autre vie et d'une parole plus complexe. La prospérité du design de récupération ou encore du « slow-design » s'insère dans cette perspective de revalorisation de l'objet en tant que symbole, signe et matière, en adoptant une approche où priment la conscience environnementale et l'importance du bien-être de l'usager.

Cet essai décrit le côté imaginal de la carte de crédit. On y a mis en évidence une constellation de mythes et symboles qui montre clairement le lien entre le niveau rationnel et instrumental et la narration mythique qui a toujours été à l'œuvre pour enchanter le monde qui nous n'arrêtons pas de construire. Ces mythes, qui vont de la lampe d'Aladin à la cave d'Ali Baba, sont étroitement reliés à l'usage quotidien de cet outil et nous donnent une meilleure compréhension des dynamiques cachées derrière les discours du marketing et de la technologie, comme par exemple les conséquences de ce qui est décrit comme un moyen facile de disposer de son argent ou le goût religieux, presque salvifique, qui vient du « simple » geste d'insérer la carte dans un ATM. Cela devrait suffire à illustrer le potentiel euristique de cette perspective et le fait que l'imaginaire devrait être reconnu comme un composant crucial de la création et compréhension humaine du monde.

Énormes succès du cinéma sud-coréen, les deux Along With the Gods, « films de réincarnations » au budget inégalé, stigmatisent la résurgence de la religiosité sur les écrans petits et grands locaux, et ceci, à un moment historique d'expansion du pays à tous les niveaux. Ils ne restaurent pas seulement la puissance syncrétique de certaines valeurs néo-confucianistes en réaffirmant, notamment, l'autorité centrale patriarcale et le lien entre l'Au-delà et le monde des humains dans deux mondes fatalement immuables. Car trans-religieuses dès l'origine, ces valeurs évoluent, ici, dans une version nouvelle qui cherche à intégrer l'actuel néo-panasiatisme politique centré sur une Corée réconciliée avec son passé et les sensibilités « matérialistes » contemporaines. A la différence des religions focalisées sur des fondements originaux « historiques », cette supra-religion du futur, faites de simulacres absorbant les attentes du public actuel (vie positivée et réincarnation en humain, par exemple) et peu soucieuse de fidélité à des origines contraignantes et précises jusqu'à ne pas (encore) se nommer, n'est pas qu'une simple customisation postmoderne d'anciennes croyances comme « Superman » ou « Matrix » mais une logique mutante polymorphe et tentaculaire qui veut sans cesse incorporer sous sa toile plus de croyants et plus de spectateurs.