Contenu du sommaire : Londres et ses migrations
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1326, juillet-août-septembre 2019 |
Titre du numéro | Londres et ses migrations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'ADN cosmopolite de Londres - Marie Poinsot p. 1
Le Point Sur
- Londres, ville globale d'hier à aujourd'hui - Thomas Lacroix p. 8-16 Londres appartient à ces villes-mondes où se côtoient des populations issues de l'ensemble des pays du globe. La mosaïque de populations et de cultures qui cohabitent en son sein est le fruit d'une longue succession de migrations. Des Huguenots français exilés de la fin du XVIIe siècle aux migrants coloniaux originaires des pays du Commonwealth de l'après-guerre, jusqu'aux Irlandais, Polonais et autres migrants intra-européens des années 2000, la métropole londonienne cultive sa tradition d'accueil. À l'heure du Brexit s'ouvre une nouvelle page de son histoire migratoire.
- « Me voir comme un écrivain m'a vraiment aidé à façonner mon identité » : Entretien avec Hanif Kureishi - Martin Evans p. 18-21 Hanif Kureishi, né le 5 décembre 1954 à Bromley (London), est un écrivain, scénariste et dramaturge britannique. Auteur de romans, de recueils de nouvelles, d'essais et de pièces de théâtre, il est l'un des représentants les plus célèbres de la nouvelle « école » d'écrivains britanniques d'origine étrangère. Son roman, Le Bouddha de banlieue (The Buddha of Suburbia, 1990) a reçu le Whitbread Award du meilleur premier roman et a bénéficié d'une adaptation en série télévisée. En 2004, Kureishi raconte dans Contre son cœur (My Ear at His Heart, 2004), un récit autobiographique, la genèse de sa propre inspiration. Son dernier roman paru en 207 s'intitule : The Nothing (L'Air de rien).
- « Génération rebelle », musique et recherche : Entretien avec Paul Gilroy - Martin Evans p. 22-23 Paul Gilroy est né à Londres en 1956. Il a étudié à l'université du Sussex où il a obtenu son diplôme en 1978 avant de soutenir sa thèse de doctorat au Centre d'études culturelles contemporaines de l'université de Birmingham en 1986. Ses deux ouvrages There Ain't No Black in the Union Jack (Pas de trace de Noir sur l'Union Jack, 1987) et The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness (L'Atlantique noir. Modernité et double conscience, 1993) ont grandement contribué à faire évoluer l'étude de l'histoire des diasporas en général et de la culture noire britannique en particulier. Paul Gilroy est actuellement professeur de littérature anglaise et américaine au King's College de Londres.
- Colin MacInnes (1914-1976), emblème de la culture retro - Lucy Robinson p. 24-25
- « It Dread Inna Inglan »Une chronique des luttes des Antillais au Royaume-Uni dans les poèmes de Linton Kwesi Johnson - David Bousquet p. 27-34 Linton Kwesi Johnson, dit LKJ, chanteur, poète et musicien de reggae, s'est affirmé depuis les années 1960 comme un artiste noir de premier plan en Angleterre. Né en 1952 en Jamaïque, LKJ arrive à Londres parmi les dizaines de milliers d'immigrants antillais qui s'installent au Royaume-Uni à partir de l'après-guerre. Dans un contexte social tendu, marqué par le racisme et les violences policières auxquels font face les Antillais, LKJ développe une nouvelle forme d'expression artistique entre musique et poésie : la dub poetry. Ce faisant, il devient le porte-voix des luttes des Noirs pour leur reconnaissance au sein de la société britannique.
- Le Brexit et l'immigration européenne à Londres - Catherine Wihtol de Wenden p. 37-41 La probabilité du Brexit va considérablement modifier les relations migratoires entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Formalités administratives, équivalence des diplômes, droit d'asile… sont autant d'aspects concernés par ce changement politique qui va toucher tout autant les Européens résidants en Grande-Bretagne que les Britanniques installés en Europe. Si l'attrait pour le Royaume-Uni comme terre d'immigration de courte durée risque de diminuer, les pays européens devront, quant à eux, inventer de nouveaux statuts pour les Britanniques installés sur leur sol.
- Causes des migrations et conséquences du Brexit sur le marché du travail - Zovanga Kone, Carlos Vargas-Silva p. 43-47 La probable sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne questionne la politique migratoire britannique, notamment en direction des ressortissants de l'UE. Afin de prévoir les conséquences d'une modification de l'accès de ces ressortissants sur l'immigration de main-d'œuvre, et donc sur le marché du travail outre-Manche, le gouvernement britannique a produit, fin 2018, un Livre blanc précisant le nouveau régime d'immigration envisagé. Sa principale proposition vise l'application des règles britanniques en matière d'immigration à tous les migrants, quelle que soit leur origine, européenne ou non.
- Le rôle de l'intégration sociale dans les politiques mises en œuvre par l'Autorité du Grand Londres entre 2016 et 2019 - Jacqueline Broadhead p. 49-57 La stratégie d'intégration sociale lancée par l'Autorité du Grand Londres (AGL) en 2016, et intitulée « All of Us » (« Tous ensemble »), inaugure une nouvelle approche des politiques d'intégration dans la ville de Londres. Ce programme se concentre sur la répartition des responsabilités dans un environnement misant sur l'égalité, la participation et les liens sociaux. Par son approche sociale, il contribue à renforcer la pratique d'un leadership inclusif ancré dans l'environnement social londonien, en produisant des récits qui vont de pair avec sa volonté de faire évoluer les pratiques.
- « Londres ou rien » : rites de passage chez les jeunes Australiens de Londres - Erica Consterdine, Michael Collyer p. 59-67 Londres constitue une destination de choix pour la jeunesse australienne, première bénéficiaire du Youth Mobility Scheme (YMS). Ce programme de mobilité destiné aux ressortissants du Commonwealth permet aux jeunes migrants de certaines nations de travailler et de résider au Royaume-Uni pendant deux ans au maximum. Les jeunes Australiens sont nombreux à se retrouver dans cette capitale cosmopolite, concevant leur séjour londonien comme un véritable rite collectif de passage. Ce faisant, ils endossent le statut paradoxal de migrants temporaires qui se comportent dans leur ville d'accueil comme s'ils étaient chez eux.
- Londres : un refuge pour les exilés du Bahreïn - Claire Beaugrand p. 69-75 Les relations entre le Bahreïn, centre névralgique de l'Empire britannique dans la région du Golfe, et le Royaume-Uni sont marquées par leur héritage colonial. Londres a longtemps interféré dans les affaires politiques de l'île et introduit des pratiques de bannissement et d'exil forcé des individus s'opposant à ses intérêts. Ironiquement, la capitale britannique est devenue, un demi-siècle plus tard, un refuge privilégié pour les exilés bahreïniens en proie à la répression politique dans leur pays d'origine. Les générations de leaders politiques bahreïniens s'y succèdent ainsi, donnant lieu, paradoxalement, à la structuration d'une opposition en exil dans le pays comptant parmi les plus solides alliés de la dynastie en place.
- Londres 1962-1989 : histoires de médias par et pour les immigrés> - Nina Lostis p. 77-82 Londres, ancienne capitale coloniale et métropole multiculturelle aujourd'hui, voit naître, depuis les années 1950-1960, un grand nombre de journaux et de radios créés par des immigrés qui s'adressent principalement à leur communauté. Insatisfaits des informations diffusées dans les médias de masse, ils sont nombreux à répondre aux attentes des différentes communautés et à maintenir le lien avec les pays d'origine. L'histoire de ces médias n'est pas vraiment écrite et reste encore mal connue.>
- Sistermatic, une boîte de nuit pour lesbiennes et queers noires - Martin Evans p. 84-85 Fondé en 1986 par Yvonne Taylor, Lorna Edwards, Sharon Lee et Eddie Lockhart, Sistermatic était un collectif londonien de lesbiennes noires, de DJ et de férues de musique. Elles voulaient créer une boîte de nuit de femmes pour lesbiennes et femmes queer, tenue par des femmes de couleur et leurs amies – un lieu musical encore inexistant à l'époque dans le monde des boîtes de nuit londoniennes.
- Londres, ville globale d'hier à aujourd'hui - Thomas Lacroix p. 8-16
Au Musée
- Collectionneur de mots, les maux du collectionneur - Hubert Cavaniol p. 88-92
- Faire Collection. La donation d'Hubert Cavaniol au Musée national de l'histoire de l'immigration - Stéphanie Alexandre p. 93-95 Faire collection. Tout l'enjeu d'un Musée. Celui de l'amateur aussi. Qui veille, cherche, déniche, pour faire « ensemble ». Hubert Cavaniol est un de ceux-là.
- « Les Algériens manifestent un grand sens politique » : Entretien avec de Benjamin Stora, président du conseil d'orientation du Musée national de l'histoire de l'immigration - Marie Poinsot p. 138-142 Depuis le 22 février, l'Algérie vit un mouvement populaire contre le système politique en place, inédit par son ampleur et sa forme. Ce soulèvement contre la captation du pouvoir, la corruption et les inégalités au sein de la société algérienne, initié par la classe moyenne et les étudiants, est également animé par une volonté profonde de changement de régime politique. Face aux militaires, la société civile aspire ainsi à une nouvelle distribution du pouvoir en Algérie.
- La Galerie des dons, objet muséal total - Élisabeth Jolys-Shimells p. 143-150 Manifestant la volonté de constituer un patrimoine participatif et incarné, la Galerie des dons occupe une place importante dans le projet du Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI). Revendiquée comme une spécificité par ses concepteurs, appréciée des publics, elle juxtapose des récits de vie individuels, illustrés par des objets, déposés ou donnés, rendant hommage aux « invisibles » en leur donnant sans réserve la parole, réparant tantôt les blessures d'une histoire familiale difficile, tantôt celles d'une intégration laborieuse. Objet muséal passionnant aux réelles réussites, la Galerie des dons engage à réinterroger ses aspirations initiales, tout comme les catégories et les process classiques du patrimoine.
- « J'ai voulu raconter l'histoire de France par les migrations » : Entretien avec Omar Benlaâla, lauréat du Prix de la Porte Dorée 2019 pour le roman Tu n'habiteras jamais Paris (Flammarion, 2018) - Marie Poinsot, Nihad Jnaid p. 151-157
- Documenter les luttes de l'immigration. Regards croisés entre la France et l'Angleterre : Entretien avec Mogniss Abdallah, réalisateur et journaliste, et Ken Fero, réalisateur et chargé de cours en réalisation à la Regents University de Londres - Anne Volery p. 158-167 À l'occasion de l'exposition Paris-Londres, Music Migrations qui aborde notamment la question des crimes racistes et des violences policières dans les années 1980, nous avons rencontré Mogniss Abdallah et Ken Fero. Le premier est membre de l'agence IM'média (créée en 1983), une agence de presse basée en France et spécialisée sur l'immigration, les cultures urbaines et les mouvements sociaux, et le second membre de Migrant Media (créée en 1989), un collectif de cinéastes à Londres travaillant sur la production de documentaires autour des mêmes sujets. Les années 1980 ont été marquées en France et en Angleterre par une forte résurgence des crimes sécuritaires et des violences policières sur fond de crise économique, de chômage de masse et de racisme anti-immigrés. IM'média et Migrant Media sont nés de ce contexte particulièrement dur et d'une volonté commune d'enquêter sur ces crimes en les documentant, tout en inscrivant dans la longue durée les différentes formes de résistance politiques ou culturelles qui émergent de ces mobilisations. Retour sur leur travail et plus spécifiquement sur une série de films qu'ils ont réalisés et produits ensemble, Europe Communities of Resistance, exemple concret de regards croisés sur la situation dans les deux pays.
Champs libres
- Le Musée des civilisations noires a ouvert ses portes à Dakar - Mohamed Mbougar Sarr p. 170-173 Un demi-siècle après l'idée d'un musée consacré aux civilisations noires, lancée par le poète Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, lors du premier Festival mondial des arts nègres en 1966, le Musée des civilisations noires (MCN) a été inauguré à Dakar, le 6 décembre 2018. Son architecture monumentale au cœur de la capitale sénégalaise, sa surface de 14 000 m2 et son ambition d'accueillir à terme 18 000 pièces, allant des vestiges archéologiques à l'art contemporain, font de ce nouveau musée une institution culturelle incontournable en Afrique de l'Ouest.
- Trois musées face à leur passé colonial : Bruxelles, Amsterdam et Paris - Hélène Bocard p. 174-181 La réouverture en décembre 2018 du musée de Tervuren à Bruxelles, rebaptisé Africa Museum, contribue à questionner la mise en scène de l'histoire coloniale dans l'espace public des anciennes métropoles coloniales. À l'instar de la Belgique, aux Pays-Bas comme en France, d'anciens musées coloniaux, qui ont fait peau neuve à une date plus ou moins récente, affichent une nouvelle identité tout en évoquant leur passé colonial. Inscrites dans l'architecture des bâtiments et les parcours de visites, ces traces coloniales deviennent l'enjeu de nouveaux dispositifs muséographiques.
- Et si la musique ne faisait pas qu'adoucir les mœurs ? - Mustapha Harzoune p. 182-184
- Fawaz Hussain, Le Syrien du septième étage, : Paris, Le Serpent à Plumes, 2018, 240 pages, 18 € - Mustapha Harzoune p. 185
- Jean Sénac, Œuvres poétiques : Préface de René de Ceccaty, postface de Hamid Nacer-Khodja, Arles, Actes Sud, 2019, 836 pages, 29 € - Mustapha Harzoune p. 186
- Sinan Antoon, Ave Maria - Mustapha Harzoune
- Ben Mandelson - François Bensignor p. 188-193
- Wardi, le cinéma d'animation à hauteur d'Histoire - Nadia Meflah p. 194-196
- Le Musée des civilisations noires a ouvert ses portes à Dakar - Mohamed Mbougar Sarr p. 170-173