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Revue | Bulletin de l'Institut Français d'Etudes Andines |
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Numéro | volume 49, no 1, 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La autonomía indígena «tutelada» en Bolivia - Stéphanie Rousseau, Hernán Manrique p. 1-19 En Bolivie les luttes indigènes pour l'auto-détermination ont adopté un langage et un ensemble de règles spécifiques avec la nouvelle constitution de 2009, sous le nom d'autonomie indigène originaire paysanne. Cet article analyse les normes et les processus récents d'accession à l'autonomie de la part de différents peuples indigènes. Les rapports qui se tissent entre les peuples indigènes et l'État constituent une dynamique que nous qualifions de dialectique : d'une part, on y trouve la nécessaire reconnaissance du droit à l'auto-détermination; d'autre part, le contrôle constant de la bureaucratie étatique au sujet des formes et du contenu de la dite autonomie. Grâce à des entrevues réalisées dans les départements de Cochabamba, Oruro et La Paz, l'article présente la vision critique de certains acteurs indigènes du processus d'accession à l'autonomie, en mettant en relief les avancées tout comme les obstacles et les limites du changement politique.In Bolivia, indigenous struggles for self-determination have adopted a specific language and norms with the new Constitution in 2009 through the concept of ‘indigenous native peasant autonomy'. This article analyses the recent norms and the processes underway by which different indigenous peoples intend to access their autonomy. The relations between them and the State constitute a dynamic that we call dialectical. On the one hand, there is the recognition of the right to self-determination; on the other, there is the constant control exercised by the state bureaucracy on the forms and content of such autonomy. Based on interviews done in the Cochabamba, Oruro and La Paz regions, this article presents the critical point of view of some indigenous actors involved in autonomy processes, emphasizing the advances as well as the obstacles and limits of political change.
- Trazando fronteras: la producción de territorios indígenas en la Amazonía peruana - Danny Pinedo p. 21-37 Cet article analyse le rôle de l'État dans la production de territoires indigènes parmi les Arakbut du sud-est de l'Amazonie péruvienne. La démarcation des terres des communautés natives et des réserves communales a permis à l'État de contrôler les espaces et les populations indigènes de l'Amazonie. Les territoires indigènes ont non seulement facilité la gestion des ressources naturelles en fonction d'intérêts privés, mais aussi généré de nouvelles notions de territoire et d'identité qui exacerbent les tensions entre les communautés Arakbut. Cependant, les Arakbut n'ont pas été de simples victimes des politiques étatiques de territorialisation de l'Amazonie. Ils ont contesté l'autorité territoriale de l'État non pas en rejetant ses territoires mais en se les appropriant pour légaliser leurs revendications. Ce faisant, cependant, les Arakbut ont joué un rôle central dans les processus de formation de l'État en Amazonie.This article analyzes the role of the state in the production of indigenous territories among the Arakbut of the southeastern Peruvian Amazon. The demarcation of the lands of native communities and communal reserves has allowed the state to subject Amazonian spaces and indigenous populations to its control. Not only have indigenous territories facilitated the administration of natural resources based on private interests but they have also generated new notions of territory and identity that exacerbated tensions among Arakbut communities. Nevertheless, the Arakbut have not been mere victims of state policies of the territorialization of the Amazon. They have contested the territorial authority of the state not by rejecting its territories but by appropriating them to legalize their territorial claims. In doing so, the Arakbut have played a central role in processes of state formation in the Amazon.
- Navegación indígena en el puerto de Paita. Abasto y contrabando - Antonio Jaramillo Arango p. 39-55 L'objectif poursuivi dans cet article es de comprendre l'importance de la navigation indigène le long de la côte nord du Pérou à l'époque de la vice-royauté. Les radeaux du village indien de San Lucas de Colán abordaient quotidiennement le port espagnol de Paita, pour l'approvisionner en eau douce et en aliments. À travers l'étude d'un cas de contrebande impliquant deux vaisseaux français, signalé en 1707 à Paita, on explore la capacité des radeaux indigènes à prendre part à des échanges légaux et illégaux dans le cadre de la route maritime allant de Saint-Malo à l'Extrême-Orient en passant par les ports américains de la côte pacifique. Le cas est contextualisé, puis l'on en tire des conclusions sur l'ampleur de la participation indigène. Finalement, on présente la version paléographique du document le plus pertinent parmi ceux consultés pour cette recherche.This article seeks to understand the importance of indigenous navigation on the northern coast of Peru during the Viceregal Period. Every day the rafts of the village of Indians of San Lucas de Colán arrived at the Spanish port of Paita to provide water and food. Through a smuggling case registered in 1707 in Paita involving two French vessels, the article explores the capacity of the indigenous rafts to participate in the legal and illegal trade along the route that linked Saint-Malo, the American ports on the Pacific and the Far East. The article presents a contextualization of the case and draws conclusions on the importance of indigenous participation. In addition, the article presents the paleographic version of the most relevant document consulted in this research.
- Nichos, cámaras y ceremonias en el templete Tulán-54 (Circumpuna de Atacama, Chile) - Lautaro Núñez, Isabel Cartajena, Patricio López M., Carlos Carrasco, Marta Valenzuela, Álvaro Bravo p. 57-81 Dans cet article, est décrit et analysé le contenu des niches-chambres insérées dans le mur d'enceinte du temple Formatif Ancien Tulán-54, situé au sud-est de la Circumpuna atacameña, . L'identification de restes d'ossements d'animaux, de débris d'origine lithique, de minerai de cuivre, de fragments de céramique, ainsi que l'inhumation d'un adulte et l'offrande d'un metate, en plus d'un vase complet du type Tilocalar-Los Morros, daté de 2640 AA (2765 à 2715 cal. AA), indiquent une relation cohérente avec les événements fondateurs du temple. La sépulture d'un enfant, trouvée à l'intérieur d'une chambre scellée liée à l'architecture cérémoniale, fut datée de 2600 AA (2750 à 2700 / 2630 à 2620 / 2560 à 2540 cal. AA), période qui coïncide avec l'utilisation des niches. Nous discutons de la nature et de la temporalité des contextes associés et nous concluons que les témoins contenus dans les niches-chambres faisaient partie des premières pratiques performatives du temple.In this article, the contents of the niche-chambers situated within the perimeter wall of the Early Formative temple Tulán-54, located in the south-east of the Circumpuna Atacameña, are described and analyzed. The identification of animal bones, remains of lithic debris, of copper ore and ceramic fragments, as well as the burial of an adult, a metate offering and an entire Tilocalar-Los Morros type vessel, dated to 2640 BP (2765 to 2715 cal BP), indicate a relationship with the temple founding events. An infant burial found inside a sealed chamber of the ceremonial architecture was dated to 2600 BP (2750 to 2700 / 2630 to 2620 / 2560 to 2540 cal. BP), a period synchronous with the use of the niches. The nature and dating of the associated contexts are discussed in general and we reach the conclusion that the evidence found in the niches-chambers was part of the early performance practices of the temple.
- Ilustrar el pasado precolonial andino: el caso de Jorge Zegarra Galdós - Gabriel Ramón p. 57-81 L'archéologie précoloniale andine est un produit collectif dans lequel participent diverses personnages, depuis les fouilles jusqu'à la publication des résultats. Au sein de ce groupe, peu d'attention a été accordée aux personnages subalternes, tels que les illustrateurs et les preneurs de notes (qui ont tenu des carnets de terrain). Cet article présente et discute le travail d'un illustrateur et preneur de notes extraordinaire mais virtuellement inconnu, Jorge Zegarra. Ce cas particulier montre comment on a pratiqué l'archéologie précoloniale au Pérou pendant une période relativement peu étudiée (fin des années 1940 - début des années 1960), en se concentrant sur l'un des plus importants travaux inédits de Zegarra: ses « carnets de Huallamarca », fondamentaux pour comprendre l'archéologie et l'histoire de l'archéologie à Lima.Andean precolonial archeology is a collective product in which various characters participate from the excavation to the publication of the results. Within this group, little attention has been paid to the subaltern characters, such as illustrators and note-takers (who kept field diaries). This article presents and discusses the work of an extraordinary but virtually unknown illustrator and note-taker, Jorge Zegarra. This particular case examines how precolonial archaeology was done in Peru during a relatively unstudied period (late 1940s - early 1960s), focusing on one of Zegarra's most important unpublished works: his Huallamarca notebooks. These are fundamental for understanding the archaeology and history of archaeology in Lima.