Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2019-2021
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 163, octobre 2019 |
Titre du numéro | Perspectives économiques 2019-2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation générale - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 5-13
Prévision
- Partie I. Europe/monde : accords ou récession : Perspectives 2019-2021 pour l'économie mondiale et la zone euro - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 15-183 Après un pic de croissance en 2017, l'activité économique mondiale donne des signes d'essoufflement. En 2018, le PIB mondial a progressé de 3,3 % contre 3,5 % un an plus tôt. Les nuages ont continué à s'accumuler au cours du premier semestre 2019 en lien avec des tensions géopolitiques accrues. En Europe, les conditions du Brexit restent incertaines et la situation politique en Italie connaît de nouveaux rebondissements. La guerre commerciale sino-américaine se poursuit et un nouveau front entre les États-Unis et l'Europe s'ouvre, élevant le degré d'incertitude. Les enquêtes de confiance se sont dégradées, en particulier dans l'industrie, touchée également par une crise du secteur automobile. Dans un contexte marqué par la poursuite du changement de modèle de croissance chinois et la perspective de fin du cycle d'expansion en Allemagne ou aux États-Unis, ces différents signaux laissent entrevoir la poursuite et l'amplification du ralentissement en 2019 et 2020.La croissance a déjà perdu 1,8 point dans la zone euro entre la fin de l'année 2017 et mi-2019 avec une forte chute de la croissance allemande. Aux États-Unis, l'évolution récente reflète un atterrissage de la croissance mais à un niveau qui reste supérieur à celui de la zone euro. La croissance a été plus volatile au Royaume-Uni, alors que les conditions du Brexit ne sont toujours pas éclaircies. Après un bon premier trimestre, le PIB a reculé au deuxième trimestre. Parmi les pays émergents, l'Inde et la Chine voient leur croissance diminuer. La situation sur le marché du travail ne reflète pas encore cette dégradation du climat conjoncturel. Les taux de chômage ont baissé dans la plupart des pays, atteignant des points historiquement bas comme aux États-Unis ou en Allemagne ou retrouvant le niveau d'avant la Grande récession comme dans la zone euro.L'évolution de la croissance mondiale est donc suspendue à des accords politiques et commerciaux qui n'ont pu être finalisés jusqu'ici. Le risque de négociations rompues sur le commerce ou d'un Brexit précipité provoquerait une récession au Royaume-Uni et entraînerait la croissance mondiale dans une zone de turbulences bien plus fortes avec un risque de récession. Dans ce contexte se pose la question de la capacité des autorités monétaires et budgétaires à amortir le ralentissement et une éventuelle récession. La baisse des taux redonne de fait des marges de manœuvre aux pays européens pour mener des politiques de soutien à la croissance.After a peak in growth in 2017, global economic activity has been showing signs of cooling down. In 2018, world GDP rose by 3.3%, compared to 3.5% a year earlier. Clouds continued to accumulate during the first half of 2019 due to heightening geopolitical tensions. In Europe, uncertainty persists over the conditions for Brexit, and the political situation in Italy is experiencing ongoing change. The trade war is continuing, and a new front between the United States and Europe is opening, raising the level of uncertainty. Confidence surveys have deteriorated. In a context marked by continuing change in China's growth model and the prospect of the end of the expansion cycle in Germany and the United States, these signals suggest that the slowdown will continue and intensify in 2019 and 2020. The economic outlook rests on political and trade agreements that have not yet been finalized, posing challenges for monetary and fiscal policy if the downturn amplifies.
- Partie II. France : passe en avant : Perspectives 2019-2021 pour l'économie française - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 185-250 Succédant à une année de croissance forte (2,4 % en 2017), l'année 2018 a été marquée par un franc ralentissement de l'économie française (1,7 %). Celle-ci fut affectée par un calendrier fiscal défavorable, une nette dégradation de l'environnement extérieur et des mouvements sociaux intenses. La croissance française, en glissement annuel, est ainsi passée en l'espace d'un an de 3 % à la fin 2017 à 1,2 % fin 2018. Malgré le ralentissement de l'économie de nos principaux partenaires commerciaux, Allemagne en tête, l'activité française résisterait en 2019 (1,3 %), stimulée par les mesures fiscales à destination des ménages et affichant pour la première fois depuis six ans une croissance supérieure à la moyenne de la zone euro. La France deviendrait ainsi le principal contributeur à la croissance européenne en 2019. Ce passage en avant va de pair avec une faute au regard du Pacte de stabilité et de croissance, celle d'un effort de réduction du déficit structurel presque nul en 2019. En 2020, tirée par une demande interne relativement dynamique grâce à une politique budgétaire en soutien, l'économie française maintiendrait un rythme de croissance de 1,3 %. En 2021, la croissance française devrait revenir à son rythme potentiel de 1,2 %.En 2019, soutenue par les mesures socio-fiscales (12 milliards, soit 0,9 point de RDB), le pouvoir d'achat des ménages augmenterait fortement (+2,4 %), sa plus forte hausse depuis 2007. Cette nette amélioration du pouvoir d'achat n'a pas eu pour le moment les effets escomptés sur la consommation des ménages du fait d'une hausse du taux d'épargne qui s'apparente à une épargne de précaution autre que celle liée au chômage. Le taux de chômage passerait de 8,5 % actuellement à 8,3 % fin 2019, 8,2 % fin 2020 et 8,0 % fin 2021. Malgré la baisse du déficit public à 2,3 % du PIB en 2020 (après 3,1 % en 2019) et 2 % en 2020, la trajectoire économique française se ferait au détriment du respect des règles budgétaires du Pacte de stabilité et de croissance, avec une réduction du déficit public structurel rapporté au PIB inférieure aux préconisations des traités européens. La dette publique, quant à elle, serait de 98,9 % du PIB en 2019 et 2020 (après 98,4 % en 2018), avant d'amorcer un début de réduction en 2021, année où elle atteindrait 98,5 % du PIB.Following a year of strong growth (2.4% in 2017), the French economy experienced a sharp slowdown in 2018 (1.7%). Growth was hit by an unfavourable fiscal calendar, marked deterioration in the external environment and sharp social conflicts. Year-on-year growth rose from 3% at end 2017 to 1.2% at end 2018. Despite the slowdown in the economies of France's main trading partners, first of all Germany, activity held up in 2019 (1.3%), boosted by tax measures for households. These measures boosted household purchasing power in 2019 (+2.4%), and the unemployment rate should fall gradually from the current 8.5% to 8.3% at end 2019, 8.2% at end 2020 and 8.0% at end 2021. Although France was in breach of the Stability and Growth Pact on public deficit reduction, growth exceeded the euro area average for the first time in six years. In 2020, driven by relatively strong domestic demand thanks to a supportive fiscal policy, the economy should grow by 1.3%, followed by a return in 2021 to potential growth (1.2%). The public deficit should push up to 98.9% of GDP in 2019 and 2020 (after 98.4% in 2018), before falling back to 98.5% in 2021.
- Partie I. Europe/monde : accords ou récession : Perspectives 2019-2021 pour l'économie mondiale et la zone euro - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 15-183
Études spéciales
- Élasticités-prix du commerce international : Nouvelles estimations macro-économétriques pour six grands pays - Bruno Ducoudré, Iris Guezennec, Éric Heyer, Chloé Lavest, Lucas Pérez p. 251-280 Dans cet article, nous évaluons sur données agrégées les élasticités-prix du commerce international pour six grands pays développés : la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces estimations actualisent les travaux de Ducoudré et Heyer (2014). Si elles s'appuient pour l'essentiel sur les données fournies par la comptabilité nationale, la demande adressée pour chaque pays est issue d'une nouvelle base de données construite à l'OFCE retraçant les flux de commerce et les prix au niveau mondial dans 43 zones géographiques. Celle-ci ne se limite plus aux seuls flux de marchandises comme cela était le cas dans nos anciens travaux mais intègre désormais les échanges de services, ces derniers restant toujours très dynamiques sur la période récente et représentant une part de plus en plus importante dans le commerce mondial.Il ressort de nos estimations qu'en termes de volume d'exportations, l'Italie et l'Espagne sont les 2 pays les plus sensibles à une variation des prix relatifs. Concernant les élasticités-prix des prix à l'exportation, ce sont les États-Unis qui se singularisent, avec une élasticité de 0,23, soit bien en-dessous de celles estimées pour les autres pays qui se situent aux alentours de 0,5, reflétant ainsi le pouvoir de marché des firmes américaines. S'agissant des importations, l'Espagne et le Royaume-Uni ont l'élasticité-prix la plus élevée (respectivement 0,92 et 0,99). Ces deux pays sont aussi ceux qui connaissent la diminution la plus importante du volume de leurs importations, comparée aux autres pays étudiés, à la suite d'une dépréciation de 10 % du taux de change de leur devise par rapport à leurs concurrents, une fois pris en compte l'ajustement des prix d'importations.In this article, we evaluate aggregate price elasticities of international trade for six major developed countries: France, Germany, Italy, Spain, the United Kingdom and the United States. Essentially based on data provided by the national accounts, the demand addressed to each country is derived from a new OFCE database of global trade flows and prices covering trade in goods and services. Our estimates for export volumes show that Italy and Spain are the two most sensitive countries to a change in relative prices. As for price elasticities of export prices, the United States stands out with an elasticity of 0.23, well below those estimated for other countries of around 0.5, reflecting the market power of American firms. As regards imports, Spain and the UK have the highest price elasticities (respectively 0.92 and 0.99).
- Taux d'intérêt durablement bas et orientation de la politique budgétaire - Bruno Ducoudré, Raul Sampognaro, Xavier Timbeau p. 281-301 Dans les économies avancées les taux d'intérêts des actifs sans risque s'établissent à des niveaux historiquement bas et atteignent même des valeurs négatives dans certains pays. La faiblesse de l'inflation explique en partie cette tendance, en particulier depuis le déclenchement de la crise financière globale de 2008. Toutefois, une fois déduite l'inflation, les taux d'intérêt réels sont très faibles. Les causes structurelles de la faiblesse des taux (démographie, montée des inégalités) laissent augurer que la normalisation des taux sans risque ne se fera pas à courte échéance. D'après nos simulations, réalisées à l'aide du modèle iAGS, un scénario de taux durablement bas peut libérer un espace fiscal conséquent allant de 2 points de PIB en Irlande et jusqu'à 10 points en Italie, à condition que les taux restent bas pendant une décennie.La pertinence de l'utilisation de cet espace fiscal dépend en large mesure de l'analyse économique de la situation économique. Si la faiblesse des taux résulte d'une évolution pérenne des conditions d'offre (stagnation séculaire à la Gordon) alors les marges de manœuvre ne sont qu'apparentes et en fait masquent l'affaiblissement permanent de la croissance potentielle. En revanche, si la faiblesse durable des taux d'intérêt résulte plutôt d'une stagnation séculaire à la Summers – c'est-à-dire d'un déplacement du taux d'épargne et du taux d'investissement ex ante des acteurs privés – alors la mobilisation du déficit public pour modifier l'équilibre macroéconomique entre épargne et investissement permettra de sortir les économies de l'équilibre de sous-emploi des facteurs de production.
- Débat sur les perspectives économiques à court terme d'octobre 2019 - Bruno Cavalier, Bruno De Moura Fernandes, Éric Heyer, Mathieu Plane, Xavier Ragot p. 303-311
- Élasticités-prix du commerce international : Nouvelles estimations macro-économétriques pour six grands pays - Bruno Ducoudré, Iris Guezennec, Éric Heyer, Chloé Lavest, Lucas Pérez p. 251-280
- Liste des abréviations de pays - p. 319-321