Contenu du sommaire : L'économie chinoise
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 4, no 1-2, juin 1996 |
Titre du numéro | L'économie chinoise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 2 pages Avant-propos. In: Revue d'économie du développement, 4e année N°1-2, 1996. L'économie chinoise. pp. 3-4.
- Gradualisme ou big bang ? Une analyse dynamique - Jinhua Zhao p. 27 pages En soulignant, dans cet article, l'incapacité du gouvernement à contrôler l'ensemble du système économique, les conflits potentiels au sein de ce système, et son ajustement, nous montrons qu'une stratégie de réforme optimale établit un compromis entre les performances économiques à court terme et la vitesse de transition, tout en maintenant un niveau de richesse qui permette de préserver le processus de réforme. En général, la stratégie de big bang n'est pas optimale, bien qu'elle puisse l'être approximativement sous des conditions très strictes : un niveau de richesse suffisamment important pour assurer contre l'échec total, une vitesse d'ajustement élevée, des conflits modérés au sein du système économique, un degré réduit d'incertitude et un taux d'escompte social faible. De manière caractéristique, un sentier de réforme optimal est graduel ; il commence par un choc moyen que contraint le niveau de richesse initiale, et se poursuit par une série de petits chocs et d'arrêts momentanés. Toutefois, ce sentier optimal diffère de la réforme graduelle adoptée par la Chine, laquelle privilégie la croissance économique à court terme plutôt que l'ajustement du système.Emphasizing the inability of the government in controlling the entire economic system, the potential conflicts within the system, and the adjustment of the system, the paper finds that an optimal reform strategy balances the short term economic performance and the speed of transition, while maintaining a wealth level that safeguards the reform process. In general, big bang is not optimal. It is approximately optimal under very strict conditions : a wealth level that is high enough to insure against disasters, a high adjustment speed, a low level of internal conflict of the economic system, a low level of uncertainties, and a low social discount rate. A typical optimal reform path is gradual, starting with a medium bang that is restricted by the initial wealth, and preceding with a series of little bangs, and stops and goes. However, this optimal path is different from China's gradual reform, which emphasizes short term economic growth over inducing adjustment of the system.
- La Chine et la convergence - Patrick Guillaumont, Geneviève Boyreau-Debray p. 35 pages Le présent article examine la spécificité de l'expérience chinoise au regard de la théorie de la convergence (des niveaux de produit par tête). Il montre comment la position de la Chine se situe et a évolué avec le temps par rapport aux relations de convergence internationale (absolue et conditionnelle). Puis il fait apparaître durant la période de transition une relation de convergence entre provinces chinoises, plus forte sous forme conditionnelle que sous forme absolue. Quelques conclusions en sont tirées au sujet de la place de la croissance chinoise dans la croissance mondiale.This paper considers how specific the Chinese growth experience is in the convergence debate. It shows the location of China within the cross-country relations of (absolute and conditional) convergence and its move since the transition period. Then it evidences a cross-province relation of convergence within China, stronger if this is conditional than absolute. Some conclusions are drawn related to the place of Chinese growth in world growth.
- Endettement interentreprises et performance macroéconomique en Chine - Gang Fan p. 47 pages L'endettement interentreprises (EIE) dans le secteur industriel de la Chine a augmenté d'environ 200 % en termes réels au cours de l'année 1993 et s'est à nouveau accru de 36,6 % en 1994. Par suite, le délai moyen de paiement a atteint cent quatorze jours en 1994 (il est de cent dix jours en France, ce qui représente le délai le plus important des pays industrialisés occidentaux) ; I'EIE s'est élevé à 43 % du PIB industriel, et le rapport entre I'EIE et le crédit bancaire (aux industries) a atteint 67,4 %. On constate qu'en Chine le niveau élevé de I'EIE résulte fondamentalement, à long terme, de la «contrainte budgétaire souple» des entreprises publiques, qui constitue le principal facteur explicatif d'ordre institutionnel ; à court terme, toutefois, on obtient que la cause essentielle en est l'instabilité macroéconomique et la politique sévère de restriction monétaire mise en œuvre pour lutter contre l'inflation. Différentes méthodes d'apurement de l'endettement, qui ont été utilisées par le passé ou le sont actuellement, sont analysées. D'une façon ou d'une autre, chacune d'entre elles présente des limites. La politique la plus néfaste consiste à apurer I'EIE en augmentant le crédit bancaire alloué aux entreprises ; l'abolition d'une telle politique devrait être annoncée avec fermeté. Pour remédier au problème posé par I'EIE, il convient à long terme de poursuivre les réformes du secteur étatique et des systèmes financiers, et de favoriser notamment le développement d'un marché des effets de commerce ; à court terme, dans le contexte institutionnel actuel (donné), la politique adoptée devrait consister à ajuster la demande agrégée de biens finals (et permettre notamment une progression modérée des investissements en infrastructures, dès lors que «l'atterrissage en douceur» de l'économie est réalisé), et non pas se contenter d'accroître l'offre de ressources d'exploitation aux entreprises. Les politiques menées dans l'économie chinoise actuelle ne devraient pas viser la réduction de I'EIE en termes absolus, mais mettre un terme à sa progression excessive et favoriser la baisse de I'EIE en pourcentage du volume total des transactions dans le cadre du processus de croissance économique.China's industrial inter-entreprise debt (ied) increased by about 200% in real terms in 1993 and continued to grow by 36,6% in 1994. As result in 1994, the average period of payment delay reached 114 days (in France, it is 110 days, the highest in Western industrialized economies), the ratio of ied over industrial gdp reached 43 % (France 38 %, Japan 59 %), and the ratio of ied over (industrial) bank credit reached 67,4 %. While the «soft budget constraint» of soes is found as the main long-run institutional background for the high level of ied in China, the macroeconomic instability and anti-inflation monetary squeeze is identified as the short-run cause. Various approaches to debt-clearing used previously or currently are examined. All of them have limitations one way or another. The policy of clearing ied by giving enterprises more bank credit is the worst thing to do and the abolition of such kind policy should be firmly announced. While the long-run solutions to the problem are further reforms of state sector and financial systems, including development of a commercial paper market, the short term policy under current (unchanged) institutional arrangement should by adjustment of aggregate demand for final goods (moderate expansion of investment in infrastructures, in particular, when the «soft-landing» has been achieved), not simply increase in supply of operating funds to enterprises. The target of the policies in current Chinese economy should not be the reduction of ied in absolute terms but stopping the excessive growth of ied and lowering the radio of ied over total transaction in the process of economic growth.
- Investissement direct étranger en Chine et croissance économique - Ishrat Husain, Yan Wang p. 27 pages Dans cet article, nous analysons la relation entre l'investissement direct étranger et la croissance économique en Chine. Le cadre théorique adopté met en évidence le fait selon lequel l'investissement direct étranger constitue non seulement une source additionnelle de financement de la croissance, mais aussi, et surtout, favorise l'augmentation de la productivité, ce qui s'explique probablement par le fait qu'il impose une discipline financière adéquate et crée un environnement extérieur plus concurrentiel. Sur la base de données statistiques collectées au niveau des provinces et des villes, nous montrons en premier lieu que le montant d'investissement direct étranger par habitant est relié de façon positive et significative à l'accumulation du capital et à la croissance du PIB par tête ; en second lieu, il existe une relation positive et significative entre la part des entreprises à participation étrangère dans le total de la production d'une part, et la croissance du PIB par habitant, du secteur industriel et de la productivité d'autre part ; en dernier lieu, la part des entreprises publiques dans le total de la production est négativement associée à la croissance du PIB et de la productivité. Une ouverture accrue du régime des investissements et du marché des capitaux chinois, sous réserve qu'elle soit conduite avec soin et selon un calendrier adéquat, sera bénéfique pour la Chine, non seulement parce qu'elle contribuera, grâce aux apports de capitaux, à réduire les goulets d'étranglement qui freinent sa rapide croissance, mais aussi, et surtout, parce qu'elle permettra d'accomplir la tâche redoutable qui consiste à restructurer et à améliorer la productivité de milliers d'entreprises d'État.This paper investigates the relationship between foreign direct investment and economic growth in China. The theoretical framework used here underscores the stylized fact that foreign direct investment (FDI) not only provides additional sources of financing for growth, but more importantly it promotes productivity growth, perhaps through imposing good financial disciplines and providing a more competitive external environment. Using provincial level and city-level data, we find that, first, FDI per capita is positively and significantly associated with both capital accumulation and the growth of gdp per capita ; second, the output share of foreign invested firms has a positive and significant relation with per capita gdp, industrial as well as productivity growth ; and third, the output share of soes is negatively associated with both gdp and productivity growth. Further openness in China's investment regime and capital market, if carefully managed and appropriately sequenced, will benefit China not only in injecting capital to the bottlenecks constraining its rapid growth, but more importantly, in fulfilling its daunting tasks of restructuring thousands of state enterprises and improving their productivity.
- Différences régionales de la croissance industrielle en Chine - Sylvie Démurger p. 24 pages L'objet de cette étude est d'examiner les différences régionales de la croissance industrielle chinoise au cours de la décennie 1983-1992. Elle vise, d'une part, à quantifier le rôle de la politique d'ouverture dans les trajectoires régionales de croissance et, d'autre part, à donner des éléments de compréhension quant à l'évolution des disparités. L'analyse économétrique utilise un panel de 19 provinces chinoises observées entre 1983 et 1992. Elle souligne tout d'abord l'efficacité de la politique d'ouverture comme déterminant de la croissance industrielle régionale et permet en particulier de réaffirmer le rôle prépondérant de l'investissement étranger dans le processus de croissance de la Chine. Elle montre également la présence d'un phénomène de propagation de la croissance qui renforce le dynamisme propre des provinces côtières et qui, plus généralement, alimente un dynamisme industriel global de la Chine.The purpose of this paper is to investigate the Chinese industrial growth process from 1983 to 1992 at a regional level. It seeks to quantify the role of the open-door policy in regional development paths. It also seeks to provide some explanation of the dynamics of regional differences. The econometric analysis uses a panel database of 19 Chinese provinces over the period 1983-1992. The results highlight the importance of open-door policy as a main engine in provincial industrial growth and tend to confirm the strong contribution of foreign investment in the Chinese growth process. They also identify a phenomenon of inter-regional propagation of growth which reinforces the dynamism in coastal provinces and contributes to an overall dynamism in the Chinese growth process.
- Politique économique et pouvoir de négociation dans une économie en transition : le cas de la politique d'ouverture de la Chine - Basudeb Chaudhuri, Mary-Françoise Renard p. 16 pages L'objet de cet article est d'analyser les facteurs politiques qui ont permis l'application en Chine de la politique de la «porte ouverte ». De nombreuses analyses ont souligné le caractère graduel des réformes économiques sans que celles-ci ne s'accompagnent de grands changements politiques. Nous nous intéressons ici au fait que ces réformes impliquent l'existence de gagnants et de perdants, en utilisant l'analyse «insider-outsider» proposée par Lindbeck et Snower. On essaie de montrer que les conflits entre ces deux groupes ont été moins importants qu'en Europe de l'Est. La structure de l'économie et de la société chinoise a été favorable aux réformes nécessaires à l'ouverture internationale, compte tenu du caractère graduel de cette politique. La croissance économique continue a permis au gouvernement central d'acquérir une légitimité pour continuer le processus. Il a souvent joué le rôle de perdant afin de permettre à une majorité de gagnants de soutenir la poursuite de la réforme.The objective of this article is to analyse some political factors that permitted the «open-door» policy in China. It has been noticed by a lot of analists that China succeeded in gradual and far-reaching economic reform, while carrying out very little political reforms. This is both an analytical puzzle for economists and institutional theorists, and has important implications for other countries on the sequencing, the pace and the area of reform. We start with the problem of gradualism in the reform process, when the restructuring of the public sector in a socialist economy necessarily implies winners and losers. Using the «insider-outsider» paradigm of Lindbeck and Snower, we try to show that the insider-outsider conflict in China was less acute than in eastern Europe.The structure of the economy and of Chinese society was more amenable to reform, particular given the sequencing of this reform. Since the Chinese economy was continually growing, the central government had enough legitimacy to carry on the reform process and it often accepted to be the looser to have a majority of winner who want to continue.
- Transition économique et réforme de la politique commerciale en Chine - Kiichiro Fukasaku, Henri-Bernard Solignac Lecomte p. 21 pages La réforme de la politique commerciale en Chine est un élément essentiel de sa transi¬ tion vers une économie de marché. La libéralisation et la décentralisation des échanges ont permis une forte croissance des exportations, mais la réforme du régime des importations est beaucoup plus lente. La persistance de barrières douanières élevées, assorties de nombreuses dérogations, est à l'origine d'un régime dualiste : les entreprises exportatrices importent librement leurs intrants, alors que les autres restent fortement protégées de la concurrence internationale, ce qui pérennise la mésallocation des ressources dans le secteur domestique. De plus, l'incomplétude des réformes empêche la Chine d'accéder à I'OMC, ce qui pourrait, à terme, compromettre la poursuite de sa stratégie d'ouverture.Trade policy reform is an essential feature of China's economic transition to a market economy. On the one hand, the liberalisation et decentralisation of export activities has boosted exports. On the other hand, the reform of China's import regime has been progressing much more slowly. This has two negative consequences. The persisting combination of high nominal protection rates and numerous tariff exemptions creates a dual regime : export-oriented firms enjoy free access to imports, while the domestic sector remains highly protected from international competition, which allows for continuing misallocation of resources. This incompleteness of trade reforms currently prevents China from joining the wto, which might eventually hamper its further integration into the world economy.
- Les déterminants du commerce extérieur de la Chine - Ping Hua p. 26 pages La sensibilité du commerce extérieur de la Chine aux prix relatifs à court terme et à long terme a été confirmée pour la période 1978-1994 en utilisant la technique de cointégration et la représentation à correction d'erreur. Cette sensibilité a été plus forte pour les biens manufacturés. Les élasticités-revenus des importations ont crû plus fortement à court terme qu'à long terme en raison de la politique de substitution des importations. Le modèle d'allocation de devises qui utilise les recettes nettes de change et la réserve des devises comme variables explicatives a expliqué le volume du commerce extérieur de la Chine. Ces variables ne sont cependant convenables qu'à court terme lorsqu'elles ont été introduites dans la fonction traditionnelle. L'activité économique a influencé positivement l'offre des exportations.The sensibility of China's foreign trade to relative prices in short and long terms has been confirmed for 1978-1994 period, using the techniques of cointegration and error-correction representation. This sensibility has been stronger for manufactured products. The long-run revenue-elasticity of imports is considerably smaller than in the short-run because of import substitution policy. The model of foreign exchange allocation, which uses the foreign exchange receipts and reserves as independent variables, has explained the volume of China's foreign trade. These variables are however only appropriate in short run when they have been introduced in traditional function. Economic activities have influenced positively the supply of exports.