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Revue | Revue historique |
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Numéro | no 621, janvier 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Lisibilité des images, propagande et apparat monarchique dans l'Empire romain - P. Veyne Il ne va pas de soi qu'une image peinte ou sculptée soit visible, soit regardée, soit compréhensible, soit destinée à des yeux humains. La colonne Trajane. Beaucoup d'images sont expressives et non informatives. Réception inégale selon la culture du spectateur. Efficacité d'une image entrevue distraitement au passage. Le monnayage impérial romain n'était ni informatif ni programmatique ni propagandiste. Différence entre la propagande moderne et l'apparat royal qui était expressif et affectait d'ignorer le spectateur. Pouvoir traditionnel avec apparat et amour du roi, pouvoir constitutionnel avec éventuelle propagande, pouvoir charismatique (Auguste) avec charisme au vrai sens du mot.It is not self-evident that any sculpted or painted image is ever visible, is looked at, is understood, is made for human eyes. Trajan's Column. Many images are expressive, not informative. Reception varying with the culture of the spectators. Efficiency of absent-mindedly made out images. The Roman imperial coinage gave neither political informations nor political intentions, nor was propagandist. Differences between modern propaganda and kingly magnificence, which was expressive and affected not to be interested in the spectators. Traditional power, with magnificence and love of the king, constitutional power, with possibly propaganda, charismatic power (Augustus), with charisma in the true meaning of the word.
- Ce que nommer veut dire. Les titres et charges de cour dans la Toscane des Médicis (1540-1650). - H. Chauvineau À partir des années 1540, cour et État moderne se développent simultanément dans la Florence des Médicis. Une hiérarchie de titres et de charges de cour y est progressivement créée, à la fois sous l'influence des autres États européens et italiens et en fonction d'un héritage politique propre à la Toscane moderne. L'ampleur de certains services auliques, l'organisation interne de la cour en « classes », l'utilisation de dénominations spécifiques pour les fonctions curiales sont autant d'indices que Florence puise ses modèles de cour principalement au sein de la péninsule italienne tout en affirmant sa tendance à développer une cour réceptacle de collections artistiques prestigieuses, selon la tradition médicéenne de mécénat. On peut lire dans ce récent ensemble curial une volonté princière d'affirmer le prestige de l'institution aulique, où le titre est pour les Médicis un des signes les plus symboliques de la grâce qu'ils accordent et devrait constituer le signe de la fidélité à leur dynastie. En regard, l'attachement des courtisans à ces titres de cour est nettement moindre : encore marqués par l'éthique républicaine du siècle précédent, les Florentins ne placent pas leur titre aulique parmi les signes de distinction qu'ils affichent dans leurs testaments, au seuil de la mort. Les fonctions de cour ne constituent pas forcément pour eux des valeurs prestigieuses.From the 1540's, the court and the modern state show a simultaneous development in Medicean Florence. A titles and dignities hierarchy is progressively created, influenced by other European and Italian states as well as the Tuscan political heritage. When studying the size of some court offices, the internal organisation in « classes » and the use of specific name for the functions, it is clear that the models which inspire Florence are principally Italian ones, while in keeping with the family's tradition of patronage, the Medicean court also aims to collect famous artistic collections. The new court shows how princely will affirms the prestige of the institution, where the giving of title is one of the most important symbolic signs of conferred favour and a sign of the recipient's faithfulness to the dynasty. Conversely, however, the courtiers'attachment to these titles is far less important : still influenced by the republican mentality of the previous century, Florentines do not mention these titles among the marks of honour that they enumerate in their testaments before they die. To them, court functions need not be a sign of prestige.
- Le temps de la vertu : vertu de la lenteur. - S. Rappaport À partir de 1820, à travers les prix Montyon, l'Académie française récompense des livres utiles aux mœurs et distingue des pauvres vertueux, traçant la morale qu'elle souhaite voir adoptée par ces Français jugés mineurs que sont les femmes et les membres du peuple. Au-delà de l'épargne, de l'hygiène, du nécessaire amour du prochain qui trouvent naturellement leur place dans ce corpus, se font jour d'autres thèmes tenus pour indispensables à l'élaboration de la vertu. Face au désir rapide de réussite, la morale développée insiste sur les mérites d'une ascension douce et régulière. Pour atteindre la vertu, l'acte bienfaisant doit échapper à l'élan charitable et s'inscrire dans la durée. Se dessine un « temps de la vertu », déroulant l'action dans la lenteur, la continuité et la permanence. Sur de telles bases, seul le pauvre, le plus souvent une femme, montrant un désir de sacrifice inaltérable et constamment renouvelé, mérite d'être distingué. Assigné à la vertu à perpétuité il reste enfermé dans sa pauvreté. L'article fait apparaître une proposition de gestion du temps différente selon le statut social ou le sexe.It was from 1820 onwards that the « Académie française » awarded the Montyon prizes to the virtuous poor as well as to authors of works which encouraged public morals. Their aim was to present a clear set of morals to be adopted by sections of the French population still judged to be « minor » including women and the lower classes. Apart from thrift, cleanliness and the necessary love for one's neighbour which were naturally part of this corpus, other themes can be seen to be emerging which were considered vital for the elaboration of virtue. As a counteraction to the desire for rapid success in a capitalist society, was a system of morals which stressed the importance of a gentle and regular social ascension. To reach the pinnacle of virtue any benevolent act must go beyond a charitable whim and become a long term engagement. Thus does virtue become embedded in the notion of time in which « virtue time » means a slowness of action, a continuity and an element of permanence. Such a model of virtue meant that only the poor person, most often a woman, demonstrating a resolute and constantly renewed desire for sacrifice might hope to gain the distinction of the Montyon prize. The prize literally condemned the poor to a life of virtue imprisoning them in their poverty. This article attempts to present a model of time management as related to morals which varies according to social status and gender.
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