Contenu du sommaire : Les réseaux en péril : destructions, subversions et sabotages (XIXe-XXIe siècles)
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Numéro | no 118, 2019/4 |
Titre du numéro | Les réseaux en péril : destructions, subversions et sabotages (XIXe-XXIe siècles) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Sciences en danger, revues en lutte. Édito des revues en lutte - p. 1-6
- Les réseaux en péril : destructions, subversions et sabotages (XIXe-XXIe siècles) - Benjamin Thierry, Valérie Schafer p. 7-10
- Aux sources de la protection des réseaux : la menace des sabotages allemands et la garde des voies de communication en France (1871-1914) - Gérald Sawicki p. 11-22 Dès les années 1880, les services de renseignement allemands mettent au point des projets de sabotages de voies ferrées et des ouvrages d'art pour troubler la mobilisation et la concentration des armées françaises. De nombreux indices, renseignements et documents originaux sont collectés à ce propos et témoignent tant de l'ingéniosité déployée pour les concevoir que de la volonté d'utiliser tous les nouveaux moyens techniques pour les mettre en œuvre. Au printemps 1914, un plan allemand complet de destructions est dressé avec l'emploi d'agents particuliers appelés agents « U ». Le haut commandement français n'exclut pas cette menace sur les réseaux, qui ne serait pas sans conséquence sur le bon déroulement du plan XVII. L'opinion publique y est également très sensibilisée à la veille de la guerre. Pour parer à cette éventualité, un service de garde de voies de communication (GVC) composé de territoriaux et de réservistes de l'armée territoriale s'est progressivement mis en place et perfectionné à partir de 1887. Il est complété en 1909 par le dispositif restreint de sécurité (DRS) devant fonctionner dès la période de tension politique. Ces dispositifs participent à la mise en échec complet des sabotages allemands au début de la guerre de 1914.As early as the 1880s, the German intelligence services developed plans to sabotage railways and engineering structures in order to disrupt the mobilisation and concentration of the French armies. Many clues, intelligence reports and original documents were collected on this subject and testify both to the ingenuity deployed to design these plans and to the willingness to use all the new technical means to implement them. In the spring of 1914, a complete German destruction plan was drawn up using special agents called “U” agents. The French high command did not rule out this threat to their networks, which would not be without consequences for the smooth running of Plan XVII. Public opinion was also very much aware of this on the eve of the war. In order to prepare for this eventuality, a communications guard service (GVC) made up of soldiers and reservists from the territorial army was gradually set up and perfected from 1887 onwards. It was supplemented in 1909 by the Restricted Security System (DRS), which was to function from the period of political tension onwards. These measures contributed to the complete defeat of German sabotage at the beginning of the 1914 war.
- Sabotage and management of labor conflicts in the Spanish railway companies (1910-1912) - Francisco de los Cobos Arteaga, Tomás Martínez Vara p. 23-33 L'objectif de cet article est d'analyser comment les actes de sabotage liés au conflit de travail ont été gérés dans les deux principales compagnies de chemin de fer espagnoles (Norte et MZA), pendant la période comprise entre la grève ferroviaire française d'octobre 1910 et l'année 1912, date d'un grand conflit dans le secteur ferroviaire espagnol. Un autre objectif est de connaître les liens entre la gestion d'entreprise en France et en Espagne, puisque les compagnies de chemin de fer analysées ont vu leur capital déposé à Paris, d'où les décisions stratégiques sur les relations d'affaires et de travail ont été adoptées.La méthodologie de l'étude est fondée sur l'examen systématique de la littérature internationale existante sur le sabotage dans l'entreprise, en particulier dans le secteur ferroviaire. La source fondamentale de la recherche est les procès-verbaux des différents comités des compagnies de chemin de fer espagnoles, avec une attention particulière à leurs comités à Paris. Les documents des archives des deux sociétés sont également examinés.Les conclusions soulignent que les revendications des travailleurs et leurs méthodes de lutte, y compris le sabotage, se sont propagées de la France à l'Espagne. Dans les deux grandes compagnies de chemin de fer espagnoles, il y avait une gestion différente des conflits : l'une d'entre elles (MZA) a agi en étroite collaboration avec Paris. Les sabotages dans le réseau espagnol étaient moins nombreux que ceux enregistrés en France, car des stratégies préventives avaient été mises en œuvre. Quoi qu'il en soit, dans les deux pays, les travailleurs ont obtenu une bonne part des améliorations demandées.The aim of this paper is to analyze how acts of sabotage associated with labour conflicts were managed in the two main Spanish railway companies (Norte and MZA) during the period between the French rail strike of October 1910 and the great conflicts in the Spanish rail sector in 1912. The paper also explores the connections between business management in France and Spain, because the two railway companies had their capital deposited in Paris, from where the strategic decisions on business and labour relations were adopted.The methodology of the study is based on a systematic review of the existing international literature about sabotage in companies, particularly in the railway sector. The main source is the minutes of the different committees of the Spanish railway companies, with special attention paid to their committees in Paris. Archival records of both companies were also reviewed.The conclusions emphasize that the workers' demands and their methods of struggle, including sabotage, spread from France to Spain. There was a different management of conflict in the two major Spanish railway companies: one of them (MZA) acted in close collaboration with Paris. Acts of sabotage in the Spanish network were lower in number than those registered in France, because preventive strategies had been carried out. In any case, in both countries the workers obtained many of the improvements they had demanded.
- La mise en péril du réseau sous-marin international de communication - Camille Morel p. 34-45 Le réseau international de câbles sous-marins représente, depuis le milieu du XIXe siècle, une cible régulière des États dans le cadre d'actions hostiles réticulaires (coupures, pratiques de renseignement, censures…). Au fil du temps, les modes d'actions employés et les acteurs à l'origine de ces opérations ont cependant évolué, au regard du contexte international comme des technologies disponibles. À l'ère de la fibre optique, alors que l'importance de cette infrastructure pour l'économie mondiale et pour la société ne cesse d'augmenter, son endommagement volontaire entraîne une symbolique et des effets systémiques toujours plus forts. Cet article cherche ainsi, d'une part, à caractériser les atteintes portées jusqu'à ce jour au réseau, de l'autre, à identifier les enjeux politiques et stratégiques soulevés par la mise en péril de cette infrastructure et de son contenu.Since the mid-nineteenth century, the international network of undersea cables has been a recurring target for States through hostile interventions (cable cuts, intelligence practices, censorship…). Over time, however, the profile of those responsible for these actions, as well as their modi operandi have evolved, along with the international context and available technologies. In the fibre optic age, as the importance of submarine cables for the global economy and for society has increased, the deliberate deterioration of the network carries ever stronger symbolism and systemic effects. This paper seeks both to characterize the damage suffered by the network to date, and to analyse the political and strategic challenges raised by the jeopardisation of this infrastructure and its content.
- Power networks as targets: hazards, vulnerabilities and protection of electricity networks from the Second World War to 21st century asymmetric conflicts - Angélique Palle p. 46-58 Les réseaux électriques sont des « infrastructures critiques » pour les sociétés occidentales industrialisées. Alors que l'électrification des usages de l'énergie se développe et que le secteur de l'électricité subit en même temps de profondes mutations liées à la transition énergétique, l'atténuation du changement climatique ou la dynamique du développement durable, l'évolution du rôle de l'influence croissante de ces réseaux appelle une analyse renouvelée de leur exposition aux risques. Cet article explore les évolutions récentes de ce risque, les nouveaux aléas et vulnérabilités liés aux changements récents de l'environnement de ces réseaux. Il ne s'agit pas ici de suggérer des perspectives de résilience technique, mais d'examiner comment les États-Unis et l'Union Européenne ont comparativement construit une culture du risque autour de ces risques et comment ils les gèrent.L'article commence par explorer l'évolution récente du statut de ces réseaux qui servent de base à l'ensemble de l'économie et des modes de vie des sociétés occidentales. D'objectifs militaires au XXe siècle, ils sont devenus au cours des dix dernières années des cibles de sabotage physique (sous-station Metcalf qui alimente la Silicon Valley, en 2013) ou d'attaques cybernétiques (cas de l'Ukraine et des pays baltes). Cette analyse est ensuite confrontée aux nouvelles vulnérabilités de ces réseaux, induites par leur intégration à l'échelle européenne qui favorise les effets de cascade (cas du black-out européen de 2006) et par la transition énergétique qui les ouvre aux outils de contrôles numériques et les rend plus vulnérables aux cyberattaques. Enfin, une comparaison des réponses américaines, européennes et françaises à ces nouveaux risques est proposée.L'analyse s'appuie sur des collaborations techniques et des terrains dans l'UE et aux États-Unis, tandis que la plupart des données techniques proviennent des rapports d'incidents, des lignes directrices en matière de sécurité, des retours d'expérience, des tests de résistance ou de l'évaluation des risques effectués par les opérateurs de réseau.Power networks are “critical infrastructures” for industrialized western societies. The electrification of energy use is growing, while the electricity sector is at the same time undergoing major changes through energy transition, climate change mitigation and sustainable development dynamics. The evolution of the role and the increasing influence of these networks calls for a renewed analysis of their exposure to risks. This paper explores the recent developments of these risks, brought by new hazards and vulnerabilities stemming from recent changes in the environment of the networks. The point here is not to suggest technical resilience prospects, but to explore how the US and the EU have comparatively built a culture around these risks and how they manage them. The paper first analyses the recent evolution of the status of these networks that serve as a base for the entire economy and lifestyles of Western societies. From military objectives in the twentieth century, they have become in the last ten years targets for physical sabotage (at the Metcalf substation powering Silicon Valley in 2013) or cyberattacks (in the Ukraine and Baltic states). This analysis is, secondly, confronted with the new vulnerabilities induced both by the integration of networks on a European scale which produces cascading effects (as in the case of the European blackout of 2006), and by the energy transition that opens networks to digital controls and makes them more vulnerable to cyberattacks. Thirdly, a comparative analysis of the American, European and French responses to these new risks for the networks is proposed. The analysis draws on various field and technical collaborations in the EU and in the US, while most of the technical data stem from incident reports, security guidelines, stress test feedbacks and risk assessments from the network operators.
- Cybermenaces, enjeux et sécurité - Stéphane Bortzmeyer, Mohsen Souissi, Valérie Schafer p. 59-68
- Sociologie de l'automobile, Yoann Demoli et Pierre Lannoy, Paris : La Découverte, collection Repères, 2019 - Emre Korsu p. 69-70
- Environnement et développement durable dans les politiques de l'Union Européenne. Actualités et défis, Gérard Brovelli, Mary Sancy (dir.), Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2017 - Anne Marchais-Roubelat p. 71-72
- L'Entrepreneur et le Prince : la création du service public de l'eau, Christophe Defeuilley, Paris : Presses de Sciences Po, 2017 - Konstantinos Chatzis p. 73-74
- Simulations du monde. Des panoramas à la réalité virtuelle, Estelle Sohier, Alexandre Gillet et Jean-François Staszak, Genève : MétisPresses, 2019 - Nicolas Descamps p. 75-77
- Territoires intelligents : un modèle si smart ?, Didier Desponds et Ingrid Nappi-Choulet (dir.), La Tour d'Aigues : Éditions de l'Aube, 2018 - Victor Puyal p. 78-79