Contenu du sommaire : Le soldat et la mort
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 35, 2017/2 |
Titre du numéro | Le soldat et la mort |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Didier Sicard p. 9-10
Dossier
- À Thomas/Denzel, ce soldat mort au combat qui était mon fils - Marie-Christine Jaillet p. 11-23 Thomas, membre du cpa 10, engagé dans l'opération Barkhane, est mort au combat au Mali, dans le massif du Tigharghar, le 29 octobre 2014. Sa mère, chercheuse de profession, porte témoignage ici pour la première fois de la façon dont cette mort a bouleversé sa vie, de son « travail de deuil » et de comment cette disparition « l'oblige ».Thomas, a member of the French Air Parachute Commando cpa 10 involved in Operation Barkhane, was killed in action in Mali, in the Tigharghar mountains, on 29 October 2014. His mother, a professional researcher, speaks for the first time here about the way in which this death has radically changed her life, her “work of mourning” and how this death has placed her under “an obligation”.
- La mort d'aujourd'hui est inédite, presque inhumaine - Damien Le Guay p. 25-33 Rien ne s'arrête plus quand une personne vient à mourir : ni le temps social ni la circulation automobile ni les passants dans la rue. Pire : le transport des cadavres est désormais considéré comme une nuisance sociale, un trouble du voisinage, et occasionne des plaintes. Quant aux « pompes funèbres », elles n'ont plus rien de pompeux ni même de funèbre. Cette manière « moderne » de mourir remet en cause le programme de l'humanisme. Si nous n'aménageons plus un moment de répit partagé face à la tragédie de notre finitude inéluctable, ne remettons-nous pas en cause l'affirmation de notre liberté ?When someone dies today, nothing comes to a halt : neither social time nor the traffic nor people going past in the street. Worse still, the transfer of corpses is now considered socially undesirable, like a disturbance in the neighbourhood, and people complain about it. As for undertakers, they have lost whatever funereal solemnity they may once have had. This “modern” way of dying challenges the very principles of humanism. If we no longer take time to pause together when faced with the tragedy of our inevitable finiteness, are we not undermining our freedom ?
- La mort au front, vérité de la vie ? - Monique Castillo p. 35-44 La mort au front nie la mort en s'exténuant elle-même dans une ultime élévation à une vie plus haute, intégration dans une vie cosmique, dans un grand tout, dans le mouvement de l'universelle transformation des choses. La bravoure guerrière atteint alors un sommet indépassable : la conversion de la vie charnelle en pure énergie. Savons-nous lire encore ce que Jünger et Teilhard de Chardin ont révélé de leur expérience du front pendant la Grande Guerre ?Death on the front denies death by expiring in a final ascension to a higher life, integration into a cosmic life, into a great all, in the movement of the universal transformation of things. The warrior's bravery attains an unsurpassable summit : the conversion of his bodily life into pure energy. Are we still capable of reading what Jünger and Teilhard de Chardin revealed about their experience on the front during the Great War ?
- En poèmes - Thierry Marchand p. 45-60 Blaise Cendrars écrivait : « le métier d'homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrices, comme la poésie. »Blaise Cendrars wrote : “the profession of a man of war is an abominable thing, full of scars, like poetry.”
- Voir sa fin - Évelyne Desbois p. 61-70 Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Français connaissent une exceptionnelle période de paix, à l'exception des soldats engagés dans les conflits menés à l'extérieur de l'Hexagone. Cette vie en temps de paix est à peine troublée par une ou plusieurs guerres fantômes, notamment celle de 14-18, dont les soldats tués, disparus, blessés, gazés ou mutilés campent encore dans les mémoires familiales. Leurs vies de guerre, si tristes soient-elles, ont été au cours du temps enjolivées, voire trafiquées, pour ne pas effaroucher leurs descendants. Leurs enfants, petits-enfants vont disparaître à leur tour et avec eux la connaissance, même fragmentaire et floue, de la guerre. D'où la nécessité d'un retour sur le terrain des combats, là où l'individu vit sous la constante menace de sa mort imminente.Since the end of the Second World War, the French people have experienced an exceptional period of peace, except for the soldiers engaged in conflicts outside France. This peacetime life is scarcely ruffled by phantom wars, notably the 1914–1918 one, whose dead, missing, injured, gassed or mutilated soldiers are still encamped in family memories. Their wartime lives, no matter how sad, have, over time, been prettied up, if not doctored, to avoid frightening their descendants. Their children and grandchildren will die in turn and with them the knowledge, albeit fragmentary and vague, of the war. Hence the necessity of returning to the field of battle, where the individual lives in constant peril of his life.
- Le vol du frelon - Hervé Pierre p. 71-84 Le vol du frelon est pour Maurice Genevoix ce bourdonnement macabre qui suit sa vie durant le soldat qui a « sauvé sa peau » mais a vu, en face, le néant de la mort. La blessure psychique est difficile à identifier, à désigner, à qualifier, à reconnaître pour avoir cette doublement douloureuse caractéristique d'être le plus souvent invisible des autres quand ce n'est pas aussi de celui qui en est frappé. À partir d'une décoction d'expériences opérationnelles, sont dégagés quelques traits caractéristiques qui encadrent la question du syndrome post traumatique, soit qu'ils en constituent de façon explicite des facteurs déclenchants, soit qu'ils s'affirment au contraire, en creux, comme des facteurs protecteurs, prévenant la blessure ou évitant qu'elle ne se révèle finalement trop grave.For Maurice Genevoix, the hornet's flight is the macabre buzzing that, for the rest of his life, follows a soldier who, though he has “saved his skin”, has stared into the abyss of death. The psychological harm done is difficult to identify, name, describe or recognise because it has that doubly painful feature of being generally invisible to other people, if not also invisible to the person affected. Based on experiences in the field, the writer has identified a number of characteristic features that map out the question of post-traumatic stress disorder. They are either explicit trigger factors for the disorder or, on the contrary, they imply, by deduction, the protective factors that can prevent the harm or stop it from proving to be too serious.
- Le soldat, la violence et la mort - Jean-René Bachelet p. 85-87 Avec la professionnalisation et l'engagement de l'armée loin du territoire national, alors même que la France ne se connaissait plus d'ennemi, se révélait la spécificité du métier des armes : un rapport singulier avec la mort, non pas tant la mort à laquelle le soldat est exposé que celle qu'il peut être conduit à donner. Cette capacité singulière, à vrai dire extravagante puisqu'à rebours de nos valeurs de civilisation, était véritablement générique, notamment en matière d'éthique. Rédigé voici bientôt vingt ans, le texte reproduit ici est la réflexion que livre le commandant de la circonscription militaire de défense de Besançon/7e db, le général Jean-René Bachelet, en décembre 1997. Nous sommes là, déjà, au cœur du sujet de ce numéro et cette réflexion n'a pas pris une ride, quand bien même a ressurgi l'ennemi.The professionalisation of the army and its involvement a long way from France, at a time when France no longer had any known enemies, has revealed the distinctive feature of the soldier's profession : a distinctive relationship with death : not so much the death to which the soldier is exposed as the death he may be led to deliver. This singular capacity, which is in actual fact extravagant because it runs counter to our values of civilisation, was genuinely generic, especially with regard to ethics. Written almost 20 years ago, the text reproduced here presents the thoughts of the commander of the Besançon military district/7th db, General Jean-René Bachelet, in December 1997. At the time, we were already at the heart of this issue's topic and, even if the enemy has reappeared, this reflection has lost nothing of its topicality.
- Le coût de la vie. L'évitement du risque et le transfert de la mort - Michel Goya p. 89-101 Le risque de mourir est un phénomène incompressible. Plus on le réduit pour ses soldats et plus on le transfère aux autres, ennemis, alliés et même civils. Ce qui peut engendrer en retour une inefficacité stratégique et, surtout, un report de la violence de l'ennemi sur sa propre population. On peut se retrouver ainsi dans des situations absurdes où les soldats de deux camps ne se combattent plus directement et finissent par faire prendre plus de risques aux civils qu'à eux-mêmes. L'équilibre des risques est alors rompu et il devient urgent de le rétablir car il n'est pas « normal » que les protecteurs courent moins de risques que ceux qu'ils sont censés protéger.The risk of dying is an incompressible phenomenon. The more we reduce it for our soldiers, the more we transfer it to others : enemies, allies and even civilians. This can generate, in return, a strategic inefficiency and especially an equivalent transfer by the enemy to its own population. As a result, we can find ourselves in ridiculous situations in which the soldiers on both sides no longer fight each other directly but end up placing the civilians at greater risk than themselves. The balance of risk is then destroyed and it becomes urgent to restore it, because it is not “normal” for the protectors to run fewer risks than those they are supposed to be protecting.
- Afghanistan : rencontre avec la mort à Gwan - Audrey Ferraro p. 103-108 Le 20 janvier 2012, un membre de l'armée nationale afghane ouvre le feu sur des soldats français qui s'entraînaient à l'intérieur de la base de Gwan. Il y aura cinq morts et quatorze blessés graves. L'auteure a recueilli de nombreux témoignages de ces soldats et médecins confrontés à la mort de leurs camarades dont elle livre ici quelques extraits.On 20 January 2012, a member of the Afghan national army opened fire on French soldiers training inside the Gwan base, killing five and seriously wounding 14. The author collected numerous first-hand accounts from the soldiers and doctors confronted with the death of their comrades. Extracts from some of these accounts are presented here.
- La malédiction de Caïn - Patrick Clervoy p. 109-115 Tuer un camarade, un frère d'armes, est sans doute l'un des pires tourments émotionnels auxquels un homme puisse être confronté. À partir du récit de cas concrets, l'auteur s'interroge sur l'action du « psy » et affirme que la malédiction n'est pas la règle.Killing a comrade, a brother in arms, is undoubtedly one of the worst emotional torments a man can have to endure. Based on accounts of actual cases, the author questions the role of the psychiatrist and claims that there is nothing systematic about the curse.
- Le dégoût - Yann Andruétan p. 117-122 De retour du feu, nombre de soldats ne supportent plus la violence et sont désormais incapables de tuer, victimes d'un état de stress post traumatique. Et si le trauma était un mécanisme de sauvegarde de l'espèce ? Bien que se fondant sur des observations concordantes et factuelles, les idées ici développées n'ont de valeur qu'heuristique. Le trauma est conçu comme une solution, imparfaite, d'enrayement de la violence, comme un mécanisme de court-circuit qui empêche l'agressivité dans le collectif. L'auteur s'interroge finalement sur la question du dégoût à tuer comme forme minimale de régulation de la violence.On their return from war, many soldiers can no longer stand violence and are incapable of killing, victims of post-traumatic stress disorder. What if the trauma was a mechanism for the survival of the species ? Though based on concordant, factual observations, the values developed here have only heuristic value. Trauma is seen as a solution, albeit imperfect, for checking violence, like a short circuit mechanism that prevents collective aggressiveness. The author ends with the question of disgust with killing as a minimal form of regulation of violence.
- Honorer les morts - Philippe Pasteau p. 123-128 Chaque commune a le devoir d'honorer la mémoire de ses soldats morts au champ d'honneur. Souvent qualifiés de « mémoire de pierre », les monuments aux morts sont des signes tangibles des disparus. Sorte d'immense tableau d'honneur, ils énumèrent les noms de ceux déclarés « morts pour la France » et s'élèvent en dernier rempart contre l'oubli. C'est après la Première Guerre mondiale, que les anciens combattants demandent au gouvernement d'ériger des menhirs, des stèles et des statues en souvenir de leurs frères d'armes tués au feu. L'universalité de l'hommage est inédite, puisque ce dernier s'étend jusqu'au niveau communal tandis que des corporations, des associations et des organismes religieux l'amplifient.Each commune has a duty to honour the memory of its soldiers who died for their country. Often described as a “memory in stone”, monuments to the dead are tangible signs of the departed. Like an immense honour roll, they list the names of those declared to have “died for France” and stand as a last bastion against oblivion. After the First World War, veterans asked the government to erect stone slabs, columns or statues in memory of their brothers in arms killed in action. The tribute achieved an unprecedented universality, extending down to the level of communes, and amplified by businesses, associations and religious bodies.
- La figure du soldat tué au combat dans les discours du 11 novembre - Brice Erbland p. 129-135 De la cérémonie du 11 novembre 1920, durant laquelle le Soldat inconnu fut amené au Panthéon puis à l'Arc de Triomphe, jusqu'au plus récent anniversaire de l'Armistice en novembre 2016, les chefs d'État successifs ont prononcé des discours de commémoration dans lesquels le soldat mort pour la France tient une place variable. Une évocation de ces discours qui retrace l'évolution du rapport de la société et des politiques au soldat tombé au combat.From the ceremony on 11 November 1920, when the Unknown Soldier was taken to the Pantheon and the Arc de Triomphe, through to the last anniversary of the Armistice in November 2016, the successive heads of state have made commemoration speeches in which the soldier who died for France plays a variable role. This text speaks of these speeches, tracing the developments in the society and politicians' relationship with the soldier who died in combat.
- Je me souviens - Steve Jourdain p. 137-142 Comment le Canada honore-t-il ses enfants morts au combat ? Explications et témoignage d'un colonel du Royal 22e Régiment, qui a perdu des hommes en Afghanistan. En 2009, il est déployé à Kandahar, province située dans le sud de l'Afghanistan. Avec comme toile de fond cette mission difficile, il nous explique ce qui se passe tant du côté humain que du côté procédural, lorsque la fatalité frappe et que décède un soldat. À travers ces mots, il nous aide à bien saisir le sens de la devise de son régiment : « Je me souviens. »How does Canada honour its citizens killed in action ? Explanations and a first-hand account by a Colonel from the Royal 22nd Regiment, who lost men in Afghanistan. In 2009, he was deployed in Kandahar, a province in the south of Afghanistan. Against the backdrop of this difficult mission, he explains what happens on both the human side and the procedural side, when a fatality occurs and a soldier dies. With these words, he helps us truly understand the meaning of his Regiment's motto : “I remember”.
- Comment comprendre la commémoration de combats sacrificiels ? - André Thiéblemont p. 143-156 Sidi Brahim, Camerone, Bazeilles. Trois combats perdus et une structure dramatique commune : des combattants qui choisissent d'affronter la mort plutôt que de se rendre et de vivre ! À plusieurs dizaines d'années d'écart, quelle intention profonde, plus ou moins consciente, a conduit des chefs d'exception à choisir ainsi de tels combats plutôt que des victoires pour magnifier et symboliser l'âme du chasseur, du légionnaire, des troupes de marine ? Ne s'agissait-il pas de mythifier la mission au regard de soldats, de chefs affrontant des situations paroxystiques et s'interrogeant dans leur for intérieur : « L'enjeu vaut-il que je risque ma vie, celles des miens ? » Comment comprendre la transformation récente de la commémoration de ces combats en spectaculaires et gigantesques liturgies, célébrant le sacrifice du soldat comme une eucharistie ?Sidi Brahim, Camerone, Bazeilles. Three battles lost, all with the same dramatic structure : soldiers who choose to face death rather than capitulate and live ! Several decades later, what was the deep-down intention, more or less conscious, that prompted outstanding leaders to choose battles such as these rather than victories to magnify and symbolise the soul of the chasseur, the legionnaire or the navy troops ? Was it an attempt to mythicize the mission in the eyes of soldiers and leaders facing situations at the peak of their intensity and wondering : “Is it worth risking my life and that of my men ?” How should we understand the recent transformation of the commemoration of these battles into spectacular, gigantic liturgies celebrating the soldier's sacrifice like a Eucharist ?
- Jardins de pierre : le deuil du soldat - Yann Andruétan p. 157-166 Jardins de pierre n'est ni le meilleur film de Coppola ni le plus grand film de guerre de ces trente dernières années. Mais il aborde des thématiques fortes dans un contexte jusqu'alors jamais traité. C'est un film de guerre sans combat ni héros. C'est un film sur le deuil : le deuil personnel, le deuil du soldat et les rites qui l'accompagnent et, enfin, le deuil du chef quand il doit affronter la responsabilité de la mort de ses hommes. Au-delà, le réalisateur tente de montrer comment une nation traite, dans l'espace public, de la mort de ceux qui ont choisi de la servir. Il y a une dimension politique discrète dans ce film qui amène à s'interroger sur la publicité faite autour des combattants morts en opération. Le rite est envisagé par Coppola comme une forme de guérison personnelle et collective.Gardens of Stone is neither the best Coppola nor the greatest war film of these last 30 years. However it broaches strong themes in a context that had never been dealt with before then. It is a war film without a battle or a hero. It is a film about bereavement : personal bereavement, the bereavement of the soldier and the rites that accompany it, and the bereavement of the leader when he has to face the responsibility for the death of his men. Looking beyond this, the director tries to show how a nation deals with the death of those who chose to serve it, in the public space. There is an understated political dimension in this film which leads us to wonder about the publicity given to soldiers killed in action. The rite is seen by Coppola as a form of personal and collective healing.
- Le ballet des morts - Béatrix Pau p. 167-174 Répondant au désir d'un grand nombre de familles endeuillées par la Grande Guerre, la République française, par la loi du 31 juillet 1920, démobilisa les militaires et marins morts pour la France. Cette mesure exceptionnelle, démocratique et généreuse marque avant tout le poids des morts sur les vivants. L'entreprise, ambitieuse, demanda une organisation rigoureuse dont l'État était le maître d'œuvre. Dans les années 1920, des milliers de cercueils parcoururent donc le territoire national, métropole et colonies, avant de trouver leur dernière demeure. Les dépouilles des valeureux poilus furent exhumées, identifiées, mises en bière et acheminées dans leur village natal pour y être honorées avec faste par leurs proches et l'ensemble de la communauté en deuil. Hommages suprêmes de la nation, mais aussi et surtout de la commune à ses enfants, les cérémonies de ré-inhumation supprimèrent pour un temps les querelles et marquèrent l'unité politique, religieuse et sociale. Mais un siècle plus tard, que reste-t-il dans la mémoire collective de ces trois cent mille corps restitués ?In response to the wishes of a large number of families plunged into mourning by the Great War, the French Republic, by the Act of 31 July 1920, demobilised the soldiers and seamen who had died for France. This exceptional, democratic and generous measure marked, above all, the burden of the dead on the living. This ambitious undertaking required tight organisation, which was headed by the State. In the 1920s, thousands of coffins travelled throughout metropolitan France and the French colonies to their final resting place. The bodies of the brave soldiers were exhumed, identified, placed in a coffin and sent home to their village, where they were honoured with great pomp by their families and the entire community in mourning. A supreme tribute by the nation, but also and especially by the commune to its children, the reburial ceremonies quelled the quarrels for a time and marked political, religious and social unity. But, a century later, what remains in the collective memory of these 300,000 bodies returned to their families ?
- À Thomas/Denzel, ce soldat mort au combat qui était mon fils - Marie-Christine Jaillet p. 11-23
Pour nourrir le débat
- L'État islamique, la musique et la guerre - Lina Pamart p. 175-187 L'État islamique prend la musique pour cible : associée à l'impureté et à l'égarement, elle fait l'objet d'interdictions et de violences multiples. Pourtant, l'ei travaille sa propre présence sonore de façon particulièrement élaborée, au point de se doter d'une industrie de chants salafistes djihadistes. Comment les sons deviennent-ils des instruments de la guerre ? La musique est d'abord utilisée comme un outil de mobilisation performant, agissant sur les émotions et les perceptions. Les interdictions et significations qui lui sont associées servent par ailleurs à véhiculer une idéologie, à construire conjointement l'identité du groupe et celle de l'ennemi à anéantir. Enfin, il apparaît qu'à travers la diffusion de représentations et de pratiques communes de consommation sonore au-delà des frontières, la « bande-son » de l'ei est susceptible de contribuer à la formation d'une véritable culture transnationale.The Islamic State has made music its target : associated with impurity and error, it is the subject of multiple bans and acts of violence. And yet, isis is taking great pains to develop its own musical presence, even going as far as to create an industry of Salafi-jihadist songs. How are sounds becoming instruments of war ? Music is being used primarily as a powerful mobilisation tool that acts on emotions and perceptions. The prohibitions and meanings assigned to it are used to convey an ideology and build at once the identity of the group and that of the enemy to be destroyed. Lastly, it appears that, by spreading common representations and practices of musical consumption beyond borders, the isis “soundtrack” may help form a fully-fledged transnational culture.
- Quand j'entends le mot « valeurs » - Thibault Lavernhe p. 189-193 Comme le suggère le philosophe Rémi Brague, le mot « valeurs » est piégé. En examinant la manière dont cette notion est employée au sein des armées, il apparaît que l'institution militaire n'échappe pas aux difficultés posées par cette notion fourre-tout, qui contribue à l'isoler. Pour s'affranchir de ce piège, utilisons les bons mots !As philosopher Rémi Brague suggests, the word “values” is a minefield. On examining the way this notion is used in the army, it appears the military institution has not escaped the difficulties posed by this hold-all notion that is helping to isolate it. To break from of this minefield, let's use the right words !
- Sarajevo 1995. Mission impossible. Le retour d'expérience du général Bachelet - Jean-Luc Cotard, François Scheer, André Thiéblemont p. 195-203 Août 1995. Le général Bachelet prend le commandement de la forpronu du secteur de Sarajevo. Le siège de la ville, qui dure depuis trois ans, est alors à son paroxysme. Il prend fin quatre mois plus tard. Mais malgré la réussite de sa mission, le général est rappelé à Paris, accusé de soutenir la cause des Serbes de Bosnie. Il attendra vingt ans pour mettre par écrit souvenirs et analyses de ces quatre derniers mois de siège. C'est chose faite dans un magnifique livre.August 1995. General Bachelet takes over as unprofor commander in the Sarajevo sector. The siege of the city, in progress for three years, has reached its paroxysm. It ended four months later. But despite the success of his mission, the general was recalled to Paris and accused of supporting the cause of the Bosnian Serbs. He waited 20 years before setting down in writing his memories and analyses of these last four months of the siege. These are now presented in a magnificent book.
- L'État islamique, la musique et la guerre - Lina Pamart p. 175-187
Translation in English
- To Thomas/Denzel, this soldier killed in action who was my son - Marie-Christine Jaillet p. 205-217 Thomas, membre du cpa 10, engagé dans l'opération Barkhane, est mort au combat au Mali, dans le massif du Tigharghar, le 29 octobre 2014. Sa mère, chercheuse de profession, porte témoignage ici pour la première fois de la façon dont cette mort a bouleversé sa vie, de son « travail de deuil » et de comment cette disparition « l'oblige ».Thomas, a member of the French Air Parachute Commando cpa 10 involved in Operation Barkhane, was killed in action in Mali, in the Tigharghar mountains, on 29 October 2014. His mother, a professional researcher, speaks for the first time here about the way in which this death has radically changed her life, her “work of mourning” and how this death has placed her under “an obligation”.
- To Thomas/Denzel, this soldier killed in action who was my son - Marie-Christine Jaillet p. 205-217
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 219-225