Contenu du sommaire : Migrations et création littéraire

Revue Hommes et migrations Mir@bel
Numéro no 1329, avril-juin 2020
Titre du numéro Migrations et création littéraire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Édito

  • Le point sur

    • Migration et création littéraire - Odile Richard-Pauchet p. 9-11 accès libre
    • L'envers de la ville. Exil et urbanité - Alexis Nuselovici (Nouss) p. 13-19 accès libre avec résumé
      Dans la littérature contemporaine, la présence des exilés au sein de l'univers urbain dévoile son envers, ou plutôt renverse l'ordre qui le soutient et relègue, dans ses marges, celles et ceux qui habitent une ville qui ne les accueille pas. Ainsi, les personnages d'exilés révèlent deux dynamiques qui s'entremêlent et s'affrontent dans la ville : le pôle imaginaire d'une attirance fantasmée qui a motivé leur voyage et le lieu d'un exil bien réel dans lequel ils sont rendus invisibles. La migration découvre au sein de la ville ce milieu de mémoire où l'écriture prend site quand aucune place n'est accordée à la présence de l'autre. Ni aucune écoute à son récit.
    • Denis Donikian, « l'écrilibriste » : Paratopie, vagabondage et ethos de l'écrivain exilé - Charikleia Magdalini Kefalidou p. 21-27 accès libre avec résumé
      Écrivain héritier de l'exil et de la mémoire traumatique du génocide arménien, Denis Donikian construit son image d'auteur exilé à travers ses textes et ses interviews. La paratopie permet d'analyser la mise en scène littéraire de cet exil. Cette notion désigne à la fois l'intégration impossible de l'écrivain dans un lieu et le tiraillement intérieur qui en découle, ce qu'il tente de pallier à travers sa création. Car c'est uniquement dans et par la création littéraire que Donikian parvient à être au monde, en négociant sa place paradoxale dans ce « non-lieu », c'est-à-dire en surmontant son étrangéité tant vis-à-vis de son identité française que de son identité arménienne.
    • D'un rivage de l'écriture l'Autre ? - Jean-Michel Devésa, Marie Poinsot p. 29-37 accès libre
    • Le surréalisme déplacé : Inventaire, établissement et étude des œuvres des surréalistes exilés au Mexique - Karla Segura Pantoja p. 39-47 accès libre avec résumé
      Les ruptures de la Seconde Guerre mondiale et les bouleversements politiques de la deuxième moitié du XXe siècle ont conduit des artistes européens, par des voies et pour des motifs différents, à s'exiler au Mexique. De Benjamin Péret à Leonora Carrington, en passant par Luis Buñuel ou César Moro, ils ont pour point commun des liens personnels et esthétiques avec le mouvement surréaliste. L'étude de leurs créations et de leurs correspondances permet de dégager la constellation d'artistes d'un « surréalisme déplacé » qui renouvelle ses formes et ses sujets à travers la déchirure de l'exil.
    • Paris comme condition ? : Une approche spatialisée des modalités de valorisation des œuvres littéraires - Kaoutar Harchi p. 49-56 accès libre avec résumé
      Paris constitue un carrefour de la socialisation au sein du champ littéraire français. Plus qu'un lieu géographique, la capitale française représente en effet la source d'émission du pouvoir symbolique qui détermine la légitimation littéraire. Pour les écrivains algériens en situation postcoloniale, l'espace parisien apparaît à la fois comme un passage obligé pour la reconnaissance et la diffusion de leurs œuvres et un territoire ambigu où se pérennisent les schèmes de la domination culturelle coloniale. Pour en affronter les résurgences, certains, comme Kateb Yacine,
    • Corps, sexualités et métissages romanesques - Mustapha Harzoune p. 59-69 accès libre avec résumé
      Dans la littérature d'expression française, le corps de la femme migrante est devenu un topos littéraire paradoxal. Il donne prise à tous les préjugés et cristallise l'assignation des rôles genrés – épouse, mère – à laquelle font face les personnages féminins. Il est aussi le lieu de l'émancipation des femmes et le moyen de leur prise de risque toujours fragile en direction de la liberté. D'Assia Djebar à Faïza Guène, de Tassadit Imache à Abdellah Taïa, cette vaste étude du traitement du corps en littérature épouse son pouvoir de subversion de la domination patriarcale en situation migratoire.
    • Lieux institutionnels, territoires symboliques : Les espaces de rencontre pour les écrivains d'origine judéo-maghrébine en France - Ewa Tartakowsky p. 71-79 accès libre avec résumé
      En France, les écrivains d'origine judéo-maghrébine ne bénéficient pas de lieux de socialisation propres et s'inscrivent dans le champ littéraire national. Pour autant, ils partagent une expérience de l'exil dont le traitement littéraire va, à partir des années 1980, contribuer à leur visibilité. Si la notion de « littérature juive » demeure questionnée, des récurrences thématiques et des affinités discursives apparaissent dans leurs œuvres. Cette communauté de représentations littéraires participe à dessiner les contours d'un territoire mémoriel collectif : celui du groupe des Juifs d'Afrique du Nord.
    • « La pluralité des visages de la France est une réalité » - Tassadit Imache, Mustapha Harzoune p. 81-85 accès libre avec résumé
      Depuis 1989, Tassadit Imache a publié six romans. Le premier, Une Fille sans histoire, brosse le portrait d'une enfant née d'un père algérien et d'une mère française pendant la guerre d'Algérie. Depuis, elle interroge les trajectoires franco-algériennes, le devenir de ces bâtards nés de couples mixtes, ballottés par l'histoire ; rejetons du populo frappés par les exclusions et les injustices, guettés – quand ils n'y succombent pas – par la dépression. Avec son écriture verticale, scrupuleuse, sans concessions, elle fait entrer dans le roman national « un peu des vies invisibles et des noms venus d'ailleurs ». Dans Fini d'écrire ! (Hors d'atteinte, 2020), elle revient sur les ambiguïtés de la réception de ses livres et sur la place de sa mère dans son écriture.
  • Au musée

    • La bande dessinée : Un nouveau fonds pour le Musée de l'histoire de l'immigration - Hélène Bouillon p. 88-89 accès libre
    • « Projet Archive » - Isabelle Alfandary, Marianne Amar p. 130-135 accès libre avec résumé
      Depuis 2017, le Musée national de l'histoire de l'immigration contribue au « Projet Archive », initié par le Collège international de philosophie sous l'égide de l'université Paris Lumières. Le programme, à vocation internationale, associe chercheurs et acteurs du patrimoine pour réfléchir à la place et aux enjeux de l'archive dans les sociétés contemporaines. Après la publication d'un ouvrage, Dialoguer l'archive (INA, 2019), et l'organisation d'un colloque, bilan d'étape et perspectives avec Isabelle Alfandary, qui pilote ce projet.
    • Voir venir. Écrire l'hospitalité - Célia Sadai p. 136-140 accès libre avec résumé
      Le temps d'une rencontre littéraire, le Musée national de l'histoire de l'immigration a reçu Marie Cosnay et Mathieu Potte-Bonneville, auteurs de l'ouvrage Voir venir. Écrire l'hospitalité (Stock, 2019). Une conversation qui prolonge le livre, fruit d'une correspondance soutenue et toujours située entre l'écrivaine et le philosophe. Cet ouvrage à la forme inédite interroge l'accueil des personnes exilées en France et ses ambivalences. Entre dialectique des points de vue et bagarre avec le monde qui les entoure, Marie Cosnay et Mathieu Potte-Bonneville dénoncent l'échec des institutions et du langage en matière d'hospitalités. Hantés par l'indémêlable question : « Comment dire et comment faire ? », les auteurs se heurtent à une « crise de la réponse ». Seul horizon possible, rempart contre l'inquiétude : revenir aux fables et aux mythes, où la figure de l'oracle nous dit : « On verra bien. »
    • Les présences africaines dans la littérature de langue française - Célia Sadai p. 141-146 accès libre avec résumé
      La 4e édition du Salon des littératures de l'exil et de la migration a eu lieu le samedi 15 février 2020 au Musée national de l'histoire de l'immigration, en partenariat avec le Collège d'études mondiales-Fondation Maison des sciences de l'homme. Dans le cadre de cette programmation, une carte blanche a été donnée à l'écrivaine et journaliste Kidi Bebey, en résidence en 2020 au Musée national de l'histoire de l'immigration, qui a reçu Hemley Boum (Les jours viennent et passent, Gallimard, 2019) et Mohamed Mbougar Sarr (Silence du chœur, Présence africaine, 2017). Ensemble, ils ont interrogé la création littéraire africaine contemporaine et les chemins par lesquels elle nous parvient.
    • Quelques réflexions d'un ancien résident - Mohamed Mbougar Sarr p. 147-151 accès libre
    • « Transmissions des héritages et souvenirs (ré)inventés » : Une nouvelle résidence d'écriture au Musée national de l'histoire de l'immigration en 2020 - Kidi Bebey p. 152-155 accès libre avec résumé
      La résidence au Musée de l'histoire de l'immigration, placée sous le thème des transmissions et des (ré)inventions de sa filiation familiale et de soi, est l'occasion de mener un projet d'écriture personnelle tout en participant à la programmation de cette institution patrimoniale et culturelle sous la forme d'ateliers d'écriture et de rencontres littéraires lors de la Saison Africa 2020 principalement. C'est dans l'articulation entre ces différentes contributions que la résidence prend tout son sens car chacune peut nourrir, inspirer et enrichir les autres.
    • Chanter les mémoires de l'enfance et de l'exil - Josselyn Guillarmou p. 156-161 accès libre avec résumé
      À l'hiver 2017, une équipe d'employés municipaux de Tremblay-en-France sillonne micros en main les quartiers de la ville afin de collecter les chansons et les souvenirs d'enfance de ses habitants. En quelques mois, plus de 200 berceuses chantées en 34 langues sont enregistrées dans cette commune de la Seine-Saint-Denis où vivent plus de 36 000 habitants nés dans 93 pays différents1. Depuis, le projet qui croise intimité familiale et imaginaires collectifs a fait naître de nombreuses initiatives sur le territoire : formation d'un chœur d'habitants, organisation d'ateliers d'écriture et inscription des comptines du monde au « Trésor municipal de la diversité culturelle ». Fin 2019, la ville et le collectif Fabrication maison publient Mamilamira. La Voix des berceuses, un objet graphique et sonore qui fait vivre les mémoires chantées de l'enfance et de l'exil des familles tremblaysiennes.
  • Champs libres