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Revue | Travail et emploi |
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Numéro | no 158, 2019/2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 5
- Passer en revue quarante ans de Travail et Emploi - Thomas Amossé, Bruno Ducoudré, Christine Erhel, Arnaud Mias, Carine Ollivier, Camille Peugny, Laure Pitti, Géraldine Rieucau, Véronique Simonnet p. 7-42 Dans quelle mesure l'évolution des articles publiés depuis 1979 dans Travail et Emploi dessine-t-elle une histoire cohérente ? Pour essayer de répondre à cette question, nous proposons une analyse des articles parus dans la revue au cours de ces quatre décennies à partir de leurs titres et mots-clés. Pour rendre compte et éclairer cette histoire, trois types d'arguments sont mobilisés. Travail et Emploi étant initialement une revue de nature administrative, publiée par le ministère du Travail, l'évolution de ses articles est en partie liée aux soubresauts de l'actualité législative, des politiques publiques et de la production statistique. Elle peut par ailleurs pour partie tenir aux transformations du regard porté par les sciences sociales sur le travail et l'emploi à partir du moment où Travail et Emploi devient une revue résolument académique. Enfin, ces évolutions rendent également, et assez naturellement, compte des transformations réelles et profondes du travail et de l'emploi sur le terrain, dans la vie des travailleurs et des entreprises.To what extent does the analysis of the evolution of the articles published since 1979 in Travail et Emploi draws a coherent story ? In an attempt to answer this question, we have analysed the titles and keywords of the articles published in the journal over these four decades. To explain the evolution of the emerging topics, we develop three arguments. First, as Travail et Emploi is initially an administrative journal published by the Ministry of Labour, these evolutions are partly linked to the ups and downs of legislative developments, public policies and statistical production. Secondly, some of these evolutions can be linked to the transformations in the way social sciences have analysed work and employment since Travail et Emploi became an academic journal. Third, these evolutions quite naturally reflect the profound and real transformations of work and employment. JEL : J20, J30, J40, J50, J60, J70, J80
- Quarante ans d'institution de l'emploi - Michel Lallement p. 43-67 Sur fond d'épuisement du compromis fordiste d'après-guerre, les recompositions du marché du travail qui s'opèrent depuis quarante ans ont profondément transformé les modalités et les formes de l'emploi. À l'aide d'une grille d'analyse d'inspiration durkheimienne, qui regarde l'institution comme un processus multipolaire, l'article examine les transformations de l'emploi en France depuis la fin des années 1970. Il considère, respectivement, le lien entre emploi et intégration sociale, les mutations des régulations dont le système de relations professionnelles a été le siège, les formes évolutives de construction de soi par l'insertion productive et, enfin, le brouillage des catégories d'emploi et de chômage que le développement de zones grises au sein du marché du travail n'a jamais cessé d'amplifier.Against the backdrop of the crisis of the post-war Fordist compromise, the transformations in the labour market that have taken place over the past forty years have deeply changed the modalities and forms of employment. Using a Durkheimian-inspired analytical grid that considers the institution as a multipolar process, the paper looks at the transformations of employment since the end of the 1970s. It focuses first on the relationships between employment and social integration. It then analyzes the changes in the regulations within the system of industrial relations, the evolving forms of the professional identities and, finally, the blurring of the categories of employment and of unemployment that the development of grey areas within the labour market has never stopped amplifying. JEL : J20, J48, D02
- Quarante ans d'analyse du travail et de l'emploi : points de vue de quatre économistes - Philippe Askenazy, Luc Behaghel, Morgane Laouenan, Dominique Meurs p. 69-93 Nous mettons en parallèle les mutations du marché du travail en France au cours des quarante dernières années et les évolutions des regards que portent sur lui la statistique publique et les économistes du travail. Trait saillant, l'économie du travail a pris un tournant empirique en mobilisant les nouvelles méthodes micro-économétriques d'analyse des politiques publiques développées à partir des années 1990. Ce tournant n'a pas suffi pour progresser de façon décisive dans la lutte contre le chômage ou les inégalités sur le marché du travail ; on peut s'interroger en retour sur les difficultés de la discipline et de ses outils statistiques à appréhender un contexte mouvant, mais aussi peut-être sur le dialogue encore insuffisant avec les décideurs publics.We draw a parallel between changes in the French labour market and the evolution of its study by public statistics and labour economists. Labour economics has taken a significant turn toward empirical analysis based on recent micro-econometric developments in the evaluation of public policies. This turn has not been sufficient to make decisive progress in the fight against unemployment or inequalities in the labour market. This begs the question of the difficulties faced by labour economics and the associated statistical approaches to apprehend a moving context, and perhaps also of the insufficient dialogue with public decision makers. JEL : J2, J7, J68, R23
- Le droit du travail en changement : Essai d'interprétations - Jérôme Porta p. 95-132 Le droit du travail a connu de nombreuses réformes depuis le milieu des années 1980, son architecture ayant en particulier été profondément remodelée au cours de cette dernière décennie. Signe d'un basculement dans la compréhension de leur portée, un questionnement se fait jour au-delà du seul constat de la mise en cause des protections offertes par le droit du travail : ces transformations ne correspondraient-elles pas à l'émergence d'un nouveau « modèle », voire d'un nouveau « paradigme » ? Pourtant la définition de cette nouvelle idée du droit du travail ne fait pas consensus. Au contraire, ses évolutions sont désormais sujettes à conflits d'interprétations. L'émergence de ce questionnement n'en mérite que plus d'être pris au sérieux. En effet, annoncer l'émergence d'un nouveau « modèle » ou « paradigme », ce n'est pas seulement tenter de décrire l'ampleur des changements de la réglementation du travail. Cette affirmation est surtout révélatrice de la fragilisation des cadres d'interprétation qui structurent la discipline du droit du travail. C'est à l'étude de ces « interprétations » et des conflits nés de leur pluralité qu'est consacré cet article.Labour law has undergone many reforms since the mid-1980s and its architecture has been profoundly reshaped over the last decade. As a sign of a shift in the understanding of their scope, a questioning is emerging beyond the mere observation that the protections offered by labour law are being challenged : would these transformations be linked to the emergence of a new “model”, or even a new “paradigm” ? However, there is no consensus regarding the definition of this new paradigm or model. On the contrary, its developments are now subject to conflicts of interpretation. The emergence of this questioning must be taken seriously. Indeed, announcing the emergence of a new “model” or “paradigm” is not just an attempt to describe the extent of changes in labour law. This statement is particularly revealing of the weakening of the interpretative frameworks that structure the discipline of labour law. This contribution is devoted to the study of these “interpretations” and the conflicts arising from their plurality. JEL : J21, J81, J83, K31
- L'histoire et les historiens dans Travail et Emploi, ou les vertus des marges disciplinaires - Anne-Sophie Bruno p. 133-153 Par une analyse quantitative de l'espace de production de la revue Travail et Emploi, comparé à celui de revues historiennes, et par l'étude de la diffusion des articles à dimension historique, l'article montre que, malgré un dialogue pluridisciplinaire encore largement incomplet et une place marginale de l'histoire dans les publications de la revue Travail et Emploi, la prise en compte de la dimension historique, par des historiens comme des non-historiens, n'en a pas moins permis d'ouvrir des voies nouvelles en histoire du travail et de l'emploi. En particulier, la connaissance de l'histoire des classifications, des formes d'emploi et des institutions du travail s'en est trouvée enrichie – autant de domaines où les autres sciences sociales, sociologie, science politique, économie et histoire du droit, ont pu apporter des idées nouvelles aux historiens, prouvant par là l'intérêt d'une démarche pluridisciplinaire pour la compréhension des enjeux d'emploi et de travail.This article conducts a quantitative analysis of the articles published in Travail et Emploi since the journal has been founded, compares them to the articles published in historical journals, and takes into account their dissemination. Despite a still largely incomplete interdisciplinary dialogue and although history plays a marginal role in the publications of the journal, it shows that incorporating the historical dimension has enabled historians as non-historians researchers to open new paths in labour history. In particular, they have increased our knowledge of the history of classifications, forms of employment and labour institutions – as many areas for which other social sciences, such as sociology, political science, economics and history of law have brought new ideas to historians, thus proving the virtues of an interdisciplinary approach for understanding employment and labour issues. JEL : J8, L5
- Observer et quantifier le travail pour mieux le comprendre : Un dialogue à la rencontre de l'ethnographie et de la statistique - Marie Cartier, Anne-Françoise Molinié, Serge Volkoff p. 155-182 Au cours des quatre dernières décennies, les outils permettant d'analyser le travail ont beaucoup évolué. Les données statistiques se sont multipliées, notamment grâce aux enquêtes de la statistique publique, tandis qu'une ethnographie du travail s'est déployée, permettant d'étudier finement les situations de travail. Revue académique publiée avec le soutien de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, Travail et Emploi constitue un lieu de rencontre privilégié entre ces deux types de méthodes. Dans cette discussion à trois voix, Marie Cartier, spécialiste de l'ethnographie du travail d'une part, Anne-Françoise Molinié et Serge Volkoff, qui ont participé à la construction des enquêtes statistiques sur le travail d'autre part, échangent autour des possibilités d'articuler ces deux dispositifs méthodologiques et soulignent la manière dont ces deux approches, souvent complémentaires, ont permis de documenter nombre de dynamiques importantes dans l'évolution du travail au cours des quarante dernières années.Over the past four decades, the tools for analysing work have considerably evolved. The amount of statistical data has increased, especially thanks to surveys from official statistics, while the field of work ethnography has emerged, making it possible to study work situations in detail. As an academic journal supported by the Directorate for Research, Studies and Statistics (Dares, French Ministry of Labour), Travail et Emploi is a privileged debating place between these two methodological approaches. In this paper, Marie Cartier, a specialist in work ethnography, and Anne-Françoise Molinié and Serge Volkoff, who participated in the construction of statistical surveys on work, discuss the possibilities of articulating these two methods. They highlight the way in which these methods, which are often complementary, have made it possible to document many important dynamics in the evolution of work over the last forty years. JEL : C42, J1, Y8