Contenu du sommaire
Revue | Métropoles |
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Numéro | no 25, 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Du pavé bâti au pavé battu : les mobilisations des usagers pour les infrastructures de voirie et leur prise en compte politique, Lyon, années 1950-1970 - Louis Baldasseroni La rue est un terrain d'expression bien connu en sciences humaines. Elle est aussi un enjeu de mobilisation par ses infrastructures de voirie : les demandes, réclamations et oppositions peuvent être très variées, allant de la simple demande d'un passage pour piétons à des oppositions à des projets de transformation plus importants. Territoire du quotidien, la rue a constitué un important ciment de mobilisations depuis la fin du XIXe siècle et semble décliner comme cadre de revendications à partir des années 1960. Cela est dû à la diversification des acteurs mobilisés, de leurs demandes et de leurs actions, que les pouvoirs publics ont du mal à intégrer dans les cadres habituels. Cependant, certaines rues font l'objet de mouvements d'opposition à l'action publique et deviennent des terrains d'action dans les années 1970, alors que les demandes adressées aux services de voirie concernent des infrastructures mineures (marquage au sol, feux de signalisation).The street is a well-known medium of expression for humanities. It also poses the issue of mobilisation by its road infrastructures: demands, complaints and oppositions vary widely, from simple requests for pedestrian crossings, to oppositions to major infrastructure projects. The territory of everyday life, the streets evolved as an important, unifying factor of mobilisation since the end of the 19th century and seem to be declining as a framework for claims from the 1960s onwards. This is due to diversification, demands and actions of mobilised actors, which public authorities have difficulty integrating into the customary frameworks. However, some streets are subject to opposition to public action and policies, becoming areas of action and conflict during the 1970s. Now, requests directly addressed to urban road services concern minor infrastructure improvements such as traffic lights or pedestrian crossings.
- Façonner la ville : projets de société et stratégies de gouvernement à Grenoble (1910-2010) - Julien Caranton, Thomas Lerosier Cet article s'intéresse, à partir du cas grenoblois, aux gouvernements des villes aux xxe et xxie siècles. Durant cette période, deux discours programmatiques marquent cette ville. Le premier est formulé au début du xxe siècle et fait de Grenoble le centre névralgique d'une région alpine moderne portée par les industries liées à l'hydroélectricité. La restructuration du tissu industriel, dans les années 1960, met fin à ce projet de société. Au début des années 1980, un nouveau discours émerge et présente cette fois-ci Grenoble comme une ville inscrite dans le réseau mondial des métropoles innovantes. Dans cet article, nous proposons, d'une part, d'analyser la manière dont ces pratiques discursives ont réussi à s'imposer comme projets de société dominants à l'échelle de la ville et, d'autre part, de voir de quelles manières elles se sont matérialisées au sein de la trame urbaine.This article focuses, from the case of Grenoble, on urban governments in the 20th and 21st centuries. Two programmatic speeches shaped the city during this period: the first was formulated at the beginning of the 20th century and made Grenoble the nerve centre of a modern alpine region supported by hydroelectric industries. This project was terminated in the 1960s through restructuring of the industrial sector. A new discourse emerged in the early 1980s, presenting Grenoble as a city within the global network of innovative metropolises. In this article, we propose, on the one hand, to analyse how these discursive practices succeeded in establishing themselves as dominant social projects at the city level and, on the other hand, to see how they materialised within the urban fabric.
- Politiser et dépolitiser la métropole : dimensions et modes de politisation de l'intercommunalité bordelaise - Gilles Pinson L'article propose de revenir sur la politisation de l'intercommunalité urbaine française et de questionner l'un des topos de la littérature portant sur cet objet selon lequel ce niveau institutionnel serait condamné à la dépolitisation. Pour ce faire, il opère d'abord un retour sur la notion de politisation, souvent mal définie malgré son omniprésence dans la littérature de science politique en général et sur les rapports entre politique et administration à l'échelle locale en particulier. Le terme de politisation subsume en réalité des processus extrêmement variables dans leurs formes et leurs finalités. Pour mettre de l'ordre dans ces multiples formes de politisation, trois dimensions et quatre modes de politisation sont distingués. L'enquête qui a à la fois inspiré cette typologie et a permis de la tester a porté sur l'intercommunalité bordelaise – la communauté urbaine de Bordeaux devenue métropole en 2015 – et sur une période allant de 1995 à 2015 marquée par quatre changements de président. Cette enquête a permis de mettre au jour des manières très distinctes pour les leaders politiques métropolitains de contrôler le recrutement et les mobilités au sein de l'administration intercommunale, d'inscrire les débats et décisions dans des schèmes d'opposition idéologique et partisane et de mobiliser l'administration au service d'un programme de politiques publiques et, plus globalement, d'un projet de territoire. Les quelque vingt ans d'histoire intercommunale bordelaise donnent à voir des situations assez contrastées, oscillant néanmoins principalement autour de deux modes de politisation : la politisation de contrôle et la politisation transformationnelle.The article concerns politicisation of French urban inter-municipality and to question one of the topos of the literature on this subject, according to which this institutional level would be condemned to depoliticisation. In order to do this, it first reflects on the notion of politicisation, often poorly defined despite its omnipresence in the political science literature in general and the relationship between politics and administration at the local level in particular. The term politicisation actually implies processes that vary widely in their forms and purposes. To put these multiple forms of politicisation in order, three dimensions and four modes of politicisation are distinguished. The survey that inspired this typology and allowed it to be tested focused on the Bordeaux inter-municipality - - the Bordeaux urban community that became a metropolis in early 2015 - and on a period from 1995 to 2015 marked by four changes of president. This survey revealed very distinct ways for metropolitan political leaders to control recruitment and mobility within the inter-municipal administration, to embed inter-municipal debates and decisions in ideological and partisan opposition patterns and to mobilise the administration in the service of a public policy programme and more generally, a territorial project. The twenty years or so of inter-municipal history in Bordeaux shows some contrasting situations, oscillating mainly around two modes of politicisation: the politicisation of control and transformational politicisation.
- Villes sanctuaires versus État fédéral à l'ère de Trump : des politiques étrangères locales dissidentes - Nicolas Maisetti L'accession de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2017 et ses premières initiatives en matière de politique migratoire ont provoqué une opposition de la part d'un certain nombre de villes et d'États fédérés américains. La contestation de mesures fédérales prises par la nouvelle Administration renforçant la lutte contre l'immigration clandestine s'est traduite par la réaffirmation d'un « mouvement sanctuaire » qui manifeste un retour des stratégies dissidentes dans le champ de la diplomatie des villes. L'objet de ce texte sera de souligner la variété des registres d'opposition à la politique de l'État central qui s'inspirent des espaces de la politics (affrontement partisan), des policies (production des politiques publiques, en particulier dans les domaines de la sécurité et du développement économique) et de la polity (principes et valeurs). Ces controverses contribuent à interroger la dynamique plus large des rapports de force entre les États et les autorités locales au-delà de l'objet de la polémique.Donald Trump's accession to the White House January 2017 and his first migration policy initiatives provoked opposition from a number of American cities and states. The challenge to federal measures resulted in the revival of a "sanctuary movement" that shows a return of dissident strategies in the field of city diplomacy. The purpose of this text is to highlight the variety of registers of opposition to central state policy that draw inspiration from the spaces of politics (electoral struggles), policies (production of public policy in the fields of security and economic development), as well as polity (principles and values). These controversies raise the question of broader dynamics of power relations between the State and local authorities.
Recensions
- Roger Keil, Suburban Planet. Making the World Urban from the Outside In / Éric Charmes, La revanche des villages. Essai sur la France périurbaine - Anne Lambert
- Raquel Rolnik, Urban Warfare: Housing Under the Empire of Finance - Lucia Shimbo
- Collectif Rosa Bonheur, La ville vue d'en bas. Travail et production de l'espace populaire - Mathieu Van Criekingen