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Revue | Revue de science criminelle et de droit pénal comparé |
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Numéro | no 2, avril-juin 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Doctrine
- Le principe de nécessité. Aux frontières du droit de punir - François Rousseau p. 257-271 Le droit de punir des États nations aujourd'hui ne correspond sans doute plus à la pensée de Beccaria. Fidèle à la philosophie des lumières, Beccaria subordonnait ce droit à la « nécessité » et en tirait pour conséquence que seule la loi (le législateur) était habilitée à disposer de ce pouvoir en raison de sa légitimité politique de représentation de la société tout entière.Or, aujourd'hui on peut constater un déclin de ce « droit de punir des États ou législateurs nationaux » en raison de deux nécessités opposées et se situant aux frontières du droit de punir. Tout d'abord, c'est le contrôle de nécessité de l'infraction qui peut être apprécié par les juges en raison de la multiplication des contrôles de la loi (Contrôle de constitutionnalité et contrôle de conventionnalité) ; le législateur est ainsi soumis à l'exigence classique de nécessité matérielle rejoignant l'exigence de proportionnalité du droit pénal. Ensuite, le développement d'un « devoir de punir » s'imposant à l'État, soit qu'il provienne d'un juge (CEDH), soit d'institutions européennes (UE) fait apparaître une autre forme de nécessité plus formelle, en plaçant les législateurs nationaux devant un impératif formel de punir.« 1764 - 2014 ; 250 ans après la publication du célèbre traité de Beccaria 2, il est frappant de constater que des problématiques pénales aussi fondamentales que la légitimité du droit de punir et la place du juge en matière pénale soient toujours autant discutées.
- L'interprétation des lois : Beccaria et la jurisprudence moderne - Jean-Christophe Saint-Pau p. 273-285
- Les « droits du genre humain » dans l'enquête pénale : De la vitalité du Traité des délits et des peines - Olivier Décima p. 287-296
- Plaidoyer pour une rationalisation des sources constitutionnelles du droit pénal européen : à 250 ans de la parution de « des délits et des peines » de Cesare Beccaria - Antonio Amalfitano p. 297-312 « Si l'interprétation de lois est un mal, il est évident que leur obscurité, qui entraîne nécessairement l'interprétation, en est un autre ». Cette affirmation de Cesare Beccaria, qui soulignait la nécessité de précision et de rationalité du système pénal européen, demeure d'une grande actualité. Nombreux sont les facteurs de confusion qui contribuent à l'imprévisibilité de la loi pénale et l'obscurité de ses textes. Le plus important est représenté par l'absence, dans le système juridique de l'Union européenne, d'une perspective visant à une hiérarchisation des principes et des juridictions européennes.Face à une jurisprudence européenne devenue protagoniste en matière pénale, la question essentielle est celle de savoir s'il est possible d'envisager une réaction à l'incertitude juridique inhérente à la protection multiniveaux des droits fondamentaux. Après avoir mis en évidence les nombreux facteurs de superposition entre juridictions nationales et supranationales portant atteinte au principe de clarté et de prévisibilité de la loi pénale, il est proposé une solution s'adressant au dialogue entre juridictions.Si le danger d'un droit pénal complètement dépendant de l'arbitraire des juges est en partie réduit, l'incertitude juridique dépendante de l'obscurité et de la complexité des sources demeure évidente. Dans ce contexte, la pénétration du droit pénal de l'Union dans les systèmes juridiques des États membres s'imposera avec la création imminente du parquet européen et avec l'adhésion de l'UE à la CEDH.
- Cesare Beccaria et la peine de la réclusion à perpétuité - Stefano Manacorda p. 313-327 Cesare Beccaria - dont l'ouvrage le plus célèbre a été publié il y a 250 ans (1764) - est considéré de manière unanime comme l'un des pères fondateurs du droit pénal moderne. Une telle réputation est la conséquence, entre autres, de sa bataille contre la peine capitale et toute autre forme de traitement inhumain ou cruel. Cependant, Beccaria, dans son célèbre livret, déclare être en faveur de la peine de réclusion à perpétuité, qu'il considère comme étant particulièrement efficace en raison de ses effets d'intimidation. La plupart des auteurs qui se sont penchés sur ce point ont considéré, soit qu'une telle position était peu significative au sein de la pensée de Beccaria, s'agissant simplement de la recherche d'un substitut à la peine capitale dont il demandait à juste titre l'abolition, soit qu'elle était critiquable en ce qu'elle entrait en contradiction avec le concept d'humanité que Beccaria lui-même déclarait vouloir défendre. Cet article, en s'appuyant sur l'analyse de Michel Foucault, suggère une interprétation différente : la perpétuité n'est ni insignifiante ni contradictoire dans la pensée de Beccaria ; elle est en revanche la conséquence de la théorie de la peine qui s'affirme au XVIIIe siècle, lorsque l'utilitarisme prend une place dominante. À cette époque-là, le concept d'humanité était indépendant de l'individu envisagé singulièrement et était conçu seulement en tant que limite à l'exercice du pouvoir.Cesare Beccaria - whose most celebrated book “Dei delitti e delle pene” was published 250 years ago - is unanimously considered one of the founding fathers of Modern Criminal Law. Such a reputation is the consequence, among others, of his fight against the death penalty and any other form of inhuman or cruel treatment. Nevertheless, Beccaria in his famous booklet, declares to be in favour of life imprisonment, considering such a penalty as being particular effective, due to its intimidation and deterrence effects. Most of the legal scholars have considered this position to be either irrelevant, for it is only concerned with the research of a legal substitute to the death penalty, or commendable, for it is in contradiction with the notion of humanity Beccaria declares to inspire himself. This paper, following the analysis of Michel Foucault, suggests a different interpretation : life imprisonment is neither irrelevant nor contradictory in Beccaria, but is the consequence of the rationale of punishment in the XVIIIth century when utilitarianism had a prominent role. In that time the concept of humanity was irrespective of the single individuals and it was only conceived as a limit to the exercise of power.
- Le principe de nécessité. Aux frontières du droit de punir - François Rousseau p. 257-271
Chroniques
- Infractions relevant du droit des sociétés - Haritini Matsopoulou p. 329-335
- Infractions relevant du droit de l'environnement et de l'urbanisme - Jacques-Henri Robert p. 337-344
- Infractions boursières - Frédéric Stasiak, Jean-Marie Brigant, Amélie Bellezza p. 345-391
- Infractions relevant du droit social - Agnès Cerf-Hollender p. 393-398
- Procédure pénale - Didier Boccon-Gibod p. 399-409 Nos fonctions à la Cour de cassation prenant fin en juillet 2015, cette chronique est la dernière que nous livrons à la Revue de sciences criminelles. Qu'il nous soit permis d'exprimer, avec nos regrets, notre reconnaissance à l'équipe de la revue, toujours bienveillante, et à nos lecteurs, toujours indulgents.
- Droit pénal médical - Patrick Mistretta p. 411-423
- Droit pénal - Philippe Bonfils, Jean-Baptiste Perrier, Nicolas Catelan, Eudoxie Gallardo, Ludivine Grégoire, Sofian Anane p. 425-459
- Droits de l'homme - Cour interaméricaine des droits de l'homme - Kathia Martin-Chenut p. 461-470
- Droit de l'Union européenne - Bernadette Aubert p. 471-482
- Droit international - Cour pénale internationale - Gilbert Bitti p. 483-515
- Les « manières de penser » les réponses étatiques à la délinquance des jeunes, à la lumière des débats brésiliens sur l'âge de la majorité pénale - Riccardo Cappi p. 517-530
Bibliographie
- Notes bibliographiques - p. 531-542