Contenu du sommaire : Nation(s)
Revue | Actuel Marx |
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Numéro | no 68, 2020 |
Titre du numéro | Nation(s) |
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- Présentation - p. 7-11
Dossier : Nation(s)
- Faut-il défendre la nation ? Marx, les marxistes et la question nationale des origines à nos jours - Jean-Numa Ducange p. 12-29 Cet article revient sur le rapport complexe qu'ont entretenu Marx puis les marxistes à la nation et à l'internationalisme. Après un bref examen des positions de Marx, celles de plusieurs théoriciens et responsables politiques, notamment Otto Bauer, Rosa Luxemburg, Staline, et Gramsci, sont exposées. C'est enfin aux évolutions les plus récentes, notamment à travers la question de l'Union européenne et les débats qu'elle suscite, que s'attache principalement la dernière partie de l'article. La thèse centrale est de montrer que la nation n'a jamais été clairement définie ni fait l'objet d'un consensus dans les traditions marxistes et socialistes. Il remarque notamment l'évolution des trente dernières années : après une période de relativisation du fait national, plusieurs courants politiques ont cherché à se réapproprier la nation, sans proposer pour autant une voie qui fasse consensus.The article discusses the complex relationship of Marx and later Marxists to the nation and internationalism. After a brief review of Marx's positions, those advanced by various theorists and politicians (notably Otto Bauer, Rosa Luxemburg, Stalin, Gramsci) are presented. The most recent developments, notably through the question of the European Union and the debates it arouses, form an important part of the last section of the article. The main intention is to show how the nation has never been clearly defined in the Marxist and socialist traditions. In particular, the articles deals with evolutions over the last thirty years: after a period during which the national fact was relativized, several political currents have sought to reappropriate the nation, without proposing an approach offering grounds for a consensus.
- Nations, nationalismes, marxismes, révolutions et républiques : les cas allemand et slave - Lucien Calvié p. 30-44 La référence au Fichte du Discours à la nation allemande est présente dans la double genèse de la social-démocratie allemande, chez Marx-Engels, et chez Lassalle. Cet article revient d'abord sur un débat trop peu connu sur la consubstantialité entre idéalisme fichtéen, unification et renforcement de l'Allemagne impériale, et social-démocratie. Celle-ci, plutôt louée par Jaurès dès 1891, est critiquée par Andler pour qui l'Allemagne, en 1918 comme après, demeure un Reich (et non une république) où la révolution, qu'elle soit bourgeoise ou prolétarienne, est impossible. On examine ensuite la différence, chez Engels puis chez Kautsky, entre leur appréciation du nationalisme tchèque (perçu comme opposition à la domination austro-germanique) et celle du nationalisme polonais (confronté à la Russie), pour mettre en question qu'y soit en jeu « le seul intérêt de la révolution » (Engels), sans égard à celui des puissances « centrales » de 1914. On suit enfin les traces du débat Andler-Jaurès dans un clivage récurrent parmi les socialistes français sur la question allemande et européenne : Guerre d'Espagne, Munich, Collaboration et Résistance, CED, Traité de Maastricht et Constitution européenne. En 1989-1990, la « chute du Mur » et l'unification allemande résultent d'une poussée nationaliste qui, jointe à la dislocation du système soviétique, s'est particulièrement répercutée sur une Yougoslavie détruite sous l'effet d'une politique européenne d'inspiration largement allemande.The reference to Fichte and his Discourse to the German Nation is present in the double genesis of German social democracy: Lassalle and Marx-Engels. The present article begins with an examination of a little-known debate on the consubstantiality of Fichtean idealism, the unification and strengthening of imperial Germany, and social democracy. The latter, generally praised by Jaurès from as early as 1891, was criticized by Andler, for whom Germany, in 1918 and after, remained a Reich (and not a republic), where revolution, bourgeois or proletarian, was thus impossible. We go on to examine the difference in treatment, by Engels and subsequently by Kautsky, between the appreciation of Czech nationalism (perceived as opposed to Austro-German domination) and Polish nationalism (confronted with Russia), questioning the argument that « the sole interest of the revolution » (Engels) was at stake, regardless of that of the « central » powers in 1914. Finally, we chart the effects of the Andler-Jaurès debate in the recurrent rift among French socialists on the German and the European question, a rift in evidence from the Spanish War, Munich, through Collaboration and Resistance, subsequently in evidence over the question of the CED, the Maastricht Treaty and the European Constitution. In 1989-1990, the « fall of the Wall » and German unification resulted from a nationalist upsurge which, together with the disintegration of the Soviet system, had particular repercussions in a Yugoslavia whose destruction resulted from the effects of a European policy whose inspiration was largely German.
- Les ambivalences du lien État-nation dans les territoires habsbourgeois : le moment 1918 et la question de l'autodétermination - Étienne Boisserie p. 45-59 L'analyse de la question nationale dans les territoires anciennement habsbourgeois fut longtemps conditionnée par les catégories posées dans l'immédiat après Première Guerre mondiale, dans le contexte de construction de récits historiques des États successeurs. Cette approche dissimula longtemps des dynamiques d'identifications qui ne se réduisaient pas à la seule dimension nationale. Les processus de constructions nationales du xixe siècle furent bien plutôt marqués par des combinaisons de dimensions territoriales – locales et régionales – ou historiques tout autant que nationales. Peu de groupes nationaux de la Double monarchie conçurent un projet étatique national jusqu'à la Grande Guerre. Cet impensé des constructions nationales peut être analysé comme l'une des raisons de la grande variété de cas de figures observables à la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque différents groupes, qu'ils fussent nationaux ou non et à des échelles variables, se prévalurent de la notion d'« auto-détermination » pour réorganiser politiquement cet espace.Analysis of the national question in the former Habsburg territories was for long conditioned by the categories which crystallized in the immediate aftermath of World War One, when newly established States forged their historical narratives. This approach tended to conceal the identification dynamics, which cannot be reduced to the national dimension alone. Processes of nation-building in the 19th century were much more the result of a combination of territorial dimensions – whether local or regional – or historical dimensions, than of what was strictly national. Few national groups of the Dual Monarchy conceived a national State project before the Great War. This « grey area » of the processes of nation-building can thus be analyzed as one of the reasons for the great variety of cases to be observed at the end of the First World War, when various groups – whether national or not, and on different scales – foregrounded the concept of « self-determination » as basis for the political reorganization of a territory.
- Des élites contre la nation : la révolution africaine au Sahel - Rahmane Idrissa p. 60-77 Cet article s'attache à définir la nation, en Afrique, par la notion de « révolution », c'est-à-dire d'une transformation totale de conditions anciennes – aussi bien précoloniales que coloniales – en vue de fonder des structures nationales progressistes et démocratiques. Usant de l'exemple des pays du Sahel, en particulier le Burkina Faso, le Mali et le Niger, l'article analyse cette révolution nationale comme un phénomène de cycle long, qui se déploie dans une contradiction entre un leadership politique de moins en moins en adéquation avec elle, et des peuples de plus en plus conscients et exigeants quant à leurs droits civiques. Cette contradiction est par ailleurs déterminée différemment par les problèmes politiques propres au cadre urbain et au cadre rural. Elle aboutit à des luttes et contestations opposant peuples et élites qui indiquent que, si la révolution nationale est loin d'être accomplie, elle n'a pas non plus simplement avorté.This article aims to define the nation in Africa through the notion of « revolution », i.e., of a total transformation of former conditions – both precolonial and colonial – with a view to the foundation of progressive and democratic national structures. Using the case of the countries of the Sahel, in particular Burkina Faso, Mali, and Niger, the article analyzes national revolution as a phenomenon whose development took place over an extended sequence of time, resulting in a contradiction between a political leadership increasingly disengaged from them, and the peoples that are increasingly aware of and are demanding their citizen rights. The contradiction is furthermore shaped in different ways by the political issues resulting from the specific conditions, either urban or rural. As such, the historical dynamic is one leading to struggles and contestations that pit peoples against the elites, thus suggesting that if the national revolution is far from having succeeded, it has not miscarried either.
- Syrie, une nation inachevée, entre imaginaire et réalités - Akram Kachee p. 78-91 On envisage trop fréquemment le conflit syrien à partir des éléments de son histoire très récente. Un retour sur les étapes qui ont précédé l'émergence de l'État-nation syrien permet de mesurer le poids de l'histoire et la complexité du processus de la construction nationale. L'Antiquité, le Moyen-âge, la période omeyyade, celle de l'Empire ottoman, puis la décolonisation et la construction nationale sont autant de strates de l'histoire syrienne qui permettent de comprendre comment s'articulent les identités, les sentiments d'appartenance et la mobilisation des imaginaires constitutifs des différentes idéologies nationales à l'œuvre dans la période contemporaine et jusqu'à ce jour. Le nationalisme, l'islamisme, le panarabisme ont chacun idéalisé un pan du passé de la Syrie mais étaient voués à l'échec, chacun pour des raisons liées à leur propre structure. Ce retour sur quelques jalons de l'histoire syrienne contribue à expliquer l'inachèvement de la construction nationale jusqu'à la crise actuelle. Les fragmentations sociale, économique et politique plongent aujourd'hui la Syrie dans une situation de rupture violente et la mettent au défi de prendre acte de ce qui est mort et que puisse advenir ce qui n'est pas encore né.Too often, the Syrian conflict is viewed through features of its very recent history. By revisiting the stages that preceded the emergence of the Syrian nation-State, it is possible to measure the weight of history and the complexity of the process of national construction. Antiquity, the Middle Ages, the Umayyad period, the period of the Ottoman Empire, followed by decolonization and the process of national construction, all represent strata of Syrian history accounting for a combination of identities, feelings of belonging and representations, which constitute the different national ideologies at work in the contemporary period and until today. Nationalism, Islamism and Pan-Arabism, in turn idealize a part of Syria's past but are doomed to failure, for reasons related to their specific structural features. Looking back on certain milestones in Syrian history can help explain the incomplete process of national construction that led to the current crisis. The contemporary condition of social, economic and political fragmentation has plunged Syria into a situation that is one of violent rupture. It is a challenge calling for the acknowledgement of what is dead, so as to allow for what is not yet born.
- Nations, « contre-nations », empires - Gil Delannoi p. 92-107 Cet article tente de situer l'apparition et la définition de la nation parmi les quelques formes politiques des sociétés humaines (tribu, cité, empire). L'évolution de ces formes est en cours. L'article évalue les positions pour et contre la valeur des nations aujourd'hui, analyse quelques arguments pour et contre leurs rôles possibles, diagnostique l'état des formes politiques concurrentes (un monde d'empires ou de nations), prévoit quelques chemins possibles. Il est peu probable qu'un monde sans nations ressemble à ce qui a longtemps été défini comme le seul progrès possible de la liberté politique.The article attempts to locate the emergence and definition of the nation in the restricted matrix of political forms for human societies (tribe, city-State, empire). The evolutionary dynamic of these forms is continuing. The article assesses the positions for and against the relevance of nations today. It analyses certain arguments for and against their potential roles, offering a diagnosis of the current state of competing political forms (a world of empires or nations), predicting some possible openings. A world without nations is unlikely to conform to what has long been defined as the only possible path for the progress of political freedom.
- La nation face à l'État et aux rapports de classe : quels enjeux contemporains pour la politique économique ? - Jérôme Maucourant, Bruno Tinel p. 108-124 Comment caractériser les contradictions entre l'État et la nation, tout en tenant compte du fait que la société réelle est divisée en classes ? Ces éléments sont abordés sous l'angle des implications d'une politique de plein emploi, à partir des analyses de l'économiste marxiste polonais Michal Kalecki. L'idée d'une double nature de l'État, dont on trouve les prémisses chez Marx, est ensuite mobilisée pour articuler les notions d'État, de nation et de classes sociales. Enfin on s'interroge sur les enjeux actuels de la politique économique face aux tendances qui sont censées éroder le rôle de l'État et des nations.How can we characterize the contradictions between the State and the nation, while taking into account the fact that actually existing society is divided into classes? This paper analyses the elements based on the implications of a full employment policy, following Kalecki's analysis. We also ascertain that for the articulation of the notions of State, nation and social classes, it is relevant to examine the idea of the dual nature of the State, certain elements of which are found in Marx. Finally, we address the current challenges of economic policy, taking into account the trends tending to the erosion of the role of the State and of nations.
- Faut-il défendre la nation ? Marx, les marxistes et la question nationale des origines à nos jours - Jean-Numa Ducange p. 12-29
En débat
- Le managérialisme est un mode de production - Gérard Duménil, Dominique Lévy p. 125-137 Dans cet entretien consacré à leur livre Managerial Capitalism : Ownership, management and the coming new mode of production (Pluto Press, 2018), G. Duménil et D. Lévy reviennent sur les implications de leur analyse du capitalisme managérial pour l'étude du capitalisme historique, de ses structures de classes fondamentales, et de ses alliances de pouvoirs variables. La thèse du marxisme traditionnel identifiant les managers à une fraction de classe capitaliste s'en trouve critiquée, de même que les présupposés véhiculés par le concept de « capitalisme d'État ». Invités à revenir plus précisément sur leur distinction entre modes de production et « ordres sociaux », comme configurations variables de hiérarchies de pouvoirs et d'alliances de classe, les auteurs clarifient les raisons pour lesquelles ils introduisent une nouvelle catégorie de mode de production managérial qui impose de repenser le mode de production capitaliste lui-même suivant une logique de « l'hybridité ». Celle-ci permet de complexifier les tendances du capitalisme historique sur la longue durée, d'approfondir l'analyse de classe du capitalisme managérial, et d'y spécifier différentiellement, par rapport au « compromis » d'après-guerre (caractérisé par une alliance entre managers et classes populaires sous la direction des premiers), le dernier ordre social en date caractérisé par une alliance « au sommet » entre managers et capitalistes (au détriment des classes populaires) : le néolibéralisme.In this interview devoted to their book Managerial Capitalism : Ownership, management and the coming new mode of production (Pluto Press, 2018), G. Duménil and D. Lévy address the implications of their analysis of managerial capitalism for the study of historical capitalism, its fundamental class structures and variable power alliances. The thesis of traditional Marxism, identifying managers with a fraction of the capitalist class, is criticized, along with the presuppositions conveyed by the concept of « State capitalism ». Invited to rehearse, in greater detail, their distinction between modes of production and « social orders », as representing variable configurations of power hierarchies and class alliances, the authors clarify the reasons for their introduction of a new category, that of the managerial mode of production, which imposes a rethinking of the capitalist mode of production itself in terms of a logic of « hybridity ». This makes it possible to offer a more complex reading of the long term tendencies of historical capitalism, adding greater precision to the class analysis of managerial capitalism, and thus enabling the authors to specify, in somewhat different terms, relative to the post-war « compromise » (characterized by an alliance between managers and popular classes, under the leadership of the former), what is involved in the latest social order to date, characterized by an alliance « at the top » between managers and capitalists (to the detriment of the popular classes): neoliberalism.
- Le managérialisme est un mode de production - Gérard Duménil, Dominique Lévy p. 125-137
Interventions
- Karl Marx (et Friedrich Engels), les salaires et la question de la « paupérisation » - Jean-Pierre Potier p. 138-155 Cet article traite des analyses proposées par Karl Marx et par Friedrich Engels sur le mouvement des salaires dans la dynamique du capitalisme, et sur la question de la « paupérisation » des travailleurs, en particulier entre les années 1840 et les années 1860. Il montre que si Engels n'a jamais pronostiqué clairement une « paupérisation absolue » ou « relative », Marx, dans ses écrits des années 1860 et au-delà, maintient la thèse d'une baisse du « salaire relatif », mais ne pronostique plus une baisse des salaires réels en longue période, et ne formule aucune « loi » de « misère croissante » du prolétariat.The article deals with the analyses proposed by Karl Marx and Friedrich Engels of the movement of wages within the dynamics of capitalism, and the question of the « impoverishment » of workers, particularly between the 1840s and the 1860s. It shows that while Engels never clearly predicted « absolute » or « relative » impoverishment, Marx, in his writings of the 1860s and after, maintains the thesis of a decline in « relative wages », but that he no longer predicted a decline in real wages over a long period of time and did not formulate any « law » of « increasing misery » for the proletariat.
- La controverse entre Gustav Landauer et le `ibVorwärts`/ib. Une querelle sur deux conceptions du socialisme - Anatole Lucet p. 156-174 S'appuyant sur les archives du Vorwärts des années 1890 et 1900, cet article analyse la fréquence symptomatique des références de l'organe du Parti social-démocrate allemand à Gustav Landauer, critique cinglant du socialisme marxiste qui entendait « donner au socialisme une nouvelle direction ». Il s'attache à déceler, dans ses dits et ses non-dits, la stratégie mise en œuvre par le Vorwärts de délégitimation de l'anarchisme et de monopolisation de la définition même du socialisme. Mais derrière l'entreprise de caricature et de dénigrement, il montre aussi combien la controverse entre le Vorwärts et « l'inévitable Landauer » est révélatrice d'une série de désaccords structurels et fondamentaux sur la conception de l'histoire, de la société, de l'expérimentation et du changement social.Drawing on the Vorwärts archives for the 1890s and 1900s, the article analyzes the symptomatic frequency of the references in the German Social Democratic Party's official newspaper to Gustav Landauer, scathing critic of Marxist socialism and who wanted to « give socialism a new direction ». Both through what is said and what is not said in the newspaper during the period, the author of the article tries to detect the strategy implemented by Vorwärts, involving the discrediting of anarchism and the consolidation of a claim to monopoly in the very definition of socialism. But behind these rhetorical games of caricature and denigration, the article also aims to show how the controversy between Vorwärts and the « inevitable Landauer » points up a series of structural and fundamental disagreements regarding the conception of history, society, experimentation and social change.
- Affronter la crise de la modernité. Hégémonie et sens de l'histoire chez Gramsci - Yohann Douet p. 175-192 Cet article part de la remise en cause radicale de la croyance en l'histoire dans la pensée et les représentations contemporaines, que Fredric Jameson a étudiée sous la notion de postmodernité. Nous montrons ici que les réflexions de Gramsci sont précieuses pour affronter cette crise de l'historicité moderne, à plusieurs égards. D'abord, il conçoit l'histoire comme un processus de luttes et parvient ainsi à en saisir la consistance propre sans en nier l'ouverture. Ensuite, grâce aux concepts qu'il forge, comme celui d'hégémonie, il analyse les différentes manières dont les représentations de l'histoire expriment les situations historiques concrètes, et y produisent en retour des effets immanents. Enfin, en comprenant le lien entre crise d'hégémonie et crise de l'historicité, il pense la possibilité, pour les subalternes, de retrouver et de réaliser un sens de l'histoire.This article starts from the observation that the belief in history finds itself radically challenged in contemporary thought and representations, a condition which Fredric Jameson studied through the notion of postmodernity. The aim here is to show that Gramsci's reflections are particularly valuable, in several respects, for the confrontation of the crisis of modern historicity. First, he conceives of history as a process of struggles, thus managing to grasp its inherent consistency, without denying its openness. Secondly, through the concepts he forges, notably that of hegemony, he analyses the different ways in which the representations of history express concrete historical situations, and in turn produce immanent effects in these situations. Finally, by understanding the link between the crisis of hegemony and the crisis of historicity, he manages to think the possibility for subalterns to regain and enact a specific sense of history.
- Karl Marx (et Friedrich Engels), les salaires et la question de la « paupérisation » - Jean-Pierre Potier p. 138-155
Livres
- Livres - p. 193-207