Contenu du sommaire : Ré-envisager le genre en Chine : regards, (dé)légitimations

Revue Perspectives chinoises Mir@bel
Numéro no 2020/3
Titre du numéro Ré-envisager le genre en Chine : regards, (dé)légitimations
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Avant-propos - Gail Hershatter accès libre
    • Lisible donc légitime ? Lire et brouiller le genre en Chine, hier comme aujourd'hui - Coraline Jortay, Jennifer Bond, Chang Liu accès libre
    • Qu'est-ce que l'obscénité ? Moralité et modernité dans la Chine des années 1920 - Yushu Geng p. 9-18 accès libre avec résumé
      Cet article examine les débats sur la notion d'obscénité (yin 淫) dans la Chine des années 1920. Bien que la catégorie de yinshu (淫书 livre obscène) ait été établie de longue date par la censure dès l'époque de la Chine impériale, dans les années 1910 et 1920 (aussi appelées « ère du 4 mai »), la signification et le contenu de ce genre ont connu des changements fascinants dans le cadre de la quête de connaissances et de modernité des intellectuels chinois. Comme l'a remarqué avec justesse Kendrick Walter dans son étude de la pornographie dans la culture moderne occidentale, « la pornographie est le nom d'un argument et non d'une chose » (1987 : 31). Le débat sur la signification du yin offre ainsi une perspective unique sur la relation complexe entre science, moralité et modernité en Chine républicaine.
    • Sujets connaissants masculins : mobilité internationale des cadres chinois et esthétiques du sublime confucéen - Derek Hird p. 19-27 accès libre avec résumé
      Cet article explore les origines, les manifestations et les significations des ambivalences et contradictions de la représentation que les cadres chinois masculins travaillant en entreprise à Londres se font de leur propre identité culturelle et de genre, dans un contexte de modernité post-socialiste propre à la Chine du XXIᵉ siècle. Ce faisant, il révèle comment la représentation de soi des hommes chinois des classes moyennes rejoint des débats nationaux plus larges concernant la place de la Chine sur la scène internationale. Afin de comprendre le désir d'une partie des personnes interrogées « de devenir des gentlemans chinois », cet article introduit la notion de sublime confucéen post-socialiste, une conception d'un ordre culturel de plus en plus populaire auprès des hommes chinois des classes moyennes diplômés du supérieur. L'article soutient que le sublime confucéen offre aux cadres chinois vivant à l'étranger la possibilité de transcender leur ambivalence face à la modernité occidentale en leur procurant un sentiment de plénitude et d'accomplissement, à la fois à un niveau personnel et au regard de la place de la Chine dans le monde contemporain.
    • Retour à la case départ : rébellion, marché et masculinité dans le phénomène Han Han - Pamela Hunt p. 29-37 accès libre avec résumé
      Depuis qu'il a accédé à la notoriété en 1999, Han Han a suscité un grand intérêt du public et des chercheurs. Alors que la majorité des commentateurs se sont concentrés sur son statut ambigu d'entrepreneur-rebelle, cet article décrit la manière dont la masculinité est représentée et construite dans le phénomène Han Han. Il discute des apparitions de Han Han dans les campagnes publicitaires avant de se tourner vers le cinéma avec son premier film The Continent (2014). L'article examine la figure récurrente de l'aventurier voyageur et montre en quoi cette célébration d'une masculinité nomade est le résultat d'influences culturelles mondiales, de traditions locales de la masculinité et de nouvelles forces de marché. Fondées sur une approche conservatrice du genre et de la mobilité, l'expression et la construction de la masculinité chez Han Han portent atteinte à sa réputation de « génie décalé » et dessinent les limites de sa rébellion culturelle. Cet article montre plus particulièrement comment sa masculinité se construit au détriment des femmes et des hommes non hégémoniques.
    • Rencontres visuelles dans le Shanghai mondialisé : de la désirabilité des corps dans un espace de coworking - Aurélia M. Ishitsuka p. 39-47 accès libre avec résumé
      L'émergence de Shanghai en tant que ville globale invite à s'interroger : à qui appartient-elle ? Cet article aborde la question en examinant le caractère désirable des corps dans l'un des lieux cosmopolites de la ville : un espace de coworking fréquenté par une clientèle internationale. Prenant appui sur une analyse des rencontres visuelles dans les espaces physiques et virtuels, il montre que la logique d'appartenance à la communauté du coworking repose sur la distinction entre deux types de corps : celui, désirable, du professionnel transnational et celui, indésirable, du travailleur migrant originaire des zones rurales. Tandis que le second est réduit à ses fonctions de travail, le premier apparaît comme un corps doté de désirs, dont les interactions avec autrui brouillent la séparation entre le professionnel et l'intime, conformément au nouvel esprit du capitalisme. Cette ethnographie visuelle donne un aperçu de la façon dont les transformations économiques reconfigurent la vie urbaine à Shanghai, non seulement en reproduisant des formes locales d'exclusion sociale, mais également en encourageant des désirs racialisés adaptés à l'accumulation capitaliste à l'échelle mondiale.
  • Articles

    • Lutte contre la pauvreté en Chine : l'essor du paternalisme d'entreprise soutenu par l'État - Camille Boullenois p. 49-59 accès libre avec résumé
      Depuis son entrée en fonction, le gouvernement du président Xi Jinping a dégagé des fonds colossaux pour ce qui est devenu à ce jour la plus importante campagne de lutte contre la pauvreté en Chine. En s'appuyant sur l'étude des budgets détaillés de huit districts ruraux, ainsi que sur des données ethnographiques et des entretiens menés dans un neuvième district, cet article étudie comment les programmes de lutte contre la pauvreté déterminent la répartition du pouvoir et des ressources en Chine rurale. Il défend l'idée que la lutte contre la pauvreté en Chine rurale se concentre essentiellement sur des investissements dans les infrastructures et un soutien à l'économie locale, plutôt que sur la protection sociale, l'éducation et l'aide aux ménages. Cet article avance en outre que le soutien aux entreprises locales se traduit plus souvent par la cooptation d'entreprises déjà établies que par une aide à la création d'entreprises à destination des ménages pauvres. Dans l'ensemble, l'approche chinoise de la lutte contre la pauvreté en milieu rural met en évidence l'émergence d'un paternalisme d'entreprise soutenu par l'État venant renforcer les hiérarchies locales de richesse et de pouvoir.
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