Contenu du sommaire : La professionnalisation de la communication politique en question : acteurs, pratiques, métiers
Revue | Les Enjeux de l'information et de la communication |
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Numéro | no 21/2, 2020 |
Titre du numéro | La professionnalisation de la communication politique en question : acteurs, pratiques, métiers |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction. Dossier 2020 – La professionnalisation de la communication politique en question : acteurs, pratiques, métiers - Gersende Blanchard, Sandrine Roginsky p. 5-12
- Une institutionnalisation sans professionnalisation ? L'espace interstitiel de la communication gouvernementale en RFA - Nicolas Hubé p. 13-26 Dès 1949, le gouvernement d'Adenauer dispose et assoie la pratique d'un porte-parolat et d'un service de communication gouvernementale. Plus exactement, il dispose d'un appareil d'Etat construit et consolidé dès 1918. Cette pratique s'est construite par un long processus d'institutionnalisation de la politique symbolique gouvernementale. A partir d'une analyse des trajectoires des acteurs de la communication gouvernementale d'après-guerre, le constat peut surprendre. Bien qu'institutionnalisé, au regard des carrières des acteurs qui l'occupent, tout laisse à penser à l'incomplétude de la professionnalisation des acteurs de ce champ. Aucun groupe professionnel ne semble avoir imposé ses propres mécanismes de recrutement, d'entrée et de sortie voire de maintien dans cette activité de communication gouvernementale.From 1949, the Adenauer government has a government communication service. In fact, a State apparatus has been built and institutionalized since 1918. This practice was built through a long process of institutionalization of the government's symbolic policy. This paper is based on an analysis of the trajectories of the actors of the post-war German governmental communication. Although it is institutionalized, the conclusions may be surprising. Looking at the careers of the actors who occupy the positions in this field, everything suggests the incomplete professionalization of the actors in this field. No occupational group seems to have its own recruitment, exit and maintenance mechanisms, or even to maintain activity.
- Entre invisibilité et ubiquité : l'émergence paradoxale des professionnels de la communication politique dans les campagnes électorales suisses des années 1940 aux années 1980 - Zoé Kergomard p. 27-39 L'émergence de professionnels de la communication politique depuis la seconde moitié du 20ème siècle en Suisse est un phénomène mal connu et largement sous-estimé. La politique suisse a longtemps été pensée comme peu professionnalisée, en particulier avant les années 1990. L'étude des campagnes électorales des premières décennies de l'après-guerre montre pourtant comment une première génération de publicitaires et sondeurs s'est progressivement forgée une légitimité auprès des partis politiques, notamment en affirmant apporter des réponses à un sentiment de « malaise » démocratique. Parallèlement, pour se démarquer les uns des autres, les partis ont stigmatisé la professionnalisation voire l' « américanisation » de leurs concurrents et ont invisibilisé leur propre recours à différentes formes d'expertise en communication politique.The emergence of political communication professionals in the second half of the 20th century in Switzerland is a little known and largely underestimated phenomenon. Swiss politics was long thought of as largely unprofessionalized, particularly before the 1990s. However, the study of the electoral campaigns of the first decades after WWII shows how an initial generation of publicists and pollsters gradually established its legitimacy among political parties, notably by claiming to provide responses to feelings of democratic “malaise.” At the same time, in order to stand out from each other, the parties stigmatized their competitors' professionalization, and even “Americanization,” while obfuscating their own reliance on different forms of expertise in political communication.
- Changements et permanence de la communication politique dans un contexte numérique : le cas des journalistes belges francophones devenus communicateurs - Lara van Dievoet p. 41-49 Cet article interroge la professionnalisation de la communication politique en étudiant les transitions professionnelles depuis le journalisme. Notre étude couvre les transitions professionnelles vers la communication politique de journalistes belges francophones effectuées entre 1995 et 2017, une période marquée par les enjeux de la numérisation des partis politiques, des rédactions et des relations presse/politique. Il s'agit de tenter de comprendre ce que le « passage » de journalistes en communication politique révèle des évolutions de la définition de la communication politique, de sa professionnalisation et des compétences identifiées par les acteurs dans un contexte numérique.This article questions the professionalization of political communication by studying the revolving doors phenomenon between journalism and politics. Our study covers profesional transitions of French-speaking Belgian journalists carried out between 1995 and 2017. That period is marked by the issues of digitization for parties, for newsrooms as well as for press / political relations. It is a question of trying to understand what these transitions reveal about political communication, its definition, its professionalization and the competences identified by the actors themselves in a digital context.
- Les collaborateurs parlementaires en charge de la communication numérique des députés - Marie Neihouser p. 51-65 Si le contenu de la communication numérique des parlementaires a été étudié de manière relativement soutenue ces dernières années (Larsson, 2015, Roginsky et Perrier, 2014), force est de constater que les acteurs en charge de cette communication au sein des équipes parlementaires restent encore peu connus. L'objectif de cet article est précisément, à l'aide d'une méthodologie mixte (questionnaires en ligne, entretiens, observation directe), de combler ce vide de la recherche. Nous montrons ainsi que les collaborateurs parlementaires en charge de la communication numérique sont pour la plupart de jeunes professionnels en début de carrière à la recherche d'un tremplin professionnel. Si des différences partisanes existent, il convient par ailleurs de préciser que cette spécialisation reste encore relativement floue et peu définie, tant du point de vue des tâches effectuées par ces collaborateurs que de l'organisation des équipes.While the content of the digital communication of parliamentarians has been studied in a relatively sustained manner in recent years (Larsson, 2015, Roginsky and Perrier, 2014), it is clear that the actors in charge of this communication in parliamentary teams are still poorly known. The purpose of this article is precisely, using a mixed methodology (online questionnaires, interviews, direct observation), to fill this void in the literature. In this way, we show that the parliamentary staff in charge of digital communication are the most young professionals at the beginning of their careers looking for a professional springboard. If partisan differences exist, it should also be noted that this specialization is still relatively vague and undefined, both from the point of view of the tasks performed by these employees and the organization of the teams.
- Les acteurs de l'ombre. L'étude du profil des chargés de la communication numérique des partis politiques tunisiens - Bader Ben Mansour p. 67-79 Il existe dans la littérature scientifique sur la communication politique un manque de connaissance sur les acteurs en charge du numérique dans les partis politiques en période de campagne. L'étude de leur profil sociodémographique semble négligée par la communauté scientifique. Cet article propose de s'intéresser à ces acteurs dans le contexte électoral tunisien, quelques mois avant les premières élections municipales du 6 mai 2018 dans cette démocratie dite émergente. Trois types d'acteurs sont identifiés : les « Apparatchiks », les « Experts en communication » et les « Techniciens ». Les techniciens étaient, dans la grande majorité, parmi les « cyberactivistes » de la révolution tunisienne. Ainsi, l'expérience en « cyberactivisme » contestataire semble constituer une caractéristique propre au profil de certains acteurs en charge du numérique au sein des partis politiques tunisiens.There is a lack of knowledge in the scientific literature on political communication on the actors in charge of digital in political parties during campaign periods. The study of their socio-demographic profile seems neglected by the scientific community. This article proposes to focus on these actors in the Tunisian electoral context, a few months before the first municipal elections of May 6, 2018 in this so-called emerging democracy. Three types of actors are identified : the « Apparatchiks », the « Communication experts » and the « Tehnicians ». The technicians were, for the most part, among the « cyberactivists » of the Tunisian revolution. Thus, experience in protest « cyberactivism » seems to be a characteristic characteristic of the profile of certain actors in charge of digital within Tunisian political parties.