En période de forte demande de main d'œuvre, mais aussi et surtout parce que leur statut de citoyen de l'Union française leur donne la libre circulation depuis 1946, de nombreux Algériens se rendent en France après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Or cette migration nourrit les inquiétudes des pouvoirs publics et les expose à un ensemble de traitements spécifiques – le plus souvent discriminatoires – l'un d'entre eux étant leur identification dans le recensement, principale source de connaissance statistique des populations. En dérogation à la loi et au cadre égalitaire métropolitain, l'Insee met en œuvre, en 1954 et 1962, une méthode de reconnaissance onomastique pour distinguer les Algériens présents en France – dont la catégorie administrative la plus utilisée est « Français musulmans d'Algérie » – alors même que leur statut juridique est identique à celui des autres Français, et ainsi constituer des statistiques ethno-religieuses, en rupture avec les usages en matière de recensement.