Contenu du sommaire : Le mouvement ouvrier en mai 68
Revue | Sociologie du travail |
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Numéro | vol. 12, no 3, juillet-septembre 1970 |
Titre du numéro | Le mouvement ouvrier en mai 68 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Claude Durand p. 2 pages
- Politique et conjugaison : revendications et groupes professionnels en mai-juin 1958 - Daniel Vidal p. 17 pages Partant d'une définition du «politique » comme signe d'une série revendicative intégrée , fauteur applique son analyse au Mouvement de mai en y distinguant les revendications «signes », moments de la plus grande «conjugaison » des groupes et des thèmes , des revendications «ponctuelles » (degré zéro de politisation) et des revendications «symboliques » qui émergent de champs particuliers à signification partielle. Dans une seconde partie, D. Vidal dégage une pluralité de sens des revendications (additivité, analogie, isomorphisme ) de la multiplicité de leurs rapports aux catégories qui les émettent.
- Le Mouvement de mai et le système de relations professionnelles - Sami Dassa p. 18 pages Cette typologie des grèves de mai réalisée à partir de monographies d'entreprises distingue les grèves purement revendicatives, les grèves d'émancipation syndicale, les grèves rationalisatrices dominées par les cadres et les grèves pour la démocratisation de l'entreprise. Cette classification permet à l'auteur de retenir trois orientations principales du mouvement selon la diversité de leurs objectifs : l'orientation revendicative «syndicale », l'orientation vers le contrôle ouvrier et l'orientation cogestionnaire. Du point de vue du système de relations professionnelles les grèves de mai révèlent l'inadéquation du système de représentation du personnel dans l'entreprise avec les aspirations de la base.
- Les conflits et les enjeux à l'O.R.T.F. (revendication et contradiction) - Eliane Baumfelder p. 12 pages L'étude monographique du syndicat le plus représentatif de l'entreprise montre que mai a révélé les contradictions de logiques d'action opposées. Née de contradictions entre une gestion anachronique et une forte expression technologique, l'action revendicative interne, catégorielle, trouve ses limites lorsque sont en cause la finalité de l'entreprise, sa fonction culturelle et sa dépendance de l'Etat. Le Mouvement de mai a dévoilé les conflits latents qu'un syndicalisme trop institutionnalisé se refuse de voir.
- Une expérience d'autogestion en mai 1968 (émergence d'un système d'action collective) - Danièle Kergoat p. 19 pages On a souvent mis l'accent sur l'importance, au moins symbolique, de la revendication auto gestionnaire pendant les événements de mai-juin 1968. En réalité, il n'y eut qu'un nombre très limité d'expériences d'autogestion. Le cas présenté ci-dessous en est une. Son analyse révèle un paradoxe intéressant : si les principales caractéristiques objectives de l'acte autogestionnaire y sont effectivement présentes (reprise de la production et de la distribution sous la seule responsabilité ouvrière), on n'y trouve aucune des significations vécues généralement associées à l'autogestion. Il n'y eut, à aucun moment, constitution d'un «projet collectif » auto gestionnaire. S'interrogeant dès lors sur la signification réelle de cet acte, l'auteur découvre qu'il fut l'occasion et pour ainsi dire la condition nécessaire d'une structuration sociale de la masse ouvrière de l'usine, de sa constitution en un groupe conscient de sa diversité comme de sa solidarité et de la mise en place d'un système d'action efficace au regard de la structure de pouvoir de l'entreprise.
- La signification politique du Mouvement de mai, analyse de tracts syndicaux et gauchistes - Sonia Cazes, Claude Durand p. 16 pages Les théoriciens divergent dans leur appréciation de la signification politique du Mouvement de mai. L'analyse des documents, et en particulier des tracts par lesquels s'exprimaient en mai les différents acteurs, permet-elle de clarifier le débat ? Le poids donné d'une part aux thèmes de la revendication et de la négociation et d'autre part aux thèmes de la politisation et de la mobilisation est différent dans les syndicats ouvriers et dans les organisations étudiantes et «gauchistes ». L'analyse différencie également les contenus revendicatifs et politiques de la lutte. Mais si les «objectifs » divergeaient «l'affrontement » fut pour tous de nature politique.
- L'après-mai 1968 : grèves pour le contrôle ouvrier - Serge Mallet p. 19 pages Les luttes de mai en débordant la revendication «légaliste » et les formes d'action «organisées » ont lancé de nouveaux modèles d'actions spontanées de contrôle ouvrier qui continuent à se développer et dont fauteur fait le recensement au cours de l'année 1969 dans de multiples conflits : mouvements pour le contrôle de l'emploi, prise de contrôle des conditions de travail et des classifications , de l'organisation du travail et des horaires. Ainsi depuis mai 68 les luttes sociales ont changé de forme et de contenu, la base contrôle étroitement les luttes quelle déclenche, joue du «fait accompli » plutôt que de la négociation, conteste ainsi l'autorité patronale et impose un contrôle ouvrier sur la gestion.
Notes de recherche
- Revendications, orientations syndicales et participation de cadres à la grève - Roger Cornu, Marc Maurice p. 10 pages La hiérarchie des insatisfactions des cadres, exprimées avant comme après mai, montre que les revendications catégorielles ont fait place chez les cadres à des préoccupations nouvelles : participation aux décisions, formation, conditions de travail, emploi. Sauf pour la CGC, moins engagée dans le mouvement, la hiérarchie des revendications en mai diffère de la hiérarchie des insatisfactions, et des différences importantes apparaissent entre syndicats. Le thème revendicatif prédominant, la participation aux décisions, est ensuite disséqué dans ses différentes formes. Enfin les auteurs esquissent le rôle déterminant de la fonction professionnelle des cadres dans leur engagement dans la grève.
- Nouvelles pratiques de mobilisation dans la classe ouvrière - Pierre Dubois p. 7 pages Cette recherche portant sur 182 entreprises du textile et de la métallurgie étudie les conditions d'apparition des nouveaux modes de mobilisation que furent lors du Mouvement de mai les assemblées générales, l'occupation des entreprises, les comités de grève. Ils se trouvent liés aux étapes du Mouvement, aux caractéristiques des entreprises : taille, qualification du personnel et au mode de déclenchement, spontané ou organisé, du mouvement. Les grèves de mai-juin 68 amorcent le passage d'une mobilisation centralisée à une mobilisation décentralisée, ainsi que d'une opposition négociatrice à la pratique de l'action directe.
- Revendications, orientations syndicales et participation de cadres à la grève - Roger Cornu, Marc Maurice p. 10 pages
Notes critiques
- L'image-action de la société ou la politisation culturelle - Daniel Vidal p. 3 pages
- Les cadres en mai-juin 1968 - Renaud Dulong p. 3 pages
Comptes rendus
- Jacques Pesquet, Des soviets à Saclay, Cahiers Libres 127, 1968 ; Notre arme c'est la grève, La grève chez Renault-Cléon, Cahiers Libres 137, 1968 ; J. P. Talbo, La grève à Flins, Cahiers Libres, 1968 - Claude Durand p. 2 pages
- Jean-Marie Leuwers, Un peuple se dresse, Luttes Ouvrières mai 1968, 1969 - Pierre Dubois p. 2 pages
- Yannick Guin, La Commune de Nantes, Cahiers libres, n° 154, 1969 - Pierre Dubois p. 2 pages
- Philippe Bauchard, Maurice Bruzek, Le syndicalisme à l'épreuve, «Le monde qui se fait», 1968 - Claude Durand p. 1 page
- Albert Soboul, Les sans-culottes parisiens en l'an II. Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire (1793-1794), Collection Politique, n° 19, 1968 - Pierre Dubois p. 2 pages
- Informations - p. 5 pages