Contenu du sommaire : Marxisme et sociologie urbaine

Tout se conjugue ici pour donner l'impression qu'aucune issue n'existe, qui permette d'échapper à la crise. Les pouvoirs publics peuvent malaisément agir autrement qu'en instruments de la spéculation immobilière. Une municipalité progressiste et modernisatrice comme celle de Bologne, parce qu'elle s'appuie sur des alliances électorales trop vastes et trop hétérogènes, ne parvient pas à éviter des compromis désavantageux et immobilisants. A la lecture de ce constat désespérant, on se demande comment il se fait que, malgré des explosions sporadiques, le système fonctionne encore, c'est-à-dire ne provoque pas une défiance généralisée. A suivre... ?

Les articles de Monique Dagnaud et de Jean-Paul Alduy sont issus d'une recherche menée en commun par les deux auteurs sur le thème : La Ve République et l'aménagement de Paris (publication multigraphiée de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la Région d'Ile-de-France , Paris, 1977, 4 vol., 1200 p.). Au cours de leur travail, les auteurs ont bénéficié d'un large accès à des informations de première main, qui leur ont permis de restituer, avec minutie, l'histoire d'une vaste entreprise, aussi importante que mal con¬ nue : l'aménagement de la Région parisienne, des années trente à nos jours. En s'attachant plus particulièrement à retracer l'histoire des institutions qui ont servi de support à la planification urbaine de la région parisienne, Monique Dagnaud met en valeur le paradoxe d'une innovation institutionnelle — celle du District parisien — , résultat d'un compromis entre la volonté centralisatrice du gouvernement et les revendications de pouvoir des élus, et qui cependant, profitant de conditions exceptionnelles, se développe de sa vie propre et connaît un succès inattendu. Toutefois ce phénomène de renforcement de l'appareil d'État ne survit pas aux conditions qui l'ont favorisé : devenu volumineux, il est aussi devenu perméable aux conflits sociaux qu'il a, largement, contribué à développer.

Le propos de l'auteur est de reconstituer, et de mettre en relations, l'histoire des institutions parisiennes chargées de la planification urbaine, l'histoire de la succession des plans d'aménagement et des avatars de leurs contenus, et enfin l'histoire de la politique urbaine effective, de la période 1930-1975. Sans nul doute la vue d'ensemble qui est proposée ici est la plus ambitieuse et la plus riche en informations originales qu'on puisse avoir sur un sujet paradoxalement important et encore très mal connu.

Après avoir rapidement retracé les origines de la «nouvelle sociologie urbaine » et ses développements marxistes, Szelenyi en montre les limites. Le concept de «mode de production » et plus encore le «niveau de production » ne suffisent à expliquer la nature de l'urbanisation dans différentes sociétés : il faut alors faire appel à «l'autonomie relative de l'État », ce qui n'est guère plus satisfaisant. L 'auteur voit dans «les positions de classe dans le système de redistribution régionale » une issue à ces difficultés et en montre l'intérêt à propos surtout de la Hongrie et de l'Australie.