Contenu du sommaire : S'habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome (II)
Revue | Revue historique |
---|---|
Numéro | no 642, avril 2007 |
Titre du numéro | S'habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome (II) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
S'habiller et se déshabiller en Grèce et à Rome (II)
- Le héraut entre l'éphèbe et le satyre - C. Goblot-Cahen p. 259 Dans l'iconographie grecque, le héraut revêt une apparence caractéristique : court vêtu, coiffé, botté, barbu, pourvu d'un caducée, il a la silhouette d'un homme léger et gesticulant proche de celle de son patron Hermès. Cette silhouette exprime des qualités de rapidité et de débrouillardise qui sont celles que l'on attend des éphèbes et des estafettes. Le héraut présente aussi des affinités avec le personnage du satyre dont les performances chorégraphiques pourraient être une transposition de la course du héraut-courrier. On a là les éléments d'un Ideal-typus dans lequel pouvaient se reconnaître les membres du groupe au demeurant très varié que constituaient les hérauts ; ils ont pu contribuer à façonner la personnalité de leur patron Hermès.The appearance of the herald in Greek iconography is characteristic : wearing short clothes, boots, a hat, a beard, and a caduceus, he dons the silhouette of a light and gesticulating man looking like his patron Hermes. This silhouette betokens qualities of swiftness and cuteness which are expected from ephebs and estafettes. The herald presents also some similarities with the satyr whose choregraphic performances may be a transposition of the run of a courier-herald. These are the elements of an Ideal-typus in which all the members of the group of heralds, however diversified it may be, could recognize themselves ; they could have played a great part in shaping the personality of their patron Hermes.
- Le héraut entre l'éphèbe et le satyre - C. Goblot-Cahen p. 259
Culture et politique (I)
- Sociologies de la contrainte en Histoire. Grands modèles et petites traces - G. Bartholeyns p. 285 Une confrontation des sociologies de la contrainte fait apparaître des contradictions profondes. La seule manière de les résoudre consiste à relativiser la suffisance descriptive de ces sociologies et à proposer des alternatives à une échelle de complexité supérieure. Identifier les limites et les conceptions que les théories imposent à celui qui réfléchit sur la contrainte en société, mettre à plat et remettre dans le temps les différents facteurs qui interviennent dans l'observation d'une règle ou dans sa transgression, ce sont les conditions, les premières, pour penser le fait normatif dans toute son épaisseur. Or, en la matière, l'historien ne semble pas avoir fait son « tournant pragmatique ». Par un sociologisme paradoxalement excessif, où dominent les faux dualismes, il a oublié d'interroger historiquement les intérêts et les valeurs, les situations internormatives, les systèmes normatifs, les sensibilités individuelles, les circonstances et les espaces de la vie, la socialisation, la responsabilité. Un modèle à géométrie variable lui est pourtant d'autant plus utile que son accès au social est indirect et partiel. Les interdits et les contraintes induisent un comportement : mais cette réalité lui échappe largement. Cette situation d'enquête, assez différente de celle de ses collègues qui étudient des sociétés vivantes, est toutefois porteuse de méthodes dont l'intérêt peut être général. C'est à ces questions traitées successivement – à quoi tient l'efficacité d'une prescription, et comment connaître la réalité comportementale en histoire ? – que l'on tente d'apporter une réponse réaliste.If we confront social theories of constraint with each other, flat contradictions appear. The only way of resolving these is to deny that the theories are descriptively sufficient and to put forward alternatives at a higher level of complexity. Thus, identifying the limits and conceptions imposed by the theories on us as thinkers about constraint in society ; and bringing out and putting into context the various factors participating in the observance of a rule or its transgression – these become the primary conditions for thinking about normative facts in all their complexity. However, the historian does not seem to have accomplished this « pragmatic turn ». He/she has omitted, in a fit of paradoxically excessive sociologism dominated by false dualities, to investigate historically such things as interests and values, internormative situations, normative systems, individual sensibilities, life circumstances and spaces, socialisation and responsibility. A variable model, however, is all the more useful to the historian the more indirect and partial his/her access to the social. Prohibitions and constraints induce behaviour – but the reality of the behaviour is far out of his/her reach. This kind of inquiry, quite different from his/her colleagues' study of living societies, nevertheless involves methods that can be of interest generally. I attempt to answer realistically the following questions in turn : what is it that gives efficaciousness to a prescription, and how can we know the reality of behaviour in history ?
- Le contentieux électoral sous le Directoire. Monisme et pluralisme dans la culture politique de la France révolutionnaire - B. Gainot p. 325 Il faut remettre en cause une certaine vulgate concernant le prétendu « illibéralisme » de la pensée républicaine de la décennie révolutionnaire. Pour cela, le phénomène électoral observé à plusieurs niveaux – la législation, les pratiques, les débats – est un bon test. Certaines avancées légales, dont on souligne complaisamment l'échec, comme le problème des candidatures, doivent être relativisées. Certaines pratiques, comme les scissions d'assemblées, ne relèvent certainement pas d'une culture pluraliste. En revanche, les débats sur les validations électorales de 1797 à 1799 sont d'une très grande richesse, et révèlent que l'un des enjeux était bien le pluralisme politique. Ce dernier peut s'exprimer par le respect du principe majoritaire, ou par la compétition de minorités organisées. Il est explicitement revendiqué lorsque le coup d'État de Brumaire vint interrompre une réflexion marquée par l'expérimentation, et empreinte de pragmatisme.It is necessary to question a certain dogma regarding the alleged « illiberalism » of republican thought during the revolutionnary decade. For that purpose, a proper test consists in observing the electoral phenomena at several levels, i.e. legislation, practices, and debates. Some legal developments, which failure has been amply emphasized, shall be reconsidered and absolutely do not characterize a pluralist culture. On the other hand, debates regarding validations of the election results that took place between 1797 and 1799 are of great interest and bring to light the fact that political pluralism was a major issue. This pluralism may take the form of implementation of the majority principle, or competition between organized minorities. Political pluralism was explicitly asserted when the « coup » of Brumaire interrupted the reflection process which was characterized by experimentation and dominated by pragmatism.
- L'histoire politique face à l'histoire culturelle : état des lieux et perspectives - S. Hazareesingh p. 355 En France, le face-à-face entre l'histoire politique et l'histoire culturelle a été stimulant, débouchant sur une imprégnation des problématiques culturelles dans la recherche sur l'histoire politique contemporaine, avec l'émergence d'un champ qui pourrait être caractérisé comme une « histoire culturelle du politique ». Cet article se propose d'en faire un bref état des lieux, avant d'évaluer ce que ces nouvelles orientations ont apporté à nos connaissances : notamment, une meilleure compréhension du poids de la sensibilité, et du caractère complexe des identités collectives. L'histoire culturelle a également permis de rendre une densité diachronique à une histoire politique qui, en France, est trop souvent captive de l'événementialisme.In France the encounter between political history and cultural history has been mutually enriching, giving rise to an impregnation of cultural problematics in research on contemporary political history, with the emergence of a field which may be characterized as the « cultural history of the political ». This article will offer a brief overview of this field, before appraising its contributions to our scientific understanding of contemporary French history : in particular, a better appreciation of the role of sensibility, and of the complex character of collective identities. Cultural history has also helped to restore a diachronic density to a political history which in France is too often beholden to the study of the immediate past.
Mélanges
- Sociologies de la contrainte en Histoire. Grands modèles et petites traces - G. Bartholeyns p. 285