Contenu du sommaire : Le chômage, politiques d'emploi et action collective
Revue | Sociologie du travail |
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Numéro | vol. 23, no 2, avril-juin 1981 |
Titre du numéro | Le chômage, politiques d'emploi et action collective |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Claude Durand p. 5 pages
- L'évolution récente des politiques d'emploi dans les groupes industriels - Bernard Soulage p. 15 pages Une question centrale : les groupes industriels constituent-ils un lieu où il soit possible d'observer des politiques sociales homogènes? S'il était possible de repérer des variations dans les politiques sociales des groupes jusqu'en 1976/1978, les années 1979/1980 marquent une tendance à l'homogénéisation vers le bas de toutes les politiques sociales , extensions géographiques de pratiques déjà rodées hors des frontières. Cette banalisation des politiques sociales s'accompagne d'une disparition de la problématique du capital humain développée par certains groupes industriels.Central management : is it possible to observe homogeneous social policies within industrial groups ? If it was possible to pick out the variants in social policies of groups between 1976 and 1978, the years 1979 and 1980 show a marked tendancy towards the homogenization of the basis of all social policies and the geographical expansion of well-established practices across the frontiers. This standardization of social policies is accompanied by the disappearance of the problematics of human capital which have been developed by certain industrial groups.
- L'organisation des rapports Etat-Industrie en matière d'emploi - Michel Raimbault, Jean-Michel Saussois p. 14 pages Au-delà des discours politiques sur le thème du désengagement de l'État, les cinq dernières années ont vu s'intensifier et se redéfinir les relations entre l'Etat et l'Industrie. A travers deux exemples significatifs les auteurs cherchent à cerner la nature et les formes de cette évolution dans le domaine de l'emploi. La transformation des missions et des modes de fonctionnement de l'ANPE d'une part, l'apparition de nouveaux organes et dispositifs publics (FSAI , CIDISE, CODIS ) et privés (sociétés de conversion) qui influent sur la localisation des emplois d'autre part, témoignent d'une interpénétration croissante des logiques d'action de l'Etat et des groupes industriels. Cette redistribution des rôles vise-t-elle seulement à légitimer, par des démonstrations d'efficacité locale, les pratiques actuelles publiques et privées face à la crise (mesures de redéploiement), ou jette-t-elle les bases d'un nouveau «compromis » entre l'Etat et l'Industrie ?Beyond political speeches on State disengagement, the last 5 years have seen the intensification and redefinition of the relations between the State and Industry. Through the use of two relevant examples, the authors seek to determine the nature and form of this development in the field of employment. The transformation of missions and working methods of A.N.P.E. on the one hand, and on the other, the appearance of new organisms and systems public as well as private which influence the localization of jobs, witness an increasing interpénétration of the logic of action taken by the State and by industrial groups. Does this redistribution of roles aim to make, through demonstrations of local efficiency, the public and private practices, in the face of the crisis, legitimate (measures of redeployment) or, is it casting the basis for a new «compromise » between the State and Industry ?
- Le chômage des jeunes : des «vécus» très différents - Jacques Le mouël p. 10 pages L'auteur présente une typologie des vécus du chômage qu'il explique par la représentation que les intéressés se font du travail. Le chômage est vécu comme «maladie » et expérience traumatisante par les jeunes qui aspirent à une insertion professionnelle et à une intégration sociale et qui perçoivent le travail comme une obligation sociale et un devoir moral. Inversement les jeunes qui remettent en cause le travail et dénoncent ses contraintes banalisent le chômage et le vivent comme temps libre et libération.The author presents a typology of unemployment experiences which are explained by the way the young unemployed see work. Unemployment is experienced as a «disease » and a trauma by youth who aspire to integrate themselves into both the world of work integration at work and the society at large, and who perceive work as a social duty and a moral obligation. On the other hand, youth who question work and denounce its constraints transform unemployment into a common event. They experience their unemployment as free time and liberation. moral obligation. On the other hand, youth who question work and denounce its constraints transform unemployment into a common event. They experience their unemployment as free time and liberation.
- Chômage et action collective - Olivier Galland, Marie-Victoire Louis p. 19 pages Les auteurs s'interrogent sur les conditions d'émergence de l'action collective pour l'emploi. Si n'existent pas de mouvements de chômeurs c'est qu'avec la communauté de travail disparaît l'identité collective des chômeurs. Les chômeurs refusent même de s'identifier à leur condition et se culpabilisent. Les luttes pour l'emploi sont celles d'ouvriers qui sont encore dans l'usine. La seconde raison de la démobilisation devant le chômage est l'absence de représentation politique du chômage. Celui-ci est perçu comme accident individuel ou fléau social sans responsabilisation d'un acteur social.The authors try to set out the conditions for the emergence of collective action for employment. If there are no movements of the unemployed then, it is because the collective identity of the unemployed disappears with their work community. The unemployed even refuse to identify with their condition and blame themselves for it. Struggles for employment are developed by those workers who are still in the plants. Another reason for demobilisation among the unemployed is the absence of a political representation of unemployment. The latter is perceived as an individual accident or a social plague, and no social actor is identified as responsible for the situation.
- L'emploi et la crise aux U.S.A. : le déplacement de l'action syndicale - Olivier Kourchid p. 26 pages L'analyse de 0. Kourchid présente les difficultés rencontrées par les syndicats aux USA face à l'augmentation du chômage et des licenciements. Les actions syndicales pour tenter de préserver l'emploi se soldent par peu de résultats significatifs , mise à part l'assistance aux chômeurs. Les raisons exposées sont que les vieux modèles de sécurité (implantation syndicale et négociation collective) se sont usés , et que les «nouveaux » canaux envisageables (législation et contreplans économiques au niveau local) n'ont pas réussi. Les restructurations économiques et l'antagonisme patronal se combinent pour empêcher les syndicats de progresser dans le domaine de la sécurité. Ce qui est en jeu, c'est V issue politique de la désyndicalisation. L'action directe à la base semble la seule façon de renverser cette tendance.O. Kourchid analysis presents the difficulties faced by labor unions in the United States as they confront increasing unemployment and layoffs. In their attempt to preserve jobs, the unions' actions have led to few significant results aside from aid to the unemployed. The reasons are that old frameworks of security union organization and collective bargaining have «worn out » and possible «new » channels (legislation and plant takeovers at the local level) have been unsuccessful. Economic restructuring and the antagonism of employers combine to prevent unions from marking any gains in job security. At stake is the political resolution of disunionization. Direct action by the rank and file seems to be the only way to reverse this trend.
- La violence à Longwy - Claude Durand p. 12 pages Le conflit de Longwy s'est singularisé par l'originalité de ses formes d'action mais aussi par son degré de violence. L'article analyse les arguments avancés par les militants syndicaux et par les ouvriers pour légitimer la violence de cette lutte pour l'emploi : provocations , responsabilités patronales et gouvernementales. Il souligne d'autre part les limites d'une stratégie violente : risque de retourner l'opinion publique, de s'isoler. Le problème est posé du rapport de la violence au pouvoir. La violence des luttes n'est pas violence délinquante , elle est instrumentale et signifiante.The Longwy conflict is unique not only because of the originality of its forms of action, the intensity of its violence. The article analyses the arguments used by union activists and workers to legitimate this violence in the struggle over their jobs. The reasons they give include provocations as well as management and government actions. The article also emphasizes the limitations of a strategy of violence : mainly the risk of creating backlash in public opinion that isolates the worker's movement. The author poses the question of the relationship between violence and power. In these struggles, violence is not criminal. Rather, it is instrumental and meaningful.
Note critique
- Le marché du travail comme niveau d'analyse de la structure de classes - Cecilia Casassus-Montero p. 9 pages
- Ouvrages reçus - p. 2 pages
- Aperçu bibliographique - p. 4 pages
Comptes rendus
- F. Bourricaud, Le Bricolage idéologique. Essai sur les intellectuels et les passions démocratiques, coll. Essais, 1980 ; A.W. Gouldner, The Future of intellectuals and the rise of the New Class, «Critical social studies», 1979 - Pierre Tripier p. 4 pages
- Jean-Paul de Gaudemar, La Mobilisation générale, 1979 - Catherine Rhein p. 3 pages
- Patrice Calembert, L'Entreprise et ses Travailleurs, coll. «Objectifs», 1979 - Maurice de Montmollin p. 1 page
- Gustave-Nicolas Fischer, Espace industriel et Liberté, l'autogestion clandestine, «Espace et Liberté», 1980 - Claude Durand p. 2 pages
- W.J.H. Mackenzie, Pouvoir, violence, décision, coll. «Sociologie d'aujourd'hui», 1979 - Pierre Tripier p. 2 pages
- English summaries - p. 2 pages