Contenu du sommaire
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | vol. XXXV, no 2, cotobre 2020 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Une introduction simple à la nouvelle macroéconomie ouverte - Jean-Christophe Poutineau p. 3-50 Cet article propose un modèle néo-keynésien simple d'une petite économie ouverte pour introduire les principaux mécanismes de la macroéconomie ouverte. Notre objectif est de présenter quelques résultats de base du domaine (tels que les résultats de Mundell-Fleming sur l'effet de la politique économique sous des régimes de taux de change polaires) et d'offrir une extension de ce cadre pour analyser les questions liées à l'évolution récente de l'ajustement international comme les conséquences de la fragmentation internationale de la production et le développement de l'échange des biens intermédiaires qui lui est associé ou la conduite de décisions optimales de politique monétaire dans le cadre de taux de change flexibles.This article proposes a simple neo-Keynesian model of a small open economy to introduce the main mechanisms of open macroeconomics. Our aim is to present some basic results from the field (such as Mundell-Fleming's results on the effect of economic policy under polar exchange rate regimes) and to offer an extension of this framework to analyze further questions linked to recent developments in the field, such as the consequences of the international fragmentation of production and the development of the exchange of intermediate goods associated with it or the conduct of optimal monetary policy decisions in the context flexible exchange rates.
- Les trous noirs de la monnaie pleine - Laurent Le Maux p. 51-79 Le présent article examine la proposition en faveur du 100% money ou de la monnaie pleine qui rend obligatoire la couverture intégrale des dépôts à vue par de la monnaie émise par la banque centrale et qui vise ainsi à interdire aux banques commerciales de procéder à une « création » de monnaie. Il souligne cependant que la réflexion autour de la transférabilité des dépôts à terme ou comptes d'épargne en dépôts à vue reste insuffisante alors même qu'une telle transférabilité réamorce le processus de « création » de monnaie, processus que la proposition de la monnaie pleine ou du 100% money est censée supprimer. Il en déduit alors une série de paradoxes.The present paper examines the proposition in favour of 100% money or plain money, that makes compulsory the full-backing reserve of demand deposits by the central bank money and, hence, prohibits commercial banks from proceeding to « creation » of money. It points out however that the reflexion about the transferability of time deposits or saving accounts into demand deposits remains unsatisfactory, even though such a transferability restarts the process of « creation » of money that 100% money or plain money proposition is supposed to cancel. It then deduces a collection of paradoxes that enlightens the nature of liquidity.
- Évaluer le coût des politiques climat-énergie à base de renouvelables. Du bon usage des modèles d'optimisation sectorielle - Dominique Finon p. 81-127 Beaucoup de pays ont adopté une politique de transition bas carbone dans le secteur électrique qui est inefficiente car fondée principalement sur la promotion des énergies renouvelables (EnR) à grande échelle, à côté d'une tarification du carbone dont le rôle est totalement mineur. Dans cet article on s'intéresse aux exercices d'évaluation de ces politiques par comparaison avec des politiques qui placent toutes les technologies bas carbone sur le même plan, ce qui se fait avec des modèles complexes. Trois exercices montrent que les parts optimales des EnR à apports variables (EnRv) sont basses (au maximum 15 %), quel que soit le niveau du prix du carbone, même après prise en compte des sources de flexibilité (stockage, pilotage de la demande, intégration avec les systèmes voisins, usages intersectoriels des surplus des productions EnRv) qui rehaussent la valeur d'usage des EnRv. Mais ces résultats contrastent avec ceux d'un exercice très approfondi de l'Ademe qui, sans que soient testés des scénarios avec des hypothèses réalistes sur la flexibilité, prouveraient que le système électrique peut reposer de façon économique sur les seules EnR, en évacuant les autres technologies bas carbone dites « pilotables », dont le nucléaire. Cette comparaison met en évidence l'importance des hypothèses faites sur les diverses sources de flexibilité et les institutions nécessaires pour coordonner leur développement avec celui des EnRv, hypothèses qui expliquent les résultats en faveur des EnRv et en défaveur des technologies bas carbone pilotables.Many countries have adopted a low-carbon transition policy in the power sector that is inefficient because it is mainly based on the promotion of variable renewable energy sources (VRE) at large scale, alongside carbon pricing which has only a minor role. This paper focuses on exercises to evaluate these policies in comparison with policies that place all low-carbon technologies on an equal footing, which is done with complex modelling of electricity system with large share of VREs. Three exercises show that the optimal shares of VRE are low (maximum 15%), whatever the level of the carbon price, even after taking into account the sources of flexibility (storage, demand management, integration with neighbouring systems, intersectoral coupling) that enhance the value of the VREs. But these results contrast with those of a very thorough exercise by Ademe which, without testing scenarios with realistic assumptions on flexibility, would prove that the power system can economically rely on VREs alone, without dispatchable low-carbon technologies, including nuclear. This comparison highlights the importance of the assumptions made about the various sources of flexibility and the institutions needed to coordinate their development with that of VREs, assumptions that explain the results in favour of VREs and against dispatchable low-carbon technologies.
- Les traitements différenciés dans les marchés de droits à polluer - Jean-Philippe Nicolaï p. 129-154 Le présent article apporte un éclairage sur la mise en place d'un marché de droits à polluer, en traitant de l'introduction de traitements différenciés. Cette différenciation est susceptible de prendre différentes formes, selon qu'elle porte sur l'allocation de droits à polluer ou qu'elle convoque différents types de permis, et confère aux régulateurs des outils supplémentaires. Les traitements différenciés, et tout particulièrement la différenciation de la distribution des droits à polluer, peuvent aussi s'expliquer à l'aune de l'économie politique et comme outil de politique industrielle.In this article, the implementation of a market for rights to pollute is examined, by dealing with the introduction of differentiated treatment. This differentiation is likely to take different forms, depending on whether it is based on the allocation of rights to pollute or whether it calls for the coexistence of different types of permits, and gives regulators additional tools. Differentiated treatment, and especially differentiated distribution of pollution rights, can also be explained in terms of political economics and as a tool of industrial policy.
- Formations et carrières mathématiques en France : un modèle typique d'excellence ? - Pierre-Michel Menger, Colin Marchika, Yann Renisio, Pierre Verschueren p. 155-217 L'excellence des mathématiques françaises est reconnue de longue date. Parmi les facteurs qui expliquent cette position figurent certains ressorts classiques, telles les épreuves sélectives de formation et de recrutement des talents, mais dont l'action est plus précoce et cumulative que dans les autres sciences. La culture du défi à la fois ludique et compétitif qui nourrit l'histoire des résolutions de problèmes et conjectures, dans cette discipline plus individuelle et détachée du travail empirique, a son versant organisationnel : la compétition pour les emplois y est plus ouverte et anti-localiste, et l'avantage procuré initialement par des emplois de pure recherche n'est pas systématiquement exploité pour éloigner les meilleurs mathématiciens de l'enseignement. Ces traits font système, mais agissent-ils aussi pour créer des mécanismes pénalisant les carrières féminines, particulièrement minoritaires ? Notre analyse s'appuie sur un corpus vaste et inédit de données de carrière et de publications, sans équivalent à ce jour.The excellence of French mathematics has long been recognized. This remarkable position is explained by certain classical factors, such as the selective tests for training and talent recruitment, but their effect is more precocious and cumulative than in the other sciences. The culture of playful and competitive challenge that nourishes the history of conjecture and problem solving, in this individualistic discipline detached from empirical work, has its organizational side : competition for jobs is more open and opposed to inbreeding, and the advantage initially gained through pure research jobs is not systematically exploited to keep the best mathematicians away from teaching. These traits adhere as a system, but do they also act to create competitive dynamics that penalize female careers, which are particularly under-represented ? Our analysis is based on a vast corpus of career and publication data, which is unparalleled to date.