Contenu du sommaire : Mondes arabes, dix ans après

À l'automne 2020, une campagne de boycott des produits français était lancée dans plusieurs pays musulmans pour protester contre l'« islamophobie » qui régnerait en France. Des journaux anglo-saxons déploraient, eux aussi, ce climat antimusulman. Si le président Emmanuel Macron s'élevait contre une telle interprétation, la France, qui il y a une quinzaine d'années encore était le pays occidental le plus populaire dans le monde musulman, semble depuis devenue le plus impopulaire. En la matière, une certaine spécificité historique française semble s'être effacée derrière une conjonction de raisons diplomatiques et de politique intérieure.

Au regard de la généralisation des pratiques d'ensemencement de nuages, il semble primordial d'en analyser les enjeux géostratégiques croissants, parmi lesquels, d'abord, leur potentiel d'intensification des tensions géopolitiques. Ces tensions entrent dans le cadre plus large des nouveaux rapports de force qui se structurent autour de la modification de la météo, et notamment des relations commerciales qui apparaissent entre les pays détenteurs et les pays clients de ces techniques. En outre, l'incertitude environnementale qui les entoure laisse présager une multiplication des conflits liés à leur utilisation, et souligne le besoin accru d'un encadrement juridique à l'échelle nationale comme internationale.

Conçu depuis 1996, le projet de construction du chemin de fer Chine-Kirghizstan-Ouzbékistan, reliant l'Ouest du Xinjiang à l'Asie centrale via le Kirghizstan, reste encore en suspens. Malgré l'importance de cette connexion ferroviaire pour les pays concernés et les demandes massives d'infrastructures en Asie centrale, des désaccords fondamentaux, comme le tracé de la ligne au Kirghizstan, le montage financier et l'écartement des voies, freinent l'avancée du projet. Or cette liaison ferroviaire est stratégique pour la Chine dans ses projets de développement d'interconnexions vers le Moyen-Orient d'une part, et afin de fluidifier les flux de marchandises d'autre part.

La République de Guinée possède deux des dernières forêts primaires de la planète : Ziama et Diécké. Bien que protégées, celles-ci sont menacées, et avec elles les importantes réserves de biosphère qu'elles abritent, par la pression des activités humaines. D'une part, l'extension des terres agricoles pour répondre aux besoins alimentaires d'une population croissante se fait au détriment des espaces forestiers. D'autre part, leur exploitation industrielle par des sociétés telles que Forêt Forte est susceptible de bouleverser des équilibres fragiles. La région de la Guinée forestière incarne ainsi les équilibres fragiles et les intérêts contradictoires du monde contemporain, entre développement économique, croissance démographique, protection de l'environnement, enjeux de santé publique et droits humains.

Le dilemme de la politique étrangère turque, condamnée à un équilibrage actif de ses relations d'une part pour remédier à l'indécision, voire le flou stratégique, des États-Unis et de l'Europe au Moyen-Orient, d'autre part pour faire face à l'hégémonie russe dans la région, s'est transformé en une véritable contrainte stratégique pour Ankara. La Turquie a fait le choix de réévaluer le concept et la doctrine d'emploi de ses forces armées à l'étranger, en élaborant une vision stratégique alliant le hard power au soft power, pour mieux satisfaire ses intérêts nationaux. Elle s'efforce ainsi de mettre en œuvre une politique étrangère indépendante en tenant compte des évolutions régionales et des réalités tirées du terrain, sans s'éloigner de la realpolitik, afin de limiter toute dépendance stratégique.