Contenu du sommaire : L'avenir de l'intermédiation financière
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 142, 2eme trimestre 2021 |
Titre du numéro | L'avenir de l'intermédiation financière |
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- Avant-propos - p. 9-10
Visions transversales
- L'avenir de l'intermédiation financière en Europe - Denis Beau p. 13-28 L'intermédiation financière européenne et la monnaie sortiront profondément remodelées des transformations en cours, dont la crise de la Covid-19 constitue un facteur d'accélération. Au lieu d'éliminer un modèle d'intermédiation centré sur les banques, ces transformations peuvent conduire à rebattre les cartes autour de quatre grands modèles, au bénéfice de meilleures expériences utilisateurs, d'un financement plus diversifié de l'économie et d'une plus grande efficience du système financier. Cependant, ces transformations sont aussi porteuses de perturbations et de risques d'ampleur potentiellement systémique. Dans ce contexte, le rôle des régulateurs, des superviseurs et des banques centrales est de contribuer à maintenir la confiance et d'encourager l'innovation en adaptant leurs actions pour garantir une bonne maîtrise de ces risques.European financial intermediation and money will end up being completely remodelled by the transformations under way, which have been accelerated by the Covid-19 crisis. Rather than eliminating the bank-focused intermediation model, these transformations can lead to a reshuffling of the market around four main models, which can in turn enhance user experiences, provide more diversified financing for the economy and make the financial system more efficient. However, these transformations also have the capacity to cause disruption and pose potentially systemic risks. In this context, the role of regulators, supervisors and central banks is to help maintain trust and foster innovation – including by adapting their operational framework – to ensure these risks are properly contained.
- L'inexorable dérive du système financier - Vivien Levy-Garboua, Gérard Maarek p. 29-47 Le système monétaire et financier des pays développés est en évolution constante, reflétant les changements majeurs de leur environnement technologique, politique et social. Après le « capitalisme national administré » de l'après-guerre et le « capitalisme libéral mondialisé » des années 1980-2010, nous entrons dans une ère nouvelle, où les crises systémiques s'enchaînent, mettant un coup d'arrêt à la mondialisation et au multilatéralisme. On assiste dès lors à une remise en cause des principes de gestion qui prévalaient naguère et à la tutelle croissante des États. Nous caractérisons sept évolutions qui résultent de la lente dérive du cadre financier, qui vont bouleverser la politique monétaire et le rôle des banques centrales dans la décennie à venir. Cette dérive inexorable entraîne le système financier vers les eaux dangereuses de l'inflation et de la « répression financière ».The monetary and financial system of developed countries is in constant move, to accommodate changes in the technological, political and social conditions. After a period of “national welfare capitalism”, post WWII, and the “global liberal capitalism” spreading over the 1980-2010 period, we enter a new era, where systemic crisis follow one another, putting a stop to globalization and multilateralism. The rules and principles that used to prevail are no longer accepted and state supervision is tighter. We try to characterize the slow move of the financial system: on the monetary side, we put forward seven statements which, in our opinion, will shape monetary policy and the role of central banks in the years to come. This inexorable drift brings the financial system towards a dangerous, old fashioned return of inflation and financial repression.
- Le "shadow banking" : forme structurelle du capitalisme bancaire financiarisé - Yamina Tadjeddine p. 49-61 La crise de 2008 avait stigmatisé le système bancaire parallèle ou banque de l'ombre comme un travers du système bancaire traditionnel, résultat de comportements opportunistes cherchant à profiter des trous de la réglementation. Certains avaient réclamé sa disparition. Loin d'avoir disparu, le shadow banking a poursuivi son essor. Il ne peut plus être abordé comme un phénomène marginal, mais doit désormais être analysé comme une « forme structurelle » du système financier et bancaire contemporain : il façonne le rôle et les fonctions des acteurs majeurs du système économique (État, banque centrale), en assure la viabilité, mais aussi est au cœur de sa fragilité. Cet article souligne le rôle essentiel du shadow banking dans la transformation de la hiérarchie de la liquidité monétaire (1ère partie) et dans le maintien des activités bancaires et financières malgré un contexte économique dégradé (2e partie).The 2008 crisis had stigmatized the shadow banking system as resulting of deviant behavior of banks seeking to take advantage of regulatory loopholes. Some had called for its disappearance. Far from having disappeared, shadow banking in 2021 can no longer be approached as a marginal phenomenon. It must now be analyzed as the structural form of the contemporary financial and banking system: it shapes the role and functions of the members of the system, ensures its viability but is also at the heart of its fragility. This article highlights the essential role of shadow banking in transforming the hierarchy of monetary liquidity (Part 1) and in maintaining banking and financial activities despite a deteriorated economic context (Part 2).
- Analyse comparée de l'intermédiation financière dans la zone euro et aux États-Unis - Céline Choulet, Laurent Quignon p. 63-85 Au lendemain de la crise financière de 2008, la zone euro a connu une profonde reconfiguration de son système financier. À défaut de bénéficier des facteurs clés qui ont soutenu le développement de la finance de marché aux États-Unis, le mode de financement de l'économie européenne ne s'en est pas pour autant trouvé radicalement transformé. Si les modalités d'intervention des banques centrales étaient, de part et d'autre de l'Atlantique, adaptées aux physionomies respectives des systèmes financiers, les crises récentes ont contribué à réduire leur polarisation. Il apparaît, enfin, que les structures de financement des économies n'ont pas tant d'effet sur la nature des contreparties de la masse monétaire que sur la taille de cette dernière en proportion de la richesse nationale. Deux singularités américaines (la relative concomitance des entrées et des sorties de capitaux et la titrisation de créances) contribuent à expliquer ce phénomène.Following the 2008 financial crisis, the eurozone financial system was profoundly reconfigured. In the absence of the key factors that supported the development of market finance in the United States, however, the way the European economy is financed has not been radically transformed. While central banks' interventions were adapted to the respective characteristics of the financial systems on both sides of the Atlantic, recent crises have reduced their polarisation. Finally, it appears that the financing structures of economies do not have as much effect on the nature of the counterparts of the money supply as on the size of the latter in proportion to national wealth. Two unique features of the US (the relative co-occurrence of capital inflows and outflows and loan securitisation) help explain this phenomenon.
- Vers un investissement vraiment responsable ? - Guillaume Vuillemey p. 87-97 La « responsabilité sociale » des investisseurs est au cœur de nombreux débats actuels. Cet article interroge le passé et le futur de ce concept. Tout d'abord, il montre que l'« investissement socialement responsable » est historiquement une contradiction dans les termes : la figure de l'investisseur– un apporteur de capitaux qui ne s'implique pas dans la gestion d'une entreprise – n'a pu apparaître que le jour où la responsabilité des actionnaires a été limitée. Comprendre la révolution qu'a été la généralisation de la responsabilité limitée permet ensuite d'éclairer nombre de débats contemporains sur l'investissement « socialement responsable » et de mettre en évidence ses limites. Enfin, cet article plaide en faveur de formes alternatives, plus fortes, de responsabilité des investisseurs qui, si elles étaient introduites, bouleverseraient en profondeur l'intermédiation financière.The “social responsibility” of investors is at the heart of a number of contemporary debates. This paper questions the past and the future of this concept. First, it shows that “socially responsible investment” is historically a contradiction in terms: the figure of the investor – who provides capital but does not participate to the management of a firm – could only appear when the liability of shareholders was limited. Understanding the revolution introduced by the generalization of limited liability helps to shed light on contemporary debates on “socially responsible” investment, and to highlight its limitations. Finally, this paper argues in favor of alternative, stronger, forms of investor liability. If implemented, these proposals would deeply change the structure of financial intermediation.
- L'intermédiation bancaire : la grande transformation - Dominique Plihon p. 99-115 L'intermédiation bancaire a constamment évolué au cours des dernières décennies pour s'adapter aux mutations de l'environnement économique et réglementaire. Cet article retrace les principales étapes de cette transformation, qui va de la banque « ennuyeuse » de la période des Trente Glorieuses jusqu'au stade actuel du shadow banking, au cœur de la grande crise financière de 2008. Une typologie comparée des principales formes d'intermédiation est présentée. Les développements récents et à venir de l'intermédiation bancaire dans le contexte de la révolution numérique sont également analysés.Banking intermediation has constantly evolved over the last decades to adapt to the changes in the economic and regulatory environment. This article traces the main stages of this transformation, from the “boring” banks of the “Trente Glorieuses” period to the current stage of “shadow banking”, at the heart of the great financial crisis of 2008. A comparative typology of the main forms of intermediation is presented. Recent and future developments in banking intermediation in the context of the digital revolution are also analyzed.
- Un débat récurrent : séparer le crédit et la monnaie - François Meunier p. 117-132 Jusqu'où doit-on aller dans la séparation du métier de crédit et du métier de gestion des dépôts (et donc de la monnaie) au sein du système bancaire ? Voici un débat qui prend une vigueur nouvelle aujourd'hui que l'article se propose de reprendre à la lumière de l'histoire monétaire. Les arguments échangés au cours de deux derniers siècles gardent en effet toute leur actualité. On s'attache particulièrement aux épisodes majeurs qu'ont été la mise en place de deux réformes monétaires : celle de 1844 au Royaume-Uni et celle de 1935 aux États-Unis. Ce débat est relancé aujourd'hui à la suite de la rupture technologique majeure advenue depuis une décennie dans les moyens de paiement. Ce qui était souhaité par les tenants de la séparation des deux métiers ne va-t-il pas devenir incontournable en raison de la montée en régime des monnaies numériques, notamment et surtout celles émises par les banques centrales ?How far should we go in separating the business of lending from the business of deposit and money management within the banking system? This is a debate that is taking on new vigour today and that is revisited by the present article in the light of monetary history. Indeed, the arguments exchanged over the last two centuries are still relevant today. The article focuses particularly on two major episodes in the history of monetary reforms: that of 1844 in the United Kingdom and that of 1935 in the United States. This debate has been rekindled today following the major technological breakthrough in the means of payment that has occurred over the past decade. What was advocated by the supporters of the separation of the lines of business may very well become unavoidable following the rise of digital currencies, especially those issued by central banks?
- L'avenir de l'intermédiation financière en Europe - Denis Beau p. 13-28
Visions sectorielles
- Banques, monnaie et paiements - Jean-Charles Rochet, Marianne Verdier p. 135-155 Le modèle d'affaires traditionnel des banques commerciales exploite les économies d'envergure entre dépôts et crédits. Les nouvelles technologies de l'information (Fintechs) et les plateformes géantes sur Internet (Bigtechs) mettent ce modèle sérieusement en danger. Les Bigtechs menacent même la souveraineté monétaire des États en offrant potentiellement aux citoyens du monde de nouvelles devises qui échappent à leur contrôle, comme le projet Diem de Global Stablecoin élaboré par Facebook. Cette menace explique que de nombreuses juridictions envisagent sérieusement la création de monnaies digitales de banques centrales (MDBC ou CBDC en anglais), de façon à couper l'herbe sous le pied des Fintechs tentées par la création monétaire. Nous analysons ces bouleversements et leurs conséquences prévisibles et plaidons pour l'élaboration d'une véritable politique publique en matière de paiements.The traditional business model of commercial banks exploits economies of scale between deposits and credit. New information technologies (Fintechs) and giant internet platforms (Bigtechs) are putting this model in serious jeopardy. Bigtechs even threaten the monetary sovereignty of states by potentially offering citizens of the world new currencies that are beyond the control of those states, such as Facebook's Global Stablecoin project Diem. This threat explains why many jurisdictions are seriously considering the creation of central bank digital currencies (CBDCs), so as discourage Fintech firms from creating new currencies. We analyze these upheavals and their foreseeable consequences and advocate for the development of a real public policy on payments.
- Environnement de taux bas et rentabilité des banques en zone euro - Aurélien Leroy, Yannick Lucotte p. 157-177 La politique monétaire conduite par la Banque centrale européenne (BCE) depuis une décennie et les évolutions démographiques et structurelles de nos sociétés ont conduit les économies de la zone euro vers un environnement de taux d'intérêt durablement faibles. Si ce dernier a permis d'éviter la déflation, il est aussi source d'inquiétude pour le secteur bancaire. Toutefois, même si l'aplatissement marqué de la courbe des taux d'intérêt a pu fortement compresser la marge d'intermédiation de certaines banques commerciales en zone euro, la baisse de la marge d'intérêt observée en France au cours des dernières années apparaît relativement contenue. De plus, l'effet des taux bas sur la rentabilité est plus qu'incertain. En effet, des taux bas vont affecter de manière asymétrique les principales composantes de la rentabilité des banques. En particulier, on peut s'attendre à ce que l'amélioration des conditions macroéconomiques et la baisse des provisions pour pertes sur prêts viennent compenser la contraction des revenus d'intérêt. L'exercice empirique réalisé dans cet article sur un échantillon de grandes banques cotées de la zone euro montre que l'assouplissement de la politique monétaire a eu un effet positif sur la rentabilité économique des établissements bancaires.The monetary policy conducted by the European Central Bank (ECB) over the past decade and the demographic and structural changes in our societies have led the economies of the eurozone towards an environment of persistently low interest rates. While the latter has made possible to avoid deflation, it is also a source of concern for the banking sector. However, even though the marked flattening of the interest rate curve may have sharply compressed the intermediation margin of some commercial banks in the euro zone, the decline in the interest margin observed in France in recent years appears to be relatively contained. Moreover, the effect of low rates on profitability is more than uncertain. Indeed, low rates will asymmetrically affect the main components of bank profitability. In particular, improved macroeconomic conditions and lower loan loss provisions can be expected to offset the contraction in interest income. The empirical exercise conducted in this article on a sample of large listed euro area banks shows that the easing of monetary policy has had a positive effect on the economic profitability of banks.
- La concentration du secteur bancaire européen : un problème dont la mesure reste à prendre - Jézabel Couppey-Soubeyran, Théo Nicolas p. 179-200 La concentration du secteur bancaire européen pourrait à nouveau augmenter avec la crise sanitaire. Son impact sur la solidité du secteur et la disponibilité des financements est souvent discuté, sa mesure beaucoup moins. Or nous attirons l'attention dans cet article sur un aspect problématique des mesures de concentration ou de pouvoir de marché. Celles-ci sont généralement réalisées à partir de données non consolidées, ce qui revient à ignorer le pouvoir de marché national des groupes. Il en résulte une sous-estimation que nous proposons de corriger. Notre correction, réalisée à partir des données SURFI de la Banque de France, rehausse d'environ 30 points de pourcentage la part de l'actif des cinq plus grandes banques résidentes dans l'actif total du secteur bancaire français. Cette sous-estimation n'est pas neutre du point de vue des politiques prudentielles : la concentration ne constitue pas le même problème à l'évidence selon qu'on l'évalue à 50 % ou à 80 %.The consolidation of the European banking sector could increase again with the health crisis. Its impact on the soundness of the sector and the availability of financing is often discussed, its measurement much less so. However, in this article we draw attention to a problematic aspect of concentration or market power measurements. These are generally based on unconsolidated data, which means that the national market power of groups is ignored. This results in an underestimation that we propose to correct. Our correction, based on SURFI data from the Banque de France, raises the share of assets of the five largest resident banks in the total assets of the French banking sector by about 30 percentage points. This underestimation is not neutral from the point of view of prudential policies: concentration is clearly not the same problem depending on whether it is assessed at 50% or 80%.
- Les banques de développement : un rôle clé entre urgence pandémique et transition écologique - Étienne Espagne p. 201-212 Les banques de développement se sont révélées des acteurs incontournables face à la crise pandémique. Elles ont été aussi parmi les premiers acteurs financiers à se transformer ces dernières années pour faire face aux nécessités de la reconstruction écologique. Cette capacité d'adaptation et d'innovation face aux évolutions des modèles de développement s'ancre dans une histoire longue qui dépasse largement le cadre rhétorique des imperfections de marché. Elle s'appuie aussi sur les dynamiques existantes de l'architecture financière globale en même temps qu'elle contribue à les façonner. À l'image de la proposition actuelle de Liquidity and Sustainability Facility, les banques de développement pourraient contribuer à réorienter les flux d'investissements privés en subventionnant les risques perçus ou réels des projets écologiques et sociaux à financer. Cette stratégie pourrait néanmoins accentuer les biais procycliques de ces financements sans nécessairement garantir leur caractère écologique. Dans le cadre des projets de green deals, elles pourraient aussi soutenir directement les secteurs économiques et sociaux d'intérêt général en répondant à une demande formulée localement et démocratiquement. In fine, les formes d'intervention futures des banques de développement se façonnent dans les réponses immédiates apportées à la crise pandémique.Development banks have shown themselves to be key players in the face of the pandemic crisis. They were also among the first financial actors to transform themselves in recent years to meet the needs of ecological reconstruction. This capacity to adapt and innovate in the face of changing development models is rooted in a long history that goes well beyond the rhetorical framework of market imperfections. It is also based on the existing dynamics of the global financial architecture, while at the same time helping to shape them. Like the current proposal for a Liquidity and Sustainability Facility, development banks could thus redirect private investment flows by subsidizing the perceived or real risks of the ecological and social projects to be financed. This strategy carries the risk of accentuating the pro-cyclical bias of such financing without necessarily guaranteeing its ecological character. Like the green deals projects, they could also directly support economic and social sectors of general interest by responding to a locally and democratically formulated demand. Ultimately, the future forms of intervention by development banks are shaped by the immediate responses to the pandemic crisis.
- L'avenir de la gestion d'actifs en environnement de taux bas, de transformations technologiques et à l'heure de la RSE - Bernard Aybran p. 213-227 La gestion d'actifs reste un domaine de l'industrie financière les moins connus du grand public. Elle est pourtant devenue un intervenant majeur du financement des économies et bénéficie d'une croissance soutenue, que ni les crises financières ni la pandémie mondiale n'ont enrayée. Cette croissance est aujourd'hui canalisée, voire provoquée, par trois phénomènes majeurs. La baisse tendancielle des taux d'intérêt a accentué l'afflux des capitaux vers les fonds de placement. Par ailleurs, si la digitalisation bouleverse ses chaînes de production au même titre que toute l'économie, la gestion d'actifs reste, pour l'heure, relativement protégée de la concurrence des géants de l'Internet. Enfin, aiguillonnée tant par ses clients que par la réglementation, l'industrie se dirige toujours plus vers une gestion où environnement, gouvernance et responsabilité sociale auront droit de cité, comme conditions de réalisation d'une performance financière durable.Within financial industries, asset management is one of those the general public know the least. Still, it's now a key stakeholder for financing economies and it has been enjoying an ongoing and strong growth, without any major disruption from financial crisis nor pandemics. As of late, this growth has been channeled, or even triggered, by three major forces. First, the structural decrease of interest rates increased the inflows into investment funds. Second, albeit as much disrupted by digitalization as the overall economy, asset management is still mostly insultaed from competing internet behemoths. Last, both clients and regulators are forcing asset managers to use environmental, governance and social concerns as prerequisites to serve financial returns to investors.
- Quête de rendements et crise de la Covid-19 : la crise systémique fantôme - Christophe Boucher, Patrick Kouontchou p. 229-252 La faiblesse persistante et structurelle des taux d'intérêt s'est accompagnée d'une prise de risque accrue de la part des investisseurs sur les marchés financiers faisant craindre une plus grande fragilité financière et une crise d'ampleur systémique émanant du shadow banking. Cette augmentation de la prise de risque s'observe chez différents types d'investisseurs (de l'investisseur individuel à l'investisseur institutionnel) et à travers différents mécanismes (comportementaux et incitatifs). Le choc sanitaire et économique de la pandémie de Covid-19 ne s'est pourtant pas transformé (à ce jour) en une crise systémique parce qu'il a touché principalement des secteurs peu représentés sur les marchés financiers et surtout en raison d'un policy mix inédit de par son ampleur et sa rapidité. Ce faisant, la politique monétaire a encore accru la faiblesse des taux d'intérêt et des rendements obligataires.The persistent and structural low level of interest rates has been accompanied by increased risk-taking by investors in financial markets, raising fears of greater financial fragility and a systemic crisis emanating from shadow-banking. This increased risk-taking can be seen among different kind of investors (from individual investors to institutional ones) and through different mechanisms (behavioural and incentives). However, the economic impact of the Covid-19 pandemic did not turn into a systemic crisis since it mainly affected sectors that were weakly represented on financial markets, and above all due to an unprecedented policy mix. In doing so, monetary policy has further exacerbated low interest rates and bond yields.
- Quel avenir pour l'assurance vie en France ? - Laurent Clerc, Anne-Lise Bontemps-Chanel, Mohammed Ouriemchi p. 253-270 Après une décennie durant laquelle la collecte de l'assurance vie avait bien résisté à la baisse continue des taux d'intérêt, leur entrée en territoire négatif en 2019 a révélé quelques limites de son modèle d'affaires. En effet, l'apparition de taux d'intérêt nominaux négatifs accroît la baisse du taux de rendement de l'actif des assureurs vie ; les engagements passés pris en matière de taux techniques limitent les baisses du taux de revalorisation ; la rémunération annuelle de ces contrats d'assurance vie est un facteur d'attractivité de la clientèle et de concurrence, ce qui réduit, toutes choses égales par ailleurs, le potentiel de baisse du taux de revalorisation. Dans cet article, nous analysons les mécanismes, par lesquels la baisse et l'environnement durable de bas taux d'intérêt ont affecté le bilan des assureurs vie, affectent la viabilité de leur modèle d'affaires, et les défis auxquels ils sont confrontés pour le faire évoluer.After a decade in which life insurance fundraising had weathered the continued decline in interest rates, their entry into negative territory in 2019 exposed some limitations of its business model. Indeed, the appearance of negative nominal interest rates increases the fall in the rate of return on life insurers' assets; past commitments in terms of technical rates limit reductions in the revaluation rate; the annual remuneration of these life insurance contracts is a factor in customer attractiveness and competition, which, all other things being equal, further reduces the potential for lower revaluation rates. In this article, we analyze the mechanisms by which the decline and the maintained environment of low interest rates have affected the balance sheet of life insurers, called into question the viability of their business model and the challenges they face to make it evolve.
- L'assurance face aux mutations d'un monde de plus en plus risqué - Philippe Trainar p. 271-295 Le monde change, l'univers des risques s'étend et les conditions d'exercice du métier d'assureur se complexifient. L'assurance qui reflète largement les tensions et les contradictions de son environnement doit s'adapter aux évolutions et aux fluctuations de cet environnement. Face à un métier qui a beaucoup changé tout en conservant de fortes composantes traditionnelles, ils ont été nombreux ceux qui ont annoncé depuis près de dix ans la grande disruption de l'assurance. Mais celle-ci tarde à se concrétiser et les quelques tentatives n'ont finalement guère ébranlé les acteurs traditionnels de l'assurance. Pour autant, ces défis stratégiques forcent l'assurance à s'adapter et à changer en profondeur. Le présent article s'efforce d'identifier plus précisément ces défis stratégiques, d'analyser la capacité du secteur à relever ces défis et de cerner les changements qu'ils vont imposer aux assureurs.The world is changing, the universe of risks is expanding, and the conditions for doing insurance business are becoming more complex. Insurance, which largely reflects the tensions and contradictions of its environment, must adapt to the changes and fluctuations that are taking place in this environment. Faced with an industry that has been changing while retaining strong traditional components, many experts have been announcing for nearly ten years the coming great disruption of insurance. But, this is slow to come and the few challenging initiatives did little to shake traditional players. However, the current strategic challenges force insurance to adapt and change fundamentally. This article aims to identify these strategic challenges, analyze the industry's capacity to meet them and assess the changes they will ultimately impose on insurers.
- Banques, monnaie et paiements - Jean-Charles Rochet, Marianne Verdier p. 135-155
Économie et histoire : Rencontres de Blois 2020
- Présentation - p. 297
- Quel rôle pour le secteur financier dans la transition écologique ? - Jean-Paul Pollin p. 299-301
- Mettre la finance au service de la transition écologique - Sylvie Matherat p. 303-306
- Les produits de financements verts et durables - Patrick Artus p. 307-309
- L'alignement des portefeuilles d'actifs financiers sur les objectifs de l'Accord de Paris - Jean-Michel Beacco p. 311-318
- Cygnes Verts, Covid-19 et financement d'une transition expansionniste - Luiz Awazu Pereira Da Silva p. 319-325
Articles divers
- Brève histoire de l'investment banking` du XIXe siècle à l'âge des banques de financement et d'investissement - Patrick Soulard p. 329-347 Cet article vise à mettre dans une perspective historique l'évolution de l'investment banking, la dénomination devenue universelle pour les activités de banques d'affaires et même, souvent plus largement encore, de wholesale banking, depuis la création des grandes banques et des banques d'affaires dans la deuxième moitié du xixe siècle jusqu'à ce que, après la crise de 2008, le modèle de banque de financement et d'investissement ne s'impose comme le business model de référence, de part et d'autre de l'Atlantique, au détriment du modèle de pure investment bank ou broker-dealer. Historiquement, la distinction entre les activités des banques commerciales de dépôts et celles des banques d'affaires reposait sur le fait que les unes assuraient le financement du court terme, alors que les autres se focalisaient sur les financements à long terme des États et des entreprises, au travers d'émissions d'actions et d'obligations en jouant un rôle d'intermédiaire sur les marchés, l'essence même, a vrai dire, du métier d'investment banker.This article aims to put in a historical perspective the evolution of investment banking, the name that has become universal for the activities of investment banks and, often even more widely, wholesale banking, since the creation of large banks and investment banks in the second half of the 19th century until the crisis of 2008 when the corporate andiInvestment banking model became the dominant business model, on both sides of the Atlantic, to the detriment of the pure investment bank or broker-dealer model. Historically, the distinction between the activities of commercial banks and investment banks was based on the fact that the former provided short-term financing while the latter focused on long-term financing for governments and companies, through the issuance of shares and bonds, playing an intermediary role on the markets, the essence, in fact, of the investment banker business.
- Brève histoire de l'investment banking` du XIXe siècle à l'âge des banques de financement et d'investissement - Patrick Soulard p. 329-347