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Revue | Revue de science criminelle et de droit pénal comparé |
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Numéro | no 2, avril-juin 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Doctrine
- L'influence de l'analyse économique du droit sur la lutte contre la corruption internationale : incitation de homo economicus à la négociation et « efficience » de la politique pénale - Fabien Vessio p. 263-274 Il peut être observé, en matière de corruption comme dans d'autres domaines pénaux, un glissement progressif vers un système pénal ouvert à des sanctions négociées et ayant recours à des leviers incitatifs. Le législateur met en balance le risque d'une peine d'amende élevée, à vocation dissuasive, avec la possibilité pour le délinquant de bénéficier de transactions alternatives aux poursuites. Dès lors, il s'agit d'associer « l'incitatif », moderne, économique et consensuel, au « dissuasif », originel, juridique et coercitif. En somme, la politique pénale en matière de corruption internationale repose à la fois sur l'anticipation des choix opérés par un délinquant homo economicus et sur la rationalisation des coûts judiciaires, dans la perspective d'une politique pénale économiquement efficiente.It can be observed, in matters of bribery as in other penal areas, a gradual shift towards a penal system open to negotiated sanctions and using incentive levers. The legislator balances the risk of a high fine penalty, intended to deter, with the possibility for the offender to benefit from alternative transactions to prosecution. Therefore, it is a question of associating the "incentive", modern, economic and consensual, with the "deterrent", original, legal and coercive. In short, criminal policy on international corruption is based both on the anticipation of the choices made by a homo economicus offender and on the rationalization of legal costs, with a view to an economically efficient criminal policy.
- La dystopie d'un monde sans peine - Anne Simon p. 275-296 Le droit pénal contemporain est révélateur d'un recul de la catégorie juridique des peines. Marginalisée au sein de la plus vaste catégorie des mesures restrictives et privatives de liberté, affaiblie dans sa définition autonome, la peine se présente dans une forme de désuétude. Elle pourrait même être en voie de disparition. Cette hypothèse doit être présentée comme une contre-utopie soutenue par des vents contraires : ceux portés par un courant sécuritaire d'abord qui, en s'écartant de la notion de peine par le recours à d'autres mesures contraignantes, souhaite s'affranchir librement des garanties qui l'accompagnent. Mais également les vents soufflés par les partisans d'une pénalité pensée exclusivement comme un outil individualisé de « traitement » et de « réinsertion ». Dans les deux cas, une volonté d'occulter la dimension rétributive de la peine peut être identifiée. Il semble pourtant indispensable de renouveler le cadre théorique applicable à cette dimension douloureuse de la peine vécue, car elle est la condition du maintien du régime protecteur de la peine dans notre ordre juridique.Contemporary criminal law is indicative of a decline in the legal category of penalties. Marginalized within the larger category of restrictive and custodial measures, weakened in its autonomous definition, the penalty presents itself in a form of disuse. It might even disappear. This hypothesis must be understood as a dystopia supported by penal philosophies that seem opposed: the ideas carried by those supporting a punitive turn based on security and public protection who, by deviating from the notion of penalty by resorting to other restrictive measures, wish to be freed from the legal guarantees that accompany it. But also the ideas of those in favour of a penalty designed exclusively as an individualized tool for "treatment" and "reintegration". In both cases, a desire to obscure the retributive dimension of the sentence can be identified. However, it seems essential to renew the theoretical framework applicable to this painful dimension of the sentence because it is the condition for maintaining legal guarantees limiting the application of penalties.
- La protection pénale des lanceurs d'alerte dans le cadre de la relation de travail - Francis Habouzit p. 297-320 L'auteur d'une alerte, suite à sa prise de parole, peut être confronté à des comportements hostiles dans le champ professionnel, à titre de représailles ou cherchant à faire obstacle au signalement. Consacrée aux dispositions répressives connaissant de ces réactions illégitimes, cette étude a pour objet de mesurer l'étendue et la valeur de la protection pénale des lanceurs d'alerte dans le cadre de la relation de travail. À cet égard, l'analyse des dispositions de la loi du 9 décembre 2016, combinées à celles du code pénal, met en exergue une large protection contre les entraves à l'alerte et les représailles à l'encontre de son auteur. L'absence de consécration de la dimension éthique de l'alerte, comme nouvelle valeur sociale protégée, détermine cependant un dispositif répressif composite et fragmentaire. Au demeurant, l'apport limité du droit pénal au statut des lanceurs d'alerte, en droit interne, apparaît en conformité avec la directive du 23 octobre 2019, qui ne fait pas usage de la compétence pénale de l'Union européenne et retient une conception instrumentale de l'alerte.After a report or a public disclosure, whistleblowers can faced hostile behaviors in the work-related context, as retaliation or seeking to hinder reporting. By considering provisions dealing with these illegitimate reactions in both the private and public sectors, this study assesses the scope and value of the protection of people who report harmful acts to public interest, through criminal law. In this regard, the analysis of provisions of the act of 9 December 2016, combined with those of the penal code, highlights a broad protection against obstacles to whistleblowing and reprisals against reporting persons. However, the absence of recognition of the ethical dimension of whistleblowing as a new protected social value results in a composite and fragmentary framework of protection. Nonetheless, the limited contribution of criminal law to the status of whistleblowers, in domestic law, appears in conformity with the directive of 23 October 2019, which does not make use of the criminal law competency of the European Union and adopts an instrumental conception of whistleblowing.
- L'influence de l'analyse économique du droit sur la lutte contre la corruption internationale : incitation de homo economicus à la négociation et « efficience » de la politique pénale - Fabien Vessio p. 263-274
Chroniques
- Droit pénal général - Xavier Pin p. 321-340
- Infractions contre les personnes - Yves Mayaud p. 341-352
- Infractions relevant du droit des sociétés - Haritini Matsopoulou p. 353-364
- Infractions relevant du droit de l'environnement - Évelyne Monteiro p. 365-375
- Infractions relevant du droit social - Agnès Cerf-Hollender p. 377-383
- Infractions boursières - Amélie Bellezza, Jean-Marie Brigant, Frédéric Stasiak p. 385-426
- Droit pénal médical - Patrick Mistretta p. 427-439
- Procédure pénale - Jean-Paul Valat p. 441-451
- Droit pénal - Jean-Baptiste Perrier, François Rousseau p. 453-474 Après plusieurs mois au cours desquels l'attention a été focalisée sur les mesures pénales destinées à soutenir les mesures sanitaires et à aménager le fonctionnement des juridictions, l'activité du législateur répressif a retrouvé et même dépassé son rythme du « monde d'avant ». Les lois se succèdent à une cadence infernale et sans grande cohérence. Certaines lois ont, par exemple, étendu les mesures alternatives et la justice de proximité 1 et d'importants recrutements ont été réalisés pour faciliter notamment les rappels à la loi, ceux qu'il convient désormais de supprimer car ils seraient responsables des violences contre les personnes dépositaires de l'autorité publique. D'autres lois modifient plus substantiellement l'organisation de la justice pénale, pour améliorer la lutte contre les infractions environnementales ou pour introduire la figure du procureur européen 2, laquelle jure tout de même un peu avec notre modèle du parquet à la française 3. Le législateur a également voulu renforcer la répression des infractions sexuelles contre les mineurs (1), qui avait pourtant déjà été renforcée il y a peu. Et d'autres textes sont à nouveau prévus, pour renforcer la confiance, pour supprimer les crédits de réduction de peine, pour repenser l'irresponsabilité pénale, et les dernières annonces inquiètent quant à ceux qui pourraient suivre… Surtout, au-delà de la cohérence et de la stabilité de l'édifice, il n'est pas certain que cette hyperactivité soit utile : les textes sont modifiés et le seront encore avant même d'avoir pu produire leurs effets. On sait pourtant qu'il faut se méfier des lois inutiles, car elles affaiblissent les lois nécessaires. Un dernier texte semblait toutefois bien nécessaire, celui créant un recours pour les personnes détenues dans des conditions portant atteinte à leur dignité (2), mais il n'est pas certain que le résultat soit à la hauteur des espérances.
- Chronique de droit pénal constitutionnel - Antoine Botton p. 475-485
Chronique
- Droits de l'homme - CIDH - Kathia Martin-Chenut, Julia Neiva, Carla Osmo, Camila Perruso, Marie Rota, Jânia Saldanha p. 487-505
- Droits de l'homme – CEDH : La CEDH devant la chambre criminelle de la Cour de cassation (année 2020) - Éliette Rubi-Cavagna, Djoheur Zerouki-Cottin p. 507-530 Selon un comptage réalisé sur l'année 2018, le contrôle de conventionnalité ne représente environ que 0,1 % de l'activité de la Cour de cassation soit une partie très marginale de son activité. Pourtant, les arrêts qui en résultent, parce qu'ils présentent de forts enjeux en termes de droits fondamentaux, sont souvent sous le feu des projecteurs en raison de la publicité dont ils font l'objet par la Cour de cassation elle-même et par la doctrine ensuite. L'année 2020 a été marquée par plusieurs arrêts fondamentaux rendus par la chambre criminelle, qui abordent des questions de sources de droit et d'interactions normatives avec un impact majeur pour les droits fondamentaux.
- Droit de l'Union européenne - Bernadette Aubert p. 531-540
- Droit pénal international - André Giudicelli p. 541-545
- Chronique de criminologie - Lola Gauthier p. 547-5559
Informations
- Actualités du droit pénal espagnol - Amane Gogorza, Gonzalo Quintero Olivares p. 561-571