Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2019-2021
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
---|---|
Numéro | no 172, juin 2021 |
Titre du numéro | Perspectives économiques 2019-2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation générale - Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 5-8
Prévision
- Partie I. Réserve de croissance : Perspectives 2021-2022 pour l'économie mondiale et la zone euro - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 11-146 Les prévisions internationales sont réalisées sous l'hypothèse que la progression de l'immunité collective permettra une levée significative des contraintes dans l'ensemble des pays à partir de l'été 2021. La croissance mondiale serait alors de 5,5 % en 2021, après une contraction de 3,4 % en 2020. Dans les grands pays développés, la croissance serait de 3 % en Allemagne, 4 % en Italie, 6 % au Royaume-Uni, compensant une partie de la chute d'activité observée en 2020. Les États-Unis enregistreraient quant à eux une reprise supérieure à la récession de l'an passé (6 % après -3,5 %).Le soutien public au revenu disponible des ménages en 2020 a conduit à une forte accumulation d'épargne. Fin 2021, l'épargne additionnelle, du fait de la crise de la Covid-19, hors épargne de précaution, atteindrait 9 points de revenu disponible en Allemagne. Cette épargne se situerait autour de 12 points en Italie et en Espagne, à près de 15 points au Royaume-Uni et 16 points aux États-Unis.En 2022, la conjoncture mondiale dépendra fortement de l'utilisation par les ménages de cette « épargne-Covid » accumulée. Si un cinquième du surcroît d'épargne est consommé en 2022, la croissance serait de 5,5 % en Allemagne et en Italie, d'environ 8 % en Espagne et 6 % aux États-Unis. Si cette épargne n'est pas consommée, la croissance serait alors de 4 % en Allemagne et en Italie, d'environ 6 % en Espagne et 4 % aux États-Unis. Les implications pour la dette publique sont importantes.These international forecasts are made under the assumption that progress with collective immunity will allow a significant lifting of restrictions in every country from the summer of 2021. World growth will then come to 5.5% in 2021, after contracting by 3.4% in 2020. In the major developed countries, growth will hit 3% in Germany, 4% in Italy and 6% in the United Kingdom, offsetting part of the fall in activity observed in 2020. In the United States, the recovery is expected to be stronger than last year's recession (+6% after -3.5%).Public support for household disposable income in 2020 has led to a strong accumulation of savings. In Germany, by the end of 2021 the additional savings stemming from the Covid-19 crisis, excluding precautionary savings, will reach 9 points of disposable income. The comparable figure will be around 12 points in Italy and Spain, almost 15 points in the United Kingdom and 16 points in the United States.In 2022, the global economic situation will depend heavily on how households use the "Covid-savings" they've accumulated. If one-fifth of the extra savings is consumed in 2022, growth will be 5.5 percent in Germany and Italy, about 8 percent in Spain and 6 percent in the United States. If these savings are not consumed, then growth will come in at 4 percent in Germany and Italy, about 6 percent in Spain and 4 percent in the United States. This has major implications for the public debt.
- Partie II. Le temps de la reprise : Perspectives 2021-2022 pour l'économie française - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 147-190 En France, sur la base du calendrier sanitaire annoncé par le gouvernement, la croissance du PIB serait de +5 % en moyenne annuelle en 2021, la consommation des ménages et des administrations publiques rebondirait de 4 % et l'investissement de 7 %. La contribution extérieure serait positive en 2021, compensant la moitié des pertes extérieures encaissées en 2020. Fin 2021, le niveau d'activité serait inférieur de 1 % à son niveau observé au quatrième trimestre 2019.En 2021, les branches les plus affectées par le choc sont l'hôtellerie-restauration, les services de transport, la fabrication de matériels de transport, la cokéfaction-raffinage et les services aux ménages qui représentent 12 % du PIB mais contribuent à 60 % des pertes d'activité.Sur la période 2020-2021, les entreprises encaisseraient près de 90 milliards de pertes dans leurs fonds propres. Les administrations publiques absorberaient environ 80 % de la perte de revenu totale de l'économie sur les années 2020-2021. Enfin l'« épargne-Covid » des ménages, accumulée sur deux ans, va représenter environ 160 milliards, soit plus de 10 points de leur revenu annuel.Les prévisions pour 2022 dépendent de manière cruciale de l'utilisation de l'« épargne-Covid » accumulée par les ménages. Dans un scénario où 20 % de ce surplus d'épargne est consommé, la croissance française serait de 6 % en 2022, le taux de chômage à 8,7 % et la dette à 115 % du PIB. Dans le cas où cette « épargne-Covid » n'est pas du tout consommée, le taux de croissance serait de 4,3 %, le taux de chômage de 9,4 % et la dette publique à 117 % du PIB en 2022.Based on the French government's announced health timetable, average annual GDP growth in 2021 will be +5%, with household and government expenditure rebounding by 4% and investment by 7%. The external contribution will be positive in 2021, which would offset half of the external losses incurred in 2020. At the end of 2021, the level of activity would be 1 percent below the level observed in the fourth quarter of 2019.In 2021, the branches most affected by the shock were hotels and restaurants, transport services, the manufacture of transport equipment, coking and refining, and household services, which account for 12 percent of GDP but 60 percent of the losses in activity.Over the period 2020-2021, company own funds will have been slashed by nearly 90 billion euros. The government as a whole will have absorbed about 80% of the total loss of income in the economy over the years 2020-2021. Finally, household "Covid-savings", which have accumulated over two years, will account for about 160 billion euros, or more than 10 percentage points of household annual income.The forecast for 2022 depends crucially on how the "Covid-savings" built up by households are used. In a scenario where 20 per cent of this surplus savings is consumed, French growth would be 6 per cent in 2022, the unemployment rate 8.7 per cent and the public debt 115 per cent of GDP. If this "Covid-savings" were not to be consumed at all, then in 2022 the growth rate would be 4.3 percent, the unemployment rate 9.4 percent and public debt 117 percent of GDP.
- Partie I. Réserve de croissance : Perspectives 2021-2022 pour l'économie mondiale et la zone euro - , Éric Heyer, Xavier Timbeau p. 11-146
Études spéciales
- Partie III. La politique monétaire de la BCE et la crise du Covid-19 - Christophe Blot p. 193-217 La crise liée à la propagation de l'épidémie de Covid-19 a de nouveau poussé les banques centrales à réagir en assouplissant l'orientation de la politique monétaire, ce qui s'est traduit par le recours massif aux mesures non conventionnelles. Il en a résulté une forte augmentation de la taille de leur bilan. En amplifiant les programmes d'achat d'actifs, les banques centrales ont par ailleurs absorbé une large part de la dette émise par les États en 2020 pour faire face à la crise. Dans la zone euro, la BCE a de plus lancé un nouveau programme, le PEPP, destiné à réduire le risque de fragmentation. Cet article évalue l'effet de ce programme sur les écarts de taux d'intérêts souverains en zone euro et aussi l'effet des annonces de politique monétaire prises depuis le début de la crise sur les conditions de financement dans la zone euro. Les résultats suggèrent que l'ensemble des mesures prises a eu un effet significatif sur les taux souverains et les indices boursiers. Par ailleurs, les résultats de nos estimations indiquent qu'une augmentation des flux d'achat de titres, dans le cadre du PEPP, permet de réduire les écarts de taux des pays considérés généralement comme fragiles : Italie, Espagne, Portugal et Grèce.The crisis arising from the spread of the Covid-19 epidemic has once again prompted central banks to ease the stance of monetary policy, which has resulted in the massive use of unconventional measures. This has resulted in a sharp increase in the size of their balance sheets. By increasing their asset purchase programmes, the central banks have also absorbed a large part of the debt issued by governments in 2020 to deal with the crisis. In the euro zone, the ECB launched a new programme, the PEPP, which is designed to reduce the risk of fragmentation. This article assesses the effect of this programme on sovereign interest rate spreads in the euro area and also the effect of the monetary policy announcements made since the beginning of the crisis on financing conditions in the euro area. The results suggest that the package of measures adopted has had a significant effect on sovereign interest rates and stock market indices. Furthermore, the results of our estimations indicate that, under the PEPP, an increase in the flow of securities purchases is reducing the spreads of countries generally considered to be fragile, in particular Italy, Spain, Portugal and Greece.
- Le modèle « mixte » : un outil d'évaluation du choc de la Covid-19 - Magali Dauvin, Raul Sampognaro p. 219-241 L'épidémie de la Covid-19 et les mesures mises en œuvre pour enrayer la circulation du virus ont abouti à une crise économique d'une ampleur et d'une nature inédites. En avril 2020, la mise en place d'un confinement très sévère a fait chuter l'activité économique de près de 31 %. En novembre, après un semestre de vie avec le virus, la mise en place d'un deuxième confinement s'est traduite par une baisse de l'activité « de seulement » 7,5 %. Nous avons recours à une version modifiée du modèle ouvert de Leontief (1944) permettant d'étudier la diffusion de chocs simultanés d'offre et de demande à travers le tissu productif ; c'est ce que nous appelons le modèle «mixte ». Selon notre évaluation, les fermetures administratives expliqueraient à elles seules 12 points de la baisse d'activité du mois d'avril 2020 et 5,5 points de celle de novembre. De leur côté, les chocs d'offre liés aux difficultés de main-d'œuvre ou d'approvisionnement ou à l'adaptation aux contraintes sanitaires expliqueraient 10 points de la baisse de la valeur ajoutée au pire moment de la crise en avril. Ils seraient sans effet significatif en novembre. Enfin le choc de demande finale expliquerait 11 points de la baisse du PIB observée pendant le confinement du mois d'avril et 2 points de la baisse de novembre. Le redéploiement de la production des emplois intermédiaires vers les emplois finaux aurait permis de préserver le PIB de 2 points en avril. Ces résultats suggèrent que l'ensemble des acteurs – publics et privés – ont fortement adapté leurs comportements, ce qui se traduit par des confinements ayant un moindre impact sur l'activité économique.The Covid-19 pandemic and the measures taken to stem the flow of the virus have resulted in an economic crisis of unprecedented scale and nature. In April 2020, the implementation of a severe lockdown caused economic activity to drop by nearly 31%. In November, after six months of living with the virus, the implementation of a second lockdown resulted in a fall in activity of "only" 7.5%. We use a modified version of Leontief's (1944) open-ended model to study the diffusion of simultaneous supply and demand shocks through the productive fabric; this is what we call the "mixed" model. Based on our assessment, administrative closures alone explain 12 points of the fall in activity in April 2020 and 5.5 points of the fall in November. Supply shocks linked to labour or supply difficulties or to adaptation to health restrictions would in turn explain 10 points of the drop in value added at the worst moment of the crisis in April. They had no significant effect in November. Finally, the final demand shock explains 11 points of the fall in GDP observed during the April lockdown and 2 points of the fall in November. The redeployment of output from intermediate to final jobs preserved 2 points of GDP in April. These results suggest that all actors – public and private – have strongly adapted their behaviour, resulting in lockdowns that have less impact on economic activity.
- Estimer l'impact des mesures de restriction sur l'activité - Sabine Le Bayon, Hervé Péléraux p. 243-265 Depuis l'émergence et l'expansion de l'épidémie de Covid-19 au début de 2020, les indicateurs élaborés conjointement par l'Université d'Oxford et la Blavatnik School of Government sont devenus incontournables pour les observateurs car ils permettent de synthétiser de façon quantitative et selon une grille commune les diverses mesures de restriction imposées dans la quasi-totalité des pays du monde. Non seulement ils appréhendent la sévérité intrinsèque des différentes mesures mises en œuvre, mais ils prennent aussi en compte leur application locale ou nationale, non sans difficulté pour certains pays.L'indice synthétique construit par les chercheurs d'Oxford rend assez bien compte de la dispersion des taux de croissance trimestriels du PIB au cours de l'année 2020. En revanche, la sélection économétrique des mesures pertinentes dans le cadre d'une modélisation montre que les fermetures d'école et le confinement à domicile rendent compte à elles seules des effets des restrictions sur la croissance. Les autres mesures n'apportent pas d'information supplémentaire. Ce sont donc les mesures qui empêchent l'offre de travail en maintenant les actifs à domicile, soit directement par l'interdiction de sortie soit indirectement par la nécessité de garder les enfants, qui apparaissent les plus pénalisantes pour le fonctionnement de l'économie.Since the emergence and spread of the Covid-19 pandemic in early 2020, the indicators developed jointly by the University of Oxford and the Blavatnik School of Government have become indispensable for observers, because they provide a common framework to make a quantitative synthesis of the various restrictions imposed almost everywhere throughout the world. Not only do they capture the intrinsic severity of the various measures implemented, but they also take into account their local or national application, which is not without difficulty for some countries.The synthetic index constructed by the Oxford researchers does a fairly good job of capturing the dispersion of quarterly GDP growth rates over the course of the year 2020. In contrast, an econometric selection of the relevant measures in the course of the modelling shows that school closures and home confinement can alone account for the growth effects of the lockdowns. The other measures do not really provide additional information. It is therefore the measures that block the supply of labor by keeping workers at home, either directly through the prohibition on going out or indirectly through the need to look after children, that appear to hit the functioning of the economy hardest.
- Partie III. La politique monétaire de la BCE et la crise du Covid-19 - Christophe Blot p. 193-217
- Liste des abréviations de pays - p. 273-275