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Revue Travaux de linguistique Mir@bel
Numéro no 81, 2020
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Anaphore associative et absence d'antécédent ou lorsqu'un conducteur roule en anaphore associative sans son véhicule - Mathilde Salles p. 7-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article est consacré à des anaphores associatives singulières, construites sans antécédent textuel explicite. Certaines d'entre elles manifestent encore un lien avec le contexte antécédent, alors que d'autres en sont totalement indépendantes. Ces dernières, plus contraintes que les premières, paraissent limitées à deux types d'anaphores associatives parmi les différents types identifiés par Kleiber : les anaphores associatives méronymiques (exemple : une voiture… les freins) et les anaphores associatives fonctionnelles (exemple : une voiture… le conducteur), qui ont pour caractéristique commune d'être construites avec un nom relationnel. L'étude de ces anaphores nous permettra de préciser certaines propriétés de l'anaphore associative en général, de souligner certaines différences entre les méronymes, les noms fonctionnels et les autres noms relationnels et de distinguer différents types d'emplois d'un nom comme conducteur.
    This article is devoted to singular associative anaphors, constructed without an explicit textual antecedent. Some of them still show a connection with the previous context, while others are completely independent of it. The latter are more constrained than the former and seem limited to two types of associative anaphors among the different types identified by Kleiber : meronymic associative anaphors (example: a car … the brakes) and functional associative anaphors (example: a car … the driver), which have the common property of being constructed with a relational noun. The study of these anaphors allows us to specify some properties of the associative anaphora in general, to point out some differences between meronyms, functional nouns and other relational nouns and to distinguish different types of uses of a noun such as conducteur (driver).
  • Complexité sémantique et scénarios discursifs du repentir - Julie Sorba, Iva Novakova p. 31-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article en linguistique de corpus propose une étude de la complexité sémantique de quatre lexies d'affect (repentir, repentance, se repentir, repenti) dans un corpus journalistique. L'objectif de notre étude est double : d'une part, analyser la complexité sémantique des lexies du champ du repentir et étudier l'impact discursif de cette complexité sur leur environnement textuel et, d'autre part, distinguer en discours les substantifs repentir et repentance, que les outils lexicographiques présentent comme synonymes. Pour ce faire, nous adoptons une approche corpus-based qui nous permet d'élaborer, pour chaque lexie, son profil discursif à partir de nos observations et d'aborder le sens dans une dynamique discursive allant du syntagme à la phrase, de la phrase au paragraphe puis au texte.
    Our article in corpus linguistics proposes a study of the semantic complexity of four French words expressing affects (repentir, repentance, se repentir, repenti) in a journalistic corpus. The aim of our study is twofold: first, analyze the semantic complexity of these lexemes and study the discursive impact of this complexity on their textual environment, and, secondly, distinguish in discourse the French nouns repentir and repentance, which are presented as synonyms in dictionaries. To do so, we adopt a corpus-based approach that allows us to elaborate a discursive profile for each of these four words, based on our observations. Thus, we approach the meaning in a discourse dynamic going from the phrase to the sentence, from the sentence to the paragraph and then to the text.
  • Les fluctuations historiques de la polysémie lexicale - Jacques François p. 57-98 accès libre
  • Sentiment de la langue et évolution lexico-sémantique, avec l'exemple d'une enquête sur le mot laïcité - Véronica Thiéry-Riboulot p. 99-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'objet de cet article est de démontrer que le sentiment des usagers de la langue est un critère pertinent de l'étude des évolutions lexico-sémantiques. La notion de sentiment de la langue y est d'abord définie. Ses caractéristiques sont énumérées : il est universel, mais subjectif et social ; il est normatif, mais fluctuant et évolutif. Il est donc un indicateur adéquat des évolutions mais il peut aussi en être à l'origine. D'une manière plus précise, on passe ensuite à la notion de sentiment du changement sémantique. On montre son existence et on évoque les marqueurs qui permettent d'y accéder : les énoncés métalinguistiques ordinaires exprimant le sentiment d'un changement de signification, les discours de « traduction » d'un langage à l'autre dans une même langue, la typographie et l'enquête linguistique. Enfin, à titre d'exemple, une telle enquête, menée en 2016-2017 et concernant le sentiment de l'évolution sémantique du mot laïcité, est décrite dans ses différentes phases : préalables, conception, analyse, pistes théoriques.
    The purpose of this paper is to demonstrate that the speakers' feeling of the language is a relevant criterion in the study of semantic evolutions in the lexicon. The notion of feeling of the language is first defined. Its characteristics are listed: it is universal, but subjective and social; it is normative, though fluctuating and evolving. It is therefore an adequate indicator of changes but it can also trigger them. More precisely, the notion of ‘feeling of semantic change' is defined and proofs of its existence are given and its markers listed: ordinary metalinguistic glosses expressing the feeling of a change in meaning, ‘translation' statements, typography and linguistic survey. Finally, by way of example, such a survey is described. It was conducted in 2016-2017 and concerned the semantic evolution of the French word laïcité. The survey is described in its various phases: preliminaries, design, analysis, theoretical openings.
  • La réalisation de l'excuse en moyen français : une recherche en pragmatique historique - Corinne Denoyelle p. 145-181 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'acte de langage de l'excuse semble moins fréquent au Moyen Âge qu'à notre époque. Le changement des réalisations de l'excuse ainsi que le changement des conditions pragmatiques de sa production témoignent d'une évolution d'une politesse positive à une politesse plus négative, et vers une société moins hiérarchisée, dans laquelle l'excuse peut désormais être réciproque et ne s'exerce plus uniquement de l'inférieur vers le supérieur. Trois réseaux lexicaux structurent la demande de pardon, à divers degrés d'intensité. Ils permettent de réaliser des actes de langage destinés à rétablir l'harmonie entre offenseur et offensé et leur récurrence signale leur dimension rituelle : (1) autour du verbe desplaire, c'est-à-dire « ne vous desplaise », ou plus rarement, chaloir, ennuyer ou courroucer, employés sous forme négative, qui visent à apaiser l'offensé ; (2) autour du verbe excuser relativement peu employé sous forme performative, mais qui entre dans des constructions formulaires du type « tenez moi ou ayez moi pour excusé » ; (3) autour du verbe pardonner, qui renvoie explicitement à une demande de pardon chrétienne. Ces verbes sont utilisés un peu différemment selon une gradation qui va de l'excuse la plus faible et la plus conventionnelle – verbe déplaire – à l'excuse la plus forte, autour du verbe pardonner.
    Apologies speech acts seem to be less common in the Middle Ages than today. The historical variation of their realization and of their pragmatical conditions point towards an evolution from positive politeness to negative politeness and towards a less hierarchical society, in which apologies are reciprocal and not only from the lowest to the highest person in rank. The ritual realization of this speech act intends to restore social harmony between offender and offended. The request of forgiveness is organized by three lexical fields with more or less intensity: (1) the verb desplaire, used in set phrases such as “ne vous desplaise”, or, less commonly, chaloir, ennuyer or courroucer, employed in negative sentences, aim to soothe the offended; (2) the verb excuser is rarely performative but it forms part of verb phrases like “tenez moi” or “ayez moi pour excusé”; (3) the verb pardonner explicitly refers to a Christian request of forgiving. Those verbs exhibit a gradient from the lowest and most conventional apology – deplaire – to the highest one – pardonner.