Contenu du sommaire : L'Anthropocène à l'âge de l'écologie politique
Revue | EcoRev' : revue critique d'écologie politique |
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Numéro | no 44, 2017 |
Titre du numéro | L'Anthropocène à l'âge de l'écologie politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Édito - p. 3
Classiques
- Détérioration matérielle de la planète - Charles Fourier p. 4-8 Dans ce texte datant du début des années 1820, donc à l'aube du capitalisme fossile, Charles Fourier (1772-1837), penseur du premier socialisme, s'oppose aux apôtres de l'industrialisme tels Saint-Simon, qu'il accuse de prôner une fausse religion, un « faux progrès » qui privilégie l'« association » des « maîtres » sur celle des ouvriers et l'harmonie de la planète. Partant du constat d'un dérèglement du climat causé notamment par la déforestation – constat dressé par de nombreux savants au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle –, il diagnostique un « déclin de la santé du globe » causé par l'« industrie civilisée », terme par lequel il désigne le capitalisme industriel naissant. Plutôt qu'un précurseur d'une « prise de conscience environnementale » (les observations et savoirs qu'il déploie sont radicalement autres que ceux de la science contemporaine), Fourier s'y révèle un pionnier d'une critique du capitalisme industriel qui combine des arguments sociaux et des arguments écologiques et qui saisit les impasses de politiques environnementales faisant l'économie d'un changement radical de système. Voici le concentré d'un texte clé, mais bien sûr historiquement situé, de près de cent pages.
- Pouvoir de détruire, pouvoir de créer - Murray Bookchin p. 9-14 Dans cet extrait du manifeste du groupe Ecology Action Eas datant de décembre 1969, Murray Bookchin montre combien la réponse à la crise écologique ne pourra se limiter à une critique de la technologie et de la croissance démographique mais passera nécessairement par une remise en cause de l'emprise de la société hiérarchique. Il s'agit pour lui d'éliminer la hiérarchie en tant que telle, tous les modes de domination sexuelle et parentale, toutes les classes sociales et toutes les formes de propriété. Autrement dit d'abolir les systèmes de domination et de répression qui ont dressé l'homme contre l'homme et contre la nature.
- Détérioration matérielle de la planète - Charles Fourier p. 4-8
Dossier (première partie)
- Comprendre l'Anthropocène - Ian Angus, Luke Haywood, Marc Robert p. 15-23 Cet entretien a été initialement publié dans le magazine anglais Socialist Review. Nous en publions ici notre traduction française. Ian Angus y analyse l'émergence de l'Anthropocène comme une conséquence directe du capitalisme fossile qui mine nos sociétés, et à travers son analyse, il esquisse les pistes de ce que pourrait être notre combat collectif pour y faire face.
- L'Anthropocène nous rend responsables du monde - Jean Zin p. 24-29 Le 35e Congrès international de géologie a officialisé le 30 août 2016 dans la ville du Cap, en Afrique du Sud, l'entrée dans une nouvelle époque géologique, l'Anthropocène. Jean Zin rappelle les différentes hypothèses de datation de cette nouvelle époque pour en déduire la singularité de ce changement par un processus cognitif relativement autonome qui transcende la simple responsabilité humaine. Face à cela, la lucidité des écologistes n'a pas empêché leur échec politique. Aujourd'hui, la globalité du danger oblige à une réponse planétaire.
- Science en conscience à l'âge de l'Anthropocène - Marc Robert p. 30-33 À l'échelle internationale, les géologues sont prêts à déclarer que nous allons quitter l'époque de l'Holocène pour l'Anthropocène. Les êtres humains sont devenus des acteurs géologiques. Une espèce animale aura été capable et responsable de modifier le temps long de la géologie. Marc Robert s'interroge sur la capacité de nos sciences et de nos technologies à s'adapter ou pas à cette nouvelle phase de l'humanité.
- Migrants et Anthropocène - Élise Löwy p. 34-42 Si l'Anthropocène est un Capitalocène et polarise encore plus chaque jour les asymétries sociales et les modes de vie, alors les migrations actuelles en sont un des marqueurs les plus forts, injustes et terriblement destructeurs de vies et de communautés de vie. Élise Löwy nous en livre dans ce texte une analyse sans concession qui interroge notre conception même de commune humanité.
- « Nous sommes la nature qui se défend contre l'économie » : Imaginaire terrestre et coalition politique à l'ère de l'Anthropocène - Manon Bineau, Antoine Chopot p. 43-51 Manon Bineau et Antoine Chopot éclairent d'une lecture philosophique le nouvel enjeu politique que nous lance l'ère de l'Anthropocène. D'une seule et même voix, il appellent à l'émergence d'un imaginaire politique commun à cette ère, qui soit suffisamment puissant pour organiser une « coalition terrestre » : relier les différentes pratiques d'émancipation autour d'un ennemi commun, qu'ils désignent comme une « police économico-naturaliste », paradigme du capitalisme.Manon Bineau et Antoine Chopot n'en sont plus à s'interroger sur l'existence ou non d'une ère de l'Anthropocène, mais déjà à dessiner le paysage politique émergeant et à venir de cette « situation anthropocénique » qui, à échelle planétaire, affecte l'ensemble des Terrestres, humain et plus qu'humains.
- Capitalocène : Réflexions sur l'échange écologique inégal et le crime climatique à l'âge de l'Anthropocène - Christophe Bonneuil p. 52-60 Ce texte replace l'émergence de l'Anthropocène dans les dynamiques longues de l'histoire du capitalisme industriel tel qu'il se développe depuis plus de deux siècles et dans celles de notre modernité. C'est bien l'histoire d'un Capitalocène mortifère qui s'écrit, appelant à de nouvelles révolutions sociales et collectives, alors que notre survie même est en jeu.
- Anthropo(s)cène - Stéphane Lavignotte p. 61-71 « L'anthropocène est-elle autre chose qu'un récit ? Mais est-ce vraiment le récit émancipateur que nous voulons raconter ? » C'est ce questionnement fondamental que Stéphane Lavignotte pose sur l'anthropocène, auscultant cette notion et en la mettant face à ses images théologiques cachées – qu'il nomme des « théologèmes ». Pasteur de la mission populaire de Gennevilliers et doctorant en théologie morale, il déploie ici toute la force des mythes bibliques comme autant de malles à trésors remplies de concepts féconds nous permettant de mieux appréhender les mythes contemporains, les récits que nous faisons du monde, à commencer par celui de l'Anthropocène et de l'écologie.Mieux, Stéphane Lavignotte nous permet de percevoir les liens profonds qui unissent les premiers mythes de l'humanité aux récits que nous posons aujourd'hui ; récits qui, pour procéder à une véritable démarche critique et politique, doivent procéder à leur propre critique et travailler avec les représentations du monde qui les ont précédé et par lesquels ils sont habités : c'est précisément ce travail d'autocritique qu'il appose aux récits contemporains de l'Anthropocène.
- Comprendre l'Anthropocène - Ian Angus, Luke Haywood, Marc Robert p. 15-23
Dossier (seconde partie)
- Théorie et pratique démocratique : De Bookchin à Öcalan - Janet Biehl, Ronald Creagh p. 72-79 Dans cet extrait d'une conférence prononcée à Montpellier le 15 mai 2016, Janet Biehl revient sur le projet municipaliste de Murray Bookchin, son ancien compagnon, en décrivant les relations que le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a entretenu avec celui dont il se présente comme l'un de ses « étudiants ».
- Les idéaux de Bookchin fleurissent au Rojava - Vincent Gerber p. 80-90 Dans le nord de la Syrie sous administration kurde, les alliés du PKK appliquent le confédéralisme démocratique suivant les principes de l'écoanarchiste américain Murray Bookchin. Faut-il y voir un nouvel Eldorado de l'expérimentation sociale et politique ?
- 20 ans d'expérience zapatiste : Une utopie concrète pour sortir du désastre - Jérôme Baschet p. 91-98 Jérôme Baschet revient ici sur vingt ans d'expérience zapatiste. Il montre en quel sens, à travers l'autonomie, le refus d'une dichotomie entre le peuple et les élites, une dé-spécialisation des tâches et des formes de vie autodéterminées, cette utopie concrète a posé les bases d'une manière de bien vivre, choisie et collectivement assumée, qui s'oppose à l'idéologie du développement et à la quantification marchande.
- La terre est le médiateur de l'amour entre les gens - Olivier Barbié, Théo Paqué, Damien Almar p. 99-107 Un bureau de l'IUT de Cachan : quoi de plus glamour pour rencontrer Olivier Barbié, professeur d'économie-gestion et passeur d'un monde paysan éteint à celui qui pourrait advenir. Avec d'autres apprentis paysans-philosophes par le biais d'une école (EAD) et d'un institut de recherche (ITAN)`renvoi id="re1no1" idref="no1" typeref="note"b1`/renvoib, ils délivrent des formations à distance pour apprendre à cultiver sans labour, fertilisants, sarclage (désherbage), pesticides et tailles. Ce n'est pas pour parler de business plan ou technique de culture que nous l'avons sollicité, mais pour son regard aiguisé sur une culture paysanne qu'il a vu dépérir, arrachée à la terre. Dernier d'une lignée lotoise de cultivateurs de dix générations, il a conduit son premier tracteur à 11 ans pour en descendre à 27, le dos cassé. C'est en ville qu'il nous explique pourquoi et comment ce monde paysan n'existe plus, et surtout quels sont les enjeux pour les personnes qui désirent aujourd'hui reconsidérer la terre, (se) cultiver. Rétropédalage.
- Théorie et pratique démocratique : De Bookchin à Öcalan - Janet Biehl, Ronald Creagh p. 72-79
Kit militant
- Ende Gelände : fini les bêtises, fini le charbon ! - Nicolas p. 108-112 Comme ses pairs européens, l'Allemagne a signé l'accord de Paris et avec lui des engagements de réduction de gaz à effet de serre. Mais la transition énergétique, beaucoup plus résolument engagée outre-Rhin qu'en France, stagne. La cause ? La réticence politique de réduire la production électrique à partir du charbon. Pour alerter l'opinion publique et demander une sortie du charbon immédiate, le réseau Ende Gelände s'est créé et organise des actions de désobéissance civique à grand succès.
- Ende Gelände : fini les bêtises, fini le charbon ! - Nicolas p. 108-112
Utopie(s) 2050
- Le déjà-là de l'après-capitalisme : L'utopie d'Anita Rozenholc & Emmanuel Dessendier - p. 113-121 Deux membres du comité de rédaction de la revue se prêtent à leur tour à l'exercice de cette rubrique. S'inspirant principalement des écrits d'André Gorz – notamment de son ultime article écrit pour notre numéro 28 –, mais aussi des analyses que Jean Zin publie régulièrement sur son site , les co-auteurs dessinent les contours d'une société civilisée de l'après-capitalisme. Une utopie concrète qui part du déjà-là.
- Le déjà-là de l'après-capitalisme : L'utopie d'Anita Rozenholc & Emmanuel Dessendier - p. 113-121
Lectures
- Lectures - Emmanuel Dessendier p. 123-140