Contenu du sommaire : Communautés énergétiques locales, coopératives citoyennes et autoconsommation collective : formes et trajectoires en France
Revue | Flux |
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Numéro | no 126, 2021/4 |
Titre du numéro | Communautés énergétiques locales, coopératives citoyennes et autoconsommation collective : formes et trajectoires en France |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Communautés énergétiques locales, coopératives citoyennes et autoconsommation collective : formes et trajectoires en France - Gilles Debizet, Marta Pappalardo p. 1-13
- « Communautés énergétiques » et fabrique urbaine. Analyses croisées Allemagne, France, Royaume-Uni - Flora Aubert, Taoufik Souami p. 14-25 Le terme « communautés énergétiques » tend dans les travaux de recherche à focaliser sur les rapports socio-politiques pour expliquer les systèmes énergétiques locaux, systèmes visant pour beaucoup l'autoproduction et l'autoconsommation locales d'énergie. La matérialité des dispositifs techniques et la matérialité des espaces de ce « local » jouent un rôle tout aussi important et produisent d'autres perspectives d'analyse. Cet article en apporte les indices en particulier à travers trois exemples en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Ces derniers montrent que les acteurs des « communautés énergétiques » usent des outils et des logiques de la fabrique urbaine pour faire advenir leur projet là où les cadres juridiques gouvernant l'énergie et les positions dominantes des opérateurs énergétiques historiques constituent des obstacles. Ces acteurs empruntent les failles et les interstices des mondes de l'énergétique et de la fabrique urbaine pour agir, ce qui en retour fait des espaces, de leurs mécanismes de production, et de leurs logiques de fonctionnement des acteurs non-humains qui forgent tout autant les systèmes socio-énergétiques urbains.The term “energy communities” tends in research to emphasize the focus on socio-political relationships to explain local energy systems, largely aiming at local self-production and self-consumption. The materiality of technical devices and the materiality of spaces play an equally important role and provide a large part of the explanations. This article provides clues through three examples in Germany, France and the United Kingdom. These case studies show that the actors of “energy communities” use urban making's tools and logics to make their project happen; where energy legal frameworks and incumbent energy actors' dominant positions constitute obstacles. These actors take advantage of margins and cracks left open by energy and urban making worlds, which contributes to turn spaces, their production mechanisms, and their operating logics into non-human actors who equally forge local urban socio-energy systems.
- Refaire de l'énergie, les épreuves de porteurs de projets « citoyens » dans la production d'électricité - Arnaud Assié p. 26-38 Les projets dits citoyens de développement des énergies renouvelables (EnR) se multiplient en France depuis une décennie. Ils trouvent leur origine dans un double rejet de l'énergie nucléaire et des pratiques libérales dominant le développement des EnR, perçues comme captatrices des ressources territoriales, et leurs motivations gagnent en diversité au fur et à mesure de leur multiplication sur le terrain. L'article vise à analyser les épreuves rencontrées par les porteurs de projets lors des travaux menés à différentes échelles et nécessaires à la constitution de collectifs intéressés par une production électrique alternative et au développement de projets lui-même. Il souligne certains mécanismes d'évolution de ces projets et de l'idée même de projet EnR citoyen, dans un univers réglementaire ignorant leurs spécificités, tout en mettant en lumière l'imbrication du développement de projets et de la constitution de réseaux nationaux dédiés au partage d'expérience, à l'appui méthodologique, et au plaidoyer en faveur d'un rôle des citoyens dans la production d'électricité.French renewable energy citizen-led projects considerably increased in the last decade. These projects find their origins in the rejection of both nuclear energy and dominant liberal practices in the field of renewable energies. However their motivations are multiplying with the number of projects. The article aims at analyzing the trials that project leaders encounter by working, at various scales, namely when creating groups of people interested in electricity production and when developing power generation plants. The article also refers to some project-development mechanisms, and to the emergence of the very idea of citizen-led power generation, in an ill-adapted regulatory framework, and highlights how projects development interweaves with the constitution of national networks dedicated to experience-sharing and advocacy.
- L'initiative de nouvelle économie sociale d'Enercoop dans le secteur électrique : incidences de l'holacratie dans la coopérative régionale de Midi-Pyrénées - Rémi Maître p. 39-51 Cet article présente les spécificités du fournisseur coopératif d'électricité renouvelable Enercoop, une initiative de nouvelle économie sociale (NES) dans le secteur électrique. À partir d'entretiens sociologiques et de sessions d'observation participante, il décrit le fonctionnement d'une coopérative régionale, Enercoop Midi-Pyrénées (EMIP). Après une présentation de l'organisation d'EMIP basée sur l'holacratie y compris son mode de décision singulier dit Décision par consentement (DPC), il analyse, grâce au prisme de la sociologie praxéologique, les incidences de ce mode sur l'implication des salariés qui peuvent affirmer leur engagement militant dans l'organisation. Si cette coordination facilite la circulation de l'information entre les membres, elle demande aux individualités d'appliquer des techniques qui peuvent être complexes à s'approprier, de se mettre au niveau d'exigence du groupe et d'accepter un contrôle par les pairs, ce qui peut rendre difficile l'intégration de nouveaux membres.This article presents the specificities of the cooperative renewable electricity supplier Enercoop, a new social economy (NSE) initiative in the electricity sector. Based on sociological interviews and participant observation sessions, it describes the functioning of a regional cooperative, Enercoop Midi-Pyrénées (EMIP). After a presentation of EMIP's organization based on holacracy, including its unique decision-making mode called Decision by consent (DPC), the article analyzes, through the prism of praxeological sociology, the impact of this mode on the involvement of employees who can affirm their militant commitment to the organization. If this coordination facilitates the circulation of information between members, it requires individuals to apply techniques that can be complex to appropriate, to put themselves at the level of the group's requirements and to accept peer control, which can make it difficult to integrate new members.
- Autoconsommation collective ou solidarité nationale ? L'adaptation controversée de la tarification du réseau d'électricité pour les autoconsommateurs - Thibaut Fonteneau p. 52-70 L'article analyse la mise œuvre controversée de l'autoconsommation collective en France entre 2017 et 2019, en la replaçant dans la dynamique historique récente de baisse des tarifs d'achats et d'émergence des communautés énergétiques. En s'appuyant sur la théorie des agencements marchands issue de la sociologie économique, l'article analyse le cadrage opéré par l'autoconsommation individuelle et l'autoconsommation collective sur les flux d'électricité. Il rentre par la suite dans le détail de la controverse qui a entouré l'adaptation du tarif d'utilisation des réseaux (TURPE) aux autoconsommateurs collectifs. La mise en place d'un tarif abaissé pour les autoconsommateurs collectifs, défendue par certains acteurs comme moyen d'améliorer la rentabilité des projets, a finalement été repoussée au nom du maintien de la cohérence économique et politique du TURPE. Déplier cette controverse permet de questionner la pérennité du principe de solidarité national, assuré par le réseau et son tarif, dans le cadre d'une transition énergétique s'opérant de plus en plus à des échelles locales. En conséquence, l'article invite les futurs travaux en sociologie économique, portant sur l'énergie, à saisir les tarifs de réseau comme objet d'étude et à davantage prendre en compte la question des échelles (spatiales, administratives, techniques) dans l'étude des agencements et de la valuation.The article examines the controversial implementation of collective self-consumption in France between 2017 and 2019, contextualizing it within the recent historical dynamics of declining feed-in tariffs and emerging energy communities. Based on the theory of market agencements developed in economic sociology, the article describes the framing of electricity flows by individual and collective self-consumption. It then explains in detail the controversy surrounding the adaptation of the network usage tariff (TURPE) to collective self-consumption. The implementation of a lowered tariff for collective self-consumers, defended by some actors as a way to improve the profitability of projects, was finally rejected in order to maintain the economic and political coherence of TURPE. In the context of an energy transition that is increasingly taking place at the local level, unpacking this controversy allows us to question the durability of the national solidarity ensured by the network and its tariff. Consequently, the article invites future works in economic sociology, dealing with energy, to seize the network tariffs as an object of study and to take into account to a greater extent the question of scales (spatial, administrative, technical) in the study of the agencements and the valuation.
- Entretien - Didier Laffaille, Gilles Debizet p. 71-76
- Un webinaire international sur les communautés énergétiques : débats et recherches, de l'université à la société - Marta Pappalardo p. 77-91
- Nouvelles régions et métropoles – La grande transformation ?, Pascal Chauchefoin (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020 - Jean Houssemand p. 92-93
- Chroniques de Géo'virale, Michel Lussault, Lyon, Éditions 205, collection « À partir de l'Anthropocène », 2020, 112p. - Sarah Fleury p. 94-95