Contenu du sommaire : Staging Atmospheres: Theatre and the Atmospheric Turn - Volume 2
Revue | Ambiances |
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Numéro | 2021 |
Titre du numéro | Staging Atmospheres: Theatre and the Atmospheric Turn - Volume 2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Staging Atmospheres: Editorial introduction to the second volume - Chloé Déchery, Martin Welton Dans ce deuxième numéro spécial d'Ambiances sur la mise en scène des atmosphères, nous revenons sur la félicité matérielle et métaphorique par laquelle la performance et la scénographie théâtrales ainsi que leur réception se présentent à la pensée critique et politique en relation avec la question de l'atmosphère. Nous observons, parmi d'autres facteurs, l'importance particulière de la scénographie - une préoccupation à la fois intellectuelle et esthétique - qui fournit un cadre permettant de considérer la présence matérielle des atmosphères au sein des événements théâtraux eux-mêmes, et par extension, dans le quotidien et les autres mondes qui les dépassent. En outre, nous examinons comment, à travers l'éventail considérable d'exemples offerts par nos contributeur•trice•s, l'heuristique de la mise en scène est libérée d'un lien quelque peu moribond avec le « décor de scène » et devient plutôt un processus de rencontres vivantes avec les affects et les potentialités des environnements sociaux et matériels.In this second special issue of Ambiances on Staging Atmospheres, we return to the material and metaphorical felicity by which theatrical performance, design and their reception, present themselves to critical and political thinking in relation to atmosphere. We note, amongst other factors, the particular significance of scenography – at once an intellectual and aesthetic concern – in providing a framework by which to consider the material presence of atmospheres within theatrical events themselves, and by extension, in quotidian and other milieux beyond them. Moreover, we consider how, across the considerable range of examples offered by our contributors, the heuristic of staging is released from a somewhat moribund connection to the ‘stage set' and instead becomes a process of lived encounters with the affects and affordances of social and material environments.
- Invisible Theatre: militarized space and the staging of affective atmospheres - Leah Lovett Cet article revisite les circonstances entourant le premier essai connu de Théâtre Invisible réalisé par le metteur en scène brésilien Augusto Boal (1972) dans un restaurant de Buenos Aires à la lumière de la théorie d'Anderson (2014) sur les atmosphères affectives et leur capacité à médiatiser les structures du sentiment. M'appuyant sur une recherche originale combinant consultation d'archives et recherche-création, je propose un compte-rendu critique de Restaurant Theatre: The Law à travers le récit ré-imaginé de la performance et des preuves essentielles au sujet de la loi en question et qui remettent fondamentalement en cause l'affirmation de Boal que la technique agit comme un outil de libération sociale face aux forces d'oppression. L'alternative explorée ici est que le Théâtre Invisible s'est développé dans la pratique de Boal comme une réaction atmosphérique contre les formes militarisées de rencontres urbaines, conçues de manière à infiltrer un sentiment structurel de peur. Cette idée se retrouve à travers les rencontres de Boal avec les appareils de contrôle affectifs de l'État lorsqu'il est fait prisonnier politique, puis dissident en exil, ainsi que dans le concept performatif de camouflage. Libéré des oppositions binaires surdéterminées de l'oppresseur et de l'oppressé, je propose que le Théâtre Invisible offre aux praticiens qui cherchent à mettre en scène des atmosphères affectives la possibilité de produire des rencontres et des perceptions transformatrices.This paper revisits the circumstances surrounding Brazilian theatre director, Augusto Boal's first recorded experiment with Invisible Theatre in a restaurant in Buenos Aires (1972) in light of Anderson's (2014) theory of affective atmospheres in their capacity to mediate structures of feeling. Drawing on original archival and performance-based research, I advance a critical account of Restaurant Theatre: The Law through a narrative reimagining of the performance and key evidence concerning the law in question that fundamentally challenges Boal's claims for the technique as a means of social liberation from forces of oppression. The alternative possibility explored here is that Invisible Theatre developed in Boal's practice as an atmospheric reaction to militaristic forms of urban encounter and a means with which to infiltrate structural feelings of fear. This idea is traced through Boal's encounters with state apparatus of affective control as a political prisoner and marked dissident in exile, and with the performative concept of camouflage. Freed from the overdetermining binaries of oppressor and oppressed, I suggest Invisible Theatre can open up opportunities for practitioners seeking to stage affective atmospheres to produce transformative encounters and perceptions.
- “Mother and son: Reality versus art in virtual reality. Staging an atmospheric performance with immersive technologies” - Maxime Le Calvé Imaginez que vous consacrez plusieurs années à étudier l'activité artistique d'un célèbre artiste contemporain. On vous annonce un jour que Jonathan Meese, l'artiste en question, va produire une œuvre en réalité virtuelle (VR) pour la chaîne ARTE et l'une des grandes institutions berlinoises spécialisée dans les œuvres d'art immersives, le Berliner Festspiele. Il va y mettre en scène son processus de création et la sphère intime de sa relation avec la personne qui le met au travail : sa propre mère. Cette performance, filmé à 360° par une équipe technique experte, est une occasion rêvée pour l'ethnographe de prendre une leçon de documentation multi sensorielle—et ainsi d'explorer les possibilités offertes par ce média émergent. L'équipe de production me commande une série de dessins sur le processus de production de cette œuvre, qui seront publiés par le blog de l'institution. A l'aide de ces images, je raconte la chaîne opératoire que constitue la captation de la performance—je décris ainsi dans cet article ethnographique un objet théâtral « en train de se faire. » En dernière partie, je mets en valeur la composante spécifique du dispositif VR dans cette performance et l'effet de médiation que cette technologie impose sur celle-ci. Cela me permettra de montrer comment le processus de production et la dimension atmosphérique du phénomène sont étroitement articulés ensemble, et ce que les médias immersifs peuvent apporter à la réflexion contemporaine sur les atmosphères en anthropologie—mais aussi à propos du dessin ethnographique.Picture yourself spending several years studying the artistic activity of a famous contemporary artist. Someday you are told that the artist, Jonathan Meese, is going to produce a work in virtual reality (VR) for the ARTE channel and one of Berlin's leading institutions specializing in immersive artworks, the Berliner Festspiele. In this piece, he will stage his creative process and the intimate sphere of his relationship with the person who puts him to work: his own mother. This performance, filmed in 360° by an expert technical team, is a perfect opportunity to take a lesson in sensory documentation as well as an exploration of the possibilities offered by this emerging medium. The production team commissioned me to do a series of ethnographic drawings about the production process of this work. Through these images, I depict the process of staging the performance. In this article, I describe a theatrical object “in the making.” In the last part, I highlight the specific component related to VR devices in this performance and the mediating effect that this technology imposes on it. This will allow me to show how the production process and the atmospheric dimension of the phenomenon are closely intertwined, and what immersive media can contribute to contemporary thinking on atmospheres in anthropology — and to the topic of ethnographic drawing.
- Aural Attunement is a form of performative writing used to write about nonhuman affective relations in Emma Bennett's Slideshow Birdshow (2013) - Rebecca Collins Dans cet article, l'accordage auditive est mise en avant comme un moyen d'écriture performative qui prête attention aux relations affectives nouées avec des entités non humaines (à savoir, les oiseaux). La connaissance incarnée exploitée dans l'écriture vise à émuler l'expérience d'être un spectateur-auditeur dans Slideshow Birdshow (2013), une performance contemporaine solo d'Emma Bennett. S'il est reconnu que la théorie non représentationnelle est un terme fourre-tout pour décrire l'affect, l'atmosphère et l'expérience vécue dans les aspects sociaux et relationnels de notre vie quotidienne, l'articulation de ces dimensions est compliquée et ne peut être entièrement traduite en mots. Dans cet article, nous soutenons, par le biais d'une pratique d'écriture critique et intime, que la performance contemporaine et l'écriture performative ont beaucoup à offrir aux débats actuels au sein de la géographie humaine à ce sujet. L'utilisation de l'accordage auditive pour prêter attention aux micro-mouvements, aux vibrations, au rythme et au ton indique un engagement plus sensoriel, soulignant ainsi nos relations affectives avec le non-humain.In this article aural attunement is put forward as a means of performative writing to attend closely to affective relations with nonhuman entities (namely birds). Embodied knowledge harnessed in the writing aims to emulate the experience of being a listening-spectator at Slideshow Birdshow (2013), a solo contemporary performance piece by Emma Bennett. Whilst it is recognised that non-representational theory is a catch-all term to describe affect, atmosphere, and lived experience occurring in the social and relational aspects of our daily lives, the articulation of such dimensions are complicated and not fully translatable into words. Here it is argued, through a critically-intimate writing practice, that contemporary performance and performative writing have much to offer to the ongoing debates within human geography in relation to this. The use of aural attunement to attend to micro-movements, vibrations, rhythm and tone indicate a more sensorial engagement thereby highlighting our affective relations with the nonhuman.
- Scenes of Studio Practice - Christian Edwardes Le virage créatif au sein de la géographie a donné naissance à un certain nombre d'explorations dans les ateliers d'artistes ; afin de révéler les relations vitales, immanentes et affectives qui donnent formes à ces espaces de création. Des entretiens, des observations, des collaborations avec des artistes ont attiré l'attention sur le non-représenté ; cet article aborde quant à lui l'atelier d'artiste à la fois comme une scène et une mise en scène atmosphérique. Reprenant des discours autour de la scénographie, nous développons l'idée selon laquelle : les scènes non seulement prennent en compte la construction de la durée et de la composition des espaces d'atelier, mais sont aussi les lieux de formation et d'initiation à travers lesquelles les participants s'inscrivent dans une composition à la fois d'atmosphères et de registres d'atelier d'artiste. L'attention est attirée sur le rôle de ces compositions dans la production d'un imaginaire d'ateliers d'artistes.The creative turn within geography has seen a number of returns to the artists' studio as a site for exploring the vital, immanent, and affective relations that form these spaces of creative practice. Where interviews, observations, collaborations, with artists have directed attention to the non-representational, this paper approaches the studio as both a scene, and an atmospheric staging. Taking up broader discourses around the scenographic, it argues that scenes not only take account of the durational and compositional construction of studio spaces, but can be understood as a form of training and attunement through which participants are enrolled in the joint composition of studio atmospheres and registers. It directs attention to the agency that these compositions have in the production of the studio imaginary.
- Quand l'air reprend son souffle - Zoé Brioude Sur le plateau de Philippe Quesne, hiérarchies humaines et linéarité de l'action sont déstructurées : l'anthropocentrisme ne règne plus et le monde scénographié existe pour lui-même. Les choses et les corps peuvent libérer des extases, pour former ce que Böhme a appelé des atmosphères esthétiques. Ni objectives, ni subjectives, elles brouillent les frontières entre sujets et objets, actants et actés, et ouvrent à un nouveau matérialisme qui prend résolument le parti de la matière, contre le matérialisme économique anthropocentré, dans le contexte de la crise écologique. Dans cette ontologie reconfigurée, les personnages d'idiots tout à fait rossetiens qui peuplent le Vivarium Studio empruntent à l'air, élément favori de Philippe Quesne, l'allégresse qui leur permet d'approcher au plus près le réel et sa vérité tragique : il n'y a et n'y aura que cela, le réel. Un auteur de science-fiction donne le ton : « Le futur qui nous attend est celui que nous créons. Vous feriez mieux d'y croire. ». Le compromis paradoxal entre approche métaphysique et approche matérialiste du réel, que nous nommons « métaphysique du sensible », est le symptôme d'un art qui a renoncé à la transcendance et se met au diapason du crépuscule pour lutter contre la fin du monde en douceur.On Philippe Quesne's stage, human hierarchies and linearity of action are destructured: anthropocentrism no longer reigns and the scenic world exists for itself. Things and bodies can release ecstasies, to form what Böhme called aesthetic atmospheres. Neither objective nor subjective, they blur the boundaries between subjects and objects, actors and acted, and open up a new materialism that resolutely takes the side of matter against economical and anthropocentric materialism in the context of the ecological crisis. In this reconfigured ontology, the utterly Rossetian, idiotic characters that populate the Vivarium Studio take on an airy (Philippe Quesne's favourite element) cheerfulness that allows them to get as close as possible to reality and its tragic truth: reality is all that exists and nothing more. An author of science-fiction sets the tone: “The future that awaits us is the one we create. You'd better believe it.”. The paradoxical compromise between a metaphysical and a materialist approach to the real, which we refer to as the metaphysics of the sensible, is the symptom of an art that has renounced transcendence and must now attune to the twilight of a fight against the gentle ending of the world.
- On Atmospherics: Staging Stormzy and nonbinary thinking - Rachel Hann En prenant comme étude de cas la performance de Stormzy, l'artiste britannique de Grime, à Glastonbury en 2019, cet article examine les tactiques, les technologies et les processus révélés par l'acte de mise en scène des atmosphères. Des philosophies de l'expérience basées sur le processus, telles que le design pluriversel et le « faire-monde », sont adoptées pour examiner les perspectives ontologiques « non binaires » auxquelles invite une esthétique scénique fondée sur l'atmosphère. D'un point de vue méthodologique, le spectacle de Stormzy, produit par TAXBOX et ses collaborateurs, est analysé selon l'approche du géographe Derek McCormack, qui considère que les dispositifs spéculatifs (tels que les ballons de baudruche ou les décors de scène) produisent des « choses atmosphériques ». Cela inclut une analyse des atmosphères de scène en tant que « lieux d'ambiance » indéterminés et le rôle des « atmospherics » dans la mise en œuvre, la projection ou l'affirmation de mondes possibles pour la culture noire britannique. L'analyse de McCormack sur l'enveloppement atmosphérique est étendue à l'étude du théâtre et de la performance en positionnant la « scénographie » comme un type d'« atmospherics ». En d'autres termes, cet article offre un premier argument pour considérer les effets tactiques de la scénographie dans la production d'« atmospherics ». L'article se conclut par une remise en cause des ontologies de la scène fondées sur les catégories (binaires) et fait valoir les avantages d'une approche atmosphérique en tant qu'approche processuelle (non binaire) de l'esthétique de la scène.Taking the UK Grime artist Stormzy's performance at Glastonbury 2019 as a case study, this article investigates the tactics, technologies and processes revealed through the act of staging atmospheres. Process-based philosophies of experience, such as pluriversal design and worlding, are adopted to examine the ontologically ‘nonbinary' perspectives that an atmosphere-led stage aesthetics invite. Methodologically, Stormzy's headlining act produced by TAXBOX and collaborators is analyzed through the geographer Derek McCormack's approach to speculative devices (such as balloons or stage sets) as ‘doing atmospheric things'. This includes an analysis of stage atmospheres as indeterminate ‘worlding envelopes' and the role of atmospherics in enacting, projecting, or affirming possible worlds for Black British culture. McCormack's proposal of atmospheric envelopment is extended into the study of theatre and performance by positioning ‘scenographics' as a type of atmospherics. Put simply, this article offers an initial argument for considering the tactical affects of scenographics within the production of atmospherics. The article concludes with a challenge to category-based (binary) stage ontologies and argues the benefits of atmospherics as a process-based (nonbinary) approach to stage aesthetics.