Contenu du sommaire : En quoi le brexit interroge‐t‐il les modèles d'analyse de la science politique ?

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro vol. 71, no 4, août 2021
Titre du numéro En quoi le brexit interroge‐t‐il les modèles d'analyse de la science politique ?
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  • Articles

    • Introduction : En quoi le Brexit interroge-t-il les modèles d'analyse de la science politique ? - p. 553-554 accès réservé avec indexation
    • Un échec des modèles explicatifs de la science politique ? : Sur la contingence, la prédictibilité et l'intelligibilité rétrospective du Brexit - Colin Hay, Cyril Benoît p. 555-574 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En 2016, le « Leave » l'emporte dans le référendum pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Faut-il voir dans l'incapacité de la plupart des politistes à avoir prédit cet événement un échec de leurs modèles explicatifs ? Et quelles sont les implications à considérer la discipline comme capable d'élaborer des propositions ayant une visée prédictive ? En s'appuyant notamment sur une comparaison de la situation de la science politique face au Brexit avec celle de la science économique face à la crise financière, l'article défend l'idée que c'est la capacité d'une théorie à rendre un événement intelligible rétrospectivement qui doit constituer un critère de validation, et non pas le fait de l'avoir anticipé. Réexaminant les causes du Brexit, nous montrons qu'il est possible d'en rendre raison sur la base de différents acquis de la discipline. Partant de ce constat, nous discutons également de ce que les politistes peuvent dire du futur, si l'on admet que la prédiction ne prend pas dans les sciences sociales la même forme que dans les sciences naturelles.
      In 2016, the Leave vote won the referendum on the membership of the United Kingdom in the European Union, a result that few observers had anticipated. Should we consider the fact that most political scientists were unable to predict this outcome as reflecting the failure of their theoretical models ? And what are the implications for the state of political science as a discipline if it is judged primarily according to its ability to make predictive claims ? Comparing the current condition of political science to that of the discipline of economics following the 2007 financial crisis, this article contends that it is a theory's ability to retrospectively render a social event or circumstance intelligible – and not to predict it – that should be evaluated as its primary criterion for validity. Re-examining the causes of the Brexit vote, we show that the 2016 vote can be explained by several existing tenets of political science. From this perspective, we discuss what political scientists might – and might not – say about the future, if we admit that prediction does not play the same role in social science as it does in the natural sciences.
    • L'État britannique recomposé par le Brexit : Global Britain or Centralised England ? - Patrick Le Galès p. 575-598 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      À la suite de travaux comparatifs sur l'État en Europe, l'article vise à mettre en évidence, interpréter et parfois expliquer les dynamiques de recomposition de l'État britannique liées au Brexit. Elles se combinent avec une décennie d'austérité sévère et la crise de la Covid-19. Le départ de l'Union européenne (UE) pose des questions existentielles à l'État britannique. L'article vise tout d'abord à montrer les conséquences du Brexit sur l'organisation de l'État, ses institutions, son gouvernement et ses politiques car la sortie de l'UE conduit à une « dé-européanisation » de l'État ou, à tout le moins, à un autre type d'européanisation. Deuxièmement, ce processus conduit à une renationalisation de l'autorité politique, une centralisation anglaise aux dépens des périphéries et du système juridique. Le Brexit met enfin à mal la conception britannique de l'État et ouvre la porte aux entrepreneurs politiques conservateurs qui tentent d'esquisser un autre modèle d'État centralisé, anglais, néolibéral et globalisé.
      Following in the footsteps of a number of comparative studies on statehood in Europe, this article highlights, interprets, and attempts to explain the dynamics governing the reconfiguration of the British State in the wake of Brexit. These dynamics have operated against a decade-long backdrop of austerity and then the explosion of the Covid-19 pandemic. Leaving the European Union (EU) raised a number of existential questions for the United Kingdom. This article will first describe the consequences of Brexit on the institutions, government, and policies of the United Kingdom, with the latter's exit from the EU leading to the country's “de-Europeanization“ – or at the very least, to another kind of Europeanization. Secondly, this process has produced a re-nationalization of political authority, with power increasingly being centralized in England to the detriment of other territories and the judicial system as a whole. Ultimately, Brexit poses a challenge to the British conception of statehood and opens the door to conservative political entrepreneurs who are keen to propose another model : a State that is centralized, English, neoliberal, and globalized.
    • "Order... and Disorder" : Le Brexit ou la victoire amère des études parlementaires - Olivier Rozenberg p. 599-621 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Sous une multitude d'aspects, le Brexit a donné à voir la place importante du Parlement britannique. La centralité préservée ou retrouvée de Westminster interpelle la science politique non seulement parce que de nombreux politistes souscrivent, même implicitement, à la thèse de la déparlementarisation mais également parce que les études parlementaires (legislative studies) ne sont pas à même de rendre compte des différents registres et logiques d'action manifestés durant la décennie 2010 par les parlementaires britanniques pour faire advenir ou repousser le Brexit. La focalisation sur l'agenda et les commissions des études parlementaires conduit en effet à négliger des éléments importants que peuvent éclairer d'autres secteurs de la science politique, de la sociologie des partis aux relations internationales. Par ailleurs, les séances chaotiques à la Chambre des communes en 2019 offrent une rare illustration de la pertinence de la théorie du choix social et invitent les politistes à s'appuyer sur les cadres conceptuels de l'économie politique pour comprendre, au-delà du Brexit, les multiples formes de dérationalisation à l'œuvre dans les parlements contemporains.
      In many ways, Brexit has revealed the importance of the British Parliament. Westminster's central role – whether preserved or regained – is interesting from a political science perspective, not only because many experts accept, even implicitly, the theory of deparliamentarization, but also because legislative studies have been incapable of accounting for the different registers of and rationales for action exhibited over the course of the 2010s by British MPs when arguing for or against Brexit. Focusing on the parliamentary agenda and committees of legislative studies has in fact led many to overlook important elements that can shed light on other sectors of political science, from party sociology to international relations. In addition, the chaotic sessions of the House of Commons in 2019 are a rare illustration of the pertinence of social choice theory, which should encourage political scientists to go beyond Brexit and use the conceptual framework of political economy to understand the multiple forms of derationalization at work in contemporary parliaments.
  • Chronique bibliographique : autour du Brexit

  • Chronique bibliographique : varia