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Revue | géographie, économie, société |
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Numéro | vol. 23, no 3, juillet-septembre 2021 |
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- Petites fermes des villes, petites fermes des montagnes et soutiens de la Politique agricole commune - Pauline Lécole p. 219-243 Ce papier présente à partir d'enquêtes de terrain deux grandes stratégies de maintien partagées par des petites exploitations agricoles dans des territoires aussi différents que le périurbain de Montpellier et les Baronnies des Pyrénées. La première stratégie vise à développer des activités à forte valeur ajoutée, la seconde repose sur la pluriactivité du chef d'exploitation. La Politique agricole commune joue un rôle indispensable dans le maintien d'exploitations agricoles. Cependant la distribution des aides en grande partie à l'hectare, rend la PAC peu favorable aux petites exploitations. Nous montrons que le poids de la surcharge administrative est ressenti comme trop important au regard des montants touchés et que les aides de la PAC sont globalement peu adaptées aux besoins et contraintes des petites exploitations. Nous nuançons le propos en mettant en évidence l'hétérogénéité dans les soutiens reçus entre les petites exploitations en partie liée à leur localisation.Based on field surveys, this paper presents two main resilience strategies shared by small farms in two very different territories : the peri-urban area of Montpellier and the Baronnies of the Pyrenees. The first strategy aims at developing high value-added activities, while the second is`np pagenum="220"/b part-time farming where the farmer combines another paid job with farm work. The Common Agricultural Policy plays an essential role in maintaining farms. However, the distribution of aid, largely on a per-hectare basis, makes the CAP unfavourable to small farms. We show that the administrative burden is considered too heavy in comparison to the amounts received and that CAP support is generally poorly adapted to the needs and constraints of small farms. We qualify this statement by highlighting the heterogeneity of CAP support received by small farms, partly related to their location.
- Faut-il disqualifier les « parcs de papier » ? De l'intérêt du bricolage institutionnel - Jean-Eudes Beuret, Anne Cadoret p. 245-269 Utilisé par les gestionnaires comme par les scientifiques, le terme « parc de papier » qualifie des aires protégées jugées inefficaces sur la base soit de leurs performances, soit des moyens disponibles. Une analyse comparative internationale portant sur 13 aires marines protégées a permis de reconstituer les processus contrariés d'institutionnalisation de six d'entre elles, identifiées comme étant des parcs de papier. L'analyse permet d'identifier trois déterminants de ces situations, puis trois idéaux-types de configurations institutionnelles. Nous proposons une définition des parcs de papier qui tient compte des ressources territoriales engendrées par le processus d'institutionnalisation, ressources potentiellement activables au service de la résilience d'une politique territoriale de conservation qui, selon les cas, prend diverses formes. Le concept de « bricolage institutionnel » est mobilisé pour analyser les mécanismes de la résilience : en résultent des déductions opérationnelles puis théoriques, relatives à l'analyse croisée des processus de bricolage, conflits et innovation.Used by managers and scientists, the term “paper park” describes protected areas that are considered ineffective on the basis of either their performance or the resources available. An international comparative analysis of 13 marine protected areas has made it possible to reconstruct the thwarted institutionalisation processes of six of them, identified as “paper parks”. The analysis reveals three determinants of these situations, then three ideal-types of institutional configurations. We propose a definition of paper parks that takes into account the place-based resources generated by the institutionalisation, resources that can potentially be activated for the benefit of the resilience of a place-based conservation policy which, depending on the case, takes various forms. The concept of “institutional bricolage” is mobilised to analyse the mechanisms of resilience: this leads to operational and then theoretical deductions, relating to the cross-analysis of the processes of bricolage, conflict and innovation.
- La répartition géographique de l'emploi scientifique privé en France : métropolisation ou équilibre territorial ? - Virginie Jacquier-Roux, Mahfoud Boudis, Bruno Lamotte p. 271-302 La répartition géographique des activités scientifiques en France fait débat, entre les tenants d'une métropolisation croissante, et ceux d'une déconcentration récente. Cet article contribue à ce débat en se focalisant sur la dimension ressources humaines des activités scientifiques, et en apportant des résultats concernant les chercheurs des entreprises. À partir de données statistiques sur le territoire français, il montre que la relative déconcentration de l'emploi scientifique privé qui s'est produite à la fin du XXe siècle au niveau national se limite en fait à quelques régions réduisant légèrement le rôle primordial de l'Île de France. Qui plus est, elle s'est essoufflée au début du XXIe siècle. Plus finement, l'étude des trois régions bénéficiaires de cette déconcentration montre que les métropoles en recueillent l'essentiel des effets. Ni la circulation des chercheurs dans les entreprises, ni les politiques régionales de financement de la R&D des entreprises ne semblent à même de contrecarrer cette tendance.The geographical distribution of scientific activities in France is the subject of debate, between the proponents of increasing metropolitanization, and those of recent deconcentration. This article contributes to this debate by focusing on the human resources dimension of scientific activities, and by providing results concerning researchers in companies. Based on statistical data on French territory, it shows that the relative deconcentration of private scientific employment which took place at the end of the 20th century at the national level is in fact limited to a few regions slightly reducing the essential role of Ile-de-France. What is more, it ran out of steam at the start of the 21st century. More specifically, a study of the three regions benefiting from this devolution shows that the metropolises are reaping the bulk of the effects. Neither the movement of researchers in companies, nor the regional policies for financing company R&D appear to be able to counter this trend.
- La « vie chère » comme une manifestation de la vulnérabilité structurelle des Départements et Régions d'Outre-Mer français : entre faits stylisés et enseignements de la littérature académique - Jean-François Hoarau p. 303-339 Nul débat n'a autant secoué les populations ultramarines ces dernières années que celui de la « vie chère ». Les émeutes en Guyane (2009), aux Antilles (2009), à Mayotte (2011 et 2018) et à la Réunion (2018) témoignent du profond sentiment d'injustice, lié aux écarts de prix persistants par rapport à la métropole, qui habite ces territoires déjà meurtris par le chômage et une relative pauvreté. L'objectif de cet article est de montrer que le problème des écarts de prix trouve pourtant une certaine « légitimité » du point de vue de la science économique. En nous appuyant sur l'approche de la vulnérabilité structurelle, et plus précisément sur son volet « exposition aux chocs », nous montrons que le fait d'entreprendre en Outre-Mer est associé à un ensemble de facteurs handicapants introduisant des surcoûts, une moindre productivité apparente de travail et un contexte de fortes incertitudes. Ces derniers limitent fortement la compétitivité et la productivité des firmes ultramarines, les rendant particulièrement exposées aux chocs exogènes et faisant d'un environnement à prix relativement élevés une condition de survie.With the recurrence of riots since 2009 in the French overseas departments (Guadeloupe, French Guyana, Martinique, Mayotte, and La Reunion), the “high cost of living” became one of the major subjects of interest for these economies together with unemployment and poverty. This article aims at showing that the persistence in price gaps between these territories and their metropolitan patron can be economically justified considering the concept of structural vulnerability. The high structural vulnerability of these French small islands, and especially their strong exposure to shocks, introduces numbers of handicaps for local firms generating several hidden costs, weak labour productivity, and an economic environment characterized by high uncertainty. These impediments dramatically increase their exposure to exogenous shocks, reducing their price-competitiveness and possibilities of productivity gains. In this context, a sufficient level of profitability for local firms requires a system of high prices.
- Comptes Rendus - p. 341-352