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Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 175, décembre 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le multiplicateur d'investissement public : Une revue de littérature - Gilles Le Garrec, Vincent Touzé Cet article dresse un bilan synthétique des résultats des principales études d'évaluation d'impact des dépenses publiques et en particulier celles d'investissement public. Ce bilan est réalisé en trois points successifs : (1) Puisque l'investissement public est en premier lieu une composante de la demande, nous nous intéressons d'abord à son efficacité sous l'angle général de la dépense publique. La littérature conduit à un multiplicateur des dépenses publiques sur le PIB de 0,8 en moyenne, avec une grande variabilité dans les résultats ; (2) Dans un second temps, la dimension productive de l'investissement public est intégrée. La littérature économique parvient à établir une supériorité de la relance par l'investissement par rapport à la dépense classique à long terme. Par contre, elle tend à souligner la supériorité en termes de relance à court terme de la consommation publique sur des projets de nouvelles infrastuctures publiques dont les temps de mise en service seraient très longs ; (3) Enfin, puisque le débat actuel sur la relance par la dépense se situe dans un contexte de crise économique, l'article montre que dans la littérature le multiplicateur atteint en période de crise des valeurs plus élevée comprises entre 1,3 et 2,5 à court terme. De plus, le résultat observé en temps normal (hors période de crise) est inversé : la relance par des grands projets d'investissement public apparaît plus forte que par la consommation publique.This article gives a summary of the results of the main studies of the impact assessment of public expenditure and in particular of public investment. This assessment is carried out in three successive points: (1) Since public investment is primarily a component of demand, we have first looked at its effectiveness in terms of general public spending. The literature leads to a multiplier of public spending on GDP of 0.8 on average, with great variability in the results. (2) Second, the productive dimension of public investment is integrated. The economic literature manages to establish that, in the long run, revival by investment is superior to classical expenditure. On the other hand, the literature tends to underline this superiority in terms of the short-term revival of public consumption over new public infrastructure projects, whose implementation times would be very long. (3) Finally, as the current debate on a spending stimulus is occurring in a context of economic crisis, the article shows that in the literature the multiplier increases in times of crisis to high values of between 1.3 and 2.5. In addition, the result observed in normal times is reversed: a recovery via major public investment projects is stronger than through public consumption.JEL codes: E27, E62, H54
- Crédit d'impôt recherche - Evens Salies
- L'hétérogénéité des stratégies d'entreprises en matière de Crédit d'Impôt Recherche - Pierre Courtioux, Emmanuelle Deglaire, François Métivier, Antoine Rebérioux Cet article analyse les stratégies des entreprises de recherche en matière de Crédit d'Impôt Recherche (CIR). Nous montrons que 16 % des entreprises de recherche non sous-traitantes n'ont pas recours au CIR, et analysons les causes de ce non-recours. L'anticipation par les acteurs d'un coût administratif jugé trop important semble être la cause la plus importante du non-recours. Pour les entreprises qui ont effectivement recours au dispositif, la rentabilité de celui-ci est très variable. Nous discutons les raisons de cette variabilité. Ces différents éléments mettent à jour une forte hétérogénéité des entreprises au regard du CIR, en cohérence avec l'observation d'une explosion des bénéficiaires depuis une décennie.This article analyses the strategies of research companies in relation to France's CIR research tax credit. We show that 16% of non-subcontracting research companies do not make use of the CIR credit, and we analyse the causes of this non-use. The expectation by those involved that the administrative costs will be too high seems to be the most important cause of non-use. For companies that do use the credit, its profitability varies greatly. We discuss the reasons for this variability. These different elements reveal that there is great heterogeneity in the way companies deal with the CIR credit, which is consistent with the observation that the number of beneficiaries has exploded over the last decade.
- L'impact du CIR sur l'emploi dans la R&D du secteur privé : Une revue critique - Evens Salies Cet article propose une revue de la littérature des évaluations quantitatives du Crédit d'impôt recherche (CIR) sur les personnels affectés à la R&D dans les entreprises. Après un rappel des canaux d'impact du CIR sur la demande de chercheurs, nous présentons les résultats de la littérature relatifs à l'efficacité puis à l'efficience du dispositif. Ceux-ci révèlent que le CIR stimule l'embauche des docteurs dans les entreprises, avec cependant un effet d'aubaine pour les docteurs-ingénieurs. Dans les TPE, les aides à la R&D (CIR inclus) augmentent l'emploi aidé au détriment de l'emploi standard et de l'emploi total. La réforme de 2008 du CIR a impacté positivement le salaire des chercheurs (effet Goolsbee), relativement plus que la productivité. La majorité des dépenses de R&D étant des dépenses salariales, ces résultats mitigés du CIR sur l'emploi pourraient contribuer à expliquer le peu d'effet de levier macroéconomique du CIR sur la R&D. Nous concluons l'article par des suggestions de réformes du dispositif et des pistes de recherches sur les méthodes.This paper surveys the literature on the impact of the French CIR research tax credit on R&D personnel. After reviewing the channels of transmission of the tax credit on demand for R&D scientists and engineers, we compare the results of several econometric studies of its effectiveness. These studies reveal among other things that the research tax credit corrects some discrimination in the hiring of Ph.D. scientists, with a windfall effect for Ph.D. engineers. In small businesses, support for R&D employment (tax credit inclusive) is effective, though this comes at the expense of unassisted and total employment. Furthermore, the tax credit has little effect on labour productivity. The 2008 reform had a relatively higher effect on wages (Goolsbee effect) than on productivity. Given that most R&D expenditure goes to staff salaries, these mixed results are consistent with previous evidence that an R&D tax credit has a moderate bang-per-buck effect. The paper concludes with suggestions for reforms and for future research.
- Collaborer ou sous-traiter pour innover : L'incidence des financements publics - Kymble Christophe, Valentin Dillies, Vincent Dortet-Bernadet Depuis sa création en 1983, le Crédit d'impôt recherche soutient les activités de R&D sous-traitées auprès d'organismes de recherche agréés. De nombreux autres dispositifs ont progressivement été mis en place pour compléter cette mesure en ciblant différentes formes de recherche collaborative ou contractuelle. Cet article se propose d'éclairer ces choix de politique publique en 1) rappelant les facteurs qui incitent les entreprises à coopérer pour innover et choisir un type de partenariat plutôt qu'un autre ; 2) en comparant l'évolution du recours à la R&D partenariale à celle des financements publics qui lui sont consacrés. Au cours des quinze dernières années la R&D partenariale a connu une évolution contrastée. Ainsi, le poids des dépenses de R&D externalisées en dehors des groupes est resté stable sauf pour les PME qui les ont fortement augmentées. De même, la proportion d'entreprises qui coopèrent pour innover a peu progressé mais la variété de leurs partenaires a nettement augmenté. Ces constats sont relativement conformes à un système d'aide qui favorise les dépenses de R&D des plus petites entreprises et qui s'adresse principalement à un public d'entreprises fortement spécialisées.Since it was created in 1983, France's CIR research tax credit has supported R&D activities subcontracted to approved research organisations. Numerous other schemes have gradually been introduced to complement this measure by targeting different forms of collaborative or contractual research. This article aims to shed light on these public policy choices by 1) reviewing the factors that encourage companies to cooperate in order to innovate and to choose one type of partnership over another; and 2) comparing changes in the take-up of partnership R&D with trends in the public funding devoted to it. Over the last fifteen years, partnership R&D has evolved in a mixed fashion. Thus, the weight of R&D expenditure outsourced outside enterprises has remained stable, except for SMEs, which have seen a significant increase. Similarly, the proportion of companies that cooperate to innovate has increased little, whereas the variety of their partners has clearly expanded. These findings are relatively consistent with an aid system that favours R&D spending by smaller companies and is mainly aimed at a target of highly specialised companies.
- Aides à la R&D : Pratiques internationales et revue de la littérature sur leurs effets - Simon Bunel, Michaël Sicsic Dans cet article, nous dressons un panorama mondial des aides à la R&D et synthétisons les évaluations récentes de l'effet des aides à la R&D. Nous montrons que les aides sont multiples et hétérogènes selon les pays, mais qu'une tendance récente est l'augmentation du poids relatif des incitations fiscales par rapport aux aides directes en Europe. Une revue internationale de littérature sur l'évaluation économétrique des aides publiques à la R&D montre que si la grande majorité des études conclue que les aides à la R&D stimulent l'investissement en R&D, l'ampleur de cet effet diverge. Le large éventail d'estimations reflète aussi bien des différences méthodologiques que des différences entre types d'aides à la R&D étudiés, leur design, leur pays d'application, la taille ou l'âge des entreprises. Cependant, la corrélation macroéconomique est imparfaite entre part des aides publiques à la R&D et poids de la R&D dans le PIB, certains pays comme la France se distinguant nettement avec un fort soutien public mais un sous-investissement en R&D privée. Cela traduit le fait que la R&D et l'innovation ne sont pas seulement liées aux aides publiques mais à de nombreux autres facteurs. Certaines préconisations sur le design des aides sont apportées en conclusion.In this article, we provide a global overview of R&D aid and summarise recent evaluations of its impact. We show that aid takes numerous forms and is heterogeneous across countries, but that in Europe there is a recent trend for the weight of tax incentives to rise in comparison to direct aid. An international review of the literature on the econometric evaluation of public R&D grants shows that while the vast majority of studies conclude that R&D grants stimulate R&D investment, the magnitude of this effect differs. The wide range of estimates reflects both methodological differences and differences between the types of R&D aid studied, their design, their country of application, and the size or age of the firms. However, the macroeconomic correlation between the share of public support for R&D and the weight of R&D in GDP is imperfect, with some countries such as France standing out for strong public support while private R&D suffers from underinvestment. This reflects the fact that R&D and innovation are not only linked to public support but to many other factors. The conclusion makes some recommendations on the design of aid.