Contenu du sommaire : Intelligences Collectives : communautés et interactions épistémiques

Dans cet article, nous interrogerons l'émergence et la diffusion du Community Management dans les processus de médiation des savoirs partagés et distribués en ligne. Nous émettons l'hypothèse que les pratiques « métiers » des Community Managers participent d'une normalisation professionnelle de la construction artefactuelle, entre émancipation et rationalisation, de collectifs intelligents (Levy, 1995). En nous appuyant sur des terrains variés, nous présenterons le Community Manager comme la forme archétypale du professionnel de la médiation des savoirs à l'ère du Web Social. Initiés au début des années 2010, les éléments empiriques sur lesquels nous nous appuierons nous permettront de poser un regard diachronique sur le phénomène que nous tentons de circonscrire.

À partir de l'étude de cas du site de rencontres OkCupid, cet article rend compte des processus de création des données personnelles, à la charnière entre plateforme et utilisateurs. L'analyse de l'environnement économique, graphique et technique de création des données, conçu en back-office par la plateforme, permet de mieux comprendre les rapports inégaux que les internautes entretiennent individuellement et collectivement avec ces objets informationnels. Cet article vise également à mettre en évidence la multiplicité des sens attribués à ces objets immatériels et mouvants, dont le rôle d'intermédiaire est essentiel pour le fonctionnement de services numériques articulant des ensembles hétérogènes d'acteurs.

Cet article propose d'étudier avec une approche systémique les dynamiques relationnelles et organisationnelles des collectifs autour et avec un dispositif numérique. La recherche-action s'appuie sur une étude de deux cas : le MOOC Pas à Pas et le MOOC Doctorat et Poursuite de Carrière. Le premier forme ses participants à la création de ressources éducatives numériques et le second est le résultat de ces apprentissages. Ces MOOC sont élaborés sur un modèle pédagogique qui favorise le socio-constructivisme. Cette recherche observe les interactions et les collectifs et contribue à l'étude des stratégies cognitives et sociales en lien avec les dispositifs numériques. Dans une perspective interdisciplinaire, elle tente d'apporter des éléments d'appréhension et d'interprétation des adaptations du système. Elle s'interroge sur les influences des interactions médiées et des choix organisationnels, et sur les leviers qui favorisent les dynamiques relationnelles et la pérennisation du système. Les résultats font apparaître l'implication d'acteurs et de collectifs hétérogènes dans de nouveaux référentiels spatio-temporels, qui capitalisent sur des leviers tels que l'e-présence, les artefacts et la médiation. La constitution de répertoires de communs semble la condition nécessaire d'une appropriation et d'un transfert réussis, clés du développement de l'intelligence collective.

À l'ère du numérique et surtout en ces temps de distanciation physique, c'est le repli complet dans la « virtualité » et principalement sur les réseaux socionumériques. Des « groupes » de discussion notamment sur la plateforme whatsApp foisonnent. Groupes dans lesquels le processus décisionnel s'imbrique dans un environnement complexe. Peut-être un nouveau champ de recherche pour les SIC. Comment se déroule la prise de décision sur les réseaux socionumériques ? Quelle différente avec la méthode dite conventionnelle (traditionnelle) préconisée par Falque et Bougon ? Les réseaux socionumériques offriraient-ils un nouveau paradigme de la prise de décision ? Telles sont les questions auxquelles cet article se propose d'explorer au travers d'une observation participante et étude de cas.

Le développement des plateformes numériques, depuis plusieurs décennies, fondé sur les interactions et le renforcement de la sociabilité entre usagers a mené à une réflexion sur la mise en technologie et l'instrumentation de tels dispositifs et le rôle de ceux-ci dans la production de l'intelligence collective. Si la fabrication de la loi est longtemps restée et demeure encore l'apanage d'une frange d'initiés, celle-ci dépasse parfois les sphères parlementaires. Parmi les expérimentations récentes, la consultation sur l'avant-projet de loi « République numérique » (LRN) en septembre 2015, à la suite d'une pré-consultation du Conseil National du Numérique (CNNum), est lancée par la secrétaire d'État au numérique et à l'innovation, Axelle Lemaire. Cet article envisage, à partir d'une vingtaine d'entretiens semi-directifs et d'une analyse quantitative, d'étudier à travers un cas d'usage la manière dont les dispositifs numériques gouvernementaux à destination d'un public citoyen participent à la construction de communautés épistémiques, capables de produire et diffuser des connaissances au sein d'un espace de médiation politique. Dès lors, quelles sont les communautés épistémiques émergentes sur cette plateforme numérique de médiation politique ? Et comment se saisissent-elles des outils proposés pour agir sur l'action publique ? Nous proposons dans cet article, à partir d'une analyse de design du dispositif, d'identifier les communautés épistémiques participantes. Puis, nous nous concentrons sur l'étude des communautés épistémiques de l'e-sport, du logiciel libre et du monde scientifique et de l'édition pour montrer comment l'action et l'influence de ces communautés épistémiques sont fonctionnelles ou non.

Au cours des trois dernières décennies, Internet a permis aux individus d'interagir, de communiquer, et de partager des informations. Les sites web et autres wiki sont devenus les nouvelles bibliothèques, de agoras digitales, clefs de voûte du partage de connaissances.Au cœur de ses structures communautaires digitales se trouvent des contributeurs qui investissent leur temps et leur énergie pour créer des contenus pertinents disponibles en ligne. Intrigués par ce comportement, les chercheurs ont largement étudié les motivations qui mènent ces individus à partager leurs connaissances au sein de communautés virtuelles. Ces études considèrent souvent les membres d'une communauté comme une population homogène, or une littérature émergente témoigne d'une répartition inégale de la charge de travail dans le processus de création de contenu. En effet, une minorité des membres crée la grande majorité du contenu; une petite proportion le modifie et le commente, tandis que la grande majorité des membres lisent uniquement le contenu disponible. Il apparait donc crucial de comprendre ce qui motive cette minorité d'individus très active afin d'améliorer la croissance et la survie de ces communautés en ligne.

Cet article propose une analyse sémio-anthropologique des pratiques épistémiques observables sur un groupe Facebook consacré à l'écologie dans une perspective catholique. Il décrit les modalités pratiques par lesquelles se déploient les actes de savoir opérés par ses membres, et les hybridations entre savoirs religieux et savoirs environnementaux qui en résultent.

Cette étude vise à étudier si la communauté de journalistes anglophones en lien avec le jeu vidéo influence sur le plan du vocabulaire les communautés francophones du même domaine. Les mots-clés francophones analysés sont « jouabilité », « ludique » et « amusant » pour mesurer s'ils sont délaissés au profit des vocables anglophones « gameplay », « ludic » et « fun » au cours du temps. Pour le vérifier une analyse lexicométrique basée sur un corpus de 1 520 revues anglophones et 1 075 revues francophones abordant la thématique du jeu vidéo et publiées entre 1976 et 2019 est mise en place. Des traitements statistiques sont opérés pour vérifier la validité des données et mettre en lumière des mises en correspondances entre les taux d'occurrences associés aux différents mots-clés. Les résultats en main, nous tâcherons de les comprendre en formulant des hypothèses en lien avec les enjeux et contextes liés aux communautés de journalistes anglophones et francophones.