Contenu du sommaire : Epidemic Notions
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | vol. 75, no 1, janvier-mars 2022 |
Titre du numéro | Epidemic Notions |
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Articles
- Epidemic Notions: Immunity – Care – Lockdown – Toxicity – Vulnerability – Contagion - Sophie Vasset p. 3-12
- Vibrant Allegories: Questioning Immunity with Ali Smith's Seasonal Quartet (2016–2020) - Catherine Bernard p. 13-29 La pandémie du COVID-19 confère à la philosophie politique de Roberto Esposito et à son concept central d'immunité une pertinence particulière. Son essai Immunitas. The Protection and Negation of Life (publié en 2002 et traduit en anglais en 2011) confronte l'allégorie du corps politique à la biopolitique de la modernité. Les paradigmes structurants de son essai – parmi lesquels « l'immunité commune » – sont ainsi essentiels à notre compréhension de la pandémie et de notre corps collectif. Comme le montre aussi la littérature produite en réaction à la pandémie, l'immunité est une notion complexe, qui saisit l'ambiguïté du corps politique dans sa fragilité, mais aussi sa dynamique politique. Cet article se penche sur la tétralogie d'Ali Smith, aussi connue comme son seasonal quartet, afin d'explorer la manière dont la littérature se confronte à cette mise en crise de notre corps collectif, mais aussi comment elle fait le pari d'une « individualité partagée » (Esposito), ou, selon les termes de Donna Haraway, d'une « response-abilité ».The COVID-19 pandemic has granted Roberto Esposito's political philosophy and its emphasis on immunity renewed purchase. Esposito's Immunitas. The Protection and Negation of Life (originally published in 2002 and translated into English in 2011) puts the allegory of the body politic to the test of modern biopolitics. The structural paradigms of his essay—among which “common immunity”—are the very ones that have been imported into our understanding of the pandemic and of our collective body. As literature inspired by the pandemic also shows, immunity functions as a complex notion, capturing the ambiguity of the body politic in its physical fragility and ideological dynamics. Turning to Ali Smith's seasonal quartet, this article aims at exploring literature's reading of immunity as also rearticulating the possibility of “a shared individuality” (Esposito), or, in the terms of Donna J. Haraway, of a “response-ability.”
- Impossible immunité et care : On the Beach de Nevil Shute - Jean-Michel Ganteau p. 30-45 On the Beach (1957) est l'un des nuclear novels britanniques les plus influents. Il présente une situation post-apocalyptique où les survivants d'une guerre atomique totale et mondiale, réfugiés en Australie, se préparent à vivre une apocalypse plus individuelle, dans la mesure où le nuage radioactif qui entraînera leur décès se rapproche inexorablement. Il s'agit donc d'un texte qui, loin de se concentrer sur la question de l'immunité – qui implique vaccin ou antidote – s'intéresse à celle de la toxicité radicale, à laquelle personne ne peut se soustraire. Il permet d'explorer les manifestations extrêmes de la vulnérabilité, en proposant un récit de la chute dans la vie nue, en une invitation à considérer le vivant comme soumis à diverses dépendances et interdépendances. En outre, contre les manifestations de la dénégation ou du déni, si fréquentes dans la fiction climatique, il propose une éthique de la sollicitude et de la considération. C'est donc le fil rouge du care, qui se fonde sur la responsabilité envers autrui et sur la pratique de l'attention à l'autre, qui traverse cet article, lequel envisage successivement les interdépendances, le rôle des émotions et l'attention à l'ordinaire au cœur des éthiques du care.On the Beach (1957) is one of the most influential British nuclear novels. It presents a post-apocalyptic situation in which the survivors of a total, worldwide atomic war, who have taken refuge in Australia, are preparing for a more individual apocalypse, as the radioactive cloud that will lead to their deaths draws inexorably closer. This is a text which, far from concentrating on the question of immunity—which implies a vaccine or antidote—is concerned with that of radical toxicity, from which no one can escape. It allows us to explore the extreme manifestations of vulnerability, proposing a narrative of the fall into bare life, in an invitation to consider the living as subject to dependencies and interdependencies. Moreover, against the manifestations of denial, so frequent in climate change fiction, it promotes an ethic of solicitude and consideration. This is why I use care, which is based on the responsibility for and attention to the other, as the main line of inquiry of this article by focusing successively on interdependences, emotions and attention to the ordinary.
- Patchwork, pandémie et confinement aux États-Unis - Géraldine Chouard-Véron p. 46-66 Au sein de l'histoire militante des travaux d'aiguille, le patchwork américain, souvent engagé sur le terrain politique et social, s'est à plusieurs reprises associé à des initiatives de santé publique. Dans la continuité du NAMES Memorial AIDS Quilt, projet majeur datant de 1987, la récente crise sanitaire du COVID-19 a été l'occasion d'un renouvellement de la pratique, exprimant une mobilisation solidaire (notamment par la confection de masques), un partage de l'expérience sensible à la croisée de l'expression personnelle et de l'articulation symbolique et au-delà, une dynamique de résistance politique en période de confinement. Le parcours critique proposé ici, fondé sur l'observation de projets individuels ou collectifs, vise à explorer comment le patchwork, croisant restriction et invention, se construit comme un nouveau vecteur d'opinion dans les combats sociétaux contemporains, au sein de la culture matérielle (dont il relève) et immatérielle (qui le prolonge).Within the militant history of needlework, the American quilt, often politically and socially engaged, has repeatedly been associated with public health initiatives. In the continuity of the NAMES Memorial AIDS Quilt, a major project dating from 1987, the recent health crisis of COVID-19 was an opportunity for renewal of the practice. The collective effort of making face masks, as well as other creative sewing initiatives, demonstrated a will to endure and a desire to share the experience at the crossroads of personal expression and symbolic articulation, and beyond this, a dynamic of resistance during a period of lockdown. The critical journey proposed here, based on the observation of individual experiences or collective projects, aims to explore how patchwork, combining restriction and invention, is constructed as a new vector of opinion in contemporary societal struggles, within material culture (from which it arises) and immaterial culture (which prolongs it).
- Toxicity, Colonial Violence and Indian Law in Louise Erdrich's Justice Trilogy - Flore Coulouma p. 67-84 Dans ses trois romans, The Plague of Doves (2008), The Round House (2012) et LaRose (2016), désignés collectivement sous le nom de « Justice Trilogy », Louise Erdrich explore la notion de toxicité, au sens littéral et métaphorique, pour dénoncer les avatars contemporains de l'oppression coloniale dans les communautés indiennes aux États-Unis. Ses récits d'addiction révèlent les pouvoirs ambivalents du toxon, à la fois médicament et poison, et confrontent la question politique et juridique de l'injustice en « pays indien ». Comme une substance toxique, la violence coloniale euro-américaine laisse des séquelles physiologiques et spirituelles et contamine les communautés à travers les générations, suscitant en retour des stratégies de survie dans le domaine médical (guérison) autant que juridique (réparation). Cet article étudie la notion de toxicité dans la trilogie, dans ses acceptions médicale et juridique, le corps physiologique faisant écho au corps politique. Après un diagnostic initial (identifier le poison), puis un diagnostic différentiel (identifier la cause profonde du poison), j'examine les pronostics et la possibilité de justice thérapeutique et de guérison.Louise Erdrich's Justice Trilogy, published between 2008 and 2016, explores past and present experiences of toxicity and healing in the context of enduring colonial trauma. Through stories of substance abuse that highlight the ambivalent powers of the toxon as both medicine and poison, Erdrich addresses political and legal issues of injustice in Indian Country. Literal poisoning mirrors the toxic violence of Euro-American colonization, leaving physical and spiritual scars, contaminating communities across generations and prompting strategies of survival and healing. Erdrich uses the toxicity metaphor to denounce social and legal injustice, through issues of sovereignty and criminal jurisdiction. This article examines toxicity in the trilogy in its medical, colonial and legal senses, in the physiological body and the body politic. Starting with initial diagnosis (identifying the poison), and differential diagnosis (identifying the root cause of the poison), I then examine prognoses, the question of entanglement, and finally, the possibility of therapeutic justice and healing.
- “Take a friend by the hand as the manner is”: Vulnerability and Fear during the London Plague (1665) - Anne Dunan-Page p. 85-101 Cet article propose de définir la notion de vulnérabilité à l'époque moderne à partir d'un vaste corpus de textes écrits par des médecins et par des pasteurs durant la peste de Londres de 1665 et dans son sillage immédiat. Après un rappel des principales caractéristiques de l'épidémie, la première partie analyse les textes ayant trait à la peur et à l'abandon pour révéler la complexité du discours médical et spirituel sur les émotions. La seconde partie revient sur la compétition entre le clergé de l'Église d'Angleterre et les non-conformistes évincés quelques années plus tôt de leurs paroisses, compétition qui se jouait à plusieurs niveaux, que ce soit en chaire ou via la littérature pastorale et pamphlétaire. Étudier la vulnérabilité à travers les publications religieuses, en parallèle avec les traités médicaux, permet d'offrir un panorama nuancé des difficultés spirituelles, morales et émotionnelles que rencontraient les victimes, et de comprendre comment le clergé adapta sa pastorale aux circonstances.This article approaches the notion of vulnerability in early modern England through a large corpus of medical and religious publications written during the London plague of 1665 and its immediate aftermath. After exploring the main characteristics of the epidemic, the first part analyses a body of texts dealing with fear and abandonment and reveals the complexity of the medical and spiritual discourses of emotions. The second part turns to the competition between the clergy of the Church of England and the Nonconformists who had been evicted from their parishes just a few years earlier. This rivalry was manifest especially in the pulpits and in the pastoral and pamphlet literature. Viewing early modern vulnerability through the lens of such religious writings, together with medical ones, offers a nuanced picture of the spiritual, moral and emotional predicament of sufferers, just as it reveals the enduring ability of the clergy's pastoral care to adjust to circumstances.
- “The way we speak about contagion is political”: a Conversation with Dr Koenig, M.D. - Sophie Vasset, Serena Koenig p. 102-108
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 109-119