Contenu du sommaire : Ce que la fiction fait aux organisations

La compétitivité des territoires devient une dimension centrale à considérer (Camagni, 2006). Pour l'assurer, les territoires sont amenés à développer une identité singulière. À travers cet article, l'auteure souhaite comprendre, comment un projet régional, basé sur un domaine potentiel de spécialisation, peut contribuer à la création de cette identité. Guidés par une démarche qualitative, à la spécificité double : sectorielle et régionale, les résultats proposent une clé de lecture contextualisée du passage de l'état de ressources à celui de compétences territoriales opérationnelles.

L'objectif de cet article est de montrer que les allégations d'irresponsabilité sociale des entreprises entraînent deux types de réactions : la résipiscence individuelle – des entreprises individuelles apportant des améliorations locales « ponctuelles » ou mettant en œuvre des améliorations plus larges liées au domaine particulier de la controverse – et la disciplinarisation du secteur – des mesures compensatoires prises par d'autres entreprises du secteur qui ne sont pas directement visées par l'allégation. Les auteurs testent leurs prédictions théoriques à l'aide d'une modélisation linéaire hiérarchique et d'un échantillon de 1 803 entreprises de 2002 à 2014 provenant du Thomson Reuters Responsibility Ratings.

D'après le philosophe et sociologue Zygmunt Bauman, la société moderne liquide est celle de l'éphémère, de la dilution des liens sociaux et d'un rapport consumériste au travail. Hormis cette dernière dimension, la littérature organisationnelle n'a pas encore précisé le devenir du salarié dans un tel contexte. L'étude de l'œuvre romanesque et poétique de Michel Houellebecq nous permet de compléter et d'analyser de manière clinique la destinée du salarié liquide, prisonnier d'un présent sans cesse renouvelé au sein des organisations et où le seul moyen d'échapper à la solitude est de s'engager dans le cercle vicieux d'une consommation effrénée dont il est à la fois partie prenante et victime.

En proposant des lectures alternatives de la réalité organisationnelle, la fiction renouvelle le regard porté sur la pratique managériale. Cet article traite ainsi la fiction comme un matériau empirique potentiel, à même d'alimenter le travail de théorisation. Il explore l'objet travail à travers le prisme de Gaston Lagaffe. Ce dernier pose en effet de façon très subtile, presque à son corps défendant, la question du sens au travail et de son appropriation. Nous montrons comment chez Gaston Lagaffe le sens au travail relève d'abord d'une expérience subjective. Celle-ci engage un jeu avec la règle et une intense activité de « bricolage » par laquelle Gaston s'approprie les objets qui l'entourent et re-territorialise son espace de travail. Penseur de la socio-matérialité, Gaston Lagaffe agit également comme un révélateur des paradoxes qui traversent la vie organisationnelle.

La capacité à mobiliser le leadership charismatique, pour diriger une action collective est largement valorisée dans les organisations contemporaines. Si la fiction reflète parfois quelques grandes illustrations du leadership charismatique, elle nous propose aussi d'en explorer les facettes plus sombres. Les auteurs analysent dans cet article le personnage de Daenerys Targaryen, personnage central de la série Game of Thrones, dont la chute lors de la dernière saison a suscité de nombreux débats. Par l'analyse des épisodes des huit saisons de la série, ils mettent en évidence deux des principales limites et dangers de ce type de leadership : la difficile pérennité dans le temps et l'absence totale de garde-fou.

Cet article propose de mobiliser des œuvres de science-fiction spéculative féministe afin de favoriser l'émergence d'imaginaires alternatifs en gestion. Plus spécifiquement, il s'agit de désincarcérer les imaginaires structurant la théorie et la pratique des organisations alternatives, en donnant à voir des mondes radicalement différents susceptibles d'inspirer leurs pratiques organisationnelles.