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Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 105, 2021/3 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Indemnisation du chômage : quel taux de couverture ? - Mathieu Grégoire, Claire Vivés p. 3-24 Comment a évolué le taux de couverture de l'indemnisation du chômage depuis les années 1980 ? À cette question d'apparence simple, l'article montre qu'il existe plusieurs réponses possibles. La première – la plus classique – est celle qui consiste à s'intéresser à la part des demandeurs d'emploi indemnisés. De ce point de vue, la reconstitution inédite de séries historiques depuis 1985 montre que ce taux de couverture n'a jamais été aussi bas que durant les dernières années. La seconde, promue depuis 2016 par Pôle emploi, l'Unédic et la Dares consiste à s'intéresser à la part des demandeurs d'emploi indemnisables qui connaît, elle, une croissance continue depuis 2014. L'article analyse les enjeux de ce changement de définition en insistant sur le passage d'un indicateur fonctionnel à la mission d'indemnisation à un indicateur fonctionnel à l'activation des demandeurs d'emploi.How has coverage of unemployment benefits evolved since the 1980s? This article demonstrates that this apparently simple question has many possible answers. The first, and most classic, is that which looks at the number of jobseekers in receipt of benefit. From this vantage point, the unprecedented reconstitution of historic data sets going back to 1985 shows that coverage has never been lower than in the last few years. The second, promoted by the Pôle Emploi (the French unemployment office) as well as the public employment institutions UNEDIC and DARES, looks at the number of jobseekers eligible to claim benefits, which has seen continuous growth since 2014. This article analyses the potential effects of this change of definition, paying particular attention to the transition from a functional indicator as to the payment of benefits to one geared towards returning jobseekers to work.
- L'assurance chômage de 1979 à 2021 : quelles évolutions des droits ? - Mathieu Grégoire, Claire Vivés p. 25-59 Cet article porte sur l'évolution des droits des salariés à l'assurance chômage de 1979 à 2021 étudiée au moyen d'un simulateur déterminant les droits générés, pour toute trajectoire d'emploi, par les différentes réglementations successives. Il montre que les droits des salariés à l'emploi discontinu ont beaucoup varié alors que ceux des salariés à l'emploi stable ont connu une remarquable constance et que l'idée d'une amélioration linéaire des droits des salariés à l'emploi discontinu s'avère constituer un mythe. En revanche, en 40 ans, la logique de l'indemnisation a été profondément bouleversée en passant d'une logique d'assurance à une logique de compte épargne. Il convient ainsi de distinguer deux catégories de salariés à l'emploi discontinu souvent confondues : les « précaires » (en intermittence permanente) et les « chômeurs activés » (au passé d'emploi stable) dont les droits ont évolué différemment.This article deals with developments in eligibility for unemployment benefit between 1979 and 2021, studied using an eligibility calculator for all career paths, through successive regulatory developments. It demonstrates that eligibility has varied considerably for those in discontinuous work whereas the eligibility of those in stable employment has remained remarkably consistent, and that the idea of a linear improvement in eligibility for those in discontinuous work turns out to be a myth. In contrast, over the course of 40 years, the rationale of benefits has been profoundly shaken up, moving from an insurance-style model to a savings- account-style model. It is also useful to distinguish two categories of employees in discontinuous employment which are frequently conflated: the “precarious” (in intermittent employment) and the “working unemployed” (those with a history of stable employment), the eligibility of each of which have evolved in different ways.
- Comment définir des limites socialement acceptables à l'inégalité des revenus ? - Pierre Concialdi p. 61-92 Cet article propose un cadre conceptuel et méthodologique permettant de définir des limites socialement acceptables à l'inégalité des revenus. La première partie présente les principaux arguments qui légitiment de poser de telles limites. Sur la base de ce cadre normatif, on discute dans une deuxième partie les arguments logiques qui permettent d'identifier les concepts et la procédure les plus pertinents pour concrétiser la définition de limites socialement acceptables à l'inégalité des revenus. La dernière partie de l'article présente les principaux choix méthodologiques effectués pour proposer une application empirique de cette démarche pour trois pays (France, Irlande, Royaume-Uni). Les résultats apparaissent très cohérents avec ceux obtenus par une méthodologie exploratoire de nature totalement différente, ce qui tend à conforter la validité de la démarche.This article proposes a conceptual and methodological framework for defining the socially acceptable limits of income inequality. The first part lays out the main arguments legitimizing the establishment of such limits. Based on this normative framework, the second part discusses the logical arguments allowing the identification of the most relevant concepts and procedures to solidly define the socially acceptable limits of income inequality. The third and final section of the article sets out the main metho- dological choices deployed in pursuit of an empirical application of this initiative in three countries (France, Ireland, United Kingdom). The results appear to be consistent with those obtained by an exploratory metho- dology of a totally different nature, which seems to validate the legitimacy of the exercise.
- Comment contenir l'inégalité dans des limites socialement acceptables ? - Pierre Concialdi p. 93-128 Cet article discute certaines propositions avancées dans le débat public pour contenir l'inégalité des revenus dans des limites socialement acceptables. La première partie dresse un rapide panorama historique qui montre que la question de l'inégalité se pose aujourd'hui en des termes renouvelés, assez sensiblement différents de ceux dans lesquels elle a été posée depuis le début de la Révolution industrielle. On précise ensuite la contribution que les différentes formes de revenus et de patrimoines peuvent apporter à la satisfaction des besoins matériels, en soulignant notamment les limites de substituabilité entre ces différents types de ressources. La dernière partie discute plus précisément diverses propositions de transferts – ciblés ou non ciblés – ainsi que certaines mesures visant à agir directement sur l'inégalité de marché, notamment à travers la création directe d'emplois et le niveau du salaire minimum.This article discusses certain propositions put forward in the public discourse to keep income inequality within socially acceptable limits. The first part sets out a quick historical overview showing how the question of inequality is currently considered in terms quite different from those in which it was previously discussed going back to the start of the Industrial Revolution. We will go on to detail the contribution of various forms of income and wealth to meeting material needs, with an emphasis on the limits of exchangeability between these different types of resources. The final part discusses in more detail the myriad propositions for distribution – targeted or otherwise – as well as certain measures designed to operate directly on market inequality, including through direct job creation and minimum wage.