Contenu du sommaire : Underground Atmospheres. Renewing the debate
Revue | Ambiances |
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Numéro | 2022 |
Titre du numéro | Underground Atmospheres. Renewing the debate |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction to the special issue Underground Atmospheres - Dimitra Kanellopoulou
- Les ambiances des hydrocarbures - Tobias Etienne-Greenwood Depuis une décennie, l'exploitation de la formation d'hydrocarbure Vaca Muerta en Argentine charrie son lot de polémiques politico-économique et écologique en raison des dommages environnementaux graves survenus. Ces transformations ont, aussi, des conséquences sur l'expérience sensible des habitants de la région. En se fondant sur une étude qui mêle méthodes sociologiques et ethnographiques, cet article vise à explorer la façon dont les opposants à ce projet décryptent les ambiances qui se dégage d'un complexe industriel qui rend difficile la distinction entre sous-sol, surface et atmosphère. En pénétrant et en enveloppant les mondes de la vie quotidienne, ces ambiances créent un désordre décelable dans les témoignages et les pratiques des opposants. L'analyse de ces formes de critiques ordinaires permet, en outre, de souligner l'importance de l'expérience sensible à l'heure de fomenter des actions collectives dirigées contre ces industries extractives.For a decade, the exploitation of the Vaca Muerta hydrocarbon formation in Argentina has brought its share of political and economic controversies as well as serious environmental damages. These transformations also have consequences on the sensitive experience of the project's opponents. This article explores how the opponents to the project try to decipher the atmosphere that radiates from an industrial complex that makes it difficult to distinguish between the underground, the surface, and the surrounding air. It is this subterranean atmosphere that penetrates, swathes, and finally disturbs the worlds of everyday life that activists and inhabitants alike describe in their testimonies and practices. The analysis of these forms of ordinary criticism also makes it possible to highlight the importance of atmosphere when it comes to taking collective action against these extractive industries.
- L'Habitat inhabitable : le sous‑terrain comme lieu de vie - Marie Trossat À partir d'une enquête sur l'habitabilité de l'espace souterrain, l'article inaugure une discussion autour du concept de l'« habitat inhabitable ». Si nous argumentons que l'espace souterrain est fondamentalement inhabitable et ne peut être programmé comme habitat même dans des formes dites temporaires, notre but sera d'interroger sur quoi reposent les seuils d'acceptabilité. À partir de la description de trois espaces souterrains habités — les abris de la Protection civile à Genève en 1999 et de 2004 à 2018, l'espace zéro de la Gare du Nord à Bruxelles de 2016 à 2019 et les tunnels de chauffage à Bucarest de 1990 jusqu'en 2015 —, l'article propose de mettre en lumière les conditions de vie de ces espaces vis-à-vis du statut de leurs occupant.e.s, la généalogie de leurs occupations, leurs modalités de gestion et les ambiances qui en résultent. Le caractère inhabitable de l'espace souterrain repose sur les ambiances et les symboliques qui lui sont propres : il sollicite des thèmes tels que l'atrophie, la maladie, la prison, l'(in)visibilité, la dissuasion, la violence ou la mort. En ce sens, le caractère irrespirable de l'espace souterrain ne se qualifie pas nécessairement dans sa matérialité, mais dans les injonctions qui le guident et dans la place qu'il donne ou prive. Enfin, le concept d'habitat inhabitable cherche à favoriser une pensée sur des espaces extraordinairement communs autant qu'à établir des leviers d'action vis-à-vis des situations d'indésirabilité qu'ils impliquent.Based on a research on the habitability of underground space, this article initiates a discussion on the concept of the “uninhabitable habitat”. If underground space is fundamentally uninhabitable and cannot be programmed as an habitat even in so-called temporary forms, our analysis questions the thresholds of acceptability. By describing three inhabited underground spaces – the shelters of the Civil Protection in Geneva in 1999 and from 2004 to 2018, the underground of the Gare du Nord in Brussels from 2016 to 2019 and the heating tunnels in Bucharest from 1990 to 2015 – the article sheds light on the living conditions of these spaces with regard to the status of their occupants, the genealogy of their occupations, their management modalities and the resulting ambiances. The uninhabitable character of the underground space is constituted around its own ambiances and symbolism: it calls upon themes such as atrophy, illness, prison, (in)visibility, dissuasion, violence or death. In this sense, the unbreathable character of underground space is not only qualified in its materiality, but also in the injunctions that guide it and in the place it provides or deprives. Finally, the concept of uninhabitable habitat aims at exploring the extraordinarily common of our built environment and to establish levers for action in the situations of undesirability that it implies.
- The politics of subterranean atmospheres in China: a study of contemporary chinese mining art - Marijn Nieuwenhuis Toutes les cinq secondes une personne meurt prématurément à cause de la pollution atmosphérique (ONU, 2019). Cependant, la dégradation de l'environnement ne se limite pas à l'air ambiant, elle affecte également les conditions de vie sous la surface terrestre. La maladie du poumon noir (pneumoconiose), une affection respiratoire, est actuellement la première maladie professionnelle en Chine. Selon les rapports officiels, plus d'un demi-million de personnes, presque exclusivement des migrants des zones rurales, vivent avec cette maladie incurable. En réalité, le nombre réel pourrait être dix fois plus élevé (SCMP, 2021). La « condition respiratoire » est un rappel puissant de l'intimité géologique partagée qui existe entre les corps des mineurs et la matérialité qui constitue les atmosphères enveloppantes du monde souterrain.Inspiré par les idées de la « force imaginative du sous-sol » (Hawkins 2020b, p. 4) et du surnommé « tournant géologique » (Ellsworth & Kruse, 2013), cet article explore la politique des atmosphères souterraines en Chine au travers une problématisation des la relation entre le sol au-dessus et le sol au-dessous. J'analyse cette « politique géologique » (Clark, 2013) à travers les œuvres du cinéaste Zhao Liang et du peintre Yang Shaobin, deux artistes contemporains qui travaillent sur les vies, les corps, les émotions et les atmosphères souterraines. À travers leur art du souterrain, de son environnement, de l'expérience vécue, de l'incarnation et de la spécificité et de l'intimité de sa matérialité, je saisis une politique qui défie l'interprétation binaire d'un dessus et d'un dessous séparés.Every five seconds someone dies prematurely from air pollution (UN, 2019). Environmental degradation, however, is not limited to the air above alone, but also affects the conditions of life underneath the surface. Black lung disease (pneumoconiosis), a respiratory condition, is by far the most common occupational illness in China today. Official reports suggest that over half a million people, almost exclusively rural migrants, live with the incurable disease. The real number could be 10 times as high (SCMP, 2021). The respiratory condition is a powerful reminder of the shared geological intimacy that exists between the bodies of miners and the materiality that constitutes the enveloping atmospheres of the underworld.Inspired by Hawkins' (2020b, p. 4) idea of the “underground's imaginative force” and the so-called “geologic turn” (Ellsworth & Kruse, 2013), this paper explores the politics of subterranean atmospheres in China by problematising the relationship between the ground above and the ground below. I analyse this “geologic politics” (Clark, 2013) through the artwork of filmmaker Zhao Liang and the painter Yang Shaobin, both contemporary artists working on subterranean lives, bodies, emotions and atmospheres. Through their art of the subterranean, its environment, lived experience, embodiment and the specificity and intimacy of its materiality, I capture a politics that challenges false binaries of a separate above and below.