Contenu du sommaire : Penser l'hospitalité au Moyen Âge

Dans la théologie contemporaine, la notion d'hospitalité dépend, en premier lieu, de la réception que le thème, compris en sens divers, a connue dans la société et la culture (1. Polysémie, plasticité, tensions). Son actualité est due à une réalité géopolitique du début du XXIe siècle qui concerne Europe et Amérique du nord, à savoir la crise migratoire, en même temps qu'au flot de réflexions et de prises de position que cette crise a généré (2. Actualité politique). À propos des migrations, on doit se demander si la théologie contemporaine apporte une réponse à la mesure des enjeux (3. Contribution théologique). Enfin il paraît utile d'indiquer deux réflexions originales ayant trait à l'hospitalité, dues à Jean-Yves Lacoste et Jean-Louis Chrétien, que la théologie contemporaine peut à bon droit regarder comme des promesses (4. Pierres d'attente).

Penser l'hospitalité, c'est avant tout enquêter sur les formations sémantiques qui ont présidé au concept et l'ont façonné. Suite à ces prolégomènes lexicographiques, une réflexion sur l'altérité en régime chrétien et son corollaire pratique, l'hospitalité, propose six pistes de questionnement : la question de l'universalité, de la réciprocité, de l'hospitalité dans sa dimension spécifiquement chrétienne, de l'altérité religieuse dans son vis-à-vis à l'identité chrétienne, de la responsabilité éthique et enfin de l'hospitalité monastique aujourd'hui en régime de post-modernité.

Comment être l'ami du lointain selon Thomas d'Aquin ? Après avoir décrit l'idéal d'amitié ou amitié parfaite selon Aristote et Thomas, l'étude de la vertu d'affabilité, ou amitié imparfaite, fournit certains éléments de réponse à la question posée par cette étude. Comprise comme vertu de l'amour universel, amor generalis, naturellement éprouvé envers le genre humain, la vertu d'affabilité est intégrée par Thomas à l'exercice de la vertu de charité, grâce à la réflexion d'Augustin.

Parmi les versets du Pentateuque qui régissent la conduite à l'égard des étrangers, on étudie les commentaires médiévaux d'Ex 22, 21 et 23, 9, Lv 19, 33-34 et 25, 23, Dt 10, 19. Les lexiques (Papias, Huguccio de Pise, Jean de Gênes) permettent de préciser le sens des mots qui désignent l'étranger dans la Vulgate, advena et peregrinus. Les commentateurs (de Raban Maur à Dominique Grima) développent les raisons de cette exigence d'hospitalité : la compassion, l'amour du prochain, le fait que les Hébreux aient été eux-mêmes étrangers en Égypte, la terre appartient au Seigneur. L'exégèse spirituelle assimile les étrangers aux pécheurs qui se repentent.

De Marius Victorinus à la Nouvelle Vulgate, ces deux versets ont été dans l'exégèse latine le lieu d'interrogations sur la signification du terme grec ξένοι et sur le rapport des Juifs et des Non-Juifs avant et après le Christ. Ils ont permis d'approfondir le sens théologique de l'hospitalité. Ils ont aussi contribué à développer l'idée d'un dépassement de l'antique hospitalité en vue d'une fraternité universelle dans une cité ou une demeure commune. Il serait dommage d'oublier ou de négliger cet héritage biblique, en particulier dans la réflexion contemporaine sur l'unité européenne.

La création physique peut-elle être sujet d'espérance ? Quelle est l'aspiration de la création matérielle et que signifie-t-elle pour les croyants ? Écouter le cri de la Terre et le « gémissement de la création » dévoile nos péchés systémiques contre elles. En prenant appui sur la Lettre aux Romains, il est toutefois possible d'entendre aujourd'hui la plainte de la création, pas tant comme une accusation que comme un Évangile ; à savoir une heureuse annonce et un appel à la conversion. La création et nous, nous partageons la même espérance de la gloire. Le cri de la création, qui dénonce nos péchés contre elle, est aussi paradoxalement un témoignage de notre aspiration commune vers la gloire filiale, selon l'argument de Paul en Romains 8. L'issue de cette espérance est avant tout suspendue à la fidélité de Dieu. Relier la plainte de la création au cri du Fils de Dieu dans notre chair confirme la solidité d'une telle espérance de la gloire.

On retrace ici le parcours intellectuel de Marc Faessler, théologien réformé que son engagement de pasteur ouvert aux défis du monde reconduit sans fin aux sources vives des Écritures bibliques. En dialogue constant avec la pensée juive, il découvre dans l'œuvre philosophique d'Emmanuel Levinas une radicalité anthropologique qui lui permet de ressaisir autrement et plus généreusement les orientations fondamentales de sa propre tradition.

Cet article esquisse les angles morts d'une histoire, celle de la qualification du savoir au xixe siècle, à partir de l'apparition conjointe du néologisme épistémologie et du syntagme philosophie des sciences. Au-delà des déterminations linguistiques et institutionnelles, il s'efforce de cerner la logique de leur assise commune, en un siècle qui consolida à la fois le rôle central de l'histoire et celui de la recherche d'un statut propre à la pensée. Ainsi, il espère suppléer aux confusions dues à l'impact de la circulation des idées (traductions, traditions et réceptions) et souhaite exposer le lieu d'une profusion conceptuelle, en s'attachant à rendre compte de l'unité d'habitudes générées par l'héritage d'une époque.