Contenu du sommaire : La catastrophe climatique. Crimes et résistances
Revue | EcoRev' : revue critique d'écologie politique |
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Numéro | no 53, 2022 |
Titre du numéro | La catastrophe climatique. Crimes et résistances |
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- Édito - p. 3-4
Classique(s)
- Annonce de la catastrophe climatique - James Hansen, Silvia Mendez p. 5-8 James Hansen est le directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA et professeur à l'Université de Columbia à New York. Il a été l'un des premiers à alerter l'opinion publique américaine sur les périls du changement climatique. On sait depuis les années 1950 (André Gorz, jeune journaliste, s'en était fait l'écho en France) que la Terre est affectée par des émissions de source humaine de gaz à effet de serre qui en auraient augmenté la température. En 1988, dans un témoignage devant le Sénat américain, James Hansen l'avait expliqué en avertissant que la planète est entrée dans une longue période de réchauffement climatique.Dans son livre Storms of my Grandchildren, publié en 2009, il critiquait la méthode des « mécanismes compensatoires » des Accords de Kyoto, qu'il comparait aux « indulgences » vendues par l'Église avant la Réforme. Il constatait que « le temps pour les compromis est terminé » et appelait à la résistance civique, notamment contre les centrales électriques au charbon, véritables « usines de la mort ». Son inquiétude, écrivait-il, c'est de voir les menaces qui pèsent sur ses petits-enfants : tempêtes (ouragans, cyclones), montée du niveau des mers, températures extrêmes, etc. Les pages qui suivent sont extraites de la préface de son livre1.
- Annonce de la catastrophe climatique - James Hansen, Silvia Mendez p. 5-8
Dossier
- Crise climatique et aliénation - Michael Löwy p. 9-13 La métaphore du naufrage du Titanic rend parfaitement compte de notre aveuglement, de notre imprévoyance, de notre hypocrisie et, pour tout dire, de l'aliénation dans laquelle nous plonge un système qui fonctionne en mode automatique et en pleine déconnexion avec les enjeux civilisationnels soulevés par la catastrophe climatique qui menace.
- La France et ses multinationales détruisent le climat - Christine Poupin p. 15-29 La posture de champion de la lutte contre le changement climatique adoptée par la France ne résiste pas à l'examen de ses émissions réelles dues à la consommation interne et aux activités de ses multinationales industrielles ou financières. À la délocalisation de la production industrielle s'ajoute la contribution active des banques françaises, des géants de l'agro-industrie et de la grande distribution à la déforestation et à l'extractivisme fossile. Le CAC40 fait figure de palmarès des entreprises climaticides dont TotalÉnergies est le symbole.
- Les fossiles dans le Pacte vert européen - Daniel Tanuro p. 31-40 Alors que le réchauffement climatique s'emballe, les mesures de transition écologique mises en œuvre autant au Nord qu'au Sud ne sont nullement à la hauteur ni des enjeux ni même des objectifs que se fixent régulièrement les sommets de la COP. Après un état des lieux qui ne laisse d'inquiéter, Daniel Tanuro analyse la vacuité du Pacte vert de l'Union européenne qui n'empêche pas, sous le prétexte fallacieux des pénuries dues à la guerre en Ukraine, le maintien et même la relance des énergies fossiles, premières responsables de l'effet de serre.
- Nous émanciper de la civilisation du crime climatique - Mickaël Correia, Emmanuel Dessendier p. 41-53 Avec Mickaël Correia, nous pouvons admettre que « l'écologie des petits gestes et de la consom'action » relève d'une sociologie qui n'est pas à la mesure des enjeux climatiques. L'écologie politique a tout intérêt à s'en émanciper et à assumer son ancrage populaire, plutôt que de risquer de verser dans le populisme, le réductionnisme et le complotisme, ou encore dans la posture radicale spectaculaire. À l'heure où le « crime climatique » paie de moins en moins de monde, tout en détruisant inexorablement nos conditions de vie, peut-être est-il temps d'assumer collectivement nos responsabilités, pour le bien (commun) du plus grand nombre.
- Capitalisme, changement climatique et révolution - John Molyneux p. 55-73 Confronté au dérèglement climatique qu'il suscite lui-même, le capitalisme ne peut être à même d'y apporter une solution tant sa logique de croissance l'en empêche structurellement. Il est toutefois de puissants mouvements écologistes, mis en branle notamment par Greta Thunberg et Rebellion Extinction, qui, dans la rue, s'attachent à faire pression sur les gouvernements « capitalistes » dans l'espoir d'enrayer la course à l'effondrement. John Molyneux, militant socialiste d'Irlande1, en montre la force mais aussi les limites en postulant une autre voie, celle de la révolution qui mobiliserait contre un système écocide, non à l'abri d'issues fascistes, la grande masse mondiale des travailleurs salariés.
- Changement climatique, migration et (bio)politiques - Giovanni Bettini, Emmanuel Dessendier p. 75-96 Depuis des années, Giovanni Bettini poursuit des recherches à l'université de Lancaster sur les effets politiques des discours concernant l'environnement et le climat. Dans cet article ancien de 20171, il développe des thèses qui méritent d'être connues du public français en raison de leur force et de leur persistante actualité. En partant du constat que le changement climatique touche plus durement les plus faibles et les plus exposés, dont font souvent partie les migrants ainsi que ceux qui sont trop pauvres pour se déplacer, il se demande comment le lien climat-migration peut être abordé de manière juste et équitable. Il met en évidence que les discours des démocraties néolibérales, qu'ils soient humanistes ou sécuritaires, se rejoignent pour considérer la « migration climatique » comme un problème à résoudre. Mais la catégorie, qui cache des cas de figure très variés, est un mot-valise qui légitime des politiques publiques tour à tour utilitaristes, sécuritaires, voire racistes, incitant ou contraignant les migrants à l'(auto)adaptation, sans aucunement se soucier des problèmes collectifs et planétaires d'inégalités sociales et de justice climatique.
- Ménager les territoires de la planète : Avec André Gorz et Murray Bookchin - Anita Rozenholc, Emmanuel Dessendier p. 97-113 Depuis la crise financière de 2008 et plus encore depuis la pandémie et la crise ukrainienne, la trajectoire de démondialisation amorcée par le capitalisme a mis en avant l'importance des villes et des métropoles, à la fois comme théâtres et enjeux de nouveaux foyers d'accumulation et de conflits sociaux. Comme le suggèrent Anita Rozenholc et Emmanuel Dessendier, cette dynamique, écocidaire, n'est pas unilatérale, mais ambivalente. Les auteur•e•s invitent à relire Gorz, Bookchin et Henri Lefebvre pour identifier les alternatives à la ville néolibérale et les formes politiques nouvelles d'organisation de l'espace urbain fondées sur la coopération, le municipalisme et la démocratie directe. Au cœur d'une nouvelle centralité politique, villes, métropoles et territoires deviennent des lieux de résistance à la déterritorialisation et un levier décisif pour la construction d'un nouvel habitat et de nouvelles formes de vie plus solidaires, collectives et démocratiques.
- Crise climatique et aliénation - Michael Löwy p. 9-13
Kit militant
- Pourquoi et comment engager une démarche de sobriété numérique ? - p. 115-121 Le numérique pollue la planète, mais sait-on précisément dans quelle mesure et de quelle manière ? La sobriété numérique s'impose à toute démarche décroissante et responsable, mais que signifie-t-elle et a-t-elle une réelle portée ? TeleCoop, qui est un opérateur coopératif fondé en 2020 pour permettre à tous de se réapproprier les usages numériques et pour offrir des services télécoms plus transparents, plus écologiques et plus respectueux de la vie privée, s'emploie à nous donner quelques clés pour y voir plus clair et la mettre en pratique.
- Pourquoi et comment engager une démarche de sobriété numérique ? - p. 115-121
Piste(s)
- Ce que l'écologie politique doit à Bruno Latour : Premier inventaire - Yann Moulier Boutang p. 123-140 Bruno Latour, qui nous a quittés le 9 octobre 2022, a produit une œuvre d'ampleur dans des champs disparates, mais c'est surtout en sociologue des sciences et des techniques, puis en philosophe de notre planète Gaia qu'il a imprimé son originalité et marqué une nouvelle génération de militants, chercheurs et intellectuels écologistes. S'érigeant en garde-fou contre la collapsologie, il a laissé un Mémo sur la nouvelle classe écologique qui ouvre à une réflexion stimulante sur les conditions d'émergence d'une nouvelle force sociale et politique à l'heure de l'Anthropocène. Tout en lui rendant hommage en saluant l'œuvre et le talent du philosophe, Yann Moulier-Boutang s'interroge sur deux aspects de sa pensée qui intriguent : l'identité et le terrain d'une alliance possible de la « classe écologique » avec la classe ouvrière ; la place et le rôle des chrétiens (et du christianisme) dans cette dynamique politique.
- Ce que l'écologie politique doit à Bruno Latour : Premier inventaire - Yann Moulier Boutang p. 123-140
Gorzienne
- La complicité intellectuelle Gorz/Marcuse dans un livre-recueil - Françoise Gollain p. 141-154 Herbert Marcuse et André Gorz ont tous deux joué un rôle essentiel dans l'élaboration de la pensée de l'écologie politique et singulièrement du courant écosocialiste au 20e siècle. C'est pourquoi il faut se réjouir que Christophe Fourel et Clara Ruault aient consacré un riche ouvrage à leur relation intellectuelle1. Françoise Gollain, déjà autrice d'une importante étude sur la pensée de Gorz2, passe en revue ce livre-recueil en y apportant quelques éclaircissements philosophiques supplémentaires.
- La complicité intellectuelle Gorz/Marcuse dans un livre-recueil - Françoise Gollain p. 141-154
Lectures
- Lectures - p. 155-170