Contenu du sommaire : Jeunesses des Outre‐mer

À partir des données de l'enquête Migrations, famille et vieillissement (MFV) réalisée en 2020-2021 par l'INED, cet article propose un aperçu du processus d'entrée dans la vie adulte chez les jeunes natifs de Guadeloupe, Martinique, Guyane et La Réunion. Sont étudiés les cinq événements principaux de cette période de vie entre l'enfance et l'âge adulte : fin des études, décohabitation parentale, mise en union, parentalité et premier emploi. Une analyse inédite de l'obtention ou non du permis de conduire est également menée. Les résultats montrent des trajectoires différenciées selon les départements, les niveaux d'études et selon le sexe.

Cet article compare les âges au passage des principaux événements d'entrée dans la vie adulte des jeunes natifs de Mayotte et des jeunes nés aux Comores, à partir d'une exploitation quantitative des données de l'enquête de l'INED et de l'INSEE Migrations, famille et vieillissement (MFV) menée en 2015-2016. La sortie du système scolaire, le départ de chez les parents, la première union ainsi que le fait d'avoir un premier enfant sont toujours plus précoces chez les jeunes originaires des Comores et les écarts sont toujours plus marqués chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes résidant à Mayotte. Ces différences de calendrier semblent s'expliquer avant tout par des déterminants socioéconomiques.

Les taux de grossesses chez les mineures et les niveaux de décrochage scolaire en Guyane sont, comparativement aux autres départements d'outre-mer et à la France hexagonale, nettement supérieurs. Cet article interroge les conditions du suivi scolaire pour les adolescentes enceintes et nouvellement mères en Guyane et le rôle de l'institution scolaire dans le repérage, l'accompagnement et la prévention du décrochage scolaire de ces dernières. Il met en évidence le fait que dépit de l'ampleur de ces grossesses à l'adolescence, leur méconnaissance institutionnelle et l'insuffisance des dispositifs existants amplifient les inégalités et rendent illusoire le désir de poursuite scolaire de nombreuses élèves.

L'armée française entretient un lien historique avec les Outre-mer. Dans un contexte de décolonisation de l'empire colonial français, des tentatives de légitimation de l'armée auprès de la population locale ont vu le jour, par exemple le service militaire adapté (SMA). L'armée est aujourd'hui un vecteur d'opportunités professionnelles d'autant plus important dans les département, régions et collectivités outre-mer (DROM-COM) que le taux d'inactivité y est largement supérieur à celui de l'Hexagone. Parmi l'ensemble des jeunesses d'outre-mer, ce sont les Polynésiens qui sont le plus surreprésentés chez les militaires de métier. Cette spécificité est interrogée ici à l'aide des données de recensement, de l'enquête Feti'i e fenua et d'entretiens qualitatifs. La place de l'armée sur le territoire, le rôle de la famille et les particularités du SMA polynésien sont étudiés.

La Polynésie française est un territoire particulièrement centralisé, dans lequel le système éducatif est confronté à nombre de difficultés et où le marché de l'emploi offre des opportunités professionnelles limitées. Dans un tel contexte, quelles sont les aspirations éducatives et professionnelles des jeunes ? À partir des données d'une enquête quantitative réalisée en 2019 auprès de l'ensemble des collégien∙ne·s de Polynésie, cet article étudie notamment la propension à envisager un diplôme de l'enseignement supérieur. L'article interroge la « spécificité » de ces jeunes ultramarin∙e·s et montre que si leurs aspirations apparaissent moins élevées qu'en France hexagonale, les différences observées s'expliquent moins par le contexte archipélagique polynésien que par les profils des élèves (genre, milieu social et trajectoires scolaires).

Cet article s'inscrit dans les recherches liant mobilités sociale et spatiale, en interrogeant les mécanismes et représentations associés aux trajectoires résidentielles et migratoires des jeunes réunionnais·es. Il prête une attention particulière à la famille comme site de coproduction de ces trajectoires, faisant intervenir des logiques de classe, de genre et d'aînesse. Croisant l'enquête Migrations, famille et vieillissement menée par l'INED en 2010 et un corpus de 18 entretiens, il retrace les parcours de 6 jeunes des classes moyennes supérieures, les situant dans leurs biographies familiales et dans l'espace de la jeunesse réunionnaise. Il montre comment les choix de partir ou rester s'inscrivent, d'une part, dans des processus collectifs de décision fortement ancrés dans l'espace de la famille et, d'autre part, dans une renégociation des rôles familiaux, qui fait partie des canaux de transition vers l'âge adulte.