Contenu du sommaire : Lieux de mémoire des guerres mondiales dans le monde britannique

Cet article entend analyser la place que le monument national australien de la Première Guerre mondiale occupe dans la rhétorique urbaine de la capitale de l'Australie, Canberra. Le complexe commémoratif, The Australian War Memorial (AWM) a été édifié à un moment important dans l'histoire du pays et était destiné à perpétuer la mémoire des Australiens participant à la Grande Guerre. Qualifié de lieu de mémoire nationale, le mémorial est un musée et un monument aux 62 000 morts de l'Australian Imperial Force. L'article traite aussi de la tradition Anzac en Australie et son rôle dans la construction d'une notion singulière de nationalisme qui est lié à son statut de dominion au sein de l'Empire britannique. Combinant des styles architecturaux courants pendant la période entre-deux-guerres, le mémorial australien découpe une silhouette énigmatique au centre de la capitale du pays.

La Grande Guerre semble être un conflit sans fin. La sortie de guerre, notamment la démobilisation, fut longue. De nombreux incidents parmi les forces armées britanniques et impériales se déclarent en conséquence, parfois très violents. La fin des hostilités ne donne pas lieu à un sentiment de clôture chez beaucoup d'anciens soldats, marqués pour toujours par l'expérience de la guerre. Les pratiques mémorielles instituées par la Commonwealth War Graves Commission ambitionnent d'empêcher l'oubli du conflit, les principaux aspects de cette pratique étant une dépersonnalisation du souvenir et la distanciation des cimetières militaires. Cette méthode soulève l'opposition des parents de victimes en soulignant le caractère national du sacrifice, et fait usage du passé pour conserver une certaine image de la nation. Sans effacer la mémoire du conflit, l'exploitation commerciale du souvenir pousse désormais la pratique mémorielle dans une nouvelle direction.

La Première Guerre mondiale au Canada est un événement porteur tant d'union, autour de l'action des hommes au front, que de désunion avec les tensions nées au pays autour de l'ampleur de l'effort de guerre. La guerre terminée, le souvenir des combattants disparus, dont les corps demeurent outre-mer, fait naître un besoin de matérialisation de l'hommage à rendre à leur sacrifice. À la mémoire des combattants disparus se greffe les attentes politiques des vivants qui évoluent, dans les années 1920-1930, dans une société canadienne qui se détache progressivement de la tutelle impériale pour faire valoir une identité nationale canadienne. À travers la mobilisation pour la construction d'un monument aux morts, mais aussi par la forme choisie ou les inscriptions qui les composent, pour qui sait les décoder, il en transparait des indices du rapport de la société canadienne de l'entre-deux-guerres au sens à donner au sacrifice des combattants de 1914-1918.

Au cours de la Grande Guerre, plus de 200 000 volontaires irlandais, catholiques et protestants, ont servi dans l'armée britannique. Depuis, les unionistes ont honoré les hommes de la 36e division d'Ulster, décimée lors de la bataille de la Somme, tandis que les autres soldats irlandais ont longtemps été relégués aux marges de la mémoire nationale. Éclipsés par le souvenir de l'insurrection de Pâques 1916, leur réhabilitation est intervenue à partir des années 1990, au rythme chaotique du processus de paix en Irlande du Nord. Cet article retrace l'histoire des usages politiques de ces événements du passé, avec pour fil rouge celle de six « lieux de mémoire » érigés entre 1921 et 2016, reflets de récits identitaires contrastés, puis de reconfigurations spectaculaires au xxie siècle.

L'évacuation des troupes alliées des plages de Dunkerque en mai-juin 1940 a suivi leur défaite écrasante lors des semaines précédentes. Malgré cet indéniable revers majeur, Dunkerque était très vite présentée non pas comme une défaite, mais comme un « miracle » et comme une délivrance. « L'esprit de Dunkerque », de résistance et détermination, était au cœur des représentations des événements, à la fois dans les récits officiels et dans les médias. Depuis la fin de la guerre, il y a eu plusieurs appels à cet « esprit de Dunkerque » en temps de crise nationale. Dunkerque est souvent représentée dans les films et livres et sert de point de référence dans de nombreux débats sur l'identité nationale britannique et sur les relations entre la Grande-Bretagne et l'Europe, surtout lors du débat sur le Brexit.

Le présent article examine la participation de l'Irlande neutre à la Seconde Guerre mondiale, une histoire complexe et qui continue à susciter débats et controverses. Il est douteux que l'Irlande puisse être définie comme un pays neutre au vu de la collaboration secrète entre Dublin et Londres et des quelques 80 000 volontaires irlandais dans les forces armées britanniques. Pourtant, dans l'après-guerre nombreux furent ceux qui pensèrent, à tort, que le pays avait été pro-allemand. Rapidement, la contribution de l'Irlande fut oubliée et ceux qui avaient participé à la lutte contre l'Allemagne nazie se firent discrets et/ou furent occultés de la mémoire collective irlandaise. Ce n'est que récemment que leur participation fut officiellement reconnue et commémorée non sans controverse.

Dans la comparaison de l'Armée de l'Air avec la Luftwaffe, le rapport des forces est confirmé à 1 contre 2,9. Le retard du réarmement aérien français, habituellement évalué à trois ans, est en fait, avec des critères industriels, de quatre ans et demi. Quant aux moyens financiers, ceux de l'Armée de l'Air, avant 1938, étaient inférieurs de plus de la moitié à ce dont disposait la RAF. La conséquence fut que, pendant la Drôle de guerre, l'infériorité qualitative et quantitative des chasseurs et des avions de reconnaissance français a causé, pour le commandement, l'ignorance du dispositif ennemi, tandis que ce sont les photos aériennes allemandes qui ont permis d'adopter, malgré son audace, le plan stratégique décisif du « coup de faucille ».

La réflexion de Beaufre sur la stratégie indirecte permet d'analyser le maintien d'une conflictualité sous-jacente durant la détente en s'appuyant sur des notions telles que la manœuvre dans le temps ou l'économie des forces. La détente peut alors être relue à travers des modèles stratégiques tels qu'une action indirecte permettant d'atteindre un objectif modeste avec des moyens limités, ou une action successive dans le temps permettant d'atteindre un objectif important malgré des moyens limités. Une telle étude conjugue le renouvellement de l'histoire de la conflictualité, qui s'est distanciée de « l'histoire-bataille », avec la mise en valeur des processus de pacification qui furent à l'œuvre sur le continent européen des années 1960 aux années 1970.

Durant la guerre du Golfe (1990-1991), l'armée française ouvre une brèche dans l'histoire déjà longue de l'usage de la psychopharmacologie en utilisant pour la première fois une substance qui a pour nom de code virgyl. Découvert par les laboratoires Lafon, testé par l'armée dans le cadre de l'opération dite « Dauphin », le modafinil permet au soldat de rester « éveillé » pendant plus de 48 heures, sans effets secondaires apparents et ce contrairement aux amphétamines. Après quelques éléments contextuels sur la guerre du Golfe, l'objectif de cet article est de revenir sur les origines de ce produit puis, au travers de témoignages, explorer l'écologie de sa prise par les soldats durant l'intervention militaire et son écho, après coup, dans la société civile. L'article se termine par une mise en perspective de l'usage du modafinil jusqu'à maintenant.