Contenu du sommaire : Les conventions

David Lewis introduit la convention au cœur des situations effectives d'action collective entre personnes visant à résoudre un problème concret de coordination, d'où des propriétés parfois insuffisamment soulignées de celle-ci : appartenance au domaine de l'action de réalisation et non au domaine cognitif ; pluralité des conventions en rapport avec la situation; validité pour une population P, elle-même identifiée de façon variable ; adhésion rationnelle à la convention ; pluralité des précédents ; non pertinence de la question de la genèse d'une convention.

Quel est le pouvoir explicatif réel de la notion de convention, telle qu'elle est utilisée pour rendre compte de la coordination de l'action ? Distinguant une notion technique et une notion commune de convention, l'auteur reconnaît l'intérêt et la pertinence des phénomènes mis en évidence par les théoriciens des conventions, mais doute que la notion de convention qu'ils proposent ait un pouvoir explicatif très étendu : elle apparaît plutôt comme une béquille rendue nécessaire par un traitement par trop cognitiviste des problèmes de la coordination de l'action. Comme alternative à ce traitement, l'auteur propose un raisonnement inspiré des développements récents de la phénoménologie sociale.

L'article examine l'apport de l'économie des conventions à l'analyse économique. Il le situe dans le champ des recherches actuellement menées sur les modes de coordination des agents économiques à partir d'une critique de la théorie néoclassique standard. Parmi l'ensemble de ces recherches, l'intérêt principal de l'économie des conventions est de tenter d'établir une dialectique de l'individuel et du collectif au coeur des mécanismes de coordination. Ce faisant, l'économie des conventions fait des propositions théoriques sur la nature de l'individuel et du collectif ainsi que sur la procédure de passage de l'un à l'autre. La thèse défendue dans l'article est qu'un tel programme de recherches est incompatible avec le postulat d'individualisme méthodologique dont se réclament les conventionnalistes. Il n'est d'ailleurs pas non plus compatible avec le holisme. Il implique ainsi de remettre en cause ce qui, ultimement, fonde l'opposition entre individualisme et holisme, à savoir la division du travail entre les sciences sociales opérée à la fin du siècle dernier. On ne voit donc pas comment l'économie des conventions pourrait renouveler l'analyse économique sans en remettre en cause les fondements.

L'article développe un modèle de l'action qui esquisse une approche "pragmatique" des conventions, tout en établissant des articulations avec les approches universalistes ou culturelles. Il clarifie l'horizon d'une pragmatique sociologique soucieuse d'analyser les différentes modalités par lesquelles les personnes établissent, dans le moment présent, un lien entre leur expérience personnelle, les traces du passé livrées par l'environnement, et leurs horizons d'attente. Il développe l'hypothèse selon laquelle plusieurs régimes d'action se combinent les uns aux autres dans le cours des activités. L'architecture de ces régimes est alors explorée en abordant leur articulation dans le temps, et leur distribution dans l'espace.

L'auteur présente et discute l'analyse des normes sociales que propose actuellement la théorie du choix rationnel. C'est une analyse qui se situe dans le droit-fil de la théorie de la convention de Lewis, même si elle fait intervenir d'autres notions. La théorie du choix rationnel propose une explication statégique de la persistance des normes sociales : elle traite la décision de se conformer ou de ne pas se conformer en termes de résolution de dilemmes d'échange. L'auteur évalue cette explication d'abord d'un point de vue interne, ensuite d'un point de vue externe.

Dans cette conférence partiellement autobiographique et désenchantée, E. Gombrich utilise ses souvenirs comme observateur des émissions radiophoniques allemandes de la guerre à la BBC, et les travaux publiés depuis, pour analyser la propagande radiophonique allemande. Conçue comme une amplification du meeting, elle avait pour but de faire participer l'auditeur à la grande histoire en direct. Elle visait également à faire partager le mythe de l'inéluctabilité de la victoire allemande, inscrite dans le destin de l'Humanité. Plutôt que de mensonge, E. Gombrich préfère parler à son propos d'interprétation systématiquement paranoïaque des événements. Tout y est décrypté comme une menace organisée par les ennemis de l'Allemagne. Tout un peuple s'est trouvé pris dans une pathologie que l'on rencontre chez l'homme ordinaire.