Contenu du sommaire : La catégorisation et ses fluctuations formelles et interprétatives : focus sur l'approximation
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Numéro | no 229, mars 2023 |
Titre du numéro | La catégorisation et ses fluctuations formelles et interprétatives : focus sur l'approximation |
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- Éditorial - Catherine Schnedecker, Céline Vaguer-Fekete p. 5-7
- La catégorisation et ses fluctuations formelles et interprétatives : focus sur l'approximation. Présentation - Francine Gerhard-Krait, Maria Zerva p. 9-30
- La vie affective ou le règne du vague - Danièle Van de Velde p. 31-35
- Catégorisation et approximation à la manière de simili(-)X - Francine Gerhard-Krait, Marie Lammert, Hélène Vassiliadou, Maria Zerva p. 37-56 Simili(-), à l'instar d'autres formants comme pseudo(-), par exemple, est généralement abordé comme une unité préfixale/préfixoïde avec une valeur évaluative d'approximation pragmatique de polarité négative : simili(-)X présente une distorsion par rapport à un standard X. Il entre alors dans le paradigme des expressions chargées d'insuffler de la subjectivité dans le discours. Notre contribution a pour objectif de montrer que cette unité construit aussi largement des séquences dont l'interprétation ne relève pas exclusivement de la dimension pragmatique. Elle exploite en premier lieu les propriétés sémantiques et catégorielles des N qui lui sont postposés et conduit, par le biais d'une opération d'évaluation, à trois grands types de lectures dont certaines ne sont pas vagues.Simili(-), like pseudo(-) and other evaluative devices, is generally considered to be a prefix or a prefixoid unit with an evaluative value of pragmatic approximation and negative polarity: Simili(-)X presents a distortion with respect to a standard X. It then enters the paradigm of expressions responsible for infusing subjectivity into the discourse. Our contribution aims to show that this unit also constructs sequences whose interpretation is not exclusively pragmatic. It exploits in the first place the semantic and categorial properties of the nouns that are postposed to it and leads, by means of an evaluation operation, to three main types of reading, some of which are not vague.
- Catégorisation approximative : le suffixe -eid(is) en grec moderne - Anna Anastassiadis-Syméonidis p. 57-74 Hormis les unités lexicales utilisées pour servir la catégorisation approximative, une langue peut utiliser aussi des unités infralexicales : en grec ancien (GA) et en grec moderne (GM), le suffixe -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal› (< GA εἶδος ‹aspect, forme, espèce, sorte›) fonctionne comme marqueur de catégorisation approximative entretenant des liens sémantiques avec le concept de voir. C'est Aristote qui a fait, le premier, un usage intensif des Adj construits au moyen de -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal›, pour accorder de l'extensibilté à la formation des classes naturelles. En GM, -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal› construit des Adj dénominaux ambigus hors contexte, puisqu'il sert à affirmer soit que le N recteur appartient à la catégorie du référent du N base, soit qu'il lui ressemble en ce qui concerne l'aspect extérieur. La terminologie scientifique de beaucoup de langues européennes comprend un grand nombre d'Adj en - oïde/-oïdal et de N en - idés.Apart from lexical items (nouns, adjectives, verbs, numerals, adverbs, prepositions), that serve approximate categorization, a language can also use sub-lexical items: in Modern Greek (MG) the suffix -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal› (< Ancien Greek εἶδος ‹appearance, form, species, kind›) functions as an approximate categorization marker that retains semantic relationships with the concept of see. Aristotle was the first to intensively use constructed adjectives with -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal› in order to grant extensibility to natural classes. In MG -ειδ(ής) ‹-oïde/-oïdal› constructs ambiguous denominal adjectives when decontextualised, as it is used to assert that the modified N either belongs to the category of the referent of the N base or resembles in some aspect or form. The scientific terminology of many European languages contains a huge number of adjectives with - oïde/-oïdal or nouns with - ids/idae.
- Entre catégorisation et caractérisation : le cas de 일종 iljong en coréen - Soo-Mi Lee p. 75-89 Notre travail a pour objet d'observer les fonctionnements sémantiques et les valeurs discursives du mot 일종 iljong. Iljong est un mot composé de deux mots/morphèmes : il ‹un(e)› et jong ‹sorte, espèce›. Iljong a deux constructions syntaxiques qui entraînent deux effets sémantiques distincts : iljong+ida et iljong+eui. Le locuteur qui essaie de catégoriser le référent choisira iljong+ida et celui qui essaie de caractériser le référent utilisera iljong+eui. Cependant, iljong+ida et iljong+eui, à cause de leur valeur approximative, n'affirment rien sauf l'attitude du locuteur sur le référent. Iljong+ida implique que le référent ne comprend pas les propriétés typiques de la catégorie et avec iljong+eui, le référent évoque les propriétés typiques d'une autre catégorie. Elles se situent entre la catégorisation et la caractérisation, en s'orientant chacune vers l'une des directions distinguées.The aim of our study is to observe the semantic functioning and the discursive values of the word 일종 iljong. Iljong is a word made up of two words/morphemes: il ‹one› and jong ‹kind, sort›. Iljong has two syntactic constructions which lead to two distinct semantic effects: iljong+ida and iljong+eui. The speaker who tries to categorize the referent will choose iljong+ida and the speaker who tries to characterize the referent will use iljong+eui. However, iljong+ida and iljong+eui affirm nothing except the attitude of the speaker on the referent, because of their approximate value. Iljong+ida implies that the referent does not have the typical properties of the category and with iljong+eui, we have a referent which evokes the typical properties of another category. They are between categorization and characterization, each orienting itself towards one of these different directions.
- L'approximation catégorielle à l'épreuve du Nom de Marque circulant dans la blogosphère - Michela Tonti p. 91-114 Nous analysons la structure [[X] SN (du) genre [Y] NdM] qui alterne avec (du) style, (du) type. Les Noms de Marque (NdM) constituent notre objet d'observation en association avec les approximateurs mentionnés lorsqu'ils se glissent dans la construction mise en exergue. Le NdM profite d'un double statut : terme déposé et N propre, dont les locuteurs disposent à leur guise. Sa notoriété l'amène à intégrer le stock lexiculturel des usagers de la langue qui s'en servent tantôt comme substitution économique d'une suite discursive, tantôt comme outil pour connoter et contaminer, par les sèmes que le NdM véhicule, d'autres réalités du monde. Notre objectif est de faire une mise au point sur la pluralité des lectures approximatives et leurs effets à partir de quelques exemples provenant d'une batterie de 50 NdM extraits d'un ensemble de blogs réunis à partir de araneum.In this article, we analyse the construction [[X]SN (du) genre [Y]Nd
M] which alternates with (du) style, (du) type. Brand Names are our object of observation in association with the approximators mentioned when they slip into the highlighted construction. Brand Names have a dual status: they are a registered term and a proper name which speakers can use to reshape it as they wish. Its notoriety leads it to integrate the lexicultural stock of speakers who use it sometimes as an economic substitution for a discursive sequence, sometimes as a tool to connote and contaminate other realities of the world with the semes that the Brand Name convey. Our aim is to test the plurality of approximate readings and their effects based on some examples from a set of 50 NdM extracted from a corpus of blogs gathered from araneum. - De la comparaison à l'approximation : trois exemples de tournures en comme - Estelle Moline p. 115-134
- Approximation et structures sémantiques apparentées - Olga Inkova p. 135-146 Cet article a pour enjeu de définir le plus rigoureusement possible l'opération sémantique d'approximation en tant qu'une des stratégies d'identification du référent à travers l'opération de catégorisation. Pour l'auteur, une configuration approximative doit répondre à cinq conditions sémantiques : (i) opérer au niveau propositionnel ; (ii) porter sur la description du référent faite par le locuteur ; (iii) contenir le sème ‹vague› dans son opposition à ‹exact›, ‹précis› ; (iv) se faire à travers une comparaison ontologique implicite avec une valeur de référence et (v) exprimer l'écart qui sépare la représentation exacte et la représentation de référence. À ces conditions sémantiques, il faut ajouter deux conditions pragmatiques : (vi) l'état cognitif du locuteur et (vii) l'objectif communicatif poursuivi. Sont examinées ensuite les fonctions discursives de l'approximation.This paper aims to define as rigorously as possible the semantic operation of approximation as one of the strategies applied for identifying a certain referent through a procedure of categorization. For the author, a sound approximation instance must meet the five following semantic conditions: (i) to operate at the propositional level; (ii) and specifically on the description of the referent made by the speaker, (iii) to contain the feature ‹vagueness› in opposition to ‹exactness›; (iv) to be done through an implicit ontological comparison with a reference value and (v) express the gap between the exact and the reference representation. To these semantic conditions two further pragmatic conditions must be added: (vi) the cognitive status of the speaker and (vii) the communicative objective pursued. The final section describes the multiple discursive functions of the approximation operation.