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Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 281, octobre-décembre 2022 |
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- Retrouver les jeunes en formation et au travail (années 1950-1970) - Stéphane Lembré, Marianne Thivend p. 3-24
- Entre l'école et l'atelier, des apprentis sous l'œil des psychologues des années 1950 - Jérome Martin p. 25-42 Dans les années 1950, des psychologues mènent de nombreuses enquêtes sur les apprentis scolarisés dans les centres d'apprentissage. Issus de plusieurs laboratoires, ils mobilisent différentes méthodes (psychotechniques, statistiques, cliniques) pour étudier une population scolarisée particulière, entre l'école et l'atelier. Dressant un portrait psychosociologique de cette jeunesse, les psychologues s'interrogent sur cette forme d'adolescence en milieu populaire.In the 1950s, psychologists conducted numerous surveys of apprentices enrolled in apprenticeship centres. These psychologists, working with several research laboratories, used different methods (psychotechnical, statistical and clinical) to study a specific student population located partway between schools and workshops. By drawing a psychosociological portrait of this youth population, these psychologists investigated this form of adolescence in a working-class environment.
- Jeunes au travail et en formation dans les enquêtes de la JOC (1959-1970) - Laure Machu p. 43-58 Dans les années 1960, la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) réalise une série d'enquêtes sur les conditions de travail, de formation ou d'orientation professionnelle des jeunes de milieu populaire. L'article met en lumière l'intérêt de ces enquêtes pour comprendre le rapport des jeunes au travail et à la formation. Outre les archives qui permettent de saisir la constitution des savoirs, le travail militant qui accompagne les enquêtes laisse aussi entendre la parole des jeunes enquêtés. Pour les jeunes de milieu populaire, l'aspiration à la poursuite d'étude ne se dirige pas encore vers le baccalauréat et la demande de formation se concentre sur l'enseignement technique, dont une véritable formation professionnelle est attendue.In the 1960s, the Young Christian Workers (YCW) conducted a series of surveys on the working conditions, training and vocational orientations of young people from working-class backgrounds. This paper highlights these surveys' contribution to understanding young people's relationship to work and training. In addition to the archives that allow us to understand how knowledge was built up, these surveys were conducted alongside militant activities that encouraged the young people to speak out. For working-class youth, their aspirations for further education were not yet focused on the baccalauréat, but rather on technical education, with expectations of gaining genuine vocational skills.
- Jeunes migrants isolés : les résidents des foyers de jeunes travailleurs (1950-1970) - Laurent Besse p. 59-84 L'article aborde la vie hors travail des résidents masculins des foyers de jeunes travailleurs (FJT), formule d'hébergement qui se développe dans les années 1950-1970 pour des jeunes isolés que l'exode rural conduit en ville. La diversité des conditions est abordée à travers plusieurs cas : le foyer de Tours, qui constitue un entre-soi ouvrier et viril de jeunes attendant le service militaire ; les FJT de la région parisienne, qui accueillent des ouvriers et techniciens des industries de pointe plus âgés, aspirant au mode de vie des classes moyennes ; enfin à travers l'isolat que constituent les FJT de Peugeot. Ces jeunes, qui appartiennent aux franges intégrées, poursuivent dans le cadre des FJT une expérience de la vie collective parfois entamée à l'internat. Les règles, plutôt souples, semblent acceptées par des jeunes qui n'investissent toutefois pas des lieux vécus comme des espaces d'attente, qui leur apportent un confort résidentiel nouveau dans les années 1950, mais plus banal à la fin de la décennie suivante.This paper discusses the life outside of work of young men living in workers' hostels ( foyers de jeunes travailleurs, or FJT), a form of accommodation that developed in the 1950s-1970s for young people who moved alone to the cities as part of the rural exodus. A wide range of conditions is examined by looking at: the Tours hostel, which was a working-class and male-only setting for young men about to begin their military service; FJTs in the Paris region, which took in older workers and technicians from high-tech industries who aspired to a middle-class lifestyle; and finally, the isolation of the Peugeot FJTs. These young people belonged to well-integrated fringes of society, and in the FJTs, they experienced a form of collective living that they had sometimes begun in boarding school. The young people seemed to accept the fairly flexible rules of living in the FJTs, but they viewed these places more as waiting areas than homes, providing them with a degree of residential comfort that was new in the 1950s, but more commonplace by the late 1960s.
- Les petites mains du textile : Parcours d'apprenties à Tourcoing dans les années 1960 - Stéphane Lembré p. 85-101 Lieux emblématiques de l'industrie textile dans le nord de la France, Roubaix et Tourcoing disposent de longue date d'institutions de formation pour le personnel d'encadrement. Depuis les années 1940, le patronat local a cependant cherché à promouvoir un apprentissage à mi-temps grâce à des centres d'apprentissage gérés collectivement par les entreprises et formant à différents métiers du textile. Avant la législation de 1971 qui cherche à relancer l'apprentissage en France, les dossiers d'apprenties conservés permettent de connaître les parcours de jeunes filles qui restent à l'écart de l'ouverture des horizons scolaires et professionnels que connaît la génération des adolescents des années 1950 et 1960. Dans ces dossiers apparaissent les choix et les décisions d'orientation qui associent ces jeunes filles, leur famille, les institutions d'orientation et les employeurs, ainsi que les jugements portés sur leur formation et leur insertion professionnelles, empreints de normes professionnelles et de stéréotypes sur les qualités féminines.Roubaix and Tourcoing, two emblematic cities of the textile industry in northern France, had a long history of hosting training institutions for factory supervisory staff. Beginning in the 1940s, however, local employers sought to promote part-time apprenticeships through apprenticeship centres run collectively by the companies and providing training in various textile trades. Prior to the 1971 legislation that aimed to revive apprenticeship in France, records of apprentices that have been preserved provide us with information on the careers of young girls who missed out on the broader educational and vocational prospects that were experienced by adolescents of the 1950s and 1960s. These records reveal the choices and decisions made by these young women, their families, guidance institutions and employers, as well as the judgements made about their training and professional integration, which were marked by professional standards and stereotypes about women's qualities.
- Scolariser la formation professionnelle des jeunes photographes ? : Un conflit de générations (années 1950-1970) - Véra Léon p. 103-118 Cet article aborde la scolarisation de la formation professionnelle sous un jour nouveau, en portant attention aux conflits générationnels qu'elle sous-tend. Des années 1950 aux années 1970, des acteurs du secteur de la photographie tentent en effet de professionnaliser leur métier, plutôt de tradition autodidacte, mais demandant la maîtrise de technologies en permanent renouvellement. Les tensions entre les jeunes et leurs aînés en sont avivées. Comment l'âge et le diplôme entrent-ils en jeu dans cette reconfiguration de la valeur professionnelle ? Comment les jeunes réagissent-ils face aux transformations techniques, pédagogiques et idéologiques qui affectent leurs conditions de formation et de travail ? Ils les perçoivent différemment selon leur génération, leur genre et leur position sociale. Dans cette nouvelle ère de la certification, même si des pratiques de formation sur le tas et d'autodidaxie se maintiennent, les diplômes gagnent du terrain et deviennent de plus en plus un marqueur de différenciation entre les générations.This paper adopts a new perspective to look at the process of vocational training being formalised in schools. It focuses on the underlying generational conflicts of this process. From the 1950s to the 1970s, photography workers endeavoured to professionalise their occupation, which was traditionally self-taught but required the mastery of constantly changing technologies. Tension between young people and older photographers was exacerbated. What impact did age and diplomas have on this reshaping of professional value? How did young people react to the technical, pedagogical and ideological transformations that affected their training and working conditions? These were perceived differently depending on the generation, gender and social position. In this new era of certification, although on-the-job training and self-training still existed, diplomas gained ground and increasingly became a marker of differentiation between generations.
- Un diplôme qui fait la différence ? Le CAP dans les années 1950-1970 - Gilles Moreau p. 119-136 Avec l'essor du CAP (certificat d'aptitude professionnelle), les jeunes des années 1950-1970 disposent d'une nouvelle offre de formation à l'issue de l'enseignement primaire obligatoire : ils peuvent ainsi prolonger leur formation et se spécialiser dans une grande diversité de métiers. Pour autant, tous n'accèdent pas au CAP : des conditions sine qua non doivent être réunies, relatives à la famille et aux résultats scolaires en primaire, qui doivent d'autant plus être corrects qu'une sélection est organisée à l'entrée en CAP. Les effets de l'obtention du CAP sur les trajectoires des jeunes qui l'obtiennent sont indéniables et de longue durée, avec des mobilités intergénérationnelles fréquentes, mais semblent plus efficients du côté masculin que féminin. Le CAP a contribué à convertir les enfants de paysans au salariat et il a permis à une partie des jeunes femmes, dans cette période, de se maintenir sur le marché du travail, au-delà du mariage et de la naissance des enfants.With the rise of the CAP ( certificat d'aptitude professionnelle), young people in the 1950s to 1970s had a new training option after their compulsory primary education: they could continue their education and specialise in a wide variety of trades. However, not everyone could pursue a CAP: there were strict prerequisites relating to family situation and primary school results, which had to be good because admission to the CAP was selective. The CAP definitely had long-lasting effects on the career paths of young people who earned it, with frequent intergenerational mobility, but these effects appear to have been stronger for men than for women. The CAP also helped farmers' children become wage earners and enabled some young women to remain in the labour market even after marriage and childbirth.
- Histoires de l'enseignement - Pierre Caspard, Bénédicte Girault, Antoine Prost, Pierre Caspard, Stéphane Lembré p. 137-148
- Au-delà de la classe - Jérôme Krop, Natalie Pigeard-Micault, Marie-Emmanuelle Chessel p. 148-156
- Cultures du travail - Christian Chevandier, Nathalie Ponsard, Danielle Tartakowsky p. 156-164
- Santé au travail - Laure Machu, Nicolas Hatzfeld p. 164-169
- Histoire sociale du sport - François-René Julliard, Yacine Amenna p. 169-176
- La race, objet d'histoire sociale - Aurélia Michel, Anne Zhou-Thalamy, Neil MacMaster, Élise Roy p. 176-187