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Revue | Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions |
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Numéro | vol. 29, 2023/1 |
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- Stigmatisation sociale et rechute chez les usagers de drogues à Abidjan - Kafé Guy Christian Kroubo p. 5-24 La présente étude porte sur la rechute des usagers de drogues à Abidjan. Elle vise à analyser l'impact des rapports sociaux entre les usagers dépendants aux drogues et les personnes de leur entourage immédiat sur leur addiction. Le traitement des données s'est fait par l'analyse de contenu afin d'analyser la signification des discours des enquêtés. Les résultats révèlent que la stigmatisation sociale que subissent les ex-usagers de drogues au cours de leur période d'abstinence favorise leur rechute aux substances psychoactives. Les stéréotypes, les préjugés et la discrimination liés à la stigmatisation ont eu pour impact le rejet, la dévalorisation, l'autostigmatisation et la rupture du lien familial de l'usager de drogues. Cette situation nécessite, en termes de prévention, le renforcement de la place et du rôle de l'entourage dans le processus thérapeutique du toxicomane.This study focuses on relapse among drug users in Abidjan. It aims to analyze the impact of social relationships between recovering drug addicts and those in their immediate circle on their addiction. Data was processed using content analysis to analyze the meaning of the respondents' speech. The results show that the social stigma experienced by ex-drug users during their periods of abstinence fosters their relapse into psychoactive substances. The stereotypes, prejudices, and discrimination associated with stigma resulted in feelings of rejection, loss of value, self-stigmatization, and the severing of the drug user's family ties. In terms of prevention, it is necessary to strengthen the place and role of the immediate circle in the drug user's therapeutic process.
- Les auto-blessures à l'adolescence au risque d'une lecture addictologique - Sophie Fierdepied, Aurélien Ribadier, Hélène Romano p. 25-51 Peu d'études françaises contemporaines se sont intéressées aux problématiques d'auto-blessures chez les adolescents dans une perspective addictologique. Cette recherche qualitative exploratoire inspirée de la grounded theory est réalisée auprès de huit jeunes reçus dans une Maison des Adolescents (MDA). Nous tentons de comprendre les nombreuses fonctions de cette conduite, ainsi que les spécificités des jeunes qui les pratiquent mises en perspective avec les fonctions retrouvées dans les pratiques addictives. Les jeunes rencontrés ont vécu des événements traumatogènes. Ils sont fragilisés sur le plan narcissique et identitaire et bouleversés par le processus pubertaire. Les auto-blessures, comme les conduites addictives, remplissent une fonction traumatolytique, de neutralisation, d'évacuation des affects non représentés qui s'expriment via le corps.Few contemporary French studies have focused on the problems of self-injury in adolescents from an addiction perspective. This exploratory qualitative research, inspired by grounded theory, was carried out with eight young people who had accessed youth mental health services at a Maison des Adolescents. We try to understand the many functions of self-injury, as well as the specificities of the young people who practice it, through the perspective of the functions found in addictive practices. The young people we met had experienced traumatic events. They were vulnerable at the narcissistic and identity level and were struggling with the puberty process. Self-injury, like addictive behaviors, fulfills a traumatolytic function, of neutralization, of evacuation of unrepresented affects that are expressed via the body.
- Multiples facettes diagnostiques du mensonge, illustration par un cas clinique en unité d'addictologie - Sophie Ulmann, Hendrik Kajosch, Charles Kornreich p. 53-74 Introduit par Dupré en 1905, le terme mythomanie a aujourd'hui disparu du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et seul le terme « mensonge » demeure en tant que symptôme illustrant la personnalité antisociale ou des troubles de conduites (American Psychiatric Association, 2015; Haustgen, 2007; Dupré, 1905). La mythomanie est seulement citée dans la CIM-11 dans la catégorie « autres troubles de la personnalité », sans description associée. Pourtant, la clinique décrite liée au mensonge est loin d'être suffisante et pose des difficultés considérables de diagnostic, de prise en charge et d'alliance thérapeutique. Elles seront étudiées à travers un cas clinique rencontré en unité d'addictologie.First described by Dupré in 1905, the term “mythomania” has now disappeared from the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), and only the term “lie” remains, as a symptom illustrating antisocial personality or conduct disorders (American Psychiatric Association 2015; Haustgen 2007; Dupré 1905). Mythomania is only cited in the ICD-11 in the category “other personality disorders,” without an associated description. However, the clinical approach described related to lying in general is far from sufficient and poses considerable difficulties in diagnosis, management, and therapeutic alliance. These difficulties will be studied through a clinical case in an addiction unit.
- Addictions et milieu carcéral : quels intérêts de l'hypnose dans ces prises en charge ? - Justine Chevance, Antoine Bioy p. 75-87 Les personnes incarcérées apparaissent comme présentant une situation sanitaire plus fragile que la population générale. Plusieurs événements majeurs ont permis des avancées dans la prise en charge sanitaire des détenus et plus particulièrement des problématiques addictives. Pourtant, la prise en charge des addictions en milieu carcéral reste un sujet tabou qui évolue difficilement. Alors, face à ces patients en demande de soin, comment envisager une prise en charge ? Nous exposerons le contexte sanitaire carcéral et son évolution puis les difficultés cliniques que rencontrent les psychologues dans cette clinique auprès des consommateurs de substances psychoactives en détention. Nous expliciterons la pertinence d'une prise en charge par l'hypnose pour construire une relation thérapeutique, explorer le corps enfermé dans l'addiction mais aussi dans ce milieu clos et enfin, nous ouvrirons la réflexion sur la fonction de substitution de la transe hypnotique. Nous illustrerons nos propos avec un cas clinique tiré de notre expérience en détention.The health situation of prisoners appears to be more fragile than that of the general population. Several major events have led to progress in health management in prisons and, more particularly, in relation to addiction. However, the management of addictions in prison remains a taboo subject and change is difficult. Faced with these patients in need of care, what management can be envisaged? We describe the prison health context and its evolution, then the clinical difficulties that psychologists working in prison clinics face when treating users of psychoactive substances. We explain the relevance of using hypnosis to build a therapeutic relationship and to explore the body caged both by addiction and by the prison environment. Finally, we reflect on the function of substitution in hypnotic trance. We illustrate our remarks with a clinical case drawn from our experience in prisons.
- LSD et MDMA en combinaison (Candy Flip) - Pierre Poloméni p. 89-108 Les adolescents et jeunes adultes participant à des événements musicaux consomment fréquemment des substances psychoactives pour améliorer la qualité des relations et des perceptions. Parmi ces substances, une association de LSD puis de MDMA, prises à une heure d'intervalle, dénommée Candy Flip, connue depuis longtemps, bénéficie d'une bonne réputation. Notre travail explore ces substances en association, déterminant les effets positifs et les risques, afin de mieux conseiller les jeunes usagers fréquentant les structures de soins. L'accent est mis sur les co-consommations (alcool, cannabis...) et les risques liés à l'utilisation de nouveaux produits moins bien documentés.Teenagers and young adults attending music events frequently use psychoactive substances to improve the quality of relationships and perceptions. The term “Candy Flip” refers to taking first LSD and then MDMA. This practice is long-established and has a good reputation. Our work explores these substances in combination, determining the positive effects and the risks, in order to better advise young users attending health care facilities. We focus on the effects of co-consumption (alcohol, cannabis, etc.) and the risks associated with the use of new, less well-documented products.